jeudi 29 décembre 2005

Canular. (Ajouts les 4 et 5.01.06)

La "nomination" du répugnant goy Arno Klarsfeld, guignol névrosé, hainard prépubère à gueule d'ange rouillé, à la tête d'une pathétique commission d'étude sur les rapports entre histoire et mémoire prouve une fois de plus que Nicolas Sarkozy ne manque ni de sens de l'humour ni de qualités tactiques.

Et les gauchistes de gaspiller de l'énergie dans un pareil "combat"... Au moins cela permet-il de lire et écrire du mal d'un des sionistes les plus cons de France.



(Ajout le 04.01.06) Et je le prouve ! Le Réseau Voltaire, qui a comme moi la faiblesse de s'attarder sur ce sujet, retranscrit (en fin de note) un beau morceau de propagande et de bêtise pondu par l'Egaré sur l'invasion américaine en Irak. C'est beau comme du Sharon - les couilles en moins.

(05.01.06) Le précédent paragraphe a été écrit avant d'apprendre, devant un bon café matinal, que "l'homme de courage [ce qui est vrai] et de paix [ce qui l'est moins]" salué par G. W. Bush était, comme on dit, "entre la vie et la mort". On souhaite bien sûr que l'Eternel lui fasse éprouver d'atroces souffrances, mais c'est bien le seul souhait ou pronostic que l'on hasardera - et il n'a d'ailleurs pas l'air de se réaliser.

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mercredi 28 décembre 2005

Le catholicisme serait la meilleure des religions pour un athée.

lundi 26 décembre 2005

Chateaubriand II, presque Marx, modestie III. (Ajout le 24.11.07.)

D'abord, ce vers de La Harpe, cité par Chateaubriand, que j'aurais pu mettre en exergue à ce blog, et qui ouvre un troisième volet à mon éloge de la modestie (cf. texte précédent) :

"Plus l'oppresseur est vil, plus l'esclave est infâme."


(Ajout le 24.11.07 : quelques numéros de L'idiot international me sont tombés sous les yeux, je découvre (la lune, et) que ce vers en était la devise. Il n'y a pas de hasard...)



Ensuite, un récit du même Chateaubriand, sur son retour en France en 1800, après sept années passées en Angleterre.

Après un passage laborieux à la douane ("En France, on est toujours suspect."), il débarque à Paris :

"Au débouché de chaque allée, dans les galeries, on rencontrait des hommes qui criaient des curiosités, ombres chinoises, vues d'optique, cabinets de physique, bêtes étranges ; malgré tant de têtes coupées, il restait encore des oisifs."


Puis il découvre qu'un ancien couvent de Cordeliers est devenu :

"un café et une salle de danseurs de cordes. A la porte, une enluminure représentait des funambules, et on lisait en grosses lettres : Spectacle gratis. Je m'enfonçai avec la foule dans cet antre perfide : je ne fus pas plutôt assis à ma place, que des garçons entrèrent serviette à la main et criant comme des enragés : "Consommez, messieurs ! consommez !" Je ne me le fis pas dire deux fois, et je m'évadai piteusement aux cris moqueurs de l'assemblée, parce que je n'avais pas de quoi consommer."

Tout y est : le commerce prenant la place de la religion, l'humiliation du non-consommateur, les pratiques commerciales de parc d'attractions ou de sex-shop... C'est écrit en 1837, alors que Marx n'a pas encore écrit ses premiers et confidentiels grands textes. C'est un peu trop symbolique pour être authentique, peut-on penser. Ce n'en est pas moins vrai.

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dimanche 25 décembre 2005

Eloge de la modestie (suite). Chateaubriand I.

"Il y devrait y avoir coertion des lois contre les escrivains ineptes et inutiles, comme il y en a contre les vagabonds et fainéants. On banniroit des mains de notre peuple et moy et cent autres. L'escrivaillerie semble être quelque symptosme d'un siècle débordé."

Montaigne, Essais, "De la vanité", cité par Chateaubriand dans les Mémoires d'outre-tombe, lequel Chateaubriand donne son aval à cette fort belle affirmation - qu'il applique plus directement à d'autres qu'à lui-même.

Montaigne a écrit un bon millier de pages sur lui-même, Chateaubriand deux mille. On peut les trouver, en l'espèce, faux cul. On peut aussi se demander si la vraie modestie, fût-elle un peu affectée, n'est pas le privilège des grands.

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samedi 24 décembre 2005

Cadeau.

Ayant récemment achevé de faire mon deuil de toute velléité d'originalité, je n'ai aucun scrupule à enfoncer quelques portes ouvertes, et pour commencer à citer un livre de Gilles Gaston Granger remontant à 1969, prévoyant déjà pour quelles raisons la philosophie de Wittgenstein allait devenir aussi populaire qu'elle l'est aujourd'hui. Son attrait vient bien en effet "de l'exceptionnelle conjonction d'un rationalisme radical et dévastateur, et d'un sentiment vif et profond des limites de la pensée".

De même, Wittgenstein détruit toute idée de fondement, mais il le fait d'un pas assuré. Il rabat les prétentions de la raison sans le moindre anti-intellectualisme. Il ne philosophe pas à coups de marteau, mais dévisse méthodiquement et comme tout simplement la plupart des attaches et des jointures de la philosophie. Il place la morale très haut mais sait que l'on n'en peut quasiment rien dire. Il a des accents "durkheimiens" ou "maussiens" pour critiquer l'optique platement rationaliste du Rameau d'or de Frazer, mais, comme le grand philosophe Emile et son neveu le grand moraliste Marcel, il sait trop bien que cette critique du rationalisme par lui-même ne peut se substituer à l'évolution du monde, telle qu'elle débouche ou non sur l'établissement par elle-même d'une communauté viable et sensée.

