samedi 27 août 2005

Salonnard.

On se gardera bien de confondre luxe et confort.

lundi 22 août 2005

Illumination.

Est-ce donc con comme la lune ?

L'homme serait total dans chacun de ses actes, au sens où les diverses dimensions que nous sommes désormais accoutumés à inventorier (économique, religieuse, morale, sexuelle...) seraient toutes partie intégrante de ces actes. Et le problème serait que le régime capitaliste-utilitariste, d'une part en favorisant une dimension, celle de l'intérêt, artificiellement découpée, d'autre part en nous forçant à envisager l'homme sous ces multiples angles (même pour privilégier une autre de ces "dimensions"), déséquilibrerait complètement notre vision de nous-mêmes et notre comportement. Le pire homme nouveau qui soit !

Donc bien sûr le coupable n'est pas la Raison, qui n'en peut mais, mais l'utilitarisme.
Et après les deux catastrophes historiques qu'on été l'homme nouveau nazi et l'homme nouveau communiste, une troisième se prépare, ou a déjà lieu, voire, c'est plus optimiste, a déjà eu lieu : l'homme nouveau libéral. Les Chinois semblent lui avoir donné leur aval. Les Russes et les Iraniens nous en sauveront-ils ? Oussama Ben Laden ? Ou Christopher Walken ? Ou Jean-Marie Le Pen ? Vite !

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vendredi 19 août 2005

Du berger à la bergère.

A Neve Dekalim, à Kfar Darom, des Israéliens ont expulsé d'autres Israéliens, en quoi cela nous concerne-t-il ?

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dimanche 14 août 2005

Deux pistes de réflexion.

1/
- M. Mauss a beaucoup fait contre la conception de l'homo economicus, et par conséquent contre le juridisme. Pourtant, au point de vue des relations internationales, il fut un défenseur de la SDN et de l'internationalisme juridique.

- Hegel, pas plus partisan des théories contractualistes, maintient la continuité entre l'intérieur et l'extérieur : ce qui se joue entre Etats est trop sérieux pour être réglementé. Les idées kantiennes de paix universelle n'ont pas de rapport avec la réalité des relations entre Etats. (Les Etats "se trouvent les uns par rapport aux autres dans l'état de nature et leurs droits n'ont pas leur réalité effective dans une volonté générale constituant une puissance au-dessus d'eux, mais dans la volonté particulière de chacun d'eux. (...) Le projet kantien d'une paix perpétuelle, réalisable par une fédération d'Etats (...) suppose l'adhésion unanime des Etats. Mais, une telle décision repose sur des raisons et des considérations morales, religieuses ou autres, donc en général, toujours sur la volonté particulière souveraine, et demeure ainsi entachée de contingence. Pour cette raison, dans la rivalité qui oppose les Etats les uns aux autres, quand les volontés particulières (de ces Etats) ne parviennent pas à régler leurs différends par des négociations, il n'y a que la guerre qui puisse décider entre eux." - Principes de la philosophie du droit, trad. Derathé, § 333 et 334.)

- P. Muray rappelle la conception hégélienne de la guerre, montre que l'agression américaine en Irak en est comme une "farce" (ce qui rappelle une célèbre sentence de Marx). Il évoque par ailleurs la dissuasion nucléaire à l'époque de la guerre froide. Si l'on suit son raisonnement, on en vient à penser que la guerre froide a été la dernière ou une des dernières "vraies" guerres - simplement, grâce à Dieu et à l'atome, elle n'a pas eu lieu.

On remue tout ça, et on se demande si, dans le contexte actuel, et pour ce qui est des relations entre Etats (hors terrorisme donc), il ne faut pas être kantien, si à ce niveau ce fragile pis-aller ne vaut pas mieux.


2/
- Marx, dans son Introduction à sa critique de Hegel, donne au prolétariat sa mission historique en raison de la souffrance universelle qu'il éprouve, ce qui "fait" qu'en se libérant il libérera toute l'humanité.

- Une incise de l'intéressant petit livre de J.-C. Michéa, Impasse Adam Smith, que peut-être je critiquerai en détail ultérieurement, incrimine le rôle de Durkheim dans la redéfinition du socialisme français, dont il aurait effacé la généalogie proprement ouvrière, prolétarienne (universalisante donc si l'on suit Marx), au profit, via Saint-Simon, de l'esprit - utilitariste - des Lumières.

- Dans ses lettres à Mauss, Durkheim reproche justement aux socialistes français, en 1899, leur esprit de classe, leur étroitesse d'esprit - leur mépris de l'universel ("Le socialisme des socialistes comme Guesde et tutti quanti est la pire des choses. (...) Le socialisme de classe, qui réduit la question sociale à la question ouvrière, est un socialisme d'incultes et de haineux." ; "Je serai prêt à entrer dans le socialisme quand il aura élargi ses formules, quand il aura cessé d'être un parti exclusif de classe.")

