jeudi 25 décembre 2008

Sarkozy mon amour (I).

NicolasSARKOZY-1


"Tu me tues, tu me fais du bien..."



Sarkozy mon amour, II.

Sarkozy mon amour, III.



J'ai parlé l'autre jour du sarkozysme comme d'une révolution. Je vais maintenant suivre ce fil, de manière peut-être un peu décousue et contournée, mais qui j'espère me permettra de me faire comprendre. En premier lieu, si l'on soutient, ou si l'on explore la thèse selon laquelle le sarkozysme est une révolution, il faut notamment se demander ce qu'est une révolution - ce qui implique une comparaison avec les exemples archétypaux français et russe. Et, admettons-le tout de suite, un certain regard sur ce qu'est une révolution - au sens fort.

Il est plus agréable de lire des ouvrages sur l'histoire d'une révolution que d'en vivre une. L'indignation trop accentuée contre la révolution bolcheviste, que je prendrai comme premier exemple, le fait d'attribuer par trop exclusivement tous les crimes aux bolcheviks, n'est-ce pas surtout le résultat de quelque idéalisation de la révolution, comme si l'on n'avait pas surmonté cette illusion qu'une révolution doit être bienfaisante et noble ? La mémoire historique est bien courte chez les hommes d'une période révolutionnaire. Trop d'hommes d'une époque révolutionnaire la voudraient diriger à leur gré, et sont furieux de n'y point parvenir. Mais on oublie qu'il est impossible de diriger une révolution, de même qu'il est impossible de l'enrayer. La révolution, c'est la fatalité et un élément déchaîné. Les bolcheviks n'ont pas dirigé la révolution, ils n'ont été que son arme docile. La plupart des appréciations sur la révolution sont fondées sur la supposition qu'elle aurait aussi bien pu ne pas avoir lieu, que l'on pouvait l'éviter, ou encore qu'elle eût pu être sage et douce, si ces brigands de bolcheviks ne l'en avaient pas empêchée.

Mais il faut considérer comme dépourvue de toute perspective historique la mentalité selon laquelle on pourrait enrayer la révolution en partant de principes prérévolutionnaires. C'est ne rien vouloir entendre de ce qu'est une révolution, fermer les yeux sur sa nature : la nature de la révolution est telle qu'elle doit s'exprimer jusqu'au bout, épuiser son élément de rage violente, avant de subir finalement une défaite et de dégénérer en son contraire, pour que l'antidote naisse du mal lui-même. Les tendances extrêmes doivent inévitablement triompher, et les tendances plus modérées seront répudiées et détruites. Dans une révolution, ceux-là même périssent toujours qui l'ont inaugurée, ou qui l'avaient rêvée. - On se situe là d'évidence dans une optique maistrienne, la volonté de la Providence opérant de façon occulte certes, mais démontrée par les expériences historiques. De ce point de vue là d'ailleurs, il faut abandonner comme une folie rationaliste toute espérance que des partis plus modérés et plus sages - girondins ou constitutionnalistes démocrates - puissent dominer les éléments de la révolution et la diriger (ce qui au passage réduit à rien, non pas peut-être les thèses de Furet lui-même sur la « bonne » et la « mauvaise » révolutions françaises, mais leur vulgate, sur le thème "ça aurait dû s'arrêter avant la Terreur" : c'est bien Clemenceau qui avait raison, la Révolution française est un « Bloc »). C'est là la plus irréalisable de toutes les utopies.

