mardi 30 mai 2006

Lien.

(Texte légèrement augmenté le lendemain.)


On en arrive à un stade où il suffit de marcher dans la rue sans commettre de délit pour faire la une des journaux,

et où la seule mesure qu'un gouvernement juge utile de prendre est la censure d'un site internet (Sarkozy j'écris ton nom) - empêchant ainsi les curieux de juger sur pièces de la façon dont se présentent les auteurs d'un coup médiatique pour l'instant réussi - trente nègres pleins de suite dans les idées sont moins cons que des centaines de journalistes.

Mazette ! Le mieux est de recopier ce texte piqué chez Les Ogres - cela faisait longtemps que je n'étais pas allé sur ce portail que je trouvais de plus en plus nul, mais là, à quelque détails près, je n'ai rien à ajouter ni retirer :

"Le débat lancé suite au défilé de la Tribu Ka dans le quartier juif du Marais à Paris, est l’occasion de soulever une question importante : Comment se fait-il que la République tolère des milices privées et communautaires sur son sol, alors même que ces milices sont interdites dans leurs pays d’origines (USA et Israël pour le cas de la LDJ, considérée aux USA comme une organisation terroriste) ?

Il n’est pas question de prendre la défense de la Tribu Ka qui par ses excès VERBAUX et son goût de la provocation offre du pain béni à tout ceux qui fantasment sur un supposé racisme anti blanc.

Néanmoins on constate avec peine que les médias traitent cette affaire avec un parti pris évident : Il est bien souvent question dans les dépêches de "milice antisémite noire armée" et venue s’en prendre indistinctement aux juifs, alors que Kémi Séba leader de la tribu Ka affirme pourtant sur RMC ce matin avoir été à la recherche de la LDJ censée les attendre. Les milices LDJ et Bétar, les rares fois où elles sont évoquées, sont parfois présentées comme des mouvements de jeunesse, sans plus de précision ! De qui se moque-t’on ? Quelques organes de presse ont néanmoins fait correctement leur travail sur cette affaire en citant nommément la LDJ et le Bétar pour ce qu’elles sont : Des milices privées et communautaires. On peut les en remercier.

On attend maintenant de voir le traitement télévisuel de fond de cette affaire, légé hier soir sur France 3 irresponsable et TF1 prudente, ce soir sur France 2 sans doute plus approfondi, et de voir la façon dont les politiques vont s’en emparer.

Si la Tribu Ka a violé la loi, il faut qu’elle soit sanctionnée conformément à la loi, y compris si la sanction implique la dissolution de ce mouvement.

Mais dans ce cas à fortiori, il faudra procéder à la dissolution de la LDJ et du Bétar qui ont à leur actif de nombreuses agressions.

En particulier des agressions de personnalités politiques : Mamère, Bové, Aounit, etc., ou d’intellectuels français, et même d’un commissaire de police poignardé en marge d’une manifestation ( !) sans parler de militants propalestiniens, ou plus simplement encore d’innocents passants noirs ou arabes ( !) qui ont eu le malheur de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment. On pourrait rajouter à la liste les agressions dont Dieudonné a été victime, y compris le jet d’une bouteille d’acide dans le public d’un de ses spectacles qui a blessé une petite fille (RAS depuis !?).

Dans la plupart de ces affaires, les médias sont curieusement restés silencieux, ou alors en ont pudiquement et succintement parlé, pour rapidement tourner la page, alors qu’un débat de fond est nécesaire sur la question. Les enquêtes de police ont été longues, quand elles ont débouchées, et la plupart du temps les nervis n’ont pas été inquiétés ou ont écoppé de sursis, exceptionnellement de prison ferme. Quand aux hommes politiques aucun n’a jamais évoqué la question, hormis ceux qui ont été victimes d’agressions de la part de ces milices, mais l’écho médiatique a été très faible.

Ce black-out médiatique et politique sur ces agissements, comparé au traitement actuel dont bénéficie la Tribu Ka, témoigne d’un édifiant deux poids deux mesures. Une quarantaine de personnes qu’on risque de présenter comme représentatifs de la violence "des noirs" chère à Sarkozy... "curieusement les noirs sont plus violents que les arabes"

Jusqu’à présent, bien que ses propos soient intolérables, la Tribu Ka s’est surtout rendue coupable de provocations verbales à l’encontre de toutes les communautés autres que Kémite et pas seulement contre les juifs [Dans l'impossibilité d'accéder à leur site, on est obligé de considérer ce point comme (provisoirement ?) acquis, merci Staline-Sarko.], dans une espèce de délire sectaire autocentré. Or les médias ne parlent quasiment que de l’opposition Noirs/Juifs !

La LDJ et le Bétar eux, se sont bel et bien rendus coupables d’agressions en bandes organisées et armées.

Demandons l’application des lois de la République et l’interdiction de TOUTES les milices : Tribu Ka, LDJ, Bétar,...

Attention, les émeutes des banlieues reprennent !

Si la Tribu Ka est interdite sans que la question de l’interdiction de la LDJ et du Bétar soit posée publiquement, et sans qu’un traitement médiatique équitable du phénomène des milices sur le sol républicain ait lieu, alors cela ne fera qu’alimenter les extrémismes et le sentiment de deux poids deux mesures, qui empoisonnent la vie de la République.

