mardi 31 juillet 2007

Une analyse holiste.

Ce texte n'est pas le dernier mot des rapports entre les classes (il a notamment tendance, c'est un des thèmes de prédilection de son auteur, à expliquer trop exclusivement le haut par le bas), mais, outre sa justesse et sa saveur propres, il permet de rappeler, c'est déjà sur ce point que je critiquais Alain Brossat, que la conscience d'un univers hiérarchisé n'implique aucunement une vision idyllique de la communauté :

"Immobile sur ma couche, je compris pendant cette terrible nuit le secret du manoir et de la noblesse rurale, ce secret dont maints symptômes obscurs m'avaient donné dès le premier moment un pressentiment de gueule et d'angoisse ! Ce secret, c'était celui des domestiques. Ces rustres constituaient le secret de leurs maîtres. Contre qui mon oncle bâillait-il, contre qui se fourrait-il dans la bouche une autre fraise douceâtre ? Contre ces rustres, contre ses propres serviteurs ! Pourquoi ne ramassait-il pas son étui à cigarettes ? Pour le faire ramasser par les domestiques. Pourquoi nous prodiguait-il une amabilité si bonasse et conventionnelle, et pourquoi tant de politesse et d'égards, de manières et de bon ton ? Pour se distinguer des domestiques et conserver contre eux son style de maître. Et tout ce qu'ils pouvaient faire était plus ou moins pour eux contre les serviteurs, tant ceux de l'intérieur que ceux de la ferme.

Pouvait-il d'ailleurs en être autrement ? Nous, les gens de la ville, nous avions à peine l'impression d'être des maîtres et des possédants : habillés de la même façon, avec les mêmes paroles et les mêmes gestes, nous étions reliés au prolétariat par une multitude d'intermédiaires et, d'échelon en échelon, du boutiquier au cocher, puis du cocher au concierge, on pouvait descendre sans heurt jusqu'au plus bas, jusqu'au balayeur. Ici, au contraire, la condition des maîtres se détachait comme un peuplier solitaire en terrain plat. Il n'existait pas de transitions lentes entre les maîtres et les serviteurs puisque le régisseur vivait séparé dans sa maison et le curé dans son presbytère. La morgue nobiliaire de mon oncle s'enracinait directement sur un fond plébéien et c'est de la plèbe qu'elle tirait ses sucs. On était servi à la ville de façon normale et discrète, et certaines servitudes étaient mutuelles, tandis qu'ici le maître avait des serviteurs bien définis, des plébéiens à qui il tendait la jambe pour se faire décrotter la chaussure... Mon oncle et ma tante savaient sans doute ce qu'on disait d'eux à l'office et comment les voyaient les gros yeux de ces rustres : ils le savaient, mais ils ne laissaient pas cette connaissance s'épanouir, ils la refoulaient, l'étouffaient, la repoussaient dans les caves obscures du cerveau.

Etre vus tout le temps par leurs paysans ! Faire l'objet de leurs observations et de leurs commérages ! Voir son image constamment brisée dans le prisme rustique d'un domestique qui entre dans les chambres, qui écoute les conversations, qui regarde les gestes, qui apporte le café à table ou au lit, être le thème de ragots de cuisine poussiéreux, jaunis, rassis et ne pouvoir jamais s'expliquer, jamais trouver langue commune avec ces gens ! Certes, c'est seulement par la domesticité, par le valet, le cocher, la petite bonne, qu'on peut comprendre le fond de la noblesse rurale. Sans le domestique vous ne comprenez pas le maître. Sans la petite bonne vous n'appréciez pas le style des dames et la hauteur de leurs aspirations, et le jeune seigneur repose sur la fille de ferme."

Ferdydurke, pp. 332-334.

Allez, quelques paragraphes plus loin (pp. 335-336), encore un peu de holisme, un rien burlesque :

"Le fait subversif qu'un petit domestique ait levé la main sur le visage de Mientus, invité des maîtres et maître lui-même, ne pouvait qu'entraîner des conséquences non moins subversives. Une hiérarchie séculaire reposait sur la domination des parties du corps seigneuriales : c'était un système féodal et rigide selon lequel la main d'un maître était au niveau de la gueule du serviteur et le pied du seigneur arrivait à mi-corps du paysan. Une telle hiérarchie remontait à la nuit des temps. C'était une loi éternelle, un canon, un ordre. C'était un noeud mystique sanctifié par des usages immémoriaux et rattachant les unes aux autres les parties du corps seigneuriales et populaires. C'est seulement selon cet ordre que les maîtres pouvaient entrer et rester en contact avec les rustres."

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mercredi 25 juillet 2007

Un constat sur l'individualisme.

Qui ne vient pas de la plume d'un odieux collectiviste, mais de quelqu'un farouchement accroché à son indépendance, W. Gombrowicz :

"Quelle fierté ! Comme si cette liquidation représentait pour moi un terme depuis longtemps souhaité : enfin seul, tout seul, sans personne et rien sauf moi, seul dans les ténèbres absolues... j'étais donc parvenu à mon extrême, j'avais atteint les ténèbres. Amer le terme, amer le goût de la victoire, amer le but ! Mais c'était fier, vertigineux, marqué par la maturité impitoyable de l'esprit, enfin autonome. Et c'était aussi épouvantable et, privé de tout appui, je me sentais en moi comme aux mains d'un monstre capable de tout faire, de tout faire, de tout faire avec moi ! La sécheresse de la fierté. Le gel de la pointe. La sévérité et le vide. Et alors ? Et alors ?"

(La pornographie, [1960], Christian Bourgois, 1980, p. 35).

On remarquera par ailleurs, plus de vingt ans après Ferdydurke, la même métaphore de la boue comme réunion moderne des individus, à un moment où le narrateur, malgré ses préventions initiales ("La nation et tout son cortège de romantismes constituait pour moi une mixture absolument imbuvable, inventée pour mon tourment", p. 140), se prend à croire à la possible existence d'une fraternité dans la résistance (l'action se déroule en 1943 en Pologne ; par ailleurs, Hénia et Karol sont ici les représentants de la jeunesse, que tout par conséquent oppose aux autres personnages, lesquels n'ont pas besoin d'être présentés pour la compréhension de ce qui suit) :

"Toute cette médiocrité romantique, si irritante l'instant d'avant, se dissipa comme par miracle et nous communiâmes tous dans le sentiment que l'union fait la force et la vérité. Nous restions à table, à la façon d'un détachement militaire qui attend les ordres, et envisage l'éventualité d'un combat. La résistance, le combat, l'ennemi... ces mots se chargèrent soudain d'une vérité plus réelle que la vie de tous les jours et firent irruption dans la salle comme un vent frais ; insensibles désormais à la disparité douloureuse de Hénia et de Karol, nous étions tous des frères d'armes. Pourtant cette fraternisation manquait de pureté ! En réalité... elle aussi était insupportable et, pour tout dire, malpropre ! Car, entre nous soit dit, n'étions-nous pas, nous les adultes, quelque peu ridicules et répugnants dans ce combat ? comme on l'est quand on fait l'amour quand on a passé l'âge. Cela cadrait-il avec la maigreur de Frédéric, l'énormité bouffie de Hippo, l'évanescence de sa femme ? Le détachement que nous formions était un détachement de réservistes, et notre union était union dans la décomposition - la mélancolie et le dégoût présidaient à notre fraternisation dans le combat et l'enthousiasme.

