dimanche 25 mars 2007

Un bon socialiste est un socialiste mort (au travail).

En complément au texte déjà cité de M. Aliéné : je retrouve cette incise de Léon Bloy (Le mendiant ingrat, mai 1893) :

"Discours de Zola aux étudiants. A conserver. Cet idiot remplace Dieu par le travail."

Voici les extraits de ce discours, tel qu'ils sont donnés par l'édition que j'utilise ("Bouquins", p. 679) :

"On vous conjure de croire sans vous dire nettement à quoi (...). Vous croyez pour le bonheur de croire, vous croyez surtout pour apprendre à croire ; le conseil n'est pas mauvais en soi : c'est un grand bonheur de se reposer dans la certitude de la foi, n'importe laquelle. Je vais donc finir en vous proposant moi aussi une foi, en vous suppliant d'avoir la foi au travail. (...) Quelle saine et grande société cela ferait, qu'une société dont chaque membre apporterait sa part logique de travail ! L'homme qui travaille est toujours bon. Aussi suis-je convaincu que l'unique foi qui peut nous sauver est de croire à l'efficacité du devoir accompli et de l'effort de tous... Certes il est beau de rêver d'éternité, mais il suffit à l'honnête homme d'avoir passé en faisant son oeuvre."

Je ne tiens pas spécialement à faire porter la lecture d'un tel texte dans un sens murayen (Le XIXè siècle à travers les âges), mais il m'est difficile de ne pas le rapprocher d'une autre sentence de Bloy, fort proche dans le temps (janvier 1894) de la précédente, en rappelant au passage les tendances occultistes de Zola :

"L'imbécillité sentimentale du Protestantisme, compliquée vaguement des saloperies du Spiritisme, quoi de plus invincible ?"

(Sur le socialisme français, je rappelle l'existence de ces deux textes : politique et lobbying, réformisme et abolition de la peine de mort.)

Et puisque parler de socialisme dans le contexte actuel rappelle qu'une élection est à venir, et que l'on ne va tout de même pas faire comme si elle n'avait pas lieu, parlons-en, à un mois de l'échéance, ce sera fait.

Grosso modo, on s'en fout.

Cette élection me rappelle les débats sur le dopage dans le cyclisme et l'athlétisme. La chance du cyclisme, c'est que le public est capable de se passionner pour une course moins rapide que les années précédentes, tant que le suspense est au rendez-vous (alors que l'athlétisme ne peut impunément accepter que les records des années 80-90 restent invaincus jusqu'à la fin des temps : il est donc coincé entre l'aveu et la fuite en avant). Dans la campagne présidentielle, que je suis il est vrai d'assez loin, les candidats sont médiocres, mais proches les uns des autres, ce qui entretient la curiosité. D'où que l'on puisse claironner que les Français se passionnent pour elle - sans pouvoir dire pour quoi, effectivement, ils se passionnent.

Ceci dit, récapitulons rapidement : Nicolas "Commerce-Sionisme-Darwin-Flic-Cécilia-etc." Sarkozy est de loin le pire, mais - héritage Castoriadis-Verschave - mieux vaut un Sarkozy qui n'ait pas les mains libres, qu'une Royal ou un Bayrou que l'on laisse nous enduire de vaseline, avec ce qui s'ensuit. Le résultat des élections est une chose, l'attitude de la "société civile" (hum ! passons) en est une autre.

Sinon... Je ne peux que citer de nouveau Léo Ferré :

"T"as voté,
T"as voté,
Si t'as voté c'est qu't'avais l'choix,
Alors alors, démerde-toi !"

Sauf péripétie, je ne reviendrai pas sur le sujet, lequel m'inspire, on le voit, modérément. De surcroît - et ce n'est pas contradictoire avec ce que dit Léo -, je travaille dans les bureaux de vote le jour des élections, je ne pourrai même pas réagir à chaud à l'annonce du deuxième tour.


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Eux (eux seuls ?) avaient tout compris : les échanges comme prétexte à vivifier l'existence, la monotonie et la différence, la "tradition" et la "nouveauté" du même mouvement - le système et l'excès. C'est une des rares conséquences positives de la Grande Guerre : le Polonais Malinowski se retrouva bloqué plusieurs années par les Anglais aux Trobriand, et il en ramena ce témoignage unique sur l'existence de cette merveilleuse organisation de la société (disparue depuis). Et l'on sait l'influence de ce texte sur l'Essai sur le don. Bon, ça n'a pas changé grand-chose à l'avenir des hommes, mais au moins sait-on, sait-on effectivement quitte à n'en pouvoir pas beaucoup plus influer sur les événements, qu'"un autre monde est possible", ou l'a été.

Baudelaire, pour finir : "Ce qui est créé par l'esprit est plus vivant que la matière." Amen !

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