jeudi 3 août 2006

Vrac.

(Toujours des problèmes de connexion...)

Je livre en ce moment un combat homérique avec un adversaire de taille, Marcel Gauchet. Je vous en donnerai des nouvelles dès que je l'aurai vaincu. En attendant, je trouve dans La démocratie contre elle-même, Gallimard, "Tel", 2002,

democratie_gauchet

une bien bonne analyse du vote Le Pen en France, "Les mauvaises surprises d'une oubliée : la lutte des classes", analyse écrite en 1990 et qu'il est instructif de lire quatre ans (déjà !) après le 21 avril. Quelques extraits :

"C'est... non comme ennemi de la démocratie mais, à l'inverse, comme support d'une demande de démocratie frustrée qu'il [Le Pen] fonctionne."

"Martèlement médiatique aidant, peut-être la dilution du concept [de racisme] dans son extension est-elle devenue irréversible. Mais on ne devra pas s'étonner de l'oblitération du passé que génère en retour le détournement banalisant des mots terribles de l'histoire. Que peut-on comprendre, rétrospectivement, à ce que fut la folie de ce siècle, à la vision raciale du monde et à la logique exterminatrice, si l'on en juge à l'aune de cet actuel "racisme ordinaire" qu'aiment à pourfendre nos bien-intentionnés ? Qu'on ne s'y trompe pas : le révisionnisme est fait pour progresser du même pas que l'antiracisme."

"La peur du peuple - dont on n'observa pas assez combien souvent à gauche elle accompagne l'avant-gardiste ambition de le conduire..."

"Il n'y a pas de raisons de penser que les Français sont davantage xénophobes que les autres Européens, mais il y a des raisons de croire, en dépit des autocongratulations de la nomenklatura, que la décision politique continue en France d'échapper davantage aux citoyens, à tous les niveaux, ne serait-ce que par simple sociologie des milieux dirigeants. Il est clair ainsi que la façon dont la politique européenne est menée nous prépare pour demain de rudes déconvenues qui ne manqueront pas d'ajouter à l'écho de la protestation "national-populiste"."





Chez G. Birenbaum (qui n'y est pour rien) je tombe sur cette annonce, dont je me fais à ma modeste échelle l'écho :

"Chers amis,

A l'initative de Marcel-Francis Kahn, nous voulons faire publier dans des quotidiens la déclaration ci-dessous. Pour les personnes juives parmi vous, si vous êtes d'accord avec le texte, je vous prie de bien vouloir signaler votre accord par retour de courrier électronique. Veuillez préciser votre nom et votre profession (ou qualité). Un soutien financier sera également apprécié dans la mesure où nous serions obligés de le faire paraître comme encart payant. Pour le moment, nous voulons le faire passer comme simple information dans la presse. Merci bien,

Richard Wagman"




Des Juifs contre l’offensive meurtrière d’Israël


Voici 24 ans, Israël lançait au Liban l’opération « Paix en Galilée » qui allait par les bombardements terrestres et aériens, faire des centaines de victimes civiles et aussi par l’appui apporté à ses supplétifs libanais conduire aux massacres de Sabra et Chatila.

C’est alors qu’à l’initiative notamment de Pierre Vidal-Naquet, fut lancé un appel de cent intellectuels juifs qui se désolidarisaient des soutiens inconditionnels à l’opération menée par Sharon et la condamnait. Après les massacres, un rassemblement devant l’ambassade d’Israël fut organisé par le Comité des Juifs contre la guerre au Liban pour exprimer notre colère. Vingt-quatre ans plus tard, les successeurs de Sharon ont pris la relève. Ils lancent sur le Liban des attaques meurtrières comme celle de Cana où les victimes sont surtout des femmes et des enfants comme ce fut le cas 10 ans plus tôt au même endroit.

En Cisjordanie et dans la bande de Gaza, après l’enlèvement d’un soldat israélien et prenant prétexte du tir de roquettes artisanales, l’armée israélienne après son coup de force contre le gouvernement palestinien démocratiquement élu, titre à l’arme lourde avec là aussi des dizaines de victimes dont la moitié sont des civils, femmes et enfants compris, après avoir détruit les infrastructures assurant un minimum vital aux populations. Certes les soussignés ne sont des inconditionnels ni du Hezbollah, ni du Hamas. Nous avons dit ce qu’il fallait penser des attentats suicides contre les populations civiles israéliennes. Certes, les victimes israéliennes des missiles qui frappent le nord d’Israël sont tragiques, elles aussi. Certes, l’attaque menée par le Hezbollah contre des militaires israéliens dont certains furent tués et deux enlevés était une provocation évidente devant laquelle il fallait garder son sang-froid. Mais cela n’a pas été le cas.

Et reviennent, comme toujours les appels à l’union sacrée et au soutien inconditionnel à Israël exigés par les institutions qui prétendent représenter la totalité des voix juives en France. Cela, nous ne pouvons pas l’accepter. Comme en 1982, comme à de nombreuses reprises depuis, les soussignés, Juifs et Juives à des titres divers, reprennent les termes du dernier appel signé par Pierre Vidal-Naquet quelques jours avant sa disparition : « Assez ! Trop, c’est trop ! » Il faut un cessez le feu immédiat et total aussi bien au Liban qu’en Israël, en Cisjordanie et à Gaza. Il faut l’ouverture de négociations dont un des premiers objectifs sera un échange de prisonniers et le retour de la sécurité et de conditions humaines pour toutes les populations concernées.

Nous demandons au gouvernement français et aux instances européennes de défendre cette position. Elle est seule capable avec la juste solution du problème palestinien d’éviter une extension catastrophique du conflit.

Nous saluons nos amis israéliens qui manifestent, dans des conditions difficiles, contre la politique à leur propre Etat.

Premiers signataires : Marcel-Françis Kahn (professeur de médecine), Richard Wagman (président d’honneur, UJFP [Union juive française pour la paix] ), Stéphane Hessel (ancien résistant)

N.B. : Nous allons essayer de faire publier ce texte dans des quotidiens. Veuillez nous confier votre signature (et votre profession ou qualité) si vous être d’accord avec le texte.

Réponses à adresser d'urgence à Richard Wagman, 22 rue des Alouettes, 75019 Paris, tél. : 01 42 02 59 76, fax : 01 42 02 59 77, e-mail : ujfp@filnet.fr"


Il se peut que je revienne sous peu sur ce sujet brûlant. "Ce que vous endurez, c'est pour vous former." (Hébreux, XII, 7)




Une devinette pour finir. Qui a écrit :

"Nous prétendons, par exemple, qu'il appartient sans doute au législateur d'en finir avec la misère et les misérables (...) mais que le problème de la Pauvreté ne pourrait se résoudre par la transformation méthodique des pauvres gens en petits-bourgeois sans une énorme perte de substance spirituelle pour l'humanité."

- G.W.F. Hegel
- K. Kraus
- G. Bernanos ?




"Nous n'avons pas ici de ville permanente, nous cherchons la ville à venir." (Ibid., XIII, 14)

Libellés : , , , , ,