Que, malgré tout, l'enthousiasme et la fraternisation fussent encore possibles, je m'en émerveillais par moments. Mais à d'autres moments j'avais envie de crier à Hénia et Karol : ah, partez donc, ne frayez pas avec nous, fuyez notre boue, fuyez notre farce !" (pp. 141-42)


Je vous signale par ailleurs :

- une intéressante analyse (bien qu'un peu lyrique...) des contradictions de la "mondialisation" chez deDefensa ;

- une défense de Défense de l'Occident de Henri Massis, rudement critiqué par R. Guénon dans sa Crise du monde moderne (je n'ai lu ni Massis ni cet article, j'espère qu'il vaut le coup).

A la vôtre, vilains vieux !

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mardi 24 juillet 2007

"La paix n'est pas l'abolition de l'ennemi, mais la reconnaissance de l'ennemi."

Les vieux habitués (exclusivement masculins, j'ai l'impression, il m'arrive de le regretter quelque peu) de ce café se souviennent sans doute de la conversation entre Julien Freund et Pierre Bérard, que j'avais retranscrite et commentée en trois volets. Depuis Julien Freund s'est fait rare entre nos murs - on n'a qu'une vie, les journées n'ont que vingt-quatre heures - mais je tombe ce matin par hasard sur cette évocation de la guerre selon J. Freund par un certain Gilles Renaud, court texte dont je me permets de vous conseiller la lecture, à la fois parce qu'il permet de remettre certaines idées en place, et parce que c'est un bon point de départ pour mesurer la réalité des apports de nouveaux concepts ou de nouvelles théories, comme :

- laG4G : je vous donne ce lien de présentation, que je vous invite à compléter par les analyses de Dedefensa sur le sujet ;

- liée à la précédente, la guerre asymétrique ;

- la "militarisation de la paix" : je vous donne ici le lien vers la première partie de ce texte, vous trouverez la suite dans la colonne de droite.

tout cela bien sûr, vous l'aurez compris, on n'a qu'une vie, les journées n'ont que vingt-quatre heures, la guerre des sexes sur fond de clitorisation petite-bourgeoise généralisée est un domaine d'étude - et de pratique - suffisant actuellement pour mes peines et plaisirs,

tout cela afin que ceux que cela intéresse fassent ce travail de mise en perspective à ma place. Bonne(s) lecture(s) !

"Seul celui-là peut faire la paix ou l’établir qui a les moyens de faire la guerre ou éventuellement de l’empêcher."

"Aucune socialisation, pas même le conflit, n’est exclusivement une forme de lutte, car elle est également une forme d’unification."

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dimanche 22 juillet 2007

Une métaphore de la modernité.

Ou peut-être aussi bien l'énoncé de ce que peut être une totalité à l'âge moderne. Il est possible que j'extrapole - les romanciers sont faits pour ça -, mais ces lignes, issues de la séquence finale de Ferdydurke (p. 399), m'ont frappé :

"Et tout cela était de contours imprécis et si brouillé, passif et pudibond, si enfoncé dans l'attente, à demi vivant, mal défini, que rien n'était vraiment délimité ni autonome, chaque chose était liée aux autres dans une seule masse boueuse, pâle et éteinte, passive. De minces ruisselets murmuraient, mouillaient, s'infiltraient, produisaient çà et là des vapeurs, des bulles, des remous, des glouglous. Et ce monde rapetissait comme il s'était rétréci, recroquevillé, et en se recroquevillant il se resserrait et se frottait, il s'accrochait au cou comme un collier étranglant avec délicatesse..."

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vendredi 20 juillet 2007

La réalité est la réalité est la réalité est la réalité...

"L'impossibilité absolue de créer la totalité caractérise l'âme humaine. Pourquoi donc commencer par telle ou telle partie qui nous est née sans nous ressembler, comme si mille étalons fougueux avaient visité la mère de notre enfant ? Ah, c'est seulement pour préserver les apparences de notre paternité que nous devons de toutes nos forces nous rendre semblable à notre oeuvre puisqu'elle ne veut pas se rendre semblable à nous."

"Et toujours l'ennui qui pèse, et sous le poids de l'ennui (...) la réalité se transforme peu à peu en univers de songe, ah, laissez-moi rêver ! Nul ne sait plus ce qui est réel et ce qui est inexistant, où est la vérité et où l'illusion, ce qu'on ressent et ce qu'on ne ressent pas, où est le naturel et où l'artifice, on s'y perd et ce qui
devrait être se mêle à ce qui est, chaque catégorie disqualifie l'autre et lui enlève toute justification, oh la grande école d'irréel !"

W. Gombrowicz, Ferdydurke, 1937 ("Folio", pp. 107-108 et 189).



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C'est l'été - un été sans nuit, vive le Nord -, on dort, on mange, on dort, on mange (on engraisse donc, participant ainsi au suicide de l'Occident), on papillonne deci-delà, remettant à plus tard, à toujours plus tard, la synthèse magistrale sur le holisme qui renouvellera de fond en comble les sciences humaines en France (ou comment unir Durkheim et Tocqueville, arracher l'amer aristocrate aux griffes des "libéraux" qui croient à l'économie - à propos, avez-vous lu ceci ? Pendant que Sarkozy mouline et encule, d'autres travaillent ; à propos encore, question à M. sarko-aliéné, qui s'y connaît mieux que moi : J.-P. Voyer, maintenant qu'il s'est attaqué à Aristote, doit-il lire Condition de l'homme moderne ?

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Bref. D'abord, et attendant d'autres explorations clitoridiennes, une remarque liée aux notes précédentes : je découvre que c'est un Turc qui avait commandé L'origine du monde à Gustave Courbet. Il n'y a pas de hasard.

Ensuite, quelques lignes extraites de l'article de Gombrowicz Contre la poésie :

"On pourrait... définir le poète professionnel comme un être qui ne s'exprime pas parce qu'il exprime des vers."

"Il faut de temps à autre stopper la production culturelle pour voir si ce que nous produisons a encore un lien quelconque avec nous."

"Comme les poètes vivent entre eux et qu'entre eux ils façonnent leur style, évitant tout contact avec des milieux différents, ils sont douloureusement sans défense face à ceux qui ne partagent pas leurs crédos. Quand ils se sentent attaqués, la seule chose qu'ils savent faire est affirmer que la poésie est un don des dieux, s'indigner contre le profane ou se lamenter devant la barbarie de notre temps, ce qui, il est vrai, est assez gratuit. Le poète ne s'adresse qu'à celui qui est pénétré de poésie, c'est-à-dire qu'il ne s'adresse qu'au poète, comme un curé qui infligerait un sermon à un autre curé. Et pourtant, pour notre formation, l'ennemi est bien plus important que l'ami. Ce n'est que face à l'ennemi et à lui seul que nous pouvons vérifier pleinement notre raison d'être et il n'est que lui pour nous montrer nos points faibles et nous marquer du sceau de l'universalité."

J'encourage les lecteurs de ce texte à élargir aux écrivains, aux intellectuels, aux hommes politiques, etc., ce que Gombrowicz y écrit sur "l'esprit syndical" des poètes et leur peu de lien avec ce que Baudelaire appelait la "vitalité universelle" - quand bien même, en période de festivisme petit-bourgeois, cette vitalité semblât-elle quelque peu diminuée.

