jeudi 27 novembre 2008

Dix minutes avec Dieu.




(Piqué chez le Dr. Orlof.)





Au passage - il y a trois liens devenus avec le temps inutiles ou presque, dans ma colonne de droite : Mauricette du fait de son éclipse temporaire ; M. Balp, manifestement perdu quelque part dans la Sierra ; l'Observatoire du Communautarisme, qui pourtant, après l'élection de B. Obama, ou comme on peut le constater ici, aurait encore du grain à moudre. Bon, entre autres pour la documentation que l'on peut y trouver, j'ai décidé de laisser ces liens, c'est triste un lien qui meurt.

Bonne journée !

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mercredi 19 novembre 2008

"Le poil deux" - fourre-tout.

"Les produits naturels utilisés par les peuples sibériens à des fins médicinales illustrent, par leur définition précise et la valeur spécifique qu'on leur prête, le soin, l'ingéniosité, l'attention au détail, le souci des distinctions, qu'ont dû mettre en oeuvre les observateurs et les théoriciens dans les sociétés de ce type : araignées et vers blancs avalés (Itelmène et Iakoute, stérilité) ; graisse de scarabée noir (Ossète, hydrophobie) ; cafard écrasé, fiel de poule (Russes de Sourgout, abcès et hernie) ; vers rouges macérés (Iakoute, rhumatisme) ; fiel de brochet (Bouriate, maladie des yeux) ; loche, écrevisse avalées vivantes (Russes de Sibérie, épilepsie et toutes maladies) ; attouchement avec un bec de pic, du sang de pic, insufflation nasale de poudre de pic momifié, oeuf gobé de l'oiseau koukcha (Iakoute, contre maux de dents, écrouelles, maladies des chevaux, et tuberculose, respectivement) ; sang de perdrix, sueurs de cheval (Oïrote, hernies et verrues) ; bouillon de pigeon (Bouriate, toux) ; poudre de pattes broyées de l'oiseau tilegous (Kazak, morsures de chien enragé) ; chauve-souris desséchée pendue au cou (Russes de l'Altaï, fièvre) ; instillation d'eau provenant d'un glaçon suspendu au nid de l'oiseau remiz (Oïrote, maladies des yeux). Pour les seuls Bouriate, et en se limitant à l'ours, la chair de celui-ci possède sept vertus thérapeutiques distinctes, le sang cinq, la graisse neuf, la cervelle douze, la bile dix-sept, et le poil deux. De l'ours aussi, les Kalar recueillent les excréments pierreux à l'issue de l'hivernage pour soigner la constipation. (...)

De tels exemples, qu'on pourrait emprunter à toutes les régions du monde, on inférerait volontiers que les espèces animales et végétales ne sont pas connues pour autant qu'elles sont utiles : elles sont décrétées utiles ou intéressantes parce qu'elles sont d'abord connues." (C. Lévi-Strauss, La pensée sauvage, 1962, ch. I ; "Pléiade", p. 567-568)

Ce dernier point, qui est une des thèses principales du livre, ne sera pas détaillé, et encore moins discuté, aujourd'hui : je l'introduisais par ce délicieux texte, qui est peut-être un des meilleurs, voire un des seuls exemples de poésie proprement surréaliste, ou de surréalisme effectivement poétique - en l'occurrence, nettement plus ancré dans le réel que l'ordinaire de la littérature surréaliste.



Changeons de sujet (quoique...) et revenons brièvement aux questions posées par M. Limbes dans son commentaire au texte où j'évoquais une discussion de Wittgenstein par Vincent Descombes. Comme je l'indiquais - non sans une abominable faute de français, que Dieu me cisaille - dans ma réponse à ce commentaire, nous sommes pris au piège :

- V. Descombes (et J. Bouveresse), lorsqu'ils critiquent la phénoménologie, visent (et connaissent) principalement Husserl ;

- d'après M. Limbes, ils ont ainsi le grand tort, entre autres, d'oublier le travail critique effectué par Michel Henry sur l'oeuvre de Husserl - dit autrement, V. Descombes a ici un train de retard ;

- c'est possible, mais comment vérifier ? M. Limbes ne connaît pas assez Wittgenstein et son disciple Descombes, pour comparer vraiment et précisément leurs critiques au travail de Henry ;

- et de mon côté je ne suis pas du tout assez qualifié en phénoménologie, en Husserl et en Henry, pour accomplir ce travail comparatif.