L'universel ne peut-il être que l'exclusif des autres ?




(Légèrement corrigé et complété le lendemain soir.)

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jeudi 11 août 2005

Question logico-religieuse.

Est-il possible de psychanalyser un musulman ?

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vendredi 5 août 2005

Message personnel et universel.

"Le vrai est le Tout. Mais le Tout n'est que l'essence s'accomplissant définitivement par son développement. Il faut dire de l'Absolu qu'il est essentiellement résultat, qu'il n'est qu'à la fin ce qu'il est en vérité ; et c'est là précisément sa nature, qui est d'être quelque chose d'effectif, sujet, ou d'advenir à lui-même."

Quand ?

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lundi 1 août 2005

L'unité dans la lutte.

Un peu par curiosité, un peu pour saisir une éventuelle occasion de dire du mal de quelqu'un, j'ai lu La pensée tiède de Perry Anderson, un essai sur la décadence française, paru accompagné, on le sait peut-être, d'une réponse de P. Nora dans le même livre - histoire de colmater au plus vite la brèche. Finalement, il n'y a pas grand-chose à dire sur ces textes, qui n'excitent que Le monde diplomatique, d'autant que malheureusement M. Anderson, s'il déplore le manque d'ouverture des "élites" intellectuelles françaises sur l'étranger, ne cite pas beaucoup de noms d'auteurs à découvrir. Tant pis !

En revanche, je profite de l'occasion pour donner ma petite opinion sur "les divisions et les déchirements internes dans lesquels la France s'est débattue et qui ont fait sa hantise" - P. Nora ne remarque pas que c'est très souvent (il y a l'exception de l'après-Fronde) quand les Français se sont foutus sur la gueule qu'ils ont aussi joué un rôle important (pas toujours bon...) dans l'évolution du monde, et que le déclin qu'il stigmatise autant que P. Anderson survient justement en même temps que nous nous étripons moins. A une faible échelle, les controverses sur le TCE n'ont d'ailleurs pas par hasard accompagné un (faible) renouveau de notre rôle politique.

Bref, je ne sais pas s'il y a ou s'il y a eu une unité de la France, mais si tel est ou a été le cas, c'est au moins pour une grande part du fait de notre plaisir à nous disputer. P. Nora donne d'ailleurs une autre piste de recherche, dans un paragraphe qui me séduit d'autant plus que je le lis de manière à peu près inverse à celle dont son auteur l'a écrit :

"Perry Anderson se refuse obstinément à voir que le révolutionnarisme français, tel qu'il se maintient aujourd'hui, est l'expression d'un fondamental et tragique conservatisme français. Ce mélange de Joseph de Maistre et de Robespierre n'a qu'un inconvénient : son irréalité complète et sa nuisance. En empêchant la société française de relever ses vrais défis, il lui interdit de se transformer."


(Ajout le soir) Je reviens sur ces "divisions et déchirements internes dans lesquels la France s'est débattue et qui ont fait sa hantise" : peut-être font-ils surtout la hantise de P. Nora, qui extrapole bien vite de sa position personnelle à celle de tout un pays. Par ailleurs, relisant cette formule, elle m'a fait penser à une du même genre, nettement plus célèbre, ces fameux "mensonges qui nous ont fait tant de mal" qu'un autre grand apôtre de la réconciliation nationale avait stigmatisés à son profit personnel. La magnaminité des vainqueurs de l'heure... La réconciliation chez John Ford, c'était quand même autre chose. D'ici le prochain John Ford, restons donc chez Samuel Fuller - Run of the arrows - ou chez Straub (Non-réconciliés) : voilà de "vrais défis".


(Ajout le 19.09.08) L'après-Fronde n'est pas une exception : la pacification qui se produisit alors est une conséquence de la Fronde, à la fois parce que Louis XIV verrouille son régime, et parce que personne, les vainqueurs comme les vaincus, ne veut voir revenir pareils troubles. Ce que je pensais être un contre-exemple va donc dans le sens de ma thèse.

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Tout est dit et l'on vient trop tard.

Louis-Auguste Blanqui fut paraît-il un peu mouchard sur les bords. Cela n'enlève rien à sa lucidité :

"Qu'est-ce donc un démocrate, je vous prie ? C'est là un mot vague, banal, sans acception précise, un mot en caoutchouc. Quelle opinion ne parviendrait pas à se loger sous cette enseigne ? Tout le monde se prétend démocrate, surtout les aristocrates. (...) Les roués se complaisent dans ce vague qui fait leur compte ; ils ont horreur des points sur les I. Voilà pourquoi ils proscrivent les termes : prolétaires et bourgeois."

1850...

(Ajout le soir). On répondra bien entendu que cette flexibilité de la démocratie est une de ses forces. Il se peut, encore faut-il que cette flexibilité ne profite pas toujours aux mêmes. La question ne se résume d'ailleurs pas à ça.

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