Et à propos d'intellectuels, cherchant via Google le texte, auquel faisait allusion Muray, dans lequel Gombrowicz reproche à la philosophie de "manquer de pantalons et de téléphones", je suis tombé sur cette interview de Marcel Gauchet par Elisabeth Lévy, dont je vous livre quelques fragments. (Un jour je détaillerai ce qui me rapproche et ce qui me sépare de M. Gauchet. Pour être bref, disons que ce monsieur croit à l'Economie, ce qui, pour quelqu'un qui a pratiqué l'ethnologie, peut surprendre. Disons aussi que comme Benjamin Constant, sur lequel il a travaillé, il a tendance à trop vite assimiler le fait et le droit. - Ach, un jour, un jour...)

" - Si le débat intellectuel ne se déroule pas dans les médias, où se passe-t-il ?

- Je suis désolé d'être un peu pessimiste, mais, pour l'essentiel, il ne se passe pas. Une fois qu'on a éliminé le ramdam, le roulement de tambour, l'autopromotion, il n'y a pas grand-chose derrière. L'ambiance dépressive dans la société a son équivalent dans la vie intellectuelle. D'un côté, l'université souffre d'implosion galopante. Il nous reste quelques vieilles gloires, à la retraite depuis longtemps, qu'on est contents de sortir dans les grandes circonstances : nous avons toujours Lévi-Strauss, 95 ans. Derrière, on ne voit pas la relève. Le monde universitaire part en capilotade. D'autre part, la vraie réflexion, en prise sur les questions générales que se posent les citoyens, est très peu représentée dans l'espace public et elle est réfugiée dans les salons, les petits cercles, les sociétés de pensée, les revues qui jouent de ce point de vue un rôle de conservatoire du littoral. Ces réseaux sont extraordinairement minoritaires, très disséminés, mais aussi très vivants. On en trouve un peu partout, et ce qui est frappant, c'est qu'ils ne sont pas formés d'intellectuels certifiés. On retrouve d'ailleurs là le véritable sens du mot « intellectuel » : il ne s'agit pas d'une élite du diplôme, mais de gens qui s'efforcent de réfléchir au-delà de leur métier ou de leur spécialité."

"Les intellos ancienne manière étaient de faux généralistes, souvent de distingués spécialistes dans leur domaine mais qui n'avaient de généraliste que la posture engagée. Si vous êtes pour la révolution mondiale, vous êtes omnicompétent, mais tout ce que vous avez à dire, c'est que vous êtes pour la révolution mondiale. Vous ne savez rien sur rien par ailleurs, comme cela a été abondamment montré. La généralité de la posture masquait l'indigence de la compréhension véritable du monde contemporain. (...) A l'opposé, c'est bien une intelligence générale du monde contemporain qui se cherche au travers de la nébuleuse qui est en train de prendre corps. Cela suppose de croiser des regards très différents, d'abandonner la suffisance de l'expert, de dialoguer avec d'autres que des intellectuels, de mettre en commun des connaissances et des expériences. C'est très important, car qui sont aujourd'hui les spécialistes de la généralité ? Il en existe : les hommes politiques, en charge de prendre des décisions dans des domaines où ils ne connaissent rien."

"Je déteste tout ce que Ken Loach raconte comme intello, mais comme cinéaste il m'apprend quelque chose du monde. S'il regardait ses propres films, il cesserait d'être trotskiste."

"Le système marche tout seul. Sans doute est-il nécessaire de mettre un peu d'huile dans les rouages, mais on n'y peut pas grand-chose. On n'y comprend rien, mais ce n'est pas grave. Essayons de faire en sorte que ça se passe sans trop de casse. Nous assistons à une démission de l'intelligence, liée à la croyance selon laquelle le processus social fonctionne de façon quasi automatique. C'est en ce sens que le moment où nous sommes est profondément libéral.

- Est-ce l'idée même du volontarisme qui apparaît désormais désuète au plus grand nombre ?

- Au total, nous vivons plus riches et plus vieux. Que demander de plus ? Le monde moderne a été porté, jusqu'à une date récente, par une aspiration fondamentale qu'on appelait la démocratie, c'est-à-dire l'idée que l'humanité allait se rendre maîtresse de son destin. Mais finalement, en laissant faire, on se porte aussi bien. Le volontarisme démocratique apparaît dépassé. C'est la chimère du moment. Il continue néanmoins de me paraître préférable à la démission. La gauche elle-même est devenue à sa façon libérale : elle pense qu'il ne faut rien imposer mais améliorer le libéralisme par le fric. Il n'est pas de problème que la subvention bien distribuée ne puisse résoudre. On n'a plus affaire à la « vieille gauche » qui voulait rationaliser le fonctionnement de la société. Désormais, l'objectif est que, moyennant l'injection de subsides sur tous les points sensibles, cela finisse par marcher tout seul. C'est ce qui fait la différence avec le libéralisme de droite qui veut, pour sa part, que chacun se débrouille. Mais, de part et d'autre, on a dans la tête le même schéma du renoncement."

De temps à autre cet auteur, malgré sa réputation, se permet, comme Tocqueville d'ailleurs, des méchancetés fort peu libérales.



Suite au prochain épisode, guidés par Simenon, le clitoris, Renaud Camus...

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jeudi 19 juillet 2007

"Comme cela leur revient de droit." Bonnes vacances !

Rien de tel sans doute que de se trouver dans le grand Nord pour goûter à sa juste valeur cette description du vieux quartier musulman ("Stamboul") de Constantinople en 1890 par Pierre Loti (Voyages, "Bouquins", p. 326) :


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"Le même jour, vers quatre heures du soir, Stamboul par la pluie. Un orage depuis ce matin assombrissait l'air, et l'averse tombe décidément, torrentielle.

Sortant de la Sublime-Porte, je me réfugie, pour m'y abriter jusqu'à la fin de la journée, dans le labyrinthe du Grand-Bazar (car Stamboul, suivant l'usage d'Orient, a son "bazar", qui est comme une ville dans la ville, que des murailles entourent, et qui, le soir, ferme ses épaisses portes).

Il y fait sombre et triste, aujourd'hui, sous ce ciel plein d'eau et sous ces toitures de bois qui couvrent toutes les petites rues, laissant des gouttières suinter ; à travers une espèce de buée, de brouillard crépusculaire, on voit briller les étoffes dorées, les milliers de bibelots accrochés aux échoppes - et fourmiller les foules ; femmes tout de blanc voilées, hommes coiffés de bonnets rouges. Dieu merci ! il n'a guère changé encore, ce bazar. Dans des recoins connus, je retrouve les mêmes obscurs petits cafés, qui sont revêtus de leurs vieux carreaux de faïence persane aux étranges fleurs, et où servent depuis des années les mêmes vieilles petites tasses. On peut y faire les mêmes rêves qu'autrefois, en regardant, par la porte ouverte, la foule turque s'agiter dans le demi-jour fantastique des avenues. Du fond de ces retraites d'ombre, où l'on fume le tabac blond qui grise, tout ce mouvement, tout ce bruit semble, dans le lointain, comme un immense brouhaha de fantômes.