Bref, Wittgenstein n'apporte rien d'autre que des repères, mais parmi les meilleurs. Consolation relative pour qui voit le monde s'enfoncer chaque jour un peu plus dans la tyrannie de l'argent ou des fausses identités. Debord cite quelque part je ne sais plus quel auteur, selon lequel il ne faut pas plaindre le monde d'aller mal, car cela lui arrive périodiquement, il y a de bons et de mauvais cycles ; on peut en revanche se plaindre soi-même d'avoir eu la malchance de naître au mauvais moment. Ça fait un peu pleureuse, mais je ne suis pas loin d'être sur la même longueur d'ondes.


Joyeux Noël ! Que Dieu éviscère tous les matons !





PS : Je me promets depuis longtemps d'écrire un commentaire d'un texte admirable de Durkheim, "L'individualisme et les intellectuels" (1898, en pleine Affaire Dreyfus, moment fondateur, comme on dit : Durkheim voit ce qui manque aux fondations, manque dont nous subissons toujours les effets). Il se peut que je vienne de le faire au cours de ce petit bilan en forme d'éloge. Quoi qu'il en soit, rien ne vous interdit de lire ce texte, bien au contraire. On peut le trouver gratuitement, et tant pis pour les PUF, sur un fort utile site canadien, section Les auteurs classiques ; une fois dans la rubrique Durkheim, se diriger vers le recueil La science sociale et l'action.

PS 2 : Tout de suite après la rédaction de ce texte, je tombe sur une critique d'un célèbre "tâcheron de l'originalité", que je viens d'ailleurs de citer. Le monde est petit et certaines influences fortes. (Deuxième paragraphe).

J'apprends de plus que certains Café du commerce sont fréquentés par des bourgeois. Ach, ce sont des lieux publics !

Je renvoie, dans un ajout à un message précédent, à un autre passage tiré du même texte.

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vendredi 23 décembre 2005

Actualités. (Ajouts le 19.01 et le 02.04.06)

Je me suis rarement autant tenu en courant des petites affaires de mon pays que depuis que je suis en vacances dans le grand nord. Voici donc quelques bons et mauvais points. Je groupe les références nécessaires en fin de message.


- Que des historiens et des intellectuels s'attaquent aux quatre lois staliniennes qui prétendent régir la recherche historique ne peut que me satisfaire. Dont acte donc, surtout pour d'aussi notables faux-culs que Jean Daniel, Pierre Nora, Pierre Vidal-Naquet (à qui la censure des négationnistes doit faire perdre une partie de son gagne-pain), Pierre Milza (directeur d'une thèse sporifique de Mme Igounet sur le négationnisme, aussitôt disponible au Seuil, présente dans vingt-six bibliothèques parisiennes... : tous les thésards n'ont pas cette chance), Elisabeth Publicis-Badinter, Jacques Julliard... Qu'eux et les autres pétitionnaires obtiennent un jour gain de cause, nous verrons, mais saluons cette initiative.


- Que Act Up rappelle les fondements lepénistes des politiques de Nicolas Sarkozy, très bien. Qu'ils en fassent une affiche choc, pourquoi pas ? Elle est même plutôt réussie. Que Nicolas Sarkozy, via son "photographe officiel", use ou laisse user de menaces judiciaires pour censurer cette affiche, c'est à coup sûr très méchant. On rappellera ou signalera tout de même deux ou trois choses :

1/Act Up a tout de suite capitulé devant la menace de poursuites, sans donner la moindre justification, laissant à d'autres le soin de diffuser l'affiche ;

2/dans le même temps, des militants de cette association ont été arrêtés, semble-t-il pour avoir collé ces affiches ("sans motif réel", nous dit-on sans nous en laisser juges). Bien que cela leur fasse une belle jambe, je les soutiens évidemment dans cette épreuve. Mais sauf erreur de ma part, Act Up a sérieusement réfléchi à une époque à dénoncer des politiciens de droite homosexuels qui avaient fait campagne contre le PACS. Beau comportement, ou belle velléité de comportement, à la fois flic et mouchard. Aujourd'hui encore, pour répondre à une attaque de P. Devedjian, ils ne trouvent rien de mieux à faire qu'à remonter à 1967... Bref, j'ai du mal à pleurer.

3/j'avais vaguement abordé le sujet dans un précédent message, je serai plus affirmatif aujourd'hui : Nicolas Sarkozy est plus dangereux que Jean-Marie Le Pen. Il est plus jeune, il a un grand parti derrière lui, une meilleure image, il fut pour l'agression américaine en Irak (mais sut se taire à l'époque), il s'est fait adouber par les organisations sionistes américaines, son projet politique est explicitement ultra-libéral (donc apatride), et, last but not least, il écorche ma langue natale à peu près à chaque fois qu'il ouvre la bouche (souvent).

Obligé de ménager son électorat traditionnaliste, cheval en fin de course, sans doute trop détesté pour avoir une chance de gouverner normalement, s'exprimant bien... Le Pen m'apparaît moins dangereux. C'est sans doute ce qui fait aussi qu'il n'a à peu près aucune chance d'être élu - au moins aurais-je essayé de montrer l'erreur (commune) d'Act Up : à la limite, il aurait fallu réaliser l'affiche inverse, Jean-Marie Le Pen appelant à voter Sarkozy.

