lundi 26 décembre 2005

Chateaubriand II, presque Marx, modestie III. (Ajout le 24.11.07.)

D'abord, ce vers de La Harpe, cité par Chateaubriand, que j'aurais pu mettre en exergue à ce blog, et qui ouvre un troisième volet à mon éloge de la modestie (cf. texte précédent) :

"Plus l'oppresseur est vil, plus l'esclave est infâme."


(Ajout le 24.11.07 : quelques numéros de L'idiot international me sont tombés sous les yeux, je découvre (la lune, et) que ce vers en était la devise. Il n'y a pas de hasard...)



Ensuite, un récit du même Chateaubriand, sur son retour en France en 1800, après sept années passées en Angleterre.

Après un passage laborieux à la douane ("En France, on est toujours suspect."), il débarque à Paris :

"Au débouché de chaque allée, dans les galeries, on rencontrait des hommes qui criaient des curiosités, ombres chinoises, vues d'optique, cabinets de physique, bêtes étranges ; malgré tant de têtes coupées, il restait encore des oisifs."


Puis il découvre qu'un ancien couvent de Cordeliers est devenu :

"un café et une salle de danseurs de cordes. A la porte, une enluminure représentait des funambules, et on lisait en grosses lettres : Spectacle gratis. Je m'enfonçai avec la foule dans cet antre perfide : je ne fus pas plutôt assis à ma place, que des garçons entrèrent serviette à la main et criant comme des enragés : "Consommez, messieurs ! consommez !" Je ne me le fis pas dire deux fois, et je m'évadai piteusement aux cris moqueurs de l'assemblée, parce que je n'avais pas de quoi consommer."

Tout y est : le commerce prenant la place de la religion, l'humiliation du non-consommateur, les pratiques commerciales de parc d'attractions ou de sex-shop... C'est écrit en 1837, alors que Marx n'a pas encore écrit ses premiers et confidentiels grands textes. C'est un peu trop symbolique pour être authentique, peut-on penser. Ce n'en est pas moins vrai.

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