Et cela en prend le chemin depuis que Sarkozy s’est emparé de l’affaire et à l’heure actuelle le site internet de la tribu Ka est inaccessible donc sans doute fermé.

D’autant que les médias risquent de présenter cette affaire de manière à aller dans le sens des clichés : Noirs violents et suspects, Juifs paisibles et victimes gratuites, alors qu’on assiste avant tout à un règlement de comptes entre bandes communautaires ennemies.

Au final, si c’est le cas, cela fera une publicité exceptionnelle à la Tribu Ka qui pourra jouer les victimes "parce-que Noirs", et désigner les milices sionistes comme bénéficiant de la mansuétude de la police et de la justice "parce-que Juifs".

Est-ce vraiment ce que veulent nos hommes politiques ? Et le premier concerné ?

On peut malheureusement craindre le pire étant donné les récupérations politiques auxquelles on est habitués, et qui ont lieu à chaque affaire dite "antisémite", même lorsqu’elles s’avèrent douteuses voire bidons, et qui font que la République Une et Indivisible en vient à se fracturer en 3 morceaux :

d’un côté on aurait une communauté à part qui serait perpétuellement menacée, sur laquelle la République se doit de veiller plus particulièrement, car :

de l’autre côté on aurait une ou des communautés, elles aussi à part, car supposées dangereuses et antisémites du fait de leurs religions, couleurs ou milieu social, et constamment suspectées par la République tandis que :

au milieu de tout ça, le citoyen moyen, la grande majorité du peuple français, est prise en otage, sommée de désigner les "gentils" et les "méchants", ce qui ne fait qu’alimenter le sentiment que les communautés juives, noires ou arabes sont des communautés "à part", pas tout à fait des citoyens comme elle, pas vraiment égaux. Bref, cela revient à alimenter un racisme sournois.

Evidemment jouer sur ce registre est du pain béni pour des politiciens sans scrupules, car cela permet de focaliser l’attention sur des questions secondaires politiquement, tandis que les questions importantes comme chômage, projet économique et social, construction européenne, mondialisation, etc., sont laissées de côté.

Il est plus facile de fermer un site internet (qui va maintenant s’installer à l’étranger...), que de régler les problèmes de fond. Cela permet de donner l’illusion qu’on agit, qu’on est réactif.

Quel homme politique aura le courage aujourd’hui de ne pas augmenter cette fracture et de rappeller les fondamentaux de l’idéal Républicain ?

Alors que certains se pressent de tenter de tirer des bénéfices de cette pitoyable affaire, nous attendons la personalité courageuse qui osera poser honnêtement la question des milices communautaires.

Car il ne s’agit pas simplement ici, comme on voudrait nous le faire croire, de "méchants noirs" voulant faire du mal à de "gentils juifs", mais d’un affrontement d’une milice communautaire noire (la Tribu Ka est seule à être dans la ligne de mire du ministre de l’intérieur pour le moment), et de milices communautaires juives sionistes particulièrement violentes.

Bref, il s’agit avant tout d’une histoire de rivalité entre bandes de jeunes, illuminés dans l’intégrisme, et pratiquant la violence physique ou sur le point de le faire.

Alors mettons nos élus et homme politique en face de leurs responsabilités : Posons leur la question de l’interdiction de toutes les milices communautaires sans exclusive."

La source, avec des soulignements que je n'ai pas retranscrits, est ici. Libre à chacun bien sûr d'épiloguer sur les considérations tactiques qui ont pu pousser les proches de Dieudonné, animateurs des Ogres, à prendre cette position, mais au café du commerce on se flatte de ne pas perdre de temps avec les procès d'intention, et de s'intéresser plus à ce que les gens disent qu'à ce qu'ils sont peut-être censés vouloir dire ou penser.

Ceci dit, que les membres du Betar et de la LDJ passent un peu pour des lopettes dans l'histoire n'a rien de désagréable. Ils se rattraperont comme ils savent le faire, sur des gens sans défense. Ça leur passera les nerfs. Escadrons de la trouille, brutes grégaires, pajdarans d'opérette, vous êtes piégés : répliquer, c'est nourrir l'escalade, la surenchère, avec tous les risques de tous ordres que cela comporte ; ne rien faire, c'est s'écraser, s'agenouiller. Quelques nègres décidés ont fait ce que la police ne peut pas faire, ce que la journaille ne veut pas faire : ils vous ont réduit - momentanément peut-être - à néant, en vous ridiculisant. C'est très français, c'est très hégélien, c'est très réjouissant : dans la lutte pour la reconnaissance, vous vous êtes pris une sacrée branlée. Rien n'est perdu, sauf l'honneur !

- cette envolée comporte sa propre réplique : être plus drôle et plus décidé que la tribu Ka, la prendre à son propre jeu. Mais je ne vais pas non plus donner de conseils au Bêtar...



(J'ai oublié hier : bon anniversaire à tous ceux qui ont voté non le 29 mai dernier - le seul fait que depuis l'on parle périodiquement de nous faire revoter au sujet d'un texte pourtant explicitement et largement condamné par le peuple français (dans une cité près de chez moi : 83% de non, la classe) prouve bien que nous avions raison. Le reste est littérature.)


L'année prochaine à Jérusalem !

Libellés : , , , , ,