dimanche 1 février 2009

Ma Shoah dans ton cul : et si les chambres à gaz n'avaient pas existé ?

(Ajout le 18.02.)



Eh bien, ça ne changerait pas grand-chose à quoi que ce soit. Quelques millions de Juifs (je resterai ici dans les ordres de grandeur, par paresse et parce qu'il n'est justement pas nécessaire d'être plus précis) auraient tout de même disparu, et les négationnistes auraient toujours bien autant de mal à expliquer ce qu'ils sont devenus. Gazés ou pas, le fait est qu'ils sont partis en fumée, et qu'on ne les a jamais retrouvés.

L'existence possible d'un complot sur un événement comme le 11 septembre se heurte entre autres objections au fait que, sept ans après, aucun des complices de ce complot présumé n'a jamais eu la tentation de faire son intéressant, ou d'envoyer à T. Meyssan ou Reopen9/11 quelque élément dont ceux-ci eussent pu faire leur beurre : à l'heure actuelle, tout ce qui peut faire douter de la version officielle est de l'ordre de la preuve indirecte. Cet argument n'est justement pas une preuve en soi, mais dans le monde où nous vivons - narcissisme, Internet et tutti quanti - il donne tout de même matière à réfléchir. Avec l'extermination des Juifs d'Europe, ce type de raisonnement s'approche de façon asymptotique de la preuve : soixante ans après les faits, aucun des Juifs qui au lieu d'avoir été gazés, ou supprimés par un autre moyen, et qui se seraient retrouvés, sans que personne n'ait été témoin de tels déplacements de population, quelque part en Union Soviétique, en Israël ou en Afrique (ce sont les diverses hypothèses formulées par P. Rassinier ou R. Faurisson), ne se serait manifesté auprès de ses proches, ne serait revenu dans sa terre natale, par millions ils auraient gardé le secret, le pays d'accueil n'aurait rien dit, aucun des indigènes de ce pays n'aurait râlé, etc... ? Pas besoin me semble-t-il d'aller plus loin dans cette direction.

J'utilise cet argument, qui n'est pas nouveau, d'abord pour clarifier certaines idées à propos des négationnistes (une pique contre Robert Faurisson, et je reçois à peu près autant de mails que lorsque je m'aventure dans les rapports entre holisme et individualisme... c'est la vie !), en espérant ne plus avoir à y revenir. Que les amateurs de politiquement incorrect se rassurent, les coups partiront ensuite dans l'autre sens. Mais procédons par ordre :

- dans ce qui suit, je me référerai principalement à Robert Faurisson et Roger Garaudy, qui sont les négationnistes que je connais le mieux. Je n'ai jamais lu P. Guillaume et S. Thion (la branche « de gauche » du mouvement...), et à peine P. Rassinier. Si je commets ici des injustices à l'égard des derniers cités, ou des généralisations abusives, ce sera involontaire, et, je l'espère, ne constituera pas une imprudence rédhibitoire quant à mes raisonnements ;

- il est tout à fait légitime de chercher à savoir ce qui s'est vraiment passé à Auschwitz et autres camps. Il faut bien reconnaître que le peu de documents qu'il y a sur les chambres à gaz elles-mêmes est troublant, fascinant - et il est de bonne méthode de se poser des questions à ce sujet ;

- c'était un de mes chevaux de bataille lors de la naissance de ce blog, je n'ai pas changé d'avis depuis, la loi Gayssot est une pure saloperie, dénoncée d'ailleurs par des historiens « insoupçonnables ». Et même en faisant la part de la provocation dans les propos de Jean-Marie Le Pen, on peut être surpris de la lourde condamnation dont il a été victime et qui vient d'être confirmée en appel. Je m'arrête là sur le sujet, il ne faut pas commenter les décisions de justice, et apparemment on risque 10.000 euros d'amende à rappeler que, pendant que certains résistaient et que d'autres étaient déportés, les Français trouvaient le temps et l'envie d'aller au cinéma en masse, comme jamais dans leur histoire... Passons ;