Nous ne sommes donc pas sortis de l'auberge. Certes, la question dont en dernier ressort il s'agit - notre rapport au réel (avec ou sans guillemets, c'est évidemment un des aspects du problème) - ne nous a pas attendus pour tourmenter de grands esprits, et en tourmentera encore de plus grands que nous, mais justement, autant disposer d'autant d'éléments que possible.

En attendant, ceux que cela intéresse peuvent aller sur le site du maître y consulter les commentaires sur Hegel et Husserl dans la section "L'apparition et le phénomène". Je précise à toutes fins utiles que dans la récente traduction de la Phénoménologie de l'esprit par Bernard Bourgeois (Vrin, 2006, p. 172) c'est encore le terme « phénomène » qui est utilisé : la traduction (je la retranscris en cas de demande) du passage analysé par J.-P. Voyer ressemble fort à celle de J.-P. Lefebvre.



C'est un peu le bric-à-brac ce matin : suite à un commentaire de M. Grain, je signale ici officiellement, cela fait quelques mois que j'attendais une occasion pour vous en parler, le site de M. Thibault Isabel, qui se présente lui-même fort bien dans cet entretien, où l'on trouve certaines idées sur lesquelles j'espère revenir un jour.

De même que je ne désespère pas de vous parler en détail du dernier livre d'Emmanuel Todd, Après la démocratie,


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qui n'est certes pas sans défauts, erreurs et maladresses, mais dont je vous conseille néanmoins la lecture. Cet homme est d'accord avec moi sur de nombreux sujets, c'est tout de même un brevet de qualité ou je ne m'y connais pas.

Enfin, tant qu'on y est, j'ai retrouvé Mauricette, ou plutôt son père, lequel vient de sortir un roman, avis aux amateurs. C'est de toutes les façons le meilleur moment de casser votre tirelire, avant que ni une ni deux la crise ne vide votre compte en banque.

Je vous laisse, ma douce compagne me reproche de passer trop de temps à mon comptoir, d'y rencontrer trop de belles créatures, et se languit de moi.


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Bonne lecture - bonne vie !

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dimanche 16 novembre 2008

Mort à tout le monde.

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Le Net d'extrême-gauche, tendance Rezo, fourmille de textes plus ou moins contradictoires sur ces « autonomes » qui auraient fait du mal à nos belles lignes de train, les salauds. Parmi ces textes, celui de Claude Guillon a attiré mon attention. Je ne suis d'ordinaire pas très sensible à ce qu'écrit ce Monsieur, qui dans le temps souhaitait que tous ses compatriotes mâles se retrouvent l'anus aussi écarquillé que l'on peut supposer être le sien « propre », mais il a en l'occurrence raison de signaler - plus dans son titre que dans le contenu même de son texte - cette fascination des policiers pour les livres saisis chez les gens.


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Fascination des policiers ou des journalistes d'ailleurs, car si les premiers, tels des sauvages lévi-straussiens, sont par déformation professionnelle soucieux de ne jamais rien négliger, à l'affût de tout ce qui peut être signifiant, les seconds font un peu plus que privilégier, par réflexe de classe (au sens de catégorie socio-professionnelle ; au sens marxiste ; au sens de classe d'école : ces gens sont de « bons élèves » dans le pire sens de l'expression), l'écrit : ils dévoilent ainsi leur « propre » rapport à ce qu'ils lisent.


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Il suffirait d'avoir un livre chez soi pour, non seulement l'avoir lu, ce qui n'est déjà pas la règle, mais pour le connaître intimement, et surtout pour considérer son contenu comme une prescription. On serait non seulement influencé mais dirigé par ce qu'on a lu, par ce qu'on lit.