Je précise :

Que personne n'est obligé d'aller voter.

Que si le sionisme de N. Sarkozy lui vaut d'importants soutiens (ainsi que le fait qu'en succédant à Charles Pasqua dans les Hauts-de-Seine, où se trouvent les sièges sociaux de la plupart des grandes entreprises, il a accédé à une position stratégique enviable), l'antisémitisme notoire de J.-M. Le Pen ne lui serait pas en tant que tel nécessairement un handicap de ce point de vue : M. Cukierman ne s'est-il pas un jour recommandé de Goebbels ?


Ach, pauvre France !




On trouvera sur l'Observatoire du communautarisme :

- une pétition d'historiens, avec des liens menant aux lois concernées ;

- une pétition d'intellectuels.

L'affiche d'Act Up est disponible sur Samizdat.

Act Up présente son action ici, expose les pressions subies depuis, répond ailleurs à P. Devedjian.

Je découvre en cherchant ces références un autre article, dans lequel ces petits branleurs se vantent d'assigner en justice un gars de l'UMP qui a tenu des propos homophobes. Je ne sais pas pourquoi ils crient contre les flics, ils en ont tous les réflexes. Finalement, que vos militants arrêtés se fassent sodomiser à coups de matraque, c'est tout ce qu'ils méritent !




(Ajout le 19.01.06) Deux remarques.

En ce qui concerne la thèse de Mme Igounet sur le négationnisme, il n'est peut-être pas inutile d'ajouter qu'un des problèmes concernant ce que l'on peut appeler "les forces en présence" est que les livres négationnistes sont interdits par la loi, alors que les livres sur le négationnisme - le cas de celui de Mme Igounet est d'autant plus frappant que son auteur n'est pas connu par ailleurs, mais on en dirait autant, par exemple, de l'aberrant et atterrant Avenir d'une négation d'Alain Finkielkraut - font l'objet d'une large diffusion. Ce qui est d'autant plus amusant que ceux-ci présentent le négationnisme comme un ennemi épouvantable et effrayant. On ne peut de plus qu'être frappé par cette forme de scandale, qui fait que des gens peuvent impunément en salir d'autres - lesquels peut-être méritent d'être salis, mais ce n'est pas tout à fait la question, justement -, citer, éventuellement déformer leurs propos, sans que les auteurs de ces propos puissent se défendre en aucune manière, sans que le lecteur n'ait, sauf gros efforts et moyens financiers, accès aux sources. On peut discuter de l'opportunité d'interdire les textes négationnistes - sachant bien qu'une soutenance de thèse à Lyon III et une édition par un entrepreneur privé ne sont pas nécessairement à placer sur le même niveau ; on ne peut que penser que, dans de telles conditions, trop écrire sur le négationnisme ferait passer n'importe quel onaniste pour un monstre de courage.


Après rédaction de ce texte, j'avais envoyé un mail à Act Up pour leur signaler son existence - la polémique n'exclut pas le dialogue. Ces braves gens ne m'ont pas répondu et, sauf erreur, n'ont pas fait mention de mes objections sur leur site. Enculés, passe encore, mais enculés staliniens, ça va commencer à faire beaucoup au jour du Jugement !


(Ajout le 02.04.06) Deux découvertes de ce jour trouvent place dans ce nouveau post-scriptum.

Cela ne concerne Act Up qu'indirectement, mais en regardant la quatrième de couverture d'un livre qui doit être sérieux puisqu'il est publié par Gallimard, Christianisme, tolérance sociale et homosexualité, d'un dénommé John Boswell (1985), j'ai appris que sur la fin du Moyen Age, au XIIIe siècle, les mœurs étaient devenues fort accoutumées à l'inversion, au point qu'elle était devenue un thème artistique courant et que chaque grande ville de France comptait alors un ou plusieurs bordels de garçons. Si j'ai bien compris, il semblerait que ce fût là le résultat d'un processus lent et global de "libéralisation", lequel fut suivi quelque temps après d'une réaction rigoriste. Ceci pour signaler que, si Boswell ne raconte pas de bêtises, la morale chrétienne, ou judéo-chrétienne, a tout de même su par moments s'accommoder de l'homosexualité et de son existence publique. Il n'y a pas dans l'histoire du christianisme qu'une longue chaîne de persécutions des pédés. Je l'ignorais.

Dans ces Actualités, j'avais d'une certaine manière joué Jean-Marie Le Pen contre Nicolas Sarkozy : cette brève de l'Observatoire du communautarisme montrant quel genre d'organisations le ministre de l'intérieur est prêt à cautionner, laisse rêveur et me renforce dans mon sentiment. Et il est à craindre que l'activisme irresponsable de ce genre de lobbies ne diminue pas avec la proximité de l'élection présidentielle à venir. Les avortons vont grouiller.

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jeudi 22 décembre 2005

"Laure Adler est une putain".

Est-ce une injure ? A l'égard de tout le monde sauf des putains elles-mêmes sans doute, lesquelles font un dur sinon beau métier. Mais si Laure Adler était effectivement une putain, la traiter de putain ne serait pas une injure. C'est le même problème logique que la blague d'Alphonse Allais : moi je n'aime pas les épinards. Heureusement : car si je les aimais, j'en mangerais, et cela me serait fort désagréable, puisque précisément je ne les aime pas.