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Voici cependant, hélas ! quelques essais nouveaux de boutiques à l'européenne, avec des devantures vitrées. Et voici même quelques bandes d'étrangers ahuris - touristes des agences, évidemment - qui passent en se serrant les coudes, promenés à toute vapeur par des guides effrontés. (Plus convaincus sont les touristes anglais : malgré leurs airs de marcher en pays conquis, je crois que décidément je les préfère aux Français gouailleurs, qui se plaignent des rues mal pavées, qui ne voient du bazar que les quelques articles de Paris étalés çà et là, et inclinent à penser que tous ces vieux marchands à turban, accroupis dans des niches, font venir leurs tapis du Bon Marché ou du Louvre.) Et ils partiront tous ayant vu Constantinople ; et ils crieront même à la mauvaise foi musulmane, parce qu'ils auront été volés, pillés (comme cela leur revient de droit) par la plèbe des guides et des interprètes - qui sont grecs, arméniens, juifs, maltais, tout ce qu'on voudra, mais jamais turcs. Les Turcs du peuple se font bateliers, ou manoeuvres, ou portefaix, mais ne se plient point au métier servile d'exploiteurs d'étrangers.

Je m'attarde à marchander de vieux bibelots d'argenterie - tandis que dehors le jour baisse et la pluie tombe toujours. De plus en plus désolé, ce bazar qui se vide, les affaires finies : le long des ruelles couvertes, si vieilles, les boutiques se ferment ; les marchands s'en vont comme les acheteurs, et l'obscurité grise descend dans ce labyrinthe, qui, la nuit, ne sera plus qu'un désert noir."


De Profundis !

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mercredi 11 juillet 2007

Fusées.

Voici quelques notes prises dans Immédiatement (D. de Roux, 1972). Je les reproduis sans commentaire et, sauf exceptions sur la fin, dans l'ordre dans lequel on les découvre à la lecture du livre - sans donc faire de regroupement thématique. J'ai maintenu certains enchaînements, ou passages du coq-à-l'âne. Je me contente de fournir la référence, en chiffres romains, au chapitre dont sont issues les citations. Nous aurons j'espère l'occasion de revenir sur certaines d'entre elles.


"Il faut s'envelopper d'une jeune femme comme les envahisseurs mongols de quartiers de boeufs. En amour, il faut entrer dans une femme comme le rat dans un supplicié chinois.

La différence entre Alexandre Dumas et Balzac c'est l'intention monarchique que Balzac a mise dans son oeuvre. Mais pourra-t-on retrouver la grande aisance classique d'une certaine langue française ? Il n'y a plus de France. Il n'y a plus qu'une bourgeoisie française, et une classe ouvrière qui n'a jamais réussi à se saisir."


"Les Juifs et les Allemands ont ceci de commun qu'ils vivent et ont toujours vécu un jour avant l'avènement du Christ. Le monde entier est engagé dans l'histoire tandis qu'ils n'ont pas cessé de vivre une histoire parallèle."


"La crise de l'intelligence provient du fait qu'on veut se définir avec des mots alors qu'on ne se définit qu'en agissant."


"Les ouvriers pris de vitesse par le gaullisme sont devenus des bourgeois avant même qu'ils aient eu le temps de souffler comme ouvriers."


"Cet anarchiste espagnol fusillé en compagnie de prêtres et de fascistes et qui, entendant les prêtres crier "Viva el Cristo Rey" et les franquistes "Viva Franco", était ennuyé de ne trouver à crier sous les balles que "Vive la Sécurité sociale"." (VI)


"En Europe nous sommes devenus une race d'orphelins. Notre grand-père est mort. Notre père est mort. Notre Dieu, en plus, est mort. Et on ne peut pas s'aimer entre orphelins." (VII)


"Europe, Union soviétique, Asie, nous sommes tous de la Cité antique de Fustel de Coulanges. Seule l'Amérique incarne le pouvoir révolutionnaire, celui de la désintégration de la nation, désintégration confessionnelle, individualisme démocratique qui se prête à toutes les tentations du capital. C'est la tragédie du chaos, le tourbillon final des Mères fondatrices soudain frappées par la folie, par le besoin de tout remporter dans le gouffre d'où elles viennent de sortir." (VII)


"Au gaullisme succédera ou l'Allemagne ou pire : les Français.

Les femmes ont de l'argent, voitures, studio (le cri de Virginia Woolf n'a plus aucun sens : "Pourquoi les femmes sont-elles si pauvres ?"). Plus personne ne baise à Paris. Les femmes ne sortent plus, regardent la télévision, se couchent de bonne heure car le lendemain elles doivent aller au travail. Les hommes se divertissent entre eux ou baisent à l'étranger. Il n'y a plus de séduction, sauf chez les parias supérieurs qui, eux, ont du temps à perdre. On s'occupe des révolutions, de l'abrutissement, de la faim, mais personne ne s'occupe des femmes, les seules vraies désespérées. D'ailleurs c'est bien fait pour leur gueule de criminelles nées." (IX)


"L'Empire est à l'envers et les coqs chantent la nuit : la gauche est devenue la droite et la droite n'est plus rien, les laïcs sont devenus des prêtres athées et l'Eglise se hisse au niveau de la pire presse du coeur à la française. L'anti-conformisme n'est plus que le conformisme des mots galvaudés comme celui de "révolution", sophistiqué, onanisant. C'est le pacte général avec la classe moyenne, elle-même intégrée à sa police proxénète, trafiquante et assassine.

Seule volonté alors, tourner son visage vers l'oubli. Mourir seul, et dans un froid absolument glacial.


Après vingt ans de travail forcené, macération, flagellation, Swendenborg arriva à voir les Esprits, et, dit-il, ils avaient tous des chapeaux sur la tête.

Jusqu'où va le protestantisme." (XI)


"Rencontré cette jeune femme qui ne parlait plus que d'enfants, d'accoucheurs, de ventres et de frigidaires pleins pour une année." (XII)


"Guénon s'est fait égyptien pour disloquer l'Islam de l'intérieur, cet Islam qui part du judaïsme et ne s'arrête nulle part." (XII)



Je finis sur cet hommage prophétique à M. Oussama Ben Laden :

"Il n'y a pas crise de la civilisation, mais crise de la barbarie. Autrefois les Barbares prenaient Rome, mettaient Byzance à sac. Maintenant on nourrit les Barbares qui sont les sous-alimentés du monde moderne." (VIII)


et sur cette note pessimiste, ethnologique et énigmatique :


"Aucun sacrifice ne modifiera les formes naturelles du mal." (XIII)

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lundi 9 juillet 2007

Démocratie de branleurs. (Où sont les femmes ? - II) - Ajout le 12.O7.

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Ajout.





Alors, bon, le clitoris... Ceux qui comme moi ont regardé dans leur jeunesse Le sens de la vie, des Monty Python, qu'Allah bénisse ces derniers, se souviennent peut-être de la séquence d'éducation sexuelle au lycée, avec le professeur, l'admirable John Cleese, commençant son cours : "Alors maintenant, le sexe... Le sexe, le sexe, le sexe..." - sur le ton vaguement ennuyé, de qui pense à autre chose, dont un professeur de droit évoquerait l'article 49-3 - et d'ailleurs, que Festivus et Ségolène Royal soient maudits, les élèves semblent autant s'intéresser au dit sexe que des étudiants en droit à un cours sur le 49-3 ou tout autre article.