De fait, dans la révolution russe toujours, les utopistes, c'étaient les constitutionnalistes démocrates. Les bolcheviks furent les réalistes. N'étaient-ils point utopiques et privés de sens commun, les rêves que l'on nourrissait de transformer la Russie en un pays de droit démocratique, en s'assurant que l'on pourrait contraindre le peuple russe, à force de discours humanitaires, à reconnaître les droits et les libertés de l'homme et du citoyen, et qu'il serait possible de déraciner les instincts de violence chez les gouvernants, comme chez les gouvernés, par des mesures libérales ? C'eût été une révolution invraisemblable, la négation de tous les instincts historiques et de toutes les traditions du peuple russe, de l'« idéologie russe », pour reprendre encore la terminologie de Dumont - plus radicale encore qu'avec les bolcheviks, lesquels se sont approprié les méthodes traditionnelles de gouvernement et ont exploité certains instincts séculaires du peuple. Les bolcheviks n'étaient pas du tout des « maximalistes », mais bien des « minimalistes », qui agirent dans le sens de la moindre résistance, en complet accord avec les aspirations instinctives des soldats exténués par une guerre au-dessus de leurs forces et désirant ardemment la paix, des paysans envieux des terres des seigneurs, des ouvriers vindicatifs (incidemment, cette approche permet de comprendre en quoi la révolution russe fut à la fois un « putsch », pour citer la formule de Castoriadis, et une vraie révolution voulue en quelque manière par le peuple - qui a ainsi pu s'installer et durer ; les deux vont ensemble : il fallait un putsch pour que les Russes acceptent le changement de régime). Les maximalistes furent ceux qui voulaient à tout prix la continuation de la guerre, et pas ceux qui avaient décidé d'en finir. Il faut bien voir que ceux qui favorisent les éléments irrationnels d'une révolution agissent, en quelque sorte, plus sagement et d'une manière plus réaliste que ceux qui cherchent à réaliser dans cet élément irrationnel un plan théorique de politique rationnelle. La révolution précipite et détruit tous les plans théoriques des politiciens rationalistes, et à son point de vue elle a raison. Dans une révolution subsiste la force d'un élément national, même dénaturé et malade. Le bolchevisme fut une folie rationaliste, une volonté de « régler » définitivement la vie, mais il s'appuya sur un élément populaire, ce qui n'était pas le cas du rationalisme des politiciens libéraux.


Une pause : vous voyez déjà où je veux en venir, si l'on remplace « bolchevisme » par « sarkozysme » (le sarkozysme comme action sur des éléments proprement français, mais ceux du niveau le plus bas, c'est un peu la thèse d'Emmanuel Todd) : je me livrerai plus loin à cet exercice politico-pédagogique. Mais explorons d'abord quelques conséquences, toutes maistriennes de nouveau, de ce qui précède : si la révolution est un tout qui emporte tout, alors les guerres civiles que le plus souvent elle provoque sont inutiles : les guerres civiles appartiennent entièrement à l'élément irrationnel de la révolution, elles restent dans le domaine de la désagrégation révolutionnaire et l'augmentent. Les guerres civiles entre armées révolutionnaires et contre-révolutionnaires, c'est en général la lutte des forces révolutionnaires contre les forces d'avant la révolution, précisément les forces atteintes par la révolution précisément, ajouterai-je même, les forces qui sont la cause de la révolution (Maistre : "La Révolution française a pour cause principale la dégradation morale de la Noblesse.") La contre-révolution réelle, au contraire et par conséquent, ne peut être opérée que par des forces post-révolutionnaires, et non prérévolutionnaires - par des forces qui se seront développées au sein même de la révolution. C'est Napoléon, « le fils de la Révolution », qui a mis fin à la Révolution française, pas les nobles, les émigrés, les partis que la Révolution avait balayés. De même, c'est un pur produit de la société communiste, M. Gorbatchev, qui, s'appuyant d'ailleurs sur d'autres membres de sa classe, a mis fin au bolchevisme, pas des russes blancs. Les révolutions ne peuvent être vaincues que par des forces post-révolutionnaires, par des éléments différents, et de ceux qui dominaient avant la révolution et de ceux qui dominent durant la révolution. Tout ce qui est prérévolutionnaire n'est en effet qu'un des éléments internes de la révolution elle-même, de la décomposition révolutionnaire : le prérévolutionnaire et le révolutionnaire ne sont au bout du compte qu'une même entité prise à deux moments différents. La révolution, c'est l'ancien régime - dont la décomposition s'achève (pour la révolution française, c'est très clair à la lecture de Taine : la première partie des Origines de la France contemporaine, consacrée à l'Ancien Régime, est déjà une description de la Révolution). Et il n'y a de salut ni dans ce qui a commencé de se corrompre ni dans ce qui achève de se corrompre. En un mot : Il n'y a jamais de restaurations. Il y a des mouvements convulsifs et spasmodiques de forces qui achèvent de se décomposer dans la révolution - forces que la révolution a désagrégées, - et ensuite des tentatives nouvelles dessinées par les forces que la révolution a fait naître et qui cherchent à conserver les gains vitaux qu'elles ont acquis. Je n'ai pas mes Considérations sur la France avec moi, mais c'est peut-être le sens de la fameuse formule de Maistre : "Une contre-révolution ne doit pas être une révolution contraire, mais le contraire d'une révolution."