Ceci en rapport avec cette information délivrée par Acrimed : suite à un tract syndical satirique dans lequel un dessin montre de multiples Laure Adler brandissant des pancartes du type "Oui à la pensée unique", "Vive le MEDEF", et surtout, en référence à un livre de G. Châtelet : "Vivre et penser comme des porcs", Laure Adler a porté plainte, voyant dans ce dernier élément une "expression outrageante". Sans verser dans l'idolâtrie à l'égard des animaux, on se demandera à quel titre Laure Adler se juge supérieure à une cochonne - n'oublions pas la sagesse populaire : dans le cochon, tout est bon : est-ce vrai de Laure Adler ? - ou à une truie, admirable mère nourricière aux tétons aussi performants qu'endurants.

Cette action en justice, dont je suis curieux de connaître le résultat, relève en tout cas bien plus du flic que de la prostituée. Faut-il alors en conclure que Laure Adler n'est pas une putain ? En toutes rigueur et objectivité, il semble plus avisé de rester prudent : Laure Adler ne serait pas qu'une putain.

Je est un autre : même Laure Adler pourrait ainsi se révéler d'une certaine complexité.





PS : j'en profite pour signaler que dans la quatrième de couverture du livre que Laure Adler vient de consacrer, sinon d'écrire, à Hannah Arendt (c'est admirable ce que ces gens qui pètent dans la soie aiment s'identifier à des personnalités qui ont vraiment pris, parfois en le payant de leur vie, des risques pour ce à quoi ils croyaient : Alain Minc avec Spinoza, Bernard-Henri Lévy avec Baudelaire et Daniel Pearl, Jacques Attali avec Marx... Le vice rend hommage à la vertu et encaisse au passage en monnaie ce que celle-ci a acquitté en nature), il y au moins deux fautes de grammaire, légères mais bien réelles. L'auteur et l'éditeur (Gallimard, merde !) se relisent-ils ? Je n'arrive pas à ne pas trouver des détails de ce genre tristement significatifs.

(Digression sur la digression : puisqu'il est désormais difficile, pour moi comme pour d'autres, d'écrire le mot "détail" sans penser à une très célèbre déclaration de M. Le Pen, accordons-lui cette justice d'avoir alors doublement illustré la force de ce redoutable adage : "Le diable se cache dans les détails").

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mercredi 21 décembre 2005

Alain le marxiste et Alain le heideggérien. (Ajouts les 08 et 19.01.06)

Le site-portail lié à Dieudonné, Les ogres, propose du bon et du moins bon, pour être poli, j'y ai néanmoins trouvé une rencontre avec Alain Soral certes pas toujours convaincante mais tout de même m'a-t-il semblé stimulante. Certains des commentaires auxquels elle donne lieu sont assez drôles.

Il s'agit en fait d'une interview donnée il y a quelque temps à la revue Eléments, dont le nom me disait vaguement quelque chose - un clic sur leur site m'a rapidement amené au site d'Alain de Benoist, ex-animateur de la Nouvelle Droite. A ceux qui comme moi avaient l'image d'un nietzschéen de bazar ayant fourni des concepts à Le Pen il y a vingt-cinq ans, je ne peux que conseiller d'aller se rendre compte par eux-mêmes de quoi il retourne. Là encore, il ne s'agit pas de tout prendre en bloc, mais de puiser de nouvelles idées sur certaines des questions avec lesquelles, finalement, tout le monde à part les hommes politiques se débat :

- comment, enfin, regrouper ou ne pas empêcher que se regroupent des bonnes volontés issues de traditions et d'horizons différents, pour tenter de freiner, minimiser, stopper,etc. le mouvement capitaliste de destruction massive ?

- comment surtout permettre que se recréent de vraies communautés, quand tout le mouvement actuel vise à les détruire, ceci sans tomber dans des panneaux identitaires et en sachant fort bien que les communautés ne se créent pas ?

Posée ainsi, cette seconde question est quelque peu déprimante. Mais enfin, si quelqu'un avait la réponse, cela se saurait.





PS : Chateaubriand et Marx me donnent orgasme sur orgasme. J'essaierai à l'occasion de vous les faire partager.




(Ajout le 08.01.06, modifié le 21) Feuilletant le chapitre consacré à la Nouvelle Droite dans le livre de Pierre Milza, Fascisme français. Passé et présent, j'y apprends que Alain de Benoist utilise souvent comme pseudonyme "Robert de Herte". Comme il vient encore de le faire récemment, il n'est peut-être pas totalement inutile de vous en avertir. Je reviendrai certainement un jour de façon approfondie sur certaines des idées actuelles d'Alain de Benoist (dont j'ai écrit le 8 janvier qu'il avait pour vrai nom Fabrice Laroche : un lecteur attentif et connaisseur m'informe que c'est une erreur, et que Laroche est un autre pseudonyme de celui qui s'appelle bien Alain de Benoist. Dont acte !).

(19.01.06) Je ne vais pas répliquer à tout ce que je lis sur le Net, mais je signale l'interview récente d'Alain Soral sur les émeutes en banlieue. L'auteur a fait mieux.

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dimanche 18 décembre 2005

Y a pas de justice.

Jacques Fouroux est mort, Bernard Lapasset est vivant. Bah, bientôt on apprendra que le "petit caporal" était dopé comme un vulgaire Armstrong.


Les voies de la Providence sont impénétrables.

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samedi 17 décembre 2005

Je pense donc je jouis.

Avant de prendre quelques jours de vacances (gare !), je feuillette ma bibliothèque à la recherche de livres à emporter, et m'amuse de la proximité, que j'y découvre, de Lénine et Léon Bloy. A l'homme de gauche l'action, à l'homme de droite la morale, me dis-je non sans me féliciter in petto d'être moi-même aussi actif et tellement moral.