Bref, le clitoris, le clitoris, le clitoris... Si "le hasard est la providence des imbéciles", sans doute faut-il que j'invoque plus la providence que le hasard pour justifier le fait qu'en quelques jours j'aie pu découvrir cette phrase, que je vous citais il y a peu, de Dominique de Roux :

"Un des secrets de Dostoïevski : il a prévu l'avènement du matriarcat sur le père, la démocratie ou le règne du clitoris, l'amazonisation." ;

que j'aie pu tomber sur cet article de Libération, intitulé, ces gens-là sont des poètes, "Mademoiselle Clito" (que le fantôme de Trenet les encule comme de vulgaires mitrons !), dont j'extrais ces lignes caractéristiques :

- "«Plus de 80 % des femmes que j’ai interrogées ignoraient le mode d’emploi et l’anatomie de leur clitoris.»  Déterminée à combler ces lacunes, Rosemonde Pujol n’est pas avare en descriptions. «C’est un beau cas d’égalité homme-femme, le clitoris. Comme le pénis, il possède un gland, un prépuce, et un petit nerf moteur, le nerf érectile, qui prend sa source au cerveau.»  Ça, c’est pour la partie visible, soit un cylindre d’environ deux centimètres de haut sur moins d’un centimètre de large. A l’intérieur, «la forme cylindrique s’épanouit en un volume près de dix fois supérieur à la partie visible» . Ainsi, conclut Rosemonde, «on a un pénis, ils ont un pénis, et pourtant ils veulent qu’il n’y ait que le leur qui compte !». "

- «A partir d’un certain âge, c’est la seule chose qui continue à vivre aussi fort qu’avant,  s’exclame Rosemonde. Les amours sont mortes, le clitoris est vivant !» 

des poètes, je vous dis (transposez ce paragraphe dans le domaine masculin, pour juger de sa teneur poétique et altruiste) ;

et enfin, par un cheminement tortueux dont je vous épargne les détails, ces remarques du psychanalyste anglais D. Winnicott, dans un texte intitulé "Ce féminisme" (in Conversations ordinaires, Gallimard, 1988) :

"La source du féminisme est là, dans l'illusion généralisée, chez les femmes comme chez les hommes, qu'il existe un pénis féminin, et dans la fixation particulière de certaines femmes et de certains hommes au stade phallique, c'est-à-dire au stade qui précède celui de la pleine génitalité."

"On peut donc considérer qu'il y a dans le féminisme un degré plus ou moins important d'anormalité. A l'un des extrêmes, c'est la protestation de la femme contre une société mâle dominée par la gloriole masculine dans la phase phallique ; à l'autre, c'est le déni par la femme de sa réelle infériorité au cours d'une certaine phase de développement physique."

- la certaine période, c'est le début de la puberté, quand la jeune fille, encore peu consciente des possibilités de son vagin, peut regretter, éprouver comme un manque, de n'avoir pas de pénis - et trouve éventuellement dans le clitoris un pénis de substitution.

J'ajouterai la mention du souvenir du film de Jean-Claude Guiguet, Les passagers, dérive communautariste, sur le tard, d'un réalisateur jusque-là très pénétré de son art, dans lequel l'ultra-pédé Jean-Christophe Bouvet, bon comédien par ailleurs, explique à qui veut l'entendre que "le clitoris est une verge" - sous entendu, "les hétéros sont aussi des suceurs de bite".

La providence étant ce qu'elle est, j'ai déjà tout dit, il n'y a plus qu'à ajouter deux et deux, non pour condamner en bloc le féminisme, qui certes ne se réduit pas à ce qu'en dit Winnicott, ni le plaisir clitoridien, ce n'est pas notre tempérament, mais pour pointer l'égalitarisme extrêmement primaire, revanchard, miteux et "organisciste" qui imprègne les propos de Mme Pujol ("moi aussi j'ai une bite", tel est en définitive son message - il faudra d'ailleurs m'expliquer à quoi sert un pénis à l'intérieur du corps - si du moins l'auteur de l'article n'a pas écrit tout à fait n'importe quoi), et rappeler, avec Dominique de Roux et Donald Winnicott, à quel point tout ce cirque clitoridien est onaniste, bien loin de la recherche - difficile, mais bon sang de bois, quand elle est menée à terme, si terme il y a...! - de la complémentarité, avant, pendant et, qui sait, parfois, après l'acte. Je vous laisse développer, sans excès bien sûr, les analogies avec l'orgueil branleur de l'homo democraticus et les droits qu'il trouve toujours à revendiquer.


Et pour conclure, deux extraits du Sens de la vie, sans sous-titres hélas :

- un hymne au pénis - un peu de male pride, pourquoi pas ;





- un - célèbre, justement célèbre - hymne au sperme, chanté par un vaillant catholique - et comme tout ce texte a des échos murayiens, et que Muray voyait dans la Bible une des plus belles illustrations de la différence des sexes... - eh bien, la preuve est faite, il n'y a pas de hasard, sauf pour les imbéciles.







Avant de reproduire l'article de Libération, pour le cas où le lien ne serait plus valide, je profite de l'occasion pour livrer un souvenir cinéphile qui vaut ce qu'il vaut, car ma vision de ce film remonte à une bonne dizaine d'années : j'ai rarement eu le sentiment de toucher du doigt (honni soit...) d'aussi près la différence des sexes que dans Le val Abraham de Manuel de Oliveira.

20060517-leonor


C'est une adaptation de Madame Bovary, et Dieu sait que Flaubert s'y connaissait en différence des sexes et a influencé Muray. Non, il n'y a pas de hasard.

Dieu vous bénisse !





Ajout.
Oui, je découvre dans le numéro 124, printemps 2007, p. 27, de la revue Eléments, entre un bon article de M. Cinéma et des odes à la gloire d'Alain de Benoist, la donnée suivante, hélas peu précise :

"Les travaux des sexologues publiés depuis les années 1950 montrent que... l'absence d'orgasme au cours des relations sexuelles reste fréquente chez un grand nombre de femmes, quelles que soient les qualités de leur partenaire, et que l'orgasme féminin est le plus souvent obtenu en dehors du rapport hérérosexuel, par la masturbation du clitoris."

- c'est vague non seulement d'un point de vue statistique, mais formel : "en dehors" peut - ou non - vouloir dire pendant le dit rapport.

Bref :

- le clitoris n'a manifestement guère besoin d'être réhabilité, sauf par des gens qui ont envie de faire parler d'eux ;

- c'est l'occasion de rappeler la composante masturbatoire souvent présente durant l'acte, des deux côtés (par exemple, avec une prostituée, ce n'est jamais que de l'onanisme in vitro, si j'ose dire), composante que j'avais, c'est péché, laissée de côté dans le premier jet (honni soit !) de cette note.



"Mademoiselle clito
Sexualité. Rosemonde Pujol, 89 ans, entend réhabiliter l’organe du plaisir féminin.

Un seul commentaire, sur cet article défini, comme s'il n'y avait qu'un seul organe pour ce plaisir : et le vagin, il sert à quoi ? Branleurs !!!

- Et puis un autre commentaire, tout de même : réhabilitation, piège à cons !


"Rosemonde Pujol a 89 ans, un passé de résistante et de militante de la cause féminine, une carrière de journaliste économique à France Inter et au Figaro,  une douzaine d’ouvrages de consommation et de santé publiés. Et, à l’orée de sa quatre-vingt-dixième année, un nouveau combat à mener : «la réhabilitation du clitoris».  L’œil qui brille et le sourire en coin, elle se délecte de l’étonnement de ses interlocuteurs lorsqu’elle évoque son dernier livre, Un petit bout de bonheur  (1). Avocate du plaisir féminin «jusqu’à 100 ans au moins»,  Rosemonde Pujol a proposé à 80 femmes de tous âges et milieux sociaux de papoter ensemble de leur «petite fleur».  Bilan : des insultes, des «A votre âge, vous n’avez pas honte !»  mais aussi des confidences qui font le sel de son ouvrage. Tour d’horizon en cinq volets d’un auteur et d’un sujet réjouissants.