Nouvelle pause, et explication. A l'exception des italiques, des incises sur Todd, Taine, Castoriadis, Dumont, Furet, et de quelques tournures personnelles, ce qui précède n'est, peut-être certains d'entre vous s'en doutaient-ils, pas de moi : il s'agit d'une analyse de la révolution russe par Nicolas Berdiaev dans Un nouveau Moyen Age (Plon, 1927, pp. 169-185 : Gorbatchev est par ailleurs prédit par Berdiaev p. 181). Le découvrant en même temps que cette analyse du sarkozysme qu'est Après la démocratie, j'ai eu l'impression que Berdiaev prolongeait Todd, allait plus loin que lui, et via sa référence à Maistre et l'idée du sarkozysme comme révolution, permettait de mieux comprendre ce qu'était ce sarkozysme.

Il y a certes à cette vision de la révolution un obstacle théorique, que l'on peut expliciter en ayant recours à Bolzano : aussi longtemps que seules des causes partielles d'un événement sont réunies, celui-ci n'est pas une fatalité. Dès qu'elles sont toutes présentes, qu'elles forment donc une cause totale, l'événement est à la fois enclenché et fatal - ce qui, dans le cas d'une révolution, prend la forme du torrent décrit par Maistre et Berdiaev. Par conséquent, à partir de quel point peut-on juger que la révolution a eu lieu, et qu'il ne faut plus se battre, ou plus seulement, ou plus principalement, avec des armes prérévolutionnaires, mais avec des armes nouvelles ? Dans le cas du sarkozysme, admettons sans tomber dans un raisonnement circulaire que ce sont précisément les points communs entre cette « révolution » et la description de Berdiaev qui accréditent l'idée que nous sommes passés à autre chose, même si, il est vrai, un doute peut encore subsister.

Dans ce qui suit, qui est aussi du Berdiaev, je remplacerai donc bolchevisme par sarkozysme, à vous de voir à quel point le parallèle peut être fécond - nul besoin de me préciser que N. Sarkozy a pour l'instant fait moins de morts que Lénine, je suis au courant, et l'important n'est pas là. (Je triturerai parfois un peu le texte de Berdiaev pour les besoins de la cause, sans signaler les coupures, ni, bien sûr et surtout, modifier son sens.)

"On ne saurait traiter la révolution d'une façon extérieure. Il est inadmissible de ne voir en elle qu'un fait empirique, sans lien aucun avec ma vie spirituelle, avec ma destinée. S'il demeure dans cette attitude extérieure, l'homme ne peut qu'étouffer de rage impuissante. La révolution a eu lieu non seulement hors de moi et au-dessus de moi, telle qu'un fait incommensurable avec le sens de ma vie, c'est-à-dire privé pour moi de tout sens [et cela même en démocratie, même parce que 53% de mes compatriotes qui ont voté au second tour ont provoqué cette révolution : le fait reste "incommensurable avec le sens de ma vie"] ; elle a eu lieu également avec moi, comme un événement intérieur de ma vie. Le sarkozysme a pris corps en France, et il y a vaincu, parce que je suis ce que je suis, parce qu'il n'y avait pas en moi de réelle force spirituelle - cette force de la foi capable de déplacer les montagnes. Le sarkozysme, c'est mon péché, ma faute. C'est une épreuve qui m'est infligée. Les souffrances que m'a causées le sarkozysme sont l'expiation de ma faute, de mon péché, de notre faute commune et de notre péché commun. Tous sont responsables pour tous. La révolution sarkozyste, c'est la destinée du peuple français et la mienne, la rançon et l'expiation dues par le peuple et par moi.