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Qu'il y ait des rapports entre la personnalité de tel ou tel et sa bibliothèque est une évidence, mais il est difficile d'aller beaucoup plus loin que cette platitude. Entre la curiosité intellectuelle, l'intérêt pour les beaux livres, les inspirations subites, la paresse à se débarrasser de livres qu'on n'a pas ouverts depuis quinze ans, les cadeaux malencontreux qu'on ne jette pas pour ne pas froisser le donateur, les restes des achats d'ordre scolaire, etc., il y a déjà beaucoup de raisons pour que l'on possède beaucoup de livres dont on n'a en réalité pas grand-chose à faire. Si en plus on a des intérêts variés, cela donne une bibliothèque pour le moins diverse - qui peut même contenir un livre de M. Claude Guillon.


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Entendons-nous : je n'ai aucune idée de la culpabilité ou non des « autonomes » dans ces histoires de sabotage, je ne cherche pas à les défendre ni à les attaquer, et la seule indication que j'aie pu avoir, venant de quelqu'un qui connaît (et admire) certaines des personnes arrêtées, est qu'elles peuvent très bien avoir fait le coup. Cela ne justifie pas pour autant la vision de la lecture telle qu'on peut la lire, justement, dans l'inconscient des journaputes : ces gens-là sont aux ordres du « fil AFP », ils en déduisent tout naturellement que les gens lisent comme eux, comme des papiers buvards.


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Ce qui soit dit en passant n'est pas très éloigné de l'inconscient de M. Sarkozy, tel qu'il se donne à voir dans les procès que contrairement à ces prédécesseurs il aime à intenter à ceux qui le traitent quelque peu vertement. En toute rigueur, un tel comportement est un aveu : non pas un aveu que les insultes que l'on peut proférer à l'encontre du Président de Neuilly sont justifiées, mais un aveu qu'elles ont une chance de l'être, qu'elles ne sont pas irréelles. Quelqu'un de plus sûr que lui que cette petite frappe de banlieue ouest n'aurait pas besoin de la justice (qui n'a que ça à faire, c'est bien connu, mais passons) pour démontrer l'inanité des insultes reçues. D'une certaine manière, notre président nous épargne du temps : nous n'avons plus besoin de l'accuser de saleté morale, de malhonnêteté, de lâcheté, etc. : par sa façon d'en référer à la justice, de surcroît contre des gens moins puissants que lui, il a lui-même donné crédit à ces jugements, il a lui-même admis que ces jugements pouvaient être vrais.


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Entre les deux cas, le journapute cireur-de-
pompes de base, et le président "je n'aime personne, je tringle qui je veux, elles sont trop contentes d'écarter les jambes pour moi - mais je veux qu'on m'aime !!", il y a des points communs, aussi bien dans le rapport aux institutions : la confiance aveugle en la police et la justice ; que dans une conception mécaniste des rapports humains : qui m'insulte est forcément indigne, qui lit, ou même seulement possède des livres hors-norme, est forcément lui-même hors-norme.

Cela rappelle les analyses de Bergson dans son ouvrage sur Le rire : l'hilarité naîtrait de la constatation du décalage entre la fluidité sans solution de continuité de la vie, et la raideur toute mécanique du comportement du personnage comique - avec cette dimension supplémentaire ici que les victimes du rire, le journaliste auxiliaire de la police et le président à gros ego, grosses talonnettes et toute petite bite - petite, forcément petite, aurait écrit Duras... - cherchent à faire partager aux autres leurs mécanisme primaire. Ach, leur mécanisme dans leur cul, et qu'on n'en parle plus.


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lundi 10 novembre 2008

Consentantes.

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J'avais commencé à réfléchir à ce petit texte, je constate que le thème de l'Etat est dans l'air.

Notamment chez M. Defensa :

"L’“Etat” est une chose bien souvent imparfaite, pleine de défauts, d’injustices, de lourdeurs, etc., mais tout cela reste acceptable si c’est au nom de cette force fondamentalement structurante qu’il représente, qui est l’expression de la légitimité et l’application de la souveraineté qui en découle ; et tout cela au nom d’une identité que l’Etat représente, dont les composants lui sont fournis par ses mandants. En retour, l’Etat, avec la légitimité et la souveraineté qu’il exprime grâce à la puissance identitaire qui lui a été fournie, donne à cette identité une force structurante dont profitent tous les citoyens.