Arrivé grâce à Dieu à bon port, j'y repense pour me dire que j'ai été victime, comme d'autres sans doute, d'une belle prénotion. On oppose souvent l'esprit utopique des gens de gauche au réalisme des gens de droite. Je n'irais pas, tant s'en faut, jusqu'à soutenir que c'est le contraire qui est vrai, mais il suffit d'imaginer ce que serait le monde si les fantasmes des grands auteurs "de droite" (disons : Bossuet, de Maistre, Balzac, Claudel...) étaient vérifiés : un monde où l'on pourrait sans le moindre problème juger chacun responsable de ses actes - pour constater qu'il manque une pièce au puzzle, un bon contrepoids de réel - fourni par les grands auteurs "de gauche" (il y en a moins peut-être, mais il y aura toujours ces deux monstres : Voltaire et Marx), quand ils montrent comment les choses fonctionnent dans les faits.

Que ces auteurs, et de bien moins estimables qu'eux, aient cru possible de jeter métaphysique et religion par la fenêtre est fort regrettable, qu'ils aient succombé à la fort répréhensible tentation de l'utopie (démonstration à suivre à l'occasion) est leur faute, leur très grande faute. Mais à un certain niveau, et pas le moindre, il me semble possible de soutenir que c'est l'homme de gauche qui est réaliste et l'homme de droite idéaliste.

Cet idéalisme est le plus souvent pessimiste : ce n'est pas le moindre de ses paradoxes, comme de ses mérites. Mais ceci est une autre histoire - n'étant quant à moi ni optimiste (beurk !) ni pessimiste (à quoi bon ?), je ne suis pas sûr de vous la raconter un jour.



PS : finalement, j'ai pris avec moi Chateaubriand et Marx - et je ne débande pas !

PS 2 : je prends conscience de ce que je n'ai cité que de purs catholiques dans ma liste de grands auteurs de droite. A part le cas très particulier mais effectivement important de Céline, j'avoue ne pas voir d'autre "exception". Une suggestion ?

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mardi 13 décembre 2005

Superflu. (Ajout le 29.03.06)

Durement exploité, comme tant d'autres, par la minorité despotique qui assujettit l'ensemble de la population à la célébration de Noël, je traine aujourd'hui dans une librairie à la molle recherche de cadeaux, quand je tombe sur une nouveauté : le Journal de Goebbels, premier tome, chez Tallandier. Un pareil génie de la propagande méritant de toute évidence considération, je feuillette la bête, tout en me disant qu'un pareil achat n'est en rien raisonnable, quand je découvre, sur la quatrième de couverture, que les bénéfices générés par cette édition seront reversés à telle fondation liée à la mémoire de la Shoah.

Je ne reproche rien, ou ne me sens pas le droit de rien reprocher à l'éditeur. Je suis néanmoins resté bouche bée. Goebbels est une des personnalités les plus marquantes et les plus influentes du XXe siècle, son journal est évidemment un document historique de premier ordre, et il est manifestement impossible de le publier sans alibi ! Tallandier n'est pas réputé pour être un éditeur nauséabond, mais doit quand même, ou estime devoir, "se couvrir" par cette précaution. Peur des associations, peur de la réaction du public ? Pauvre recherche historique ! Bientôt, on ne pourra pas éditer les mémoires de tel ou tel esclavagiste sans devoir verser ses bénéfices aux descendants des victimes. Peut-être que les œuvres de Voltaire, lequel avait des actions dans telles entreprises coloniales, devraient être taxées dès aujourd'hui - ou même rétroactivement, depuis leur date d'édition. Un écrit de Jules Ferry sur l'école publique devrait absolument financer des travaux publics au Tonkin. Tous les auteurs n'ayant pas fait de propagande active pour l'homosexualité devraient cotiser pour les malades du sida. Les éditeurs de la Bible dans le monde entier, par l'abominable pression qu'ils font peser sur le mental des jeunes gays, seraient ainsi bien inspirés de se dédouaner de leur ignominie. On pourrait aussi souhaiter que n'importe quelle œuvre d'un météorologue russe se voie prélevée d'une obole destinée aux descendants des veuves des soldats noyés par la Bérézina.

Ceci posé, j'admets que si les bénéfices des mémoires de Bill Clinton avaient été reversés aux familles qui ont souffert de l'embargo qu'il a imposé à l'Irak pendant des années, cela lui aurait sans doute passé l'envie de les "écrire", et on n'aurait pas eu à revoir sa gueule. Mais cet effet collatéral reste bien négligeable.

Pour en revenir à Goebbels, je me souviens qu'il y a quelques années Emmanuel Le Roy Ladurie, fasciste notoire sans doute, avait regretté que le journal de celui qu'il traitait d'"ignoble salopard" n'était pas édité en France, quand le moindre propos de table de Freud ou Marx avait les honneurs de nos éditions. La petite brève du Canard enchaîné retraçant cette déclaration ne put s'empêcher de lui trouver un goût douteux, comme si Le Roy Ladurie avait été le moins du monde ambigu. Avec le recul, cela permet de comprendre les précautions prises par Tallandier, et ce n'est guère réconfortant.

Finalement, dans la mesure où les bibliothèques municipales ne voudront peut-être pas acquérir un tel ouvrage (je me rappelle que les responsables de la BPI au centre Pompidou avaient arrêté d'acheter Mein Kampf après que cinq exemplaires leur en avaient été volés dans les semaines suivant l'ouverture de cette bibliothèque, sans que l'on puisse dire si les voleurs étaient des néo-nazis ou des censeurs bien intentionnés, ou un peu des deux), je me demande, si l'on ne veut pas faire le jeu d'une telle emprise de ce qu'on appelle le "devoir de mémoire" sur la recherche de la vérité historique, si le mieux ne serait pas carrément de le voler. Evidemment, c'est un gros pavé, et si on se fait avoir, c'est un peu la honte.