De la résistance au clitoris.

Si l’on s’étonne que Rosemonde Pujol, alias Colinette (son «nom de guerre» ), chevalier de la Légion d’honneur, Médaille de la Résistance avec rosette et grade d’officier, s’intéresse au «siège du plaisir féminin»,  elle n’y voit au contraire que «pure logique»  : «J’ai toujours mieux aimé faire que subir.»  De la même façon qu’elle lutta jadis contre l’occupant, elle lutte aujourd’hui contre l’ «andro-centrisme»  ou «culte du phallus».  «J’ai interrogé des lycéennes et leurs professeurs de SVT [sciences et vie de la terre, ndlr]  , raconte Rosemonde, indignée. Eh bien encore aujourd’hui, dans les manuels, alors que tous les organes masculins sont minutieusement décrits, on ne trouve rien sur le clitoris.»  Elle cite l’exemple d’une professeure de terminale qui, en tentant d’apporter plus d’explications sur le «bouton magique»,  s’est attiré l’ire de sa hiérarchie et des parents d’élèves.

«Petit pénis».

Pour Rosemonde Pujol, tombée enceinte à 41 ans (son premier et unique enfant), le plaisir féminin souffre de la dictature de la maternité. «On a beaucoup cherché à me culpabiliser d’être mère sur le tard, comme si j’avais négligé ce pour quoi j’étais faite. Les organes génitaux féminins ne sont valorisés que pour leur fonction reproductive. Le clitoris est méprisé car il est stérile.»  Cette «inutilité reproductive»  serait l’origine du tabou. «Plus de 80 % des femmes que j’ai interrogées ignoraient le mode d’emploi et l’anatomie de leur clitoris.»  Déterminée à combler ces lacunes, Rosemonde Pujol n’est pas avare en descriptions. «C’est un beau cas d’égalité homme-femme, le clitoris. Comme le pénis, il possède un gland, un prépuce, et un petit nerf moteur, le nerf érectile, qui prend sa source au cerveau.»  Ça, c’est pour la partie visible, soit un cylindre d’environ deux centimètres de haut sur moins d’un centimètre de large. A l’intérieur, «la forme cylindrique s’épanouit en un volume près de dix fois supérieur à la partie visible» . Ainsi, conclut Rosemonde, «on a un pénis, ils ont un pénis, et pourtant ils veulent qu’il n’y ait que le leur qui compte !». 

Masturbation de 0 à 100 ans.

Lorsqu’elle était jeune élève pensionnaire chez les jésuites, Rosemonde Pujol se masturbait en lisant des récits sacrés. «Je ne savais pas que c’était interdit, ni que cela s’appelait masturbation. J’avais l’impression en ressentant ce plaisir de rejoindre Dieu et de devenir sainte.»  Des années de culpabilisation puis d’émancipation plus tard, Rosemonde assure que «la masturbation clitoridienne est un geste pur, puisque pratiqué de manière innée. Le fœtus se masturbe dans le ventre de sa mère».  Pur, et pérenne. «A partir d’un certain âge, c’est la seule chose qui continue à vivre aussi fort qu’avant,  s’exclame Rosemonde. Les amours sont mortes, le clitoris est vivant !» 

«Un moyen de survie»

Distançant largement le pénis, le clitoris posséderait quelque 8 000 à 10 000 capteurs sensitifs, quand son homologue masculin n’en compterait que 3 000 à 4 000. Les capteurs neuronaux du clitoris (plus nombreux également que ceux des doigts, des lèvres ou de la langue), une fois stimulés, entraînent la libération d’une hormone de plaisir, l’ocytocine. «Ce que m’ont dit les médecins,  confie Rosemonde, c’est que grâce à cette hormone, le clitoris est un véritable moyen de survie pour femmes. Un bain de jouvence. Un produit de beauté.»  Comme deux de ses amies nonagénaires, ­elle voit là le secret de sa longévité. «Les sages-femmes du Moyen Age caressaient le clitoris des femmes enceintes, car tout ce qui rendait la mère heureuse rendait l’enfant heureux. Maintenant la grossesse, c’est : Ne faites pas ci, faites attention à ça. J’ai l’impression d’être en 1917, l’année de ma naissance, pas en 2007.» 

La poésie du clitoris.

Il paraît que les Italiens, pour évoquer les caresses clitoridiennes, disent qu’ils «jouent de la mandoline».  Rosemonde apprécie la métaphore. «Le clitoris est un organe poétique, car c’est l’un des rares à n’avoir aucune utilité productive. Il offre l’évasion, la douceur.»  Elle marque une pause en souriant. «Le clitoris permet à la femme qui se trouve laide de se sentir belle. D’ailleurs, elle ne se sent plus du tout : elle flotte dans le bonheur.»"

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vendredi 6 juillet 2007

Choc des "civilisations". Que Ben Laden nous protège !

(Ajout le soir.)


Un peu de René Guénon pour commencer (La crise du monde moderne, 1927, j'utilise l'édition Folio) :

- "C'est là ce sur quoi il est essentiel d'insister : l'opposition de l'Orient et de l'Occident n'avait aucune raison d'être lorsqu'il y avait aussi en Occident des civilisations traditionnelles ; elle n'a donc de sens que s'il s'agit spécialement de l'Occident moderne, car cette opposition est beaucoup plus celle de deux esprits que celle de ceux entités géographiques plus ou moins nettement définies." (p. 45)

- "Nous pensons d'ailleurs qu'une tradition occidentale, si elle parvenait à se reconstituer, prendrait forcément une forme extérieure religieuse, au sens le plus strict de ce mot, et que cette forme ne pourrait être que chrétienne, car, d'une part, les autres formes possibles sont depuis trop longtemps étrangères à la mentalité occidentale, et, d'autre part, c'est dans le Christianisme seul, disons plus précisément encore dans le catholicisme, que se trouvent, en Occident, les restes d'esprit traditionnel qui survivent encore." (p. 52)

- "Pour restaurer la tradition perdue, pour la revivifier véritablement, il faut le contact de l'esprit traditionnel vivant, et, nous l'avons déjà dit, ce n'est qu'en Orient que cet esprit est encore pleinement vivant." (p. 56)

- "Ce n'est point être "antioccidental", si l'on peut employer ce mot, que d'être résolument "antimoderne", puisque c'est au contraire faire le seul effort qui soit valable pour essayer de sauver l'Occident de son propre désordre ; et, d'autre part, aucun Oriental fidèle à sa prope tradition ne peut envisager les choses autrement que nous ne le faisons nous-même ; il y a certainement beaucoup moins d'adversaires de l'Occident comme tel, ce qui d'ailleurs n'aurait guère de sens, que de l'Occident en tant qu'il s'identifie à la civilisation moderne. Quelques-uns parlent aujourd'hui de "défense de l'Occident", ce qui est vraiment singulier, alors que (...) c'est celui-ci qui menace de tout submerger et d'entraîner l'humanité entière dans le tourbillon de son activité désordonnée ; singulier, disons-nous, et tout à fait injustifié, s'ils entendent, comme il le semble bien malgré quelques restrictions, que cette défense doit être dirigée contre l'Orient, car le véritable Orient ne songe ni à attaquer ni à dominer qui que ce soit, il ne demande rien de plus que son indépendance et sa tranquillité, ce qui, on en conviendra, est assez légitime. La vérité, pourtant, est que l'Occident a en effet grand besoin d'être défendu, mais uniquement contre lui-même, contre ses propres tendances qui, si elles sont poussées jusqu'au bout, le mèneront inévitablement à la ruine et à la destruction ; c'est donc "réforme de l'Occident" qu'il faudrait dire, et cette réforme, si elle était ce qu'elle doit être, aurait pour conséquence toute naturelle un rapprochement avec l'Orient." (pp. 59-60)

- "Au point où les choses en sont arrivées, il est grand temps de réagir, et c'est ici, redisons-le une fois de plus, que l'Orient peut venir au secours de l'Occident, si toutefois celui-ci le veut bien, non pour lui imposer des conceptions qui lui sont étrangères, comme certains semblent le craindre, mais bien pour l'aider à retrouver sa propre tradition dont il a perdu le sens." (pp. 67-68)

- "Le monde moderne se défend par sa propre dispersion, à laquelle ses adversaires eux-mêmes ne parviennent pas à se soustraire." (p. 140 - excellent ! remarquable ! la classe !)

