dimanche 26 août 2007

"Il faut le système, et il faut l'excès." Le mysticisme vient après, pas avant.

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Ce qui suit d'une part a un côté l'homme-qui-a-vu-l'homme-qui-a-vu-l'ours, en traduction qui plus est, d'autre part répète des choses connues, mais l'intérêt en l'occurence est que cela vient de Pier Paolo Pasolini, soit quelqu'un que l'on peut difficilement soupçonner d'être "réactionnaire". Il évoque ici le livre Hindouisme et bouddhisme, non pas de Max Weber, mais d'Ananda Coomaraswamy (dans l'oeuvre duquel, notons-le au passage, R. Guénon a souvent puisé) :

"En réalité, le caractère réactionnaire de la religion hindoue est une erreur d'optique, comme l'observe Ananda Coomaraswamy. Et il a raison : l'Eglise catholique n'était pas réactionnaire au Moyen Age. La culture du suzerain et celle du paysan étaient la même. (...) La résignation ne vaut pas moins que la révolte, dans une société bien sûr essentiellement non contradictoire : où le fils prend le rôle du père et l'obéissance qui - dans les sociétés antiques - conduit à cela, est la dignité suprême. L'assimilation au père avec la reprise de ses devoirs, qui deviennent ainsi héréditaires, est la cause première de la division de la société en castes, selon le croyant Ananda Coomaraswamy. Certes, ce n'est pas la seule, mais quelle importance ? Ceux qui supportaient et vivaient cette forme archaïque de« division du travail » y croyaient fermement et l'acceptaient : un « univers humain » ne compte que vu de l'intérieur. En outre, d'après le texte d'Ananda Coomaraswamy, nous apprenons une chose surprenante.



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Il n'est pas vrai qu'un individu soit lié à sa caste de la naissance à la mort. Il peut échapper à ce déterminisme social - qui nous paraît si impardonnablement injuste - à travers « l'éveil ». L'Eveillé, qui parvient au quatrième et dernier degré de connaissance, c'est-à-dire à l'apathie et à la mort vivante, et qui vit dans le dénuement total peut provenir de la caste des gouvernants et prêtres, mais peut provenir aussi de la caste des parias. Ce qui donne l'égalité et la liberté, c'est la sainteté, c'est-à-dire la libération de la conscience du bien et du mal, et l'abandon non seulement des biens de la vie, mais aussi du rituel religieux et de la théologie elle-même ! L'enseignement suprême (pour nous) de la religion indienne est en effet le suivant : « Une Eglise ou une société qui ne fournirait pas les moyens pour s'affranchir de ses propres institutions, qui empêcherait ses membres de se libérer d'elle, réduit à néant sa suprême raison d'être. »"

(Descriptions de descriptions, Rivages-Poche, 1995, pp. 116-117, trad. modifiée. Le livre d'A. Coomaraswamy est publié chez Gallimard, coll. "Idées", 1980. Je souligne.)



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