Bonne lecture et joyeux Noël !




(Le 29.03)

G1




Sale gueule, certes. L'homme est heureusement plus souriant sur la quatrième de couverture :

G2



M. Hitler en couleurs, décidément, j'ai peine à m'y faire.

Je n'en ai pas encore lu beaucoup. Apparemment, ça parle beaucoup de musique.

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lundi 12 décembre 2005

A toutes fins utiles. (Ajout le 24.12.05)

Je découvre que les lieux consacrés aux commentaires de ce blog sont en quelque sorte piratés par des annonces publicitaires.

Qu'il soit bien clair que je n'y suis pour rien. Je ne me vois pas - contrairement à d'autres, soit dit en passant - pester contre la "merchandisation" (beurk ! ce mot pue l'Attac) du monde et grapiller quelques euros en créant moi-même un nouvel espace publicitaire.




Sinon, rien. Je me dissous dans la liberté et l'insignifiance.






(Note du 24.12.05)
Je découvre à l'instant une claire et nette mise au point sur le terme de "merchandisation" ou "marchandisation". Les initiés peuvent lire le texte entier, si ce n'est déjà fait, les autres se contenter de cette note.

J'ai découvert par ailleurs que ces publicités étaient présentes sur quelques-uns, mais pas tous les blogs gérés par Blogspot.com. Pas de chance, c'est tombé sur ma gueule. Faites comme moi : ne les lisez pas !

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lundi 5 décembre 2005

Une poule devant un couteau.

Nicolas Sarkozy a jugé utile de venir au soutien d'Alain Finkielkraut : pourquoi pas ? Mais quand on lit qu'il va jusqu'à dire que celui-ci "est un intellectuel qui fait honneur à l'intelligence française", on ne peut que rester interloqué : que connaît Nicolas Sarkozy à l'intelligence française ? Certes il est doué comme traître, et nous en avons eu beaucoup - dont certains nettement plus amusants que lui (Louvois, Talleyrand... même Thiers, lui aussi nabot !). Certes il ne reste peut-être pas grand-chose de cette intelligence. Mais tout de même, entendre M. Sarkozy évoquer l'intelligence française, cela évoque des images comparables à celles que suggèrent la vision de George Bush parlant de justice, de Jacques Chirac vantant la liberté en Afrique, de Ségolène Royal s'exprimant au sujet des hommes ou de Jack Lang évoquant l'art - quelque chose entre l'hommage obligatoire, l'incompréhension stupide, le viol et la mise en bière. Salope !



PS 1 : j'ai promis il y a quelque temps d'expliquer un jour pourquoi N. Sarkozy était à mes yeux un représentant de l'anti-France : je n'ai pas oublié, cela viendra - mais je ne vais pas non plus consacrer trop de mon temps présent et précieux à une aussi répugnante fripouille.

PS 2 : peut-être le lecteur a-t-il lu l'article - faiblard - d'Elisabeth Lévy venant au soutien de son ami Finkielkraut - d'ailleurs elle pourrait avoir l'honnêteté de préciser que les gens dont elle évoque le soutien à ce triste mongolien sont tous ou presque tous des connaissances et des relations ; parmi lesquels Philippe Muray, que je cite souvent ici ; peut-être le lecteur aura-t-il trouvé la tirade dudit Muray nulle : il aura raison. J'ai lu trois livres de Finkielkraut (qui dit mieux ?), ils sont aussi lamentables que la fameuse interview et à peine plus nuancés, contrairement à ce que Mme Lévy and Co. essaient de faire croire ; mais les livres de Muray, grâce à Dieu, valent beaucoup mieux que ce témoignage bâclé de copinage gêné. Comme me le disait un ami : même s'ils ne sont pas d'accord entre eux, ces gens-là ne vont tout de même pas s'engueuler à cause des Arabes, non plus !

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samedi 3 décembre 2005

Que vivent les scientifiques belges. (Ajout le 14.01.06)

Je n'ai pas eu à me fatiguer beaucoup pour dénicher ce texte, Rezo ayant fait le travail pour moi, mais je m'en voudrais de ne pas le signaler. Pour les paresseux ou les gens pressés, quelques extraits :

- "La politique de Bush lui-même n’a pas été très populaire dans les milieux qu’on peut appeler de gauche, y compris dans la mouvance favorable à l’ingérence humanitaire. La politique qui a été vraiment populaire, c’était celle de Clinton ; durant toute la période où il a été président, il y a eu un embargo contre l’Irak qui a fait sans doute plus de morts que la guerre, et j’ai vu très peu de protestations contre cet embargo de la part des gens qui chantaient les louanges de l’ingérence humanitaire, par exemple en Yougoslavie. Si les gens ne soutiennent pas la politique de Bush, c’est parce qu’il a l’art de la présenter très mal, ce qui a pour effet de la rendre impopulaire ; il est aussi très arrogant, ce qui aggrave son impopularité, surtout à l’étranger. Clinton n’était pas comme cela."

- "Les Occidentaux ne comprennent pas que la nature du conflit israélo-palestinien dépasse de loin les frontières d’Israël ou de la Palestine pour une raison très simple : ce que les Européens ont fait, c’est de faire payer par les Arabes les crimes commis par les Européens contre les juifs." (C'était déjà chez Jean Genet, mais il ne faut pas se lasser de répéter les vérités).