- ceci étant dit, on peut débattre de tout et n'importe quoi, et même avec n'importe qui si l'on veut, mais contrairement à ce déclare depuis longtemps quelqu'un comme R. Faurisson, le débat sur les chambres à gaz a eu lieu, et a encore lieu. Chaque travail historique sur le sujet, ou sur les camps d'extermination et de concentration, même s'il ne mentionne pas les écrits des négationnistes, est une forme de débat, d'ajout de pièces à ce débat. Robert Faurisson ne cesse de proclamer - c'était vrai au début des années 80, c'est toujours vrai aujourd'hui - que si l'on voulait discuter une bonne fois, de bonne volonté, avec lui, tout changerait, ou du moins les choses sérieuses sur le sujet commenceraient. Mais de Vidal-Naquet (Un Eichmann de papier (une de mes principales sources sur le sujet), cité dans le texte que j'ai récemment remis en ligne) à R. Hillberg (que je n'ai pas lu), cela fait longtemps que des gens discutent avec lui. On remarquera au passage, sans donner à cet argument force de preuve, qu'il ne ressort pas d'une interview récente, réalisée fin 2006 à Téhéran lors de la conférence consacrée à la Shoah (je n'ai rien contre M. Ahmadinejad, mais ce n'était pas là sa meilleure idée...), interview qui est une autre de mes sources principales, dont on peut sans abus considérer qu'elle résume assez bien les positions actuelles de M. Faurisson et que donc je vous encourage à lire..., il ne ressort pas de cette interview récente, disais-je, que la conférence en question, qui est le genre de choses désirée depuis toujours par notre cher professeur, ait tellement apporté d'informations, sans même parler de preuves, sur l'existence ou la non-existence des chambres à gaz...

- mais n'entrons pas trop dans ce débat. J'en ai parlé dans le texte déjà évoqué à propos de S. Trigano : dans toute doxa, il y aura toujours quelque point faible, quelque talon d'Achille, quelque maladresse d'expression d'un des prêtres de ladite doxa, que l'on pourra attaquer. (On le sait bien, ce n'est pas, au sujet de la Shoah, ce qui manque.) Cela ne signifie pas que la doxa soit elle-même fausse. Pour le dire autrement : d'un certain point de vue, R. Faurisson connaît la Seconde Guerre mondiale mieux que moi, il peut citer, bien ou mal, de nombreux faits dont je n'avais pas connaissance. Mais d'un autre point de vue, plus général, je la connais mieux que lui, car je l'ai mieux comprise. Ceci sera j'espère évident à tous à la fin de ce texte. S'il faut débattre sur tel ou tel point précis avec les négationnistes, je renvoie donc, d'une part au texte de Vidal-Naquet ou à un autre qu'il vous plaira de choisir, d'autre part à Radio Islam (quel nom, hélas...) ou à Aaargh... auquel je n'ai pas réussi moi-même à me connecter, merveilleux pays que le nôtre... ;

- j'en reviens à mon argument de départ : où est passé le corpus delicti ? La disparition de la victime est parfois bon signe pour le criminel, ici c'est le contraire. Mais outre sa force propre, cet argument est utile en ce qu'il nous amène à une donnée du débat : une certaine insignifiance du problème des chambres à gaz. La très grande majorité des Juifs qui ont pris le train vers des camps comme Auschwitz n'en sont pas revenus, c'est comme ça. Le typhus, raison souvent donnée par R. Faurisson pour expliquer la mortalité dans les camps ? Je me permets de vous renvoyer une nouvelle fois au livre de Vidal-Naquet sur le sujet (pp. 70-72) : le moins que l'on puisse dire est ce providentiel typhus aurait fait plus de ravages qu'une grosse colère de Yahvé, sans laisser de traces d'une telle démesure dans les archives nazies. Passons. Ce que je veux dire, c'est, et je pense que la lecture de l'interview de R. Faurisson le confirmera sans ambiguïté, que la question ne peut porter uniquement sur l'existence ou non des chambres à gaz. M. Faurisson se trouve en fait coincé : s'il n'a pas existé un outil aussi performant que les chambres à gaz pour annihiler ces millions de Juifs, et si, comme tout le monde le sent, la solution du transport de population resté caché depuis des décennies ne tient pas une seconde, il ne reste qu'à suggérer, de façon plus ou moins habile, que les Juifs qui sont morts en Europe durant la Seconde Guerre mondiale sont morts la faute à pas de chance ;