- "En particulier, l'Occident n'a pas à compter sur l'industrie, non plus que sur la science moderne dont elle est inséparable, pour trouver un terrain d'entente avec l'Orient ; si les Orientaux en arrivent à accepter cette industrie comme une nécessité fâcheuse et d'ailleurs transitoire [n'était-ce pas là le piège ?], car, pour eux, elle ne saurait être rien de plus, ce ne sera jamais que comme une arme leur permettant de résister à l'envahissement occidental et de sauvegarder leur propre existence. Il importe que l'on sache bien qu'il ne peut en être autrement : les Orientaux qui se résignent à envisager une concurrence économique vis-à-vis de l'Occident, malgré la répugnance qu'ils éprouvent pour ce genre d'activité, ne peuvent le faire qu'avec une seule intention, celle de se débarrasser d'une domination étrangère, qui ne s'appuie que sur la force brutale, sur la puissance matérielle que l'industrie met précisément à sa disposition ; la violence appelle la violence, mais on devra reconnaître que ce ne sont certes pas les orientaux qui auront recherché la lutte sur ce terrain" (p. 155)



Parenthèse sur René Guénon : à première vue et pour l'écrire de façon elliptique, nous serions tenté de dire que ce qui nous sépare de l'auteur de ce livre passionnant et fort stimulant, c'est Durkheim. Mais pour pouvoir développer ce point, il faudrait avoir une meilleure idée de ce que l'auteur entend par Tradition, et notamment en quoi cette Tradition s'apparente au regard que les sociétés holistes portent sur elles-mêmes. Si quelqu'un donc peut me conseiller un livre de R. Guénon plus spécialement consacré à cette "Tradition"...



Un petit détour par Arnold Toynbee pour continuer (Le monde et l'Occident, 1952, éd. Gonthier-"Médiations", pp. 33-34) :

- "Il y a sans aucun doute d'autres idées et d'autres institutions occidentales, qui sont loin d'être des bienfaits ; je n'en citerai qu'un exemple, celui du nationalisme occidental. Les Turcs, ainsi que beaucoup d'autres peuples musulmans ont subi la contagion du nationalisme, comme ils ont subi celle de bien d'autres notions occidentales, salutaires ou pernicieuses. Et nous pouvons nous demander quelle sera la conséquence de l'intrusion de cet idéal étroit dans le monde musulman où les traditions ancestrales enseignent que tous les mahométans sont frères en raison de leur religion commune et malgré les différences de race, de langue ou d'habitat. A l'heure actuelle, dans un monde où la distance a été annihilée par les progrès de la technique occidentale et où l'Occident et la Russie s'affrontent pour imposer leurs conceptions du monde, on est en droit de se demander si la fraternité traditionnelle des musulmans n'apporterait pas une meilleure solution au problème social que la tradition occidentale qui reconnaît la souveraineté et l'indépendance de chaque nation. (...) Il faut espérer que, dans le monde musulman tout au moins, cette maladie occidentale ne se propagera pas et qu'elle sera enrayée par le sentiment d'unité, si fort dans la tradition islamique. Une unité politique et sociale à l'échelle mondiale est nécessaire au salut de l'humanité, d'une façon beaucoup plus pressante aujourd'hui, à l'époque atomique, qu'elle ne le fut jamais dans le passé."



Et finissons par quelques notes saisissantes issues du Gamal Abdel Nasser (L'âge d'Homme, 2000) de Dominique de Roux. Il s'agit d'un ouvrage posthume écrit en 1972 et jamais repris par l'auteur. L'eût-il modifié, réécrit, éventuellement atténué, je l'ignore.

- "La désintégration, la mort, ne sont jamais venues en Islam de l'extérieur, comme cela a toujours été le cas pour l'Occident, mais de l'intérieur. L'Islam, qui exprime la volonté divine, ne peut en effet concevoir, dans le sens de la négation, aucune ingérence extérieure, nulle pression, nulle attaque qui risque de l'emporter sur l'unité monolithique de son origine, ni sur la puissance de sa foi. Dans l'Islam, toute irruption des ténèbres, toute subversion historique est une faille. Suivant la doctrine subversive du ver dans le fruit, l'Islam ne saurait être attaqué que de l'intérieur. Aussi le véritable combat révolutionnaire de l'Egypte nassérienne ne portait-il pas tellement sur les lignes extérieures de sa géopolitique mondiale, que sur le double anneau intérieur du combat à mort, livré pour la conquête de l'unité de l'Egypte, pour la reconquête de l'unité intérieure du monde arabe.

René Guénon : «Dans la tradition islamique, ces deux sens de la guerre, ainsi que le rapport qu'ils ont réellement entre eux, sont exprimés aussi nettement que possible par un hadîth du Prophète, prononcé au retour d'une expédition contre les ennemis extérieurs : "Nous sommes revenus de la petite guerre sainte à la grande guerre sainte", tandis que la guerre intérieure est "la grande guerre sainte", c'est donc que la première n'a qu'une importance secondaire vis-à-vis de la seconde, dont elle est seulement une image sensible ; il va de soi que, dans ces conditions, tout ce qui sert à la guerre extérieure peut être pris comme symbole de ce qui concerne la guerre intérieure, et ce que ce cas est notamment celui de l'épée.»

La malédiction intérieure du monde arabe, c'est l'Occident, c'est la tentative jamais accomplie de l'unité. Des Abassides à Nasser, le combat mystique de l'Islam n'a jamais cessé de s'opposer aux puissances divergentes de la négation du tout, de la désintégration, dans lesquelles se complaisent, avec une morne jouissance, les peuples de la Foi et de la pauvreté.

Dans ce sens, la révolution nassérienne est, avant tout, un retour à l'archétype fondamental de l'Islam qui, en tant que volonté de l'unique, à la fois imposée et sacrificiellement vécue, devient à tout instant attestation vivante de l'unique, et, en tant que tel, une action de retour révolutionnaire à l'unité des origines, à l'unité de la fin." (pp. 21-23)

- "De 1962 à la veille de la guerre de 1967, Nasser va se débattre et s'enliser dans les yéméneries du monde arabe, sac de vipères de débiles mentaux à la Hussein et de traîtres abjects à la Hassan II faits tous les deux pour s'entendre avec les Farouk, cour d'eunuques et autres ballets tantousards qui profitent de la pauvreté du monde arabe et l'empêchent de faire face aux recommencements du monde.