Les travers de l’Etat sont des accidents dès lors que l’Etat représente ces principes structurants et les défend par le fait même. Le système qu’on a cherché à imposer de façon pressante depuis un quart de siècle tend, au contraire, à considérer l’Etat au mieux comme un outil subalterne s’il est privé de ses caractères constituants, au pire comme l’ennemi à abattre ; ce système recèle ainsi une substance et des principes fondamentalement déstructurants, subversifs, dépourvus de toute légitimité, géniteurs naturels des tendances prédatrices que nous subissons sans discontinuer."

Ainsi que chez P. Jorion, actuellement en discussion avec L. Abadie sur l'estimation du rôle actuel de l'Etat dans l'économie.

Sans bien sûr croire pouvoir résoudre la question, quelques remarques inspirées aujourd'hui par Tristes tropiques.

C. Lévi-Strauss, à la fin de son étude des indiens du Brésil Nambikwara, s'y livre à quelques généralisations. Peut-être faut-il préciser que si ces généralisations sont, ou ne sont pas, légitimes, elles ne font en tout cas pas des Nambikwara « le » prototype de « la » société primitive : c'était - car il n'en reste plus grand-chose -, en 1938, quand Lévi-Strauss les étudie, une des sociétés les plus primitives d'alors - et une société singulière, différente de celles qui l'entouraient. L'une de ses particularités est le privilège polygame accordé à son chef.


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(Je prie par ailleurs le lecteur, dans les deux premiers paragraphes, de ne pas se casser la tête avec le caractère individuel du « contrat » et du « consentement » évoqués par Lévi-Strauss : rien n'oblige ici à imaginer que chaque Nambikwara s'est levé un matin et a rationnellement et de son propre consentement décidé de signer un contrat avec son chef.)

"Rousseau et ses contemporains ont fait preuve d'une intuition sociologique profonde quand ils ont compris que des attitudes et des éléments culturels tels que le « contrat » et le « consentement » ne sont pas des formations secondaires, comme le prétendaient leurs adversaires, et particulièrement Hume : ce sont les matières primitives de la vie sociale, et il est impossible d'imaginer une forme d'organisation politique dans laquelle ils ne seraient pas présents.

Une seconde remarque découle des considérations précédentes : le consentement est le fondement psychologique du pouvoir, mais dans la vie quotidienne il s'exprime par un jeu de prestations et de contre-prestations qui se déroule entre le chef et ses compagnons, et qui fait de la notion de réciprocité un autre attribut fondamental du pouvoir. Le chef a le pouvoir, mais il doit être généreux. Il a des devoirs, mais il peut obtenir plusieurs femmes. Entre lui et le groupe s'établit un équilibre perpétuellement renouvelé de prestations et de privilèges, de services et d'obligations.

Mais, dans le cas du mariage, il se passe quelque chose de plus. En concédant le privilège polygame à son chef, le groupe échange les éléments individuels de sécurité garantis par la règle monogame [car il faut être deux, l'homme qui chasse et la femme qui cueille, pour parvenir à assurer sa propre subsistance, note de AMG] contre une sécurité collective, attendue de l'autorité. Chaque homme reçoit sa femme d'un autre homme, mais le chef reçoit plusieurs femmes du groupe.


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En revanche, il offre une garantie contre le besoin et le danger, non pas aux individus dont il épouse les soeurs ou les filles, non pas même à ceux qui se trouveront privés de femmes en conséquence du droit polygame ; mais au groupe considéré comme un tout, car c'est le groupe considéré comme un tout qui a suspendu le droit commun à son profit.


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Ces réflexions peuvent présenter un intérêt pour une étude théorique de la polygamie ; mais surtout, elles rappellent que la conception de l'Etat comme un système de garanties, renouvelée par les discussions sur un régime national d'assurances (tel que le plan Beveridge et d'autres), n'est pas un phénomène purement moderne. C'est un retour à la nature fondamentale de l'organisation sociale et politique." (Tristes tropiques, 1955, ch. XXIX ; "Pléiade", 2008, pp. 317-318.)


