mardi 21 novembre 2006

Ironie de l'histoire.

Dans la mesure où l'hypothèse qui suit n'est fondée que sur une seule et unique source, elle n'est pas d'une grande sécurité épistémologique. Je compte sur mes bien-aimés lecteurs pour me corriger si je me trompe.

Au cours du colloque sur René Girard, Henri Atlan, qui a l'air d'en connaître un bout sur le sujet, s'insurge au détour d'un débat sur un cliché trop répandu à son goût :

"Selon moi, l'idée d'une tradition judéo-chrétienne est une notion chrétienne, justement, et pas judéo-chrétienne. On a tort, je crois, de présenter l'idée d'une tradition judéo-chrétienne, avec progression du judaïsme au christianisme comme quelque chose qui va de soi et qui, à bon droit, pourrait faire partie d'une analyse scientifique, objective, etc." (p. 406)

Effectivement, cette optique "judéo-chrétienne", comme la société médiévale, maintient le judaïsme dans un statut respecté certes mais subalterne, en tant qu'annonciateur d'une Révélation qui le dépasse (E. Benbassa et J.-C. Attias en parlent aussi dans Les Juifs ont-ils un avenir ?, Hachette, 2002), ce qui peut ne pas être apprécié par les Juifs eux-mêmes. Il est donc assez piquant de voir certains Juifs (suivez mon regard) se gargariser aujourd'hui de ce supposé héritage "judéo-chrétien" - mouvement d'opinion qui, et pour cause, ne peut que plaire aux chrétiens eux-mêmes. Si ce n'est pas de l'importation dans nos belles contrées pacifiques des problèmes du Moyen-Orient, je ne sais pas ce que c'est... L'Histoire n'est pas fille farouche, certes. Mais c'est tournante sur tournante, en ce moment !

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