vendredi 9 octobre 2009

Au bal des faux culs et des vrais enculeurs...

Ajout le soir.

Ajout le 11.10.


Ce que l'on appelle « l'affaire Mitterrand » - et qui est en train de permettre au neveu de se faire un nom, lui qui n'avait qu'un prénom (le contraire de Sacha Guitry par rapport à son père, acteur célèbre : "Mon nom était fait, je me suis fait un prénom", ça c'est de la filiation...) - me semble appeler quelques précisions, d'ordre ponctuel ou d'ordre plus général.

J'ai regardé la télévision hier soir, ce qui est en soi un événement révélateur, j'ai avec moi un exemplaire de La mauvaise vie, commençons donc par le plus simple : Frédéric Mitterrand ment comme un arracheur de glands lorsqu'il ne parle que de relations avec des adultes consentants, et noie grossièrement le poisson lorsqu'il évoque - drôle d'exemple ma foi - un "boxeur de quarante ans" pour dire qu'il sait faire la différence entre un adulte et un mineur. Dans les passages incriminés (p. 290 sq.) règne en fait un certain flou, sur lequel je reviendrai, quant à l'âge des garçons du bordel décrit et fréquenté par F.M., mais ce qui est sûr, c'est que celui qu'après la description générale l'auteur s'envoie, s'il est peut-être majeur au sens occidental, est foncièrement, c'est sa principale qualité, jeune.

Frédéric Mitterrand a fini son « explication » par une condamnation solennelle du tourisme sexuel. Or, ce qui est intéressant lorsqu'on lit un peu La mauvaise vie (désolé Frédéric, je n'ai pas tout lu, j'ai vraiment autre chose à faire), c'est, pourquoi ne pas croire l'auteur, le caractère mécanique, routinier, et parfois innocent de l'activité des employés du bordel. On arguera que c'est décrit ainsi pour se dédouaner, montrer que « ce n'est pas si terrible que ça » : il se peut, mais il se peut aussi que les gens qui vivent de ça fassent autant qu'il est possible la part des choses, et il est par ailleurs bien évident que les bordels thaïlandais ne sont pas organisés n'importe comment : au contraire, ils semblent très organisés, comme le sont souvent les activités douteuses, où l'on craint les « dérapages ».

Ceci pour dire deux choses :

- à lire dans leur intégralité les fameux passages qui font en ce moment parler tout le monde (j'essaie de trouver un peu de temps pour les retranscrire, mais ce n'est pas gagné), on est surpris de constater que l'on se trouve devant, que ce soit ce qui est décrit ou les sentiments de l'auteur, quelque chose d'humain, d'ambigu. Frédéric Mitterrand est excité, il ne s'en cache vraiment pas, il s'en vante même trop, mais il est aussi conscient de sa petitesse, et c'est la dimension qui manque aux citations trop rapides de son texte.

Après, il y a une évidente dimension de complaisance, que la citation d'un pédophile célèbre (Gide), "on ne fait pas de bonne littérature avec de bons sentiments", ne fait qu'exacerber. Comme le rappelait un jour Éric Rohmer, qui se vantait, lui, d'essayer de faire du bon cinéma avec de bons sentiments (et qui y parvient !), ce lieu commun n'est pas le mot de la fin et a trop souvent servi, comme dans le cas présent, d'excuse à la fascination morbide. Autrement dit, qu'il y ait une dimension humaine dans le récit de Frédéric Mitterrand, c'est indéniable, et il était assez intéressant de voir cette dimension disparaître, puis resurgir fugitivement avant de s'évanouir complètement lors de la condamnation du tourisme sexuel, au gré de cette confrontation entre ce qui est de l'humain, fût-il assez misérable, et l'idéologie de l'Empire du Bien télévisuel. Et dans le même temps, c'est perceptible aussi bien dans le livre de F. M. que dans certaines façons de le défendre, par exemple celle de Bertrand Delanoë (ils me font rire à brandir leur honneur « sali », comme s'ils avaient encore un honneur qui puisse être sali, comme s'ils ne salissaient pas eux-mêmes ce mot en l'employant à tort et à travers...), on a trop l'impression que F. M. joue le « faute avouée est à moitié pardonnée », voire même (mais là, il faudrait lire tout son livre) qu'il compte que ses fautes lui seront d'autant plus pardonnées qu'il les aura d'autant plus bruyamment avouées, pour ne pas être, à tout le moins, gêné.

- j'ai évoqué l'Empire du Bien, notion due à Philippe Muray, et c'est aussi à Muray que l'on pense lorsqu'on lit les descriptions de La mauvaise vie et que l'on entend parler à n'en plus finir de tourisme sexuel. Car le bordel décrit par Frédéric Mitterrand fonctionne comme n'importe quelle entreprise touristique (ce même s'il est précisé que la clientèle de celui-ci n'est occidentale que de façon minoritaire), et l'on rejoint là ce qu'avait bien vu Muray : le tourisme sexuel est un tourisme comme un autre, et c'est justement pour cela qu'il choque, car il montre la vérité du tourisme - la prédation -, c'est justement pour cela qu'on en fait un tel plat, pour cacher cette vérité du tourisme en général. Les aspects routiniers que j'ai évoqués sont ceux de n'importe quelle entreprise touristique : ici on prête son corps, dans d'autres cas on prête des lieux (Notre-Dame, j'y reviens toujours), en ne voulant pas prêter son âme (oui, c'est la prostituée de Vivre sa vie de Godard...), et en la perdant souvent, sans s'en rendre vraiment compte.

N'allons pas trop loin, au risque de changer de sujet, mais hier soir on arrivait à un stade, lorsque Frédéric Mitterrand (comme d'ailleurs B. Delanoë dans son blog) condamnait sans appel le tourisme sexuel qu'il décrit non sans finesse dans son livre, à un stade où il se servait du caractère repoussoir de ce concept, pour se dédouaner (ou essayer...) de la culpabilité qu'il avait par ailleurs revendiquée !


Coupable de quoi, me dira-t-on ? Si les garçons sont majeurs, est-ce que Frédéric Mitterrand n'est pas juste complexé et un peu homophobe à sa manière, sans parler de ceux qui le condamnent ? Que lui reproche-t-on, finalement ?

D'abord, d'être ministre, et peut-être plus encore, d'avoir été nommé ministre. Mais c'est un aspect que je laisserai aujourd'hui complètement de côté.

Ensuite, la question, autour de laquelle tout le monde tourne sans oser vraiment l'aborder est celle de l'âge du capitaine, en l'occurrence plutôt des matelots. Comme il est évident, tout de même, que de savoir si les garçons utilisés par F. M. sont ou non majeurs au sens occidental est secondaire, le problème est : jusqu'à quel point sont-ils jeunes ? En quoi peut-on parler d'homosexualité, éventuellement vénale, honteuse et quelque peu colonialiste, en quoi peut-on parler de pure et simple pédophilie ?

Frédéric Mitterrand a déclaré que "il ne faut pas confondre homosexualité et pédophilie, ou alors on serait revenu véritablement à l’âge de pierre." Laissons parler le dictionnaire (Robert 2006, soit quelque temps après l'âge de pierre) :

- homosexuel : "Personne qui éprouve une attirance sexuelle plus ou moins exclusive pour les individus de son propre sexe." => gay, homophile, pédéraste.

- pédophile : "Qui ressent une attirance sexuelle pour les enfants. Spécialt. Pédéraste."

Deux définitions différentes, donc, mais un « lien », si j'ose dire, commun, le pédéraste. Que voici :

"1. Homme qui a des relations sexuelles avec de jeunes garçons => pédophile.
2. Par ext. Homme qui a des relations sexuelles avec d'autres hommes. => homosexuel."

La boucle est bouclée, la vie est belle, et voilà mon propos, qui n'est d'ailleurs qu'une évidence, confirmée par le Robert, mais une évidence qui gêne : s'il n'est pas question de confondre un homosexuel qui a des relations charnelles (un commerce charnel, pour parler comme le dictionnaire) avec des adultes consentants, et un pédophile qui viole des enfants, garçons ou filles, ou qui les achète, il reste que, depuis Platon (au moins, mais c'est un bon repère, explicite), l'amour de la jeunesse est une des composantes de la définition de l'homosexualité. C'est ce que le concept de pédérastie exprime, et que celui d'homosexualité a tendance, tendance parfois volontaire comme dans le propos de Frédéric Mitterrand que je viens de citer, à dissimuler.

Et de ce point de vue, force est de constater, au vu des passages de La mauvaise vie que j'ai pu lire, que l'auteur n'est pas pressé de préciser l'âge même approximatif des garçons - le terme lui-même n'est pas innocent - avec qui il prend son plaisir, et que par la suite la pédophilie joue dans son système de défense le même rôle que le tourisme sexuel. La dénonciation du mal absolu sert d'alibi pour une conduite dont la proximité avec le mal en question est par ailleurs éludée dans ce que j'ai lu du livre. Je paie des garçons thaïlandais pour les baiser, mais je ne pratique pas le tourisme sexuel (et d'ailleurs je suis plein de culpabilité, si ce n'est pas une preuve d'innocence, ça). Je ne précise pas quel âge ont ces garçons mais si vous m'entraînez du côté de la pédophilie, c'est un retour à l'âge de pierre - ou l'effet, comme l'a déclaré F. M. hier soir, de vos propres « fantasmes ».

Plus généralement, il faudra bien faire un jour l'histoire du refoulé pédophile des homosexuels français des années d'après-68. Michel Schneider évoque une pétition retentissante des années 70 signée par des intellectuels en vue de l'époque (il ne donne pas les noms...) demandant la dépénalisation des rapports sexuels entre adultes et mineurs, et il suffit de parcourir des vieux numéros de