Le plan Beveridge est communément considéré, et c'est dans cette optique que Lévi-Strauss l'évoque, comme l'acte de naissance de l'Etat-providence moderne.

En citant ce texte, j'ai deux idées en tête. La première, c'est de rappeler, et je rejoins M. Defensa sur ce point, que l'Etat, qu'il soit un chef nambikwara polygame ou les incroyables machines actuelles, n'est pas qu'un « monstre froid », je veux dire n'est pas que quelque chose d'extérieur à la société : il en est aussi, au moins en principe, l'émanation - et c'est à la société de s'assurer qu'il remplisse ce rôle. Autrement dit, je m'excuse d'employer ce terme, ce n'est pas prendre position pour l'Etat-providence que de s'efforcer ne pas « diaboliser » a priori la notion d'Etat.

La deuxième idée doit être exprimée aussitôt après : si l'Etat se situe dans un système de « prestations et de contre-prestations », donc de don/contre-don, il faut garder à ce système son caractère agonistique, c'est-à-dire de rivalité constructive entre les différents partenaires (c'est-à-dire, entre les citoyens, et entre les citoyens et l'Etat). Chez les Nambikwara ce caractère agonistique est assez limité. Il peut tout autant disparaître dans notre Etat-Providence : on pensera à ce qu'on appelle communément, à tort ou à raison selon les cas, l'« assistanat », mais aussi aux formes de séparation ainsi encouragées : si l'Etat ne prend pas en charge les pauvres, ce n'est pas à moi de les aider.

(Dans ce contexte, il n'est peut-être pas indifférent que le sport en tant que phénomène public ait pris son essor en même temps que l'Etat providence, comme une compensation générale à la diminution des rapports de rivalité entre les gens ; comme une compensation codifiée : si l'Etat selon M. Weber dispose du « monopole de la violence légitime », le sport aurait acquis une sorte de « monopole des rivalités légitimes ».)

Dans les textes que je vous recommandais la dernière fois, F. Gauthier et C. Tarot s'étripent gentiment sur la question de l'importance, chez Mauss et dans la vie réelle, de la composante agonistique du don, mais aucun des deux ne songe à la nier, et moi encore moins.

Pour être clair : ce qui est important ce n'est pas plus d'Etat ou moins d'Etat, c'est d'une part la préservation du rôle de l'Etat comme émanation de la société, d'autre part les combats agonistiques que la répartition Etat-société permet encore. Ces deux aspects sont comme de juste liés : un Etat trop fort (qu'il soit dictatorial ou "Providence" - il peut bien sûr être les deux à la fois) est en marge de la société, un monstre froid qui lui est extérieur, et qui ne permet pas un système agonistique de don/contre-don - qui même peut paralyser les relations d'échange les plus courantes entre particuliers. On restera néanmoins prudent et on n'identifiera pas sans précaution ces deux aspects.


Deux remarques concernant ces généralités :

- il est évident que j'adopte ici une posture morale - que, via Mauss, je crois anthropologiquement fondée : sans rivalité, la vie n'est pas franchement marrante. On n'est pas obligé de se conformer à cette posture, mais, si l'on prend garde à ne pas l'assimiler à un éloge de « la guerre de tous contre tous », il faut prendre la peine de la contredire ;

- il est tout aussi évident que j'ai adopté, aujourd'hui, une conception atemporelle de l'Etat. Du point de vue que j'avais choisi, cela me semble légitime. Mais il faut bien sûr affiner grandement la perspective - ne serait-ce que pour être plus précis par rapport à la crise actuelle : si j'ai soutenu récemment, à l'appui de François Fourquet, que capitalisme = Etat, il ne peut plus s'agir du même Etat que notre polygame Nambikwara. C'est d'ailleurs dans cette optique que l'on abordera l'objection qui vous est peut-être venue à l'esprit dès la lecture de la citation de C. Lévi-Strauss : y a-t-il un seuil quantitatif à partir duquel un Etat devient nécessairement incontrôlable ?