- "L’important, c’est la dérive du mouvement écologique. Quand ce mouvement est né, il était non-violent, contre toute armée, et maintenant il soutient une politique d’ingérence humanitaire qui suppose une armée importante. Exiger une politique d’ingérence humanitaire cela suppose d’avoir des moyens, une armée puissante, la possibilité de transporter des troupes à des milliers de kms. Cette transformation du mouvement écologique est extraordinaire ! À l’époque de la guerre froide, il y avait vraiment une menace de guerre, peut-être exagérée, mais l’URSS était néanmoins puissante et son armée nous était potentiellement hostile. Pourtant, à l’époque, les écologistes prônaient une défense civile non violente, même en cas d’agression soviétique. Donc l’idéologie de l’ingérence a produit des transformations profondes, irréconciliables avec la perspective écologiste de départ, à cause justement de la militarisation que leur nouvelle posture politique suppose."

- "Si, en Irak, il n’y avait pas eu de résistance, tout le monde aurait dit : c’est très bien, Bush les a débarrassés de Saddam Hussein, et hop, ils auraient fait la guerre à l’Iran, à la Syrie, ou à Cuba, jusqu’à ce qu’ils soient arrêtés quelque part." (C'était déjà chez Michel Collon, mais il ne pas faut pas se lasser...).

- "Il y a une espèce de course de vitesse entre la superpuissance américaine et l’opinion publique mondiale : si cette opinion est suffisamment forte, les Etats-Unis vont se trouver dans une situation où l’on peut espérer qu’ils seront bloqués. La situation militaire en Irak est le nœud de tout ; tant qu’ils sont immobilisés par la résistance en Irak, je ne les vois pas attaquer d’autres pays, sauf par des bombardements. Ils peuvent bombarder l’Iran et la Syrie, mais n’ont pas assez de troupes pour les envahir. En plus, il y a l’Amérique latine où la situation n’est pas du tout bonne pour les Américains. Ce qui est très dangereux, c’est la nouvelle posture du Pentagone qui envisage ouvertement l’usage d’armes nucléaires contre des pays qui n’ont pas de telles armes. C’est leur nouvelle doctrine. Beaucoup de scientifiques américains et français se mobilisent contre cette politique. Il faut quand même espérer qu’il y ait une réaction, aux États-Unis, qui les empêche d’utiliser l’arme toute puissante qu’est l’arme nucléaire. Ils ont toujours eu une double stratégie : les armes conventionnelles, en quantité absurde, plus l’arme nucléaire. Ils ont démontré en Irak, à la surprise de beaucoup de gens, que les armes conventionnelles n’étaient pas suffisantes. Donc, la seule chose qui leur reste, c’est l’arme nucléaire. Il faut empêcher qu’ils l’utilisent ! Pour convaincre l’opinion, ils disent " on va miniaturiser l’arme nucléaire ", elle sera moins dévastatrice, donc son usage sera plus acceptable politiquement. C’est très dangereux. Il y a bien une course de vitesse entre un militarisme américain qui risque de ne pas accepter sa défaite, et l’opinion publique mondiale, y compris une bonne partie de l’opinion publique américaine, puisqu’il y a une fraction importante de celle-ci qui pense qu’il faut destituer Bush, ce qui n’est déjà pas si mal."

- "Il y a une extraordinaire bonne conscience occidentale qui consiste à dire : " ces gens sont des dictateurs, ou des musulmans fanatiques, des extrémistes, etc. ", qui permet d’ignorer et de ne pas écouter ce que pense une grande partie du genre humain. J’espère que le mouvement altermondialiste, mettra en place des canaux permettant une meilleure compréhension des points de vue du Sud. Pour l’instant, la gauche occidentale a tendance à rester dans son coin, tout en ayant très peu d’influence là où elle vit et en jouant indirectement le jeu de l’impérialisme en démonisant l’adversaire , l’autre, l’Arabe, le Russe, le Chinois ... au nom de la démocratie et des droits de l’homme. Ce dont on est principalement responsable, c’est de l’impérialisme de son propre pays. Commençons donc par nous attaquer à cela et à nous y attaquer de façon efficace ; les crimes des autres, Saddam, Milosevic, Ben Laden, on en parlera après." On ne saurait mieux dire !


NB : Jean Bricmont est aussi le coauteur de Impostures intellectuelles, saine et drôle critique de certains excès de la philosophie française. Avoir trop de talents est suspect, en avoir plusieurs est bon signe.



(Ajout le 14.01.06). Depuis, deux interventions au moins de Jean Bricmont sont venues ajouter quelques idées aux prédédentes.

La première vient du Collectif Bellaciao :

- "Prenons la qualité des soins de santé à Cuba. Il s’agit du développement tout à fait remarquable d’un droit socio-économique. Il est pourtant totalement ignoré. Admettons que Cuba corresponde parfaitement à la description très critique qu’en fait Reporters sans frontières, cela ne diminue en rien l’importance de la qualité des soins de santé. Lorsque l’on parle de Cuba, si l’on émet des réserves sur le respect des droits politiques et individuels, il faudrait, au moins, mentionner l’importance des droits économiques et sociaux dont les Cubains bénéficient. On pourrait alors se demander ce qui est le plus important : les droits individuels ou les soins de santé? Pourtant, personne ne raisonne comme cela. Le droit au logement, à l’alimentation, à la sécurité d’existence ou à la santé est en général ignoré par les défenseurs des droits de l’homme."