- de ce point de vue, l'interview de Téhéran me semble exemplaire dans l'entreprise de dissolution de l'extermination des Juifs d'Europe par les Allemands dans un contexte plus général, où les Allemands en général, et les nazis en particulier, se retrouvent quasiment absous de leurs crimes : un coup c'est la maladie qui a emporté les Juifs, un coup Hitler ne s'occupait pas vraiment des Juifs, un coup c'était la faute aux Juifs eux-mêmes... Il faut insister sur ce dernier argument, notamment parce que c'est de ce point de vue que j'ai récemment accusé Robert Faurisson de colonialisme (citations dans le texte remis en ligne le 14 janvier dernier) : les proclamations anti-IIIe Reich de certains représentants (plus ou moins représentatifs, comme toujours...) des Juifs d'Allemagne, aux alentours de 1938-39 ? Une agression anti-allemande, bien sûr. La révolte du ghetto de Varsovie ? Une trahison, un coup de poignard dans le dos, qui justement prouvait que Hitler avait raison de se méfier. On peut si l'on veut faire des rapprochements avec ce que les Israéliens reprochent aux Palestiniens depuis des années, on peut aussi repenser à certaines thèses impérialistes françaises ou anglaises de la fin du XIXe siècle : si les colonisés se laissent faire ou se font battre, c'est qu'ils sont dociles par nature et/ou qu'ils savent que leurs maîtres ont raison et/ou que leur défaite prouve leur infériorité naturelle ; et s'ils se rebellent, c'est qu'ils sont des rebelles, et les rebelles, il faut les mater. Le droit du plus fort s'impose, décide du cadre d'analyse, de la façon dont il faut voir les choses. Le colonisé accepte la domination s'il la ferme ; s'il l'ouvre, il justifie la domination. A titre personnel, c'est à la fois ce qui me choque le plus chez les négationnistes, et ce qui continue à me désoler dans l'histoire Dieudonné-Faurisson : la légitimation exclusive du point de vue du colonisateur, lequel est colonisateur aussi et précisément parce qu'il réussit à imposer son point de vue. Je ne sais pas comment un tiers-mondiste comme Serge Thion parvient à gérer ces choses - Israël est passé par là, sans doute, le problème étant - c'est valable aussi pour Roger Garaudy - qu'à force d'insister sur Israël on finit par dénaturer l'Allemagne hitlérienne. Paul Rassinier, selon Vidal-Naquet (Un Eichmann de papier..., p. 198), est toujours resté anti-colonialiste. Robert Faurisson, lui, n'a pas l'air d'avoir de gros problèmes théoriques ou moraux de ce point de vue ;

- plus généralement, on le voit, pour continuer à faire passer leur thèse relative à la non-existence des chambres à gaz, les négationnistes se retrouvent naturellement obligés d'élargir leur propos, et doivent diluer l'extermination des Juifs dans le cours « normal » de la guerre - la guerre en général ou la Seconde Guerre mondiale en particulier. L'extermination des Juifs, si vraiment extermination il y a eu, serait à classer au rang des « dommages collatéraux » - encore une rencontre entre esprits colonialistes... C'est ce que la justice a reproché le plus clairement à R. Faurisson en 1983 (détails chez le maître, en bas de page) : "M. Faurisson se prévaut abusivement de son travail critique pour tenter de justifier sous son couvert, mais en dépassant largement son objet, des assertions d’ordre général qui ne présentent plus aucun caractère scientifique et relèvent de la pure polémique ; [il] est délibérément sorti du domaine de la recherche historique et a franchi un pas que rien, dans ses travaux antérieurs n’autorisait, lorsque, résumant sa pensée sous forme de slogan, il a proclamé que « les prétendus massacres en chambres à gaz et le prétendu génocide sont un seul et même mensonge » ; (...) par-delà la négation de l’existence des chambres à gaz, il cherche en toute occasion à atténuer le caractère criminel de la déportation..." Là encore, l'interview de Téhéran me semble révélatrice. Un Roger Garaudy (Les mythes fondateurs de la politique israélienne, Samizdat, 1996, pp. 151-167) accentuera l'amalgame entre l'antisémitisme et l'anticommunisme hitlériens. Robert Faurisson insiste plus sur l'agressivité des Juifs et des Soviétiques à l'égard des Allemands ;

...et c'est ici que négationnistes et fanatiques de la Shoah se rejoignent.


Pour aborder cette seconde partie, quelques précisions s'imposent.

D'abord, un point de terminologie : lorsque j'emploierai le terme « sioniste », cela désignera, en gros - et c'est en règle générale ainsi que j'utilise ce mot à mon comptoir -, ceux dont les principes moraux et géo-politiques les rendent capables d'approuver une agression du type de celle dont Gaza a récemment été victime. Sans même remonter au passé et à des esprits de la dimension de G. Sholem ou M. Buber, je n'inclus pas dans ce terme tous ceux qui dans le présent sont attachés à la « simple » existence d'Israël, mais qui ont tout de même quelques doutes sur les politiques actuellement employées à l'égard des Palestiniens.

Ensuite et surtout, une question de méthode. Evoquer des crimes du passé (et du présent, mais ne compliquons pas encore les choses...) en cherchant à ne pas se cantonner à l'indignation morale, implique une vue assez précise des causes de ces crimes, des circonstances dans lesquelles ils ont été commis, des volontés et buts de ceux qui les ont perpétrés, du nombre et de la nature (sauvagerie, torture...) de ces crimes. Si l'on ne fait pas ce travail, toute comparaison (et tout le monde compare, tout le temps, essaie de tirer des « leçons », parfois dans une certaine mesure y parvient) entre différentes guerres, entre différents massacres, ne repose sur rien, et risque fort d'aboutir à une condamnation globale de toute forme de violence - à l'équivalence posée entre l'assassinat d'un milicien ou d'un occupant nazi, et Oradour. Mais ce travail étant fait, on s'expose aussi à certains pièges, si l'on ne fait porter l'accent que sur une dimension du conflit. Si on se focalise trop sur les causes, on pourra par exemple soutenir que les « vrais responsables » de la Seconde Guerre mondiale sont les signataires du traité de Versailles, ou que Hitler n'a fait « que » répondre au danger communiste (dans un autre domaine, notre bien-aimé Finkie avait rendu la pression turque sur l'Europe « responsable » de la colonisation de l'Afrique et de l'Asie, glissant d'une éventuelle causalité historique et géo-politique à une responsabilité morale opportunément reportée sur le musulman le plus proche [1] [1bis]). Si l'on ne pense qu'aux nombres de victimes, on peut prendre le risque, cela s'est vu, de considérer que Hitler « ne vaut pas » Staline ou Mao. Etc. La question en l'occurrence, avant que l'on ne m'accuse de vouloir sauver ces deux braves gens d'une condamnation morale et politique, est de juger de la politique hitlérienne dans son ensemble et dans sa spécificité - et de juger par ailleurs, c'est passionnant mais n'est pas notre sujet du jour, des communismes stalinien et maoiste dans leur ensemble et dans leur spécificité. L'inévitable jeu des comparaisons ne vient qu'après (ou ne devient intéressant qu'après) et en tenant compte de ces données.

De ce point de vue et pour en revenir à notre sujet, il faut à la fois bien comprendre que l'extermination des Juifs d'Europe est un trait caractéristique et important de la politique hitlérienne et de la Seconde Guerre mondiale, et qu'elle n'en est qu'une partie. Ne pas tenir compte de ces deux dimensions biaise le point de vue, avec des conséquences plus importantes que l'on ne pourrait croire. Paul Yonnet, dans un livre fort intéressant, Voyage au centre du malaise français. L'antiracisme et le roman national (Gallimard, 1993), explique cela mieux que moi.

Présentons rapidement cet ouvrage, sur lequel nous reviendrons dans d'autres occasions. Il s'agit d'une explication, puis d'une généalogie, du mouvement SOS-Racisme, un des intérêts du livre étant que son auteur a lui-même découvert des filiations et des liens auxquels il ne s'attendait pas. Je vous raconte cette histoire une autre fois, mais il faut comprendre, pour le début de la citation, que le point de vue de P. Yonnet est généalogique (en l'occurrence, rapport à ce qui suit : comment la Shoah est-elle devenue un événement ou l'événement majeur, voire même le seul événement important de la Seconde Guerre mondiale ?). Par ailleurs, la « mythologie noire » à laquelle il sera fait allusion est la vision macabre des années 1940-44 telle qu'elle s'est graduellement développée dans l'opinion à partir des années 60 (« Tous collabos »...), par opposition à la « mythologie blanche » gaulliste. En route :

"On aperçoit parfaitement (...) que ce qui se profile derrière [la promotion de la Shoah comme] l'« événement majeur », c'est une banalisation du reste, de tout ce qui ne fut pas l'holocauste des juifs. Du reste, c'est-à-dire pas seulement les exactions systématiques contre les populations civiles ou militaires - les méthodes de guerre nazies -, ce qui s'évapore dans cette refonte de l'image de la guerre, c'est son enjeu, le projet impérial national-socialiste allemand qui fut la pire tentative d'asservissement des nations jamais conçue en Europe, un enjeu que Raymond Aron résumait ainsi [au moment des faits] : « Nations libres ou empire tyrannique, tel est le sens, pour l'Europe, de la guerre hitlérienne. »

C'est pourquoi, si ne voir en Hitler qu'un spécimen de la « banalité du mal » est une facilité d'écriture, certes, celle-ci - dès lors qu'elle n'exprime plus une philosophie pessimiste - s'intègre dans un cadre d'appréhension collective des réalités de la guerre qui tend à chasser la dimension exceptionnelle des ambitions nazies. Excepté l'holocauste, la Seconde Guerre mondiale n'est pas un conflit comme les autres. En dehors des occurrences génocidaires libérées par les premières victoires, l'enjeu de l'entreprise nazie n'est pas celui d'une guerre comme les autres. Ne sont banales ni l'adhésion de tout un peuple à un projet militariste de domination continentale, ni l'eschatologie millénariste d'Adolf Hitler et de ceux qui l'entouraient, ni les rêves de partage avec le Japon d'un monde réduit à la servitude pour le bien-être des races supérieures. 1939-1945 n'est pas la conséquence d'une série d'incidents de frontières qui auraient mal tourné dans un contexte de disputes chauvines. A la faveur de la concentration consensuelle du regard sur le génocide, ces dimensions s'atténuent, sont rejetées dans le lointain de la mémoire, finissent par disparaître : une forme implicite de négationnisme se déploie dans le silence. Je me suis souvent demandé pourquoi les « recherches » de ceux qui nient l'holocauste des juifs dans les chambres à gaz s'étaient brusquement trouvées portées sur le devant de la scène à la fin des années 1970 : la médiatisation et le succès de cette médiatisation dénonciatrice sont bien évidemment à mettre en relation directe avec la montée en puissance d'une sensibilité de plus en plus aiguë, au fur et à mesure que la mythologie noire déplaçait son axe de la collaboration à l'antisémitisme. Mais cette élucidation est insuffisante : on n'a pas prêté attention au fait qu'était ainsi sélectionné un adversaire homologue, lui aussi focalisant l'intérêt sur le sort des juifs et négligeant le reste - à cette différence près que chez les « négationnistes », il s'agit d'une négligence de principe et qu'opère là une stratégie consciente de banalisation du reste. Pour les (...) « négationnistes », tenter de prouver que, dans les chambres à gaz, on n'a gazé que des poux pour éviter la propagation du typhus est un enjeu de taille, l'enjeu dernier : s'ils arrivaient à en persuader l'opinion, ils auraient fait céder le dernier obstacle à la banalisation de la Seconde Guerre mondiale, qui est leur finalité inavouée. Ils auraient alors entièrement fait disparaître le caractère spécifique d'une ambition guerrière et conquérante ramenée à l'aune d'une prétention normale, qui - par sa grandeur d'inspiration - n'aurait peut-être pas été sans noblesse... Les « négationnistes » sont porteurs de deux négations : l'une, explicite, vise l'holocauste des juifs ; la seconde, implicite, vise les objectifs hitlériens et le déroulement de la guerre. S'attacher à détruire l'une sans apercevoir l'autre revient à rater le coeur organique du projet, là où s'organisent des travaux d'oblitération visant différents niveaux de perception." (pp. 289-291)

Autrement dit : le livre publicitaire consacré par Alain Finkielkraut au négationnisme (L'avenir d'une négation, Seuil, 1982) aurait dû s'appeler L'avenir de deux négations pour être crédible.

P. Yonnet montre bien ici ce que j'expose en première partie : nier l'Holocauste, c'est nécessairement, et contrairement à ce que dit quelqu'un comme Garaudy - qui a connu la période et n'a pas oublié l'anticommunisme haineux du Fürher [2] -, réhabiliter Hitler. Mais d'une certaine façon, ne penser qu'à l'Holocauste aboutit au même résultat.

Hitler était antisémite. Robert Faurisson l'est-il ? Je l'ignore et n'ai pas cherché à le savoir. Claude Lanzmann, juif, ancien résistant, l'est-il ? On peut supposer que non. Et pourtant les deux derniers cités s'entendent comme larrons en foire pour, dans les faits, diminuer les crimes et les ambitions criminelles du premier, le négationniste par la négation d'un de ces principaux crimes et de la volonté explicite de le commettre, le sioniste par la promotion sinon exclusive du moins fort privilégiée de l'un de ces crimes aux dépens effectifs des autres [3]. L'extermination des juifs d'Europe est une preuve et une illustration de l'impérialisme hitlérien, de sa philosophie et de sa façon de faire : la nier, c'est « banaliser » l'hitlérisme ; la privilégier aux dépens du reste, c'est, sinon nier l'hitlérisme, du moins le réduire à l'une seule de ses dimensions - il n'y a plus qu'un vrai conflit, celui des nazis et des juifs (ce qui « facilite » ensuite le glissement : tout adversaire des juifs est plus ou moins nazi. Et quand on est plus ou moins nazi, on est tout à fait nazi...)

Il ne faut pas oublier ici ce que P. Yonnet décrit comme « l'adhésion de tout un peuple à un projet militariste de domination continentale ». Se contenter d'analyser l'antisémitisme d'un Hitler ou d'un Rosenberg, pour utile et nécessaire que cela soit, risque de réduire le nazisme à une manifestation parmi d'autres de l'éternel antisémitisme, ce à quoi il est loin de se ramener.

Ce qui complique aussi les choses, c'est la confusion hitlérienne entre judaïsme et communisme - confusion et non équivalence stricte. Il faudrait ici une analyse dont je ne suis pas capable, à la fois sur ce que Hitler pensait sur cette question et sur ce que les Allemands en percevaient, mais je crois que l'on peut tenir pour acquis que les combats idéologiques contre le judaïsme et le communisme se sont mutuellement renforcés, sans pour autant se confondre complètement l'un avec l'autre - ne serait-ce d'ailleurs que par la persistance du vieux cliché : Juifs = grand capital. On peut certes comme Céline dans Bagatelles... expliquer que précisément les Juifs sont à la fois le grand capital et le bolchevisme, et que c'est ainsi qu'ils « nous » tiennent, l'antisémitisme comme toute idéologie incline parfois à des amalgames dont la rigueur logique n'est pas la caractéristique principale, il n'en reste pas moins qu'il est délicat d'assimiler complètement judaïsme et communisme.

De ce point de vue, on retrouve ici notre couple négationnisme-sionisme. Chez les négationnistes, on pourra par exemple, par anticommunisme, insister sur le danger de l'Union Soviétique de Staline et voir en Hitler une « réaction » à cette menace (c'est l'option Faurisson, partagée sur certains points par un historien « respectable » comme Ernst Nolte). On pourra à l'inverse, plus subtilement, insister avec force sur l'anticommunisme de Hitler pour faire de l'extermination des Juifs d'Europe un « dommage collatéral » de la guerre à l'Est : il y avait des Juifs dans les combattants est-européens, il était donc normal de les tuer, et puis le typhus a fait le reste... Et si tout le monde s'étonne que l'extermination des Juifs d'Europe ait continué et se soit intensifiée jusqu'à la fin de la guerre, au moment où le nazisme aurait eu besoin de toute son énergie pour lutter sur tous les fronts, c'est simplement que cette extermination n'a pas eu lieu, Hitler n'était pas si fou... Ce sont grosso modo les thèses défendues par R. Garaudy - qui peine tout de même, entre autres choses, à expliquer pourquoi les Juifs de France ont eu quelques démêlés avec les autorités d'occupation, le volontarisme de certaines personnalités du gouvernement de Vichy ne faisant pas tout...

Chez les sionistes, on fera porter l'accent sur les Juifs comme figures de proue du monde libre. On minimisera le rôle des Soviétiques dans la Seconde Guerre mondiale, en rappelant les hésitations de Staline avant le conflit, ses motivations douteuses, le massacre de Katyn (dont les négationnistes aussi raffolent : une manipulation qui a fonctionné, un autre grand méchant que Hitler, c'est pain bénit...), ou en ne parlant que du rôle des Américains. On rappellera l'antisémitisme soviétique, lui-même descendant de l'antique antisémitisme russe, et des Protocoles des Sages de Sion qui ont tant influencé Hitler et que l'on retrouve aujourd'hui dans le monde arabe. Petit à petit se dessinera une configuration historique fondée sur le long terme, où les Juifs, organiquement liés au « monde libre », sont destinés à être persécutés par tous les totalitarismes - et notamment le plus récent, l'islamofascisme... Tout s'échange et s'équivaut, les derniers empereurs russes, les bolcheviks, Hitler, Nasser, Nasrallah, le Hamas, Dieudonné...

A qui trouve que j'exagère, quelques précisions, symétriques de celle que j'énonçais au début de ce texte au sujet des négationnistes, et qui valent aussi pour les thèses évoquées par P. Yonnet. Toute vérité historique est bonne à dire, les motivations de Staline, par exemple, méritent tout autant d'être analysées et prises en compte que celles de Hitler. Il est par ailleurs évident que tous les historiens qui ont pu rappeler ou découvrir des faits comme ceux évoqués dans le paragraphe précédent ne sont pas nécessairement d'affreux sionistes anti-arabes, qu'ils ont pu pour certains être entraînés dans ce courant d'opinion bien malgré eux, etc. Mais il en est des idéologies comme des modes littéraires, ou artistiques en général : une fois lancées, et quand les petits suivistes, moins subtils et plus intolérants que les créateurs, s'en mêlent, un effet de masse se produit, qui ne va que dans un seul sens. Il n'est donc aucun besoin de me dire que même un P.-Y. Taguieff ou un A. Finkielkraut peuvent être (parfois...) plus nuancés que ce que le tableau que je viens de dresser ne le laisse supposer, je ne l'ignore pas. Cela ne modifie pas la configuration générale de l'idéologie qui s'est développée à partir des années 60 (en France d'abord par la « mythologie noire » évoquée par Paul Yonnet et sur laquelle je reviendrai une autre fois ; aux Etats-Unis notamment par les fractures entre Juifs et Noirs dans leur lutte au départ commune contre l'Establishment) et qui, entre l'évolution de la situation au Proche-Orient et la chute du Mur, est graduellement devenue dominante au cours des années 1980-2000 [4].



Le réductionnisme se cache dans les détails, pourrait-on énoncer pour conclure. Plus généralement, c'est toujours la même histoire : les ennemis de mes ennemis ne sont pas nécessairement mes amis, et, si j'ose dire, réciproquement. Examiner Hitler à sa juste mesure n'oblige en rien à faire l'éloge de ses adversaires, ou de tous ses adversaires. « Nations libres ou empire tyrannique, tel est le sens, pour l'Europe, de la guerre hitlérienne », écrivait donc Raymond Aron durant la Seconde Guerre mondiale. On peut tourner le problème dans tous les sens, s'interroger sur la liberté à laquelle il est ici fait allusion, on n'en sortira pas : à l'époque, c'était tout simplement vrai. Cela n'excuse en rien les crimes coloniaux perpétrés par l'Europe, avant cette guerre et depuis - notamment par et via Israël, de même que cela n'excuse en rien les crimes antisémites perpétrés en Europe ou ailleurs avant ou après Hitler. Cela n'invite pas à faire comme si l'hitlérisme était une parenthèse malheureuse dans une histoire européenne/occidentale avec laquelle il n'aurait pas de rapport, alors qu'il fut à de nombreux égards un enfant particulièrement doué de la civilisation industrielle et rationaliste occidentale, complexe de supériorité inclus, ainsi que l'avait bien vu par exemple Bordiga [5]. Mais si de Bordiga on passe à Rassinier et R. Faurisson, si, de fait, on oublie la vérité de la phrase de R. Aron, si l'on oublie dans le même temps que l'extermination des Juifs d'Europe est un élément parmi d'autres et une preuve parmi d'autres de la vérité de cette phrase, on risque d'en arriver, in fine, par anticolonialisme ou par sionisme, à nier l'existence, au choix, et au choix parfois non exclusif, des victimes de la Shoah, des victimes de l'hitlérisme, des victimes du sionisme.

J'espère en avoir fini maintenant avec les négationnistes « officiels », ceux que personne en fait ne songe vraiment à défendre. J'en dirai volontiers de même des sionistes, sur lesquels je commence à avoir l'impression d'avoir écrit tout ce que j'ai à en écrire - mais ils sévissent toujours, et pour un certain temps encore. Quoi qu'il en soit, un de ces prochains jours je reviendrai sur d'autres négationnismes, ou disons pour ne pas à notre tour tout confondre, d'autres révisionnismes, plus intéressants et plus prégnants dans notre vie de tous les jours de Français du XXIe siècle - où vous pourrez constater qu'ici comme toujours, c'est « la faute aux Juifs »...

L'année prochaine à Jérusalem !




[1]
L'aveu m'est certes pénible, je ne retrouve pas ma source, et M. Google ne m'aide pas. Cela remonte à quelques années, A. Finkielkraut s'autorisait de B. Lewis pour cette démonstration. Certes Finkie en a assez fait dans ce domaine pour qu'on soit sûr de ne pas être trop injuste à son égard si d'aventure on l'accuse à tort d'une calomnie anti-musulmane, mais tout de même, ce genre de chose, que je suis d'ordinaire, justement, prompt à reprocher aux canailles comme Finkie, ne se fait pas. Si donc un lecteur a un tuyau...



[1bis]
Est-ce que cela a un rapport avec la petite annonce qui conclut la note précédente, je l'ignore, mais le coupable s'est dénoncé : M. Maso a récemment remis en ligne un commentaire du Nous autres modernes de Alain Finkielkraut, dont j'extrais ce passage :

"A l’heure où toute la gauche s’est « retrouvée » pour clamer son indignation à propos d’un bilan "globalement positif" de la colonisation, rappelons avec notre mécontemporain [Finkie] que celle-ci fut pourtant l’une des grandes missions de la gauche d’antan. Il faut relire ces discours de Jules Ferry, le maître d’œuvre de l’empire colonial français, où il parle des « races supérieures qui doivent affranchir les races inférieures » et du devoir de remise à niveau que l’Europe a vis-à-vis du reste du monde. Mettre à l’école laïque, gratuite et obligatoire les enfants comme les nègres, tel fut le grand chantier du meilleur des socialistes – et dont les opposants étaient précisément les gens de droite qui trouvaient la colonisation trop chère, trop peu rentable, et faite au détriment de l’Alsace et de la Lorraine qu’il fallait récupérer avant tout : « j’ai perdu deux sœurs et vous m’offrez vingt domestiques » s’exclamait Paul Déroulède.

Enfin, il ne faut oublier que la colonisation fut aussi pensée comme une réaction préventive [sic...] à celle que les pays arabes imposèrent pendant des siècles à une partie de l’Europe.

« On oublie ainsi que, pendant près d’un millénaire, du premier débarquement des Maures en Espagne au second siège de Vienne par les Turcs en 1683, l’Europe a vécu sous la menace de l’Islam. Oubli d’autant plus préjudiciable à notre compréhension des choses que le processus complexe de l’expansion et de la domination européennes découle, en partie, de cette confrontation. (…) Comme le montre Bernard Lewis, c’est le combat contre l’envahisseur qui poussa les Européens au-delà de leurs frontières. »"

Quelques remarques :
- sur ce qu'écrit A. Finkielkraut : M. Maso ne donnant pas la référence, j'avoue avoir été fainéant et de ne pas avoir été vérifier dans Nous autres modernes le contexte de cette citation, qui, telle quelle, confirme pleinement mes reproches à l'égard de notre clown triste : entre le siège de Vienne et la prise d'Alger s'écoule plus d'un siècle, les pays maghrébins colonisés sont loin d'avoir au XIXe siècle la puissance de l'Empire ottoman (lui-même alors en déclin) au XVIIIe et avant, etc. Ce qui est vrai en revanche, c'est que, s'il est facile avec le recul de voir dans la stricte simultanéité de la prise d'Alger et de l'indépendance de la Grèce vis-à-vis des Turcs (1830) un symbole de l'expansion des uns et de la chute des autres (plus tard, ce sont les Balkans qui s'émanciperont de la tutelle ottomane), les contemporains ne pouvaient dans leur ensemble en avoir la même conscience, et éventuellement éprouvaient un sentiment de « menace », pour reprendre le terme de Finkie, plus intense que ne le justifiait la menace réelle.

- sur M. Maso : Jules Ferry socialiste, on aura tout lu... L'intéressé nous répondra qu'il y a là provocation et volonté de montrer que les choses sont complexes, il est tout de même à noter que les socialistes de l'époque, qu'il n'est pas évident d'assimiler aux socialistes du XXe siècle, et encore moins au parti du même nom fondé à Epinay, étaient plutôt anti-colonisation. De l'autre côté, il est pour le moins réducteur d'assimiler Paul Déroulède à l'ensemble de la droite, dont une partie non négligeable le détestait pour son côté populacier et va-t-en guerre. Mais je ne vais pas faire non plus le travail pour les autres.



[2]
Je ne l'ai pas relu autrement que par extraits, mais Les mythes fondateurs de la politique israélienne est un ouvrage qui me semble mériter une analyse particulière, l'auteur évitant certains des pièges dans lesquels tombe un Robert Faurisson. Je n'ai pas l'impression que R. Garaudy y témoigne d'une fascination pour le nazisme ou d'une volonté de le banaliser, il ne nie pas par ailleurs, contrairement à R. Faurisson, l'existence des politiques anti-juives sous le IIIe Reich, n'en attribue pas la responsabilité aux Juifs eux-mêmes... et pourtant, à l'arrivée, en diluant l'antisémitisme hitlérien et l'extermination des Juifs dans la lutte contre le communisme soviétique, il évacue une dimension fondamentale de l'hitlérisme, et finit par attribuer au manque de chance ou à la simple mécanique normale d'une guerre, un peu de typhus en plus pour faire bonne « mesure », ce qui était un projet politique et racialiste à part entière. Si l'on fait crédit à Roger Garaudy des intentions pacifiques et pacifistes dont il se prévaut, nous sommes alors dans un cas typique illustrant l'inanité des bonnes intentions au regard des effets concrètement produits.



[3]
Encore une fois la source exacte me manque, mais j'avais été frappé de constater il y a quelques années que dans un article du Monde où il prenait la défense d'Israël, Claude Lanzmann citait des chiffres traditionnels mais erronés, « gonflait » le nombre des victimes juives du IIIe Reich - comme s'il n'y en avait pas eu assez, et avec pour résultat effectif de permettre à un Robert Faurisson de lui reprocher de persister à utiliser des chiffres faux et de l'accuser de malhonnêteté, ici et donc potentiellement ailleurs. Simple maladresse dans une « tribune » écrite à la va-vite ? Ou symbole d'une alliance de fait entre gens qui ne voient la Seconde Guerre mondiale que sous l'angle de la question juive ? Toujours est-il qu'à ce petit jeu sionistes et négationnistes peuvent se renvoyer indéfiniment la balle. Et certes, s'il n'y avait notamment en jeu certaines victimes palestiniennes, on les laisserait volontiers s'amuser entre eux sans s'en soucier autre mesure, comme on le fait dans les hôpitaux psychiatriques pour les malades mentaux inoffensifs.



[4]
Est-ce notre époque si confuse, est-ce Dieudonné qui s'y emmêle les pinceaux, mais de ce point de vue la rencontre Dieudonné-Faurisson est pour le moins paradoxale : en lutte contre le sionisme comme figure de proue et symbolique du colonialisme, le premier nommé finit par faire la promotion (temporaire, peut-on imaginer) de quelqu'un qui se trouve justifier les crimes d'un régime d'esprit fort colonialiste (et d'ailleurs sioniste par certains aspects, lorsqu'il s'agissait de résoudre la « question juive » en envoyant les Juifs d'Allemagne quelque part en Palestine ou à Madagascar). - Ceci noté sans bien sûr oublier le traitement de choc qui fut infligé à Dieudonné par la bien-pensance médiatique française suite à son sketch anti-sioniste.



[5]
Le texte, mordant et discutable, de Bordiga auquel je vous renvoie est un classique de l'« ultra-anticapitalisme » marxiste, et est généralement considéré comme un ancêtre du négationnisme « de gauche ». On peut par ailleurs trouver un symbole des rapports entre hitlérisme et civilisation industrielle-capitaliste dans les liens multiples, financiers et idéologiques, entre Hitler et Henry Ford (qui, à côté de son activité d'industriel, fut l'auteur du très antisémite Juif international, dont Hitler possédait un exemplaire, et qui soutint financièrement le IIIe Reich).

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