A suivre donc... De même d'ailleurs que les aventures de notre Polygame de la République.


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Une journapute de ce genre ? Trop facile !


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Tzipi ? Pourquoi pas - encore faut-il que Condi soit d'accord.


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Voilà du sérieux ! Voilà une vraie ambition ! Barack peut faire dans son froc, le french lover, braquemart toujours fier, est dans les starting-blocks. - Vive la France !

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jeudi 6 novembre 2008

Faites passer. (Réécrit et complété le samedi 8.09)

Juste pour signaler que J.-P. Voyer a mis en ligne et commenté le texte de Vincent Descombes que je vous recommandais l'autre jour, et que cela vaut évidemment la peine d'être lu.

Les précisions et ajouts accumulés depuis que j'ai pour la première fois signalé ce commentaire en augmentent l'intérêt - dissipant au passage une ambiguïté sur la mise en ligne par le maître de textes de Hume et Kripke, mise en ligne qui (message personnel) avait inquiété certain(s) de ses lecteurs.


Par ailleurs, ça bouge au MAUSS : il y a quelques semaines un certain François Gauthier avait critiqué le dernier livre de Camille Tarot, Le symbolique et le sacré. Théories de la religion. Le dit Tarot lui répond, et c'est dans les deux cas très intéressant. Si nos auteurs ne perdaient pas un peu trop de temps en polémiques et façons de coqs, ce serait encore mieux, mais on ne refera pas la nature humaine. Quoi qu'il en soit, avec du Gauchet, Durkheim, Mauss, Lévi-Strauss, Girard, Bataille et même un peu de Wittgenstein, on est ici dans un terrain connu - et qui mérite encore et toujours d'être mieux défriché. (Je regrette quant à moi l'absence de Muray, dont certaines idées auraient pu éclaircir le débat.) Bref, de bonnes choses à lire si votre copine vous a largué.


P.S. : je ne souhaitais pas extraire de citations de ces deux textes, qui valent autant par leur ensemble et la confrontation de l'un avec l'autre, que par d'éventuels « morceaux de bravoure », mais je ne raterais tout de même pas l'occasion d'applaudir M. Camille Tarot lorsqu'il écrit sur la fin de son texte que "la longue durée est une conséquence de la neutralité axiologique" ; j'ajouterais même qu'elle en est aussi une cause. On ne peut juger à peu près intelligemment des évolutions que sur la longue durée. A charge de ne pas se noyer dans la généralité.

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mercredi 5 novembre 2008

Money makes the world go round...

Oui, c'est juste un peu de « copinage » aujourd'hui - avec des guillemets parce que je ne connais pas l'intéressé -, mais je me faisais la réflexion, au sujet de la campagne de dons lancée le 20 octobre dernier par M. Defensa, et qui vise à lui permettre de recueillir 13.000 euros, qu'il suffisait pour cela que 1300 personnes donnent 10 euros, ou que 650 en donnent 20 : je ne connais pas la fréquentation de son site, mais il doit logiquement avoir plus de 1300 lecteurs réguliers.

(A l'heure où j'écris, M. Defensa a réussi à réunir 1570 euros. Cela ne fait pas beaucoup de donateurs par rapport au nombre de lecteurs que l'on peut lui prêter.)

Bref, si je peux lui offrir ici un petit coup de pouce, son site étant quand même très utile, je le fais avec plaisir aujourd'hui. Bonne journée !




P.S. Tant que j'y suis et toujours dans la rubrique « souverainiste » : si vous ne les avez pas déjà lues, voici une interview d'Emmanuel Todd, suivie d'une autre du même, dans lesquelles, avec son sens de la formule ("Lorsqu'une bande mêlée, de toutes les couleurs, caillasse la police, c'est que l'assimilation fonctionne, fût-ce sur un mode négatif." ; "La France est menacée dans son industrie, pas dans son identité."), le démographe tous terrains remet quelques pendules à l'heure. Pas génial, mais rarement inutile.

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