- "Le manque de libertés individuelles peut-il être justifié par les soins de santé performants? Cela se discute. Si, à Cuba, un régime pro-occidental était en place, les soins de santé ne seraient sûrement pas aussi performants. C’est, du moins, ce que l’on en déduit si l’on constate l’état sanitaire dans les pays « pro-occidentaux » d’Amérique latine. Donc, en pratique on se trouve devant un choix : quels types de droits sont les plus importants : sociaux-économiques ou politiques et individuels?
On voudrait avoir les deux ensemble. Le président vénézuelien Chavez, par exemple, essaie de les concilier. Mais la politique d’ingérence américaine rend cette conciliation difficile dans le tiers monde. Ce que je veux souligner, c’est que ce n’est pas à nous, en Occident, qui bénéficions des deux types de droits, à faire ce choix. Nous devrions plutôt consacrer notre énergie à permettre un développement indépendant des pays du tiers monde. En espérant qu’à terme, le développement favorise l’émergence de ces droits."

- "Lorsque nous voyons des politiques qui ne nous plaisent pas dans le tiers monde, il faut commencer par en discuter avec les gens qui vivent là-bas, et le faire avec des organisations représentatives des masses, pas avec des groupuscules ou des individus isolés. Il faut essayer de voir si leurs priorités sont les mêmes que les nôtres.

J’espère que le mouvement altermondialiste mettra en place des canaux permettant une meilleure compréhension des points de vue du Sud. Pour l’instant, la gauche occidentale a tendance à rester dans son coin, tout en ayant très peu d’influence là où elle vit et en jouant indirectement le jeu de l’impérialisme, en diabolisant l’Arabe, le Russe, le Chinois... au nom de la démocratie et des droits de l’homme. Ce dont nous sommes principalement responsables, c’est de l’impérialisme de nos propres pays. Commençons donc par nous attaquer à cela. Et de façon efficace."


La seconde transite par le Réseau Voltaire :

- "Comme l’explique très bien le juriste canadien Michael Mandel, le droit international contemporain a pour but, pour citer le préambule de la charte des Nations unies, de « préserver les générations futures du fléau de la guerre ». Et, pour cela, le principe de base est qu’aucun pays n’a le droit d’envoyer ses troupes dans d’autres pays sans le consentement de son gouvernement. Les nazis avaient fait cela de façon répétée et le premier crime pour lequel ils ont été condamnés à Nuremberg est celui d’agression, crime qui « contient et rend possible tous les autres ».
« Gouvernement » ne veut pas dire ici « gouvernement élu » ou « respectueux des droits de l’homme », mais simplement « qui contrôle effectivement les forces armées », parce que c’est ce facteur qui détermine s’il y a guerre ou non lorsque des frontières sont franchies. Il est facile de critiquer ce principe de base, et les défenseurs des droits de l’homme ne se privent évidemment pas de le faire. D’une part, il arrive très souvent que les frontières des États soient arbitraires, car elles résultent de processus anciens qui étaient totalement non démocratiques, et que ces frontières ne satisfassent pas de nombreuses minorités ethniques. Ensuite, rien ne garantit que les gouvernements soient démocratiques ou même minimalement soucieux du bien-être de leur population. Mais le droit international n’a jamais prétendu résoudre tous les problèmes ; comme pratiquement tout le reste du droit, il cherche simplement à être un moindre mal par rapport à l’absence de droit. Et ceux qui critiquent le droit international feraient bien d’expliquer par quels principes ils veulent le remplacer. L’Iran peut-il occuper l’Afghanistan voisin ? Le Brésil, qui est au moins aussi démocratique que les États-Unis, peut-il envahir l’Irak pour y instaurer une démocratie ?"

- "Finalement, lorsque l’on se plaint, comme c’est souvent le cas, de l’inefficacité de l’ONU, il faut penser à tous les traités et à tous les accords de désarmement ou d’interdiction d’armes de destruction massive auxquels s’opposent principalement les États-Unis. Ce sont les grandes puissances qui sont les plus hostiles à l’idée que leur carte ultime, le recours à la force, puisse être contrée par le droit. Mais de même que, sur le plan interne, personne ne suggère que l’hostilité de la mafia vis-à-vis de la loi soit un argument en faveur de l’abolition de celle-ci, on ne peut pas utiliser le sabotage de l’ONU par les États-Unis comme argument pour discréditer cette institution."

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vendredi 2 décembre 2005

Bouvard et Pécuchet - éloge de la modestie.

"Nous ferons tout ce qui nous plaira ! Nous laisserons pousser notre barbe !"





Flaubert a placé en exergue au Dictionnaire des idées reçues cette pensée de Chamfort :

"Il y a à parier que toute idée publique, toute convention reçue est une sottise, car elle a convenu au plus grand nombre."

Vincent Descombes enchaîne : "Il se trouve que cette même maxime est placée par Edgar Poe dans la bouche de Dupin, au début de l'aventure de La lettre volée. Ce qui a donné à Jacques Lacan l'occasion d'en faire le commentaire que voici : la formule de Chamfort "contentera à coup sûr tous ceux qui pensent échapper à sa loi, c'est-à-dire précisément le plus grand nombre". Ce plus grand nombre affligé de sottise est toujours ce nombre dans lequel celui qui fait le compte ne se compte pas lui-même. Cette formule est donc très exactement celle de la méconnaissance. Toute idée reçue du plus grand nombre est une sottise. Mais qui pense ainsi ? Justement le plus grand nombre."

(L'inconscient malgré lui, 1977, p. 120).

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