Jusqu'à sa mort, Nasser va s'épuiser dans ces combats subalternes - fiascos qui n'en finissaient plus d'être préliminaires. Et quand l'unité du monde arabe un jour sera réalisée, il portera à jamais, cet empire, comme une autre Kaaba, le deuil de cet homme foudroyé par la honte du combat qu'on lui infligea contre ses frères et contre lui-même, pour mieux les réunir." (p. 44)

- "Le 29 novembre 1947 fut marqué par le vote moralement concussionnaire et politique criminel des Nations unies qui donnait à l'impérialisme israélien la possibilité de passer à l'éviction et même au massacre du peuple palestinien, gênant de par sa seule existence. Devant cet acte de solution finale, les jeunesses arabes et surtout égyptiennes, alors que l'attitude de leurs gouvernements était plus que suspecte, se levèrent en masse poour faire face à la situation." (p. 39)

Entre parenthèses, la "proximité" revendiquée par Maurice Dantec à l'égard de Dominique de Roux, apparaît soit comme une louable ouverture d'esprit, soit comme une preuve d'inconscience, lorsqu'on lit ces lignes ou celles qui suivent, ou que l'on pense au titre du chapitre III : "Le sionisme, avant-garde stratégique avancée du complot impérialiste mondial".

- "Quand on approfondit les problèmes de l'unité arabe, il nous faut poser, comme ne manque pas de le faire la nouvelle géopolitique égyptienne, le préliminaire total, qui est celui de la différence de structure politique et sociale existant actuellement entre les diverses nations qui, de l'Atlantique au golfe Arabique, constituent ensemble le monde de la communauté de destin arabe.

Quelle structure communautaire de destin y a-t-il entre un régime socialiste d'avant-garde, comme ceux de l'Algérie et de la Libye, et les Etats néolithiques du Koweit, du Maroc, etc. ? L'interrogation décisive. La dialectique négative de l'impossibilité structurale d'une grande politique arabe commune représente en effet la faille par où ne cessent de s'introduire la contradiction fatale, les antagonismes politiques soigneusement entretenus, au sein du monde arabe, par les services spéciaux de Tel-Aviv, par les grandes agences sionistes internationales." (p. 84)

- "La question du sens de l'histoire aujourd'hui, à l'heure où de Hegel à Marx la dialectique s'est dégradée en sous-histoire, instrument et moteur subalterne de la fin de l'histoire, de son immobilisation face à l'opacité et au ralentissement de sa capture dramatique au piège des totalitarismes décadents et nuls, la question du sens de l'histoire, dis-je, débouche sur le vide de tout cycle historique replié sur lui-même. Autrement dit, la question du sens de l'histoire ne se pose plus en termes de destin, ni en termes de liberté comme l'eussent voulu un Malraux et, derrière celui-ci, un Saint-Just, mais termes de crime et, au-delà du crime, en termes de putréfaction, en termes non pas d'orgueil brisé, mais d'humiliation humiliée.

Les bourreaux par les temps qui courent s'effacent lentement devant la dictature atroce et somptueuse des victimes.

Dans ce coin du monde où la géopolitique (...) situe le lieu du grand tournant final de l'histoire mondiale en Méditerranée orientale, ce qui constitue et illustre la part de la victime face à l'humiliation, qui en édifie sans cesse le projet historique et la très fragile intelligence historique nouvelle, n'est que l'écartèlement, que l'écrasement sacrificiel de la nation palestinienne par les agents du néant et leurs totems morts et illusoires. Ainsi, dans cette région du monde, parfois, recouvrait-on les idoles mortes de quartiers de chair humaine encore vivante pour se donner l'illusion de faire vivre ce qui n'appartient qu'à la mort. Mais, en même temps, c'est par là que s'infiltrent les courants souterrains de l'histoire mondiale en marche, le grand clivage révolutionnaire des forces qui se rassemblent obscurément et se tiennent tête, pour l'heure où il leur faudra répondre à l'appel anti-impérialiste du jour." (pp. 88-89)


Et voici la fin du livre, p. 96 :

- "En conclusion, et tout est là, il aura fallu deux guerres mondiales intra-occidentales pour que le centre de décision géopolitique se déplace de l'Europe centrale vers le Moyen-Orient, deux guerres mondiales pour que la Palestine - ce que Menahem Begin appelait la patrie historique du peuple juif en terre d'Israël - devienne le centre géopolitique du monde.

Pour ceux qui savent surprendre l'essentiel, la clé de la politique mondiale en 1972 tient dans la thèse géopolitique de pointe selon laquelle, peut-on dire, qui tient la Palestine tient le monde.

En effet, qui tient la Palestine tient le monde."





Ajout du soir (espoir).

Oui, concernant l'attirance que peut avoir Maurice Dantec pour Dominique de Roux, j'ai été un peu rapide ce matin. Par-delà les différences quant aux diagnostics géopolitiques, une certaine vision apocalyptique de l'histoire, un certain goût aussi pour la pose, peuvent rapprocher les deux auteurs, étant bien entendu, sur ce que je connais d'eux, que D. de Roux atteint par moments un niveau que je n'ai jamais vu M. Dantec effleurer, tant s'en faut.

Un exemple parmi d'autres :

- "Catholique puisqu'il avait dépassé le catholicisme, humain puisqu'il avait dépassé l'homme - donc tout ce qui est étranger à l'homme lui était familier -, français parce qu'il n'avait plus d'illusions sur la France, Baudelaire aurait pu être un extraordinaire ministre des Affaires étrangères. Il avait en effet une vue transcendantale de la société et de l'histoire, et il ne s'inventait pas les principes à partir de l'analyse des choses qui sont, il allait vers les choses qui sont à partir du principe qui les fait être." (Immédiatement, 1972, rééd. "La petite vermillon", p. 109)


Et puis un autre, pour la route :

- "Un des secrets de Dostoïevski : il a prévu l'avènement du matriarcat sur le père, la démocratie ou le règne du clitoris, l'amazonisation." (p. 122)

Mais nous parlerons du clitoris, cet organe à la fois merveilleux, impossible et bien pratique, plus tard...

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mardi 3 juillet 2007

Ma musulmane.

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Gloire à M.-E. Nabe, pour avoir, dans son livre sur Billie Holiday,

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fait une incise sur la Callas, que certes je n'ai pas eu besoin de lui pour connaître et vénérer,


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salope d'Onassis ! Et maintenant c'est le petit Pinault qui achète Selma Hayek... Il n'y a pas de justice... ou divine et ironique, Onassis a finalement commis la faute de goût, quelle honte, de préférer la pétasse Bouvier-Kennedy à l'ange-démon Callas, peut-être que le Pinault finira avec Cécilia... Il est vrai que les pétasses sont humaines, ce qui n'était pas tout à fait le cas de la Callas. C'était une chose d'avoir l'argent pour l'acheter, mais vivre avec en était une autre.


et surtout sur Oum Kalsoum, disais-je, Oum Kalsoum qu'Allah a maintes fois bénie, Oum Kalsoum que je ne connaissais pas, Oum Kalsoum que voici, Oum Kalsoum, Oum...





"Pour restaurer la tradition perdue, pour la revivifier véritablement, il faut le contact de l'esprit traditionnel vivant, et, nous l'avons déjà dit, ce n'est qu'en Orient que cet esprit est encore pleinement vivant..."

René Guénon, La crise du monde moderne [1927], "Folio", p. 56.

1927 ! "Est encore pleinement vivant..."

Nous vaincrons parce que nous sommes les plus morts !

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