mercredi 28 juin 2006

Si vis pacem para bellum.

J'ai déjà cité ce passage merveilleux de Chateaubriand :

"Viendra peut-être le temps, quand une société nouvelle aura pris la place de l'ordre social actuel, que la guerre paraîtra une monstrueuse absurdité, que le principe même n'en sera plus compris ; mais nous n'en sommes pas là. Dans les querelles armées, il y a des philanthropes qui distinguent les espèces et sont prêts à se trouver mal au seul nom de guerre civile : "Des compatriotes qui se tuent ! des frères, des pères, des fils en faces les uns des autres !" Tout cela est fort triste sans doute : cependant un peuple s'est souvent retrempé et régénéré dans les discordes intestines. Il n'a jamais péri par une guerre civile, et il a souvent disparu dans des guerres étrangères. Voyez ce qu'était l'Italie au temps de ses divisions, et voyez ce qu'elle est aujourd'hui [une colonie autrichienne, ou peu s'en faut]. Il est déplorable d'être obligé de ravager la propriété de son voisin, de voir ses foyers ensanglantés par ce voisin ; mais, franchement, est-il beaucoup plus humain de massacrer une famille de paysans allemands que vous ne connaissez pas, qui n'a eu avec vous de discussion d'aucune nature, que vous volez, que vous tuez sans remords, dont vous déshonorez en sûreté de conscience les femmes et les filles, parce que c'est la guerre ? Quoi qu'on en dise, les guerres civiles sont moins injustes, moins révoltantes et plus naturelles que les guerres étrangères, quand celles-ci ne sont pas entreprises pour sauver l'indépendance nationale. Les guerres civiles sont fondées au moins sur des outrages individuels, sur des aversions avouées et reconnues ; ce sont des duels avec des seconds, où les adversaires savent pourquoi ils ont l'épée à la main. Si les passions ne justifient pas le mal, elles l'excusent, elles l'expliquent, elles font concevoir pourquoi il existe. La guerre étrangère, comment est-elle justifiée ? Des nations s'égorgent ordinairement parce qu'un roi s'ennuie, qu'un ambitieux veut s'élever, qu'un ministre cherche à supplanter un rival. Il est temps de faire justice de ces lieux communs de sensiblerie, plus convenables au poëtes qu'aux historiens : Thucydide, César, Tite-Live se contentent d'un mot de douleur et passent."

Sans doute ces idées peuvent-elles être discutées, mais elles m'ont suggéré une proposition que je voulais soumettre à l'attention générale : si les "Français de souche" et les "Français issus de l'immigration" se détestent tant que cela, pourquoi ne vont-ils pas régler ça dehors une fois pour toutes ? Une bonne petite guerre civile permettrait de crever les abcès, d'apprendre à mieux se connaître (depuis que nous ne combattons plus les Allemands, nous ne savons plus rien d'eux), voire à se respecter (le petit blanc en a-t-il encore sous la semelle ? Ce serait un test), avant qui sait de repartir sur de bonnes bases, un peu plus sereins.

Si la guerre pousse les gens à se dépasser eux-mêmes, ce qui en ces temps de "Marche des fiertés", où l'on s'enorgueillit de défiler en compagnie d'hommes politiques et sous la protection de la police, n'est certes pas bien difficile, dans la mesure où un conflit militaire entre la France et un pays de potentiel égal aurait de fortes chances, dans le contexte technologique actuel, de virer à l'apocalypse nucléaire, solution que malgré certaines tentations je préfère ne pas encore appeler de mes voeux, eh bien quelques beaux combats de rue pourraient faire l'affaire. Et puis Serge July a désormais du temps à perdre, ça lui rappellerait sa jeunesse folle.

Bien sûr je me retrouverais, cas épineux, devant l'obligation de choisir mon camp. Sans doute les "Français issus de l'immigration" le choisiraient-ils pour moi. Bien, tel le général Lee, je resterais fidèle à mes origines, quoi que je pense de ce que mes "concitoyens" et "contemporains" en font chaque jour.

Cette référence à la guerre de sécession, laquelle a permis aux Etats-Unis de produire leurs meilleurs romans, m'amène d'ailleurs à penser que nous pourrions ainsi faire d'une pierre deux coups et nous mettre dans les conditions d'avoir quelque chose de bon à lire d'ici une vingtaine d'années.

Ca carbure, ici.

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