Que les « socialistes » ne prennent donc plus cet air innocent, suffisant et indigné. Graves sont leurs péchés, et ils doivent endurer une pénitence sévère. Ceux qui ne voient dans le sarkozysme que la violence extérieure d'une bande de brigands s'exerçant sur le peuple français en ont une conception superficielle et fausse. On ne conçoit pas ainsi les destinées historiques des peuples. C'est un point de vue ou bien de petites gens ayant souffert de la révolution, ou bien de combattants actifs, aveuglés par la fureur de la lutte. Les sarkozystes ne sont pas une bande de brigands ayant attaqué le peuple français sur son chemin historique, et l'ayant ligoté pieds et mains ; leur victoire n'est point le fait du hasard. Le sarkozysme est un phénomène beaucoup plus profond, bien plus terrible et plus affreux. Une bande de brigands est moins redoutable. Le sarkozysme n'est pas un phénomène extrinsèque, mais intrinsèque au peuple français, il est la grave maladie morale, il est le mal organique du peuple français [E. Todd : "Ce président est la preuve que la France est malade."]. Le sarkozysme n'est qu'un reflet du vice interne qui réside en nous. Il n'est qu'une hallucination de l'esprit populaire malade. Le sarkozysme correspond à l'état moral du peuple français.

Seul le pouvoir sarkozyste, qui a déclaré la guerre à toutes les qualités au profit des seules quantités [tiens ! Guénon...], brutal et féroce dans ses moyens d'action, peut aujourd'hui gouverner le pays. Le premier plan est occupé par une génération de gens énergiques, âpres à la vie, envieux et cruels, et qui viennent appliquer tous les moyens de la guerre au gouvernement du pays, c'est-à-dire qui continuent la guerre, pour d'autres fins, à l'intérieur même du pays [diviser pour régner]. Mais cela ne veut pas dire une seconde que ces conquérants soient eux-même étrangers à l'état du peuple. C'est précisément le peuple qui les a proclamés dans le temps de sa déchéance et de sa décomposition sanglante. Les sarkozystes forment un pouvoir très impopulaire et qui n'est aimé de personne. Mais ce pouvoir impopulaire et qui n'attire aucune sympathie peut très bien apparaître comme le seul pouvoir possible, dans le cas où le peuple l'a mérité. Au coeur d'une économie en faillite et d'un pouvoir socialiste corrompu, le peuple français n'en a pas mérité d'autre [autrement dit : le sarkozysme peut durer longtemps. J'y reviendrai.] L'énorme masse du peuple français ne peut pas sentir les sarkozystes, mais elle se trouve en état de sarkozysme et en plein mensonge. C'est un paradoxe, mais qui a besoin d'être entendu profondément. Le peuple français doit être délivré de l'état de sarkozysme, vaincre le sarkozysme en soi-même.

- suit un passage intéressant (p. 200), mais qui nous entraînerait trop loin. Berdiaev enchaîne par un hommage à Joseph de Maistre, dont les sentences sur les émigrés durant la Révolution s'appliquent trop bien aux socialistes d'aujourd'hui pour que nous le fassions pas le parallèle :

"Les socialistes ne sont rien et ne peuvent rien... Une des lois de la révolution sarkozyste, c'est que les socialistes ne peuvent l'attaquer que pour leur malheur, et sont totalement exclus de l'oeuvre quelconque qui s'opère.

Ils n'ont rien entrepris qui ait réussi, et même qui n'ait tourné contre eux. Non seulement ils ne réussissent pas, mais tout ce qu'ils entreprennent est marqué d'un tel caractère d'impuissance et de nullité, que l'opinion s'est enfin accoutumée à les regarder comme des hommes qui s'obstinent à défendre un parti proscrit.

Les socialistes ne peuvent rien, on peut même ajouter qu'ils ne sont rien."

- Berdiaev rend ensuite hommage au prophétisme de Dostoïevski, et s'attarde de façon fort intéressante (pp. 208-213) sur l'« idéologie russe ». Puis il revient aux sarkozystes :

"Un type anthropologique nouveau a percé en France. Les plus forts au point de vue biologique se sont amalgamés et ils se sont trouvés occuper les premiers rangs de la vie. Alors on a connu un jeune homme rasé de près, l'attitude martiale, très énergique, sensé, animé de la volonté d'arriver au pouvoir et cherchant à se glisser aux premiers rangs de la vie - dans la plupart des cas, fort impertinent et sans-gêne. On le rencontre partout, il règne partout. C'est lui qu'on voit rouler en auto à toute allure, brisant choses et gens sur sur chemin. Le nouveau jeune homme n'est pas de type français, mais de type international. Des gens habiles dans les affaires de ce monde, sans scrupules mais doués d'énergie, ont réussi à percer et à proclamer leurs droits d'être les maîtres de la vie. La France traverse une époque de démoralisation, qui la fait courir aux jouissances de la vie, - époque comparable à celle du Directoire. La matérialisation et la démoralisation n'ont pas emporté seulement les sarkozystes ; ce phénomène a bien plus d'ampleur. Les Français s'habituent à l'esclavage, ils n'ont plus le même besoin de liberté, ils ont échangé la liberté de l'esprit contre les biens extérieurs. Ce noir sentiment, l'Envie, est devenu la puissance exterminatrice du monde. Et il est difficile d'enrayer les progrès de son développement.

- ici, évidemment, c'est un peu daté, car cela fait longtemps que les Français ont pris goût à l'esclavage - mais c'était encore nouveau pour les Russes en 1927. Notons que l'on retrouve ici le ton des premiers pamphlets de Bernanos, à peine plus tardifs - Nous autres Français ou Les grands cimetières...., et laissons à Berdiaev le mot de la fin :

Il ne peut y avoir de retour à la vie d'avant la crise et d'avant le sarkozysme, et il ne doit pas y en avoir. Si ce retour était possible, les douleurs et les souffrances de nos jours n'auraient plus ni sens ni justification. Ce qui est condamnable et néfaste chez le réactionnaire, c'est précisément d'aspirer au retour du proche passé. La révolution ne crée pas de vie nouvelle, de vie meilleure ; elle ne manifeste que la décomposition de la vie ancienne menée dans le péché. Mais l'expérience spirituelle, acquise par la crise et la révolution, doit nous guider vers une vie nouvelle qui sera meilleure. C'est ce que chaque homme d'esprit éclairé doit décider pour lui-même, quelle que soit sa conception optimiste ou pessimiste de l'avenir. Une vie nouvelle, une vie meilleure est avant tout une vie spirituelle. Le mot d'ordre pour chacun, c'est : Fais ce que dois, advienne que pourra. Il n'y a pas de retour possible au vieux libéralisme des intellectuels ou au socialisme." (pp. 186-224)

L'aura-t-on remarqué, j'ai sur la fin opéré un glissement en introduisant la crise économico-financière dans le jeu. Ce serait plus évident si l'on parlait d'Obama, mais si l'on admet que la crise ne date pas d'aujourd'hui, qu'elle remonte à plusieurs années - en tant que crise ; sa gravité a évidemment pris une autre dimension depuis peu, « et que c'est pas fini » - et que c'est elle qui a contribué à faire élire N. Sarkozy, il semble légitime de la faire ainsi intervenir de façon comparable à la Grande guerre pour la Russie de 1917. La différence étant que les bolcheviks mirent fin à la participation russe à la guerre, ce qui ne se fit pas (Brest-Litovsk) sans douleur, alors que l'on ne mettra pas fin à la crise par simple décision, même douloureuse. Mais cela conduit à la question de la durée du sarkozysme, et de l'influence qu'aura la crise sur cette durée : va-t-elle aider N. Sarkozy ou lui nuire... - comme disait l'autre, c'est une autre histoire, que nous aborderons en principe la prochaine fois. Je vous laisse avec ces méditations maistriennes, Dieu nous protège !



N.B. : j'ai utilisé la vieille traduction du Nouveau Moyen Age parue chez Plon en 1927. L'Age d'Homme l'a retraduit et réédité en 1985 : l'ayant parcourue et utilisée sur certains points de détails peu clairs dans la version de 1927, cette traduction m'a parue sensiblement différente, plus sèche, moins maistrienne justement. Difficile du coup de savoir où se trouve le « vrai » Berdiaev, si la traductrice de Plon (l'anonyme A.-M. F.) s'est laissée emporter, ou si J.-C. Marcadé et S. Siger, pour L'Age d'Homme, ont été trop secs. A suivre un jour peut-être, mais si vous allez vérifier mon utilisation des thèses de Berdiaev en vous référant à l'édition actuellement disponible, ne soyez pas surpris si vous êtes surpris !

Enfin, je remercie mon ami C. B. - un social-démocrate, je ne suis vraiment pas sectaire - pour m'avoir fourni certains des fils conducteurs ici suivis.

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