samedi 23 juin 2007

Où sont les femmes ?

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Feuilletant un peu de Muray, je tombe sur ce passage, qui me semble conclure, ou tout moins ponctuer la série de textes, situés quelque part entre la politique et l'érotisme, que j'ai placés ces dernières semaines sous le patronage de Sade ("Tout homme est un despote quand il bande", phrase que je connais d'ailleurs grâce au dit Muray) :

"Pour en revenir à cette solitude sexuelle d'Homo Festivus (...), elle ne peut être comprise que comme l'aboutissement de la prétendue libération sexuelle d'il y a trente ans, laquelle n'a servi qu'à faire monter en puissance le pouvoir féminin et à révéler ce que personne au fond n'ignorait (notamment grâce aux romans du passé), à savoir que la plupart des femmes ne voulaient pas du sexuel, n'en avaient jamais voulu, mais qu'elles en voulaient dès lors que le sexuel devenait objet d'exhibition, donc de social, donc d'anti-sexuel. Nous en sommes à ce stade. Dans une société maternifiée à mort (et où, pour être bien vu, il faut continuer à radoter que le féminin n'a pas sa place, est persécuté, écrasé, etc.), l'exhibitionnisme, où triomphent les jouissances prégénitales, devient l'arme fatale employée contre le sexuel, je veux dire le sexuel en tant que division ou différence des sexes (qualifiée de sources d'inégalités ou d'asymétries), et en tant que vie privée. L'exhibitionnisme est la forme sexuelle que prend aujourd'hui l'approbation des conditions actuelles d'existence.

C'est pour cela que je peux diagnostiquer, à partir des avalanches de parties de jambes en l'air qu'on nous montre ou qu'on nous raconte dans des livres, à la fois un désir forcené d'intégration sociale (par l'exhibition que réclame et même qu'exige cette société-ci) et une volonté plus forcenée encore de mort du sexuel adulte. Il n'y a aucune contradiction entre la pornographie de caserne qui s'étale partout et l'étranglement des dernières libertés par des "lois anti-sexistes" ou réprimant l'"homophobie" comme il nous en pend au nez et qui seront, lorsqu'elles seront promulguées, de brillantes victoires de la Police moderne de la Pensée.


T2490



C'est aussi la raison pour laquelle j'écris que s'exhiber et punir sont les deux commandements solidaires de notre temps." (Moderne contre moderne, Belles-Lettres, 2005, pp. 271-272).






J'en profite pour passer une annonce : j'ai entendu parler d'un texte de Lacan où il met en rapport Sade et Kant du point de vue du rapport à la Loi - donc à la règle. Si un lecteur peut me tuyauter à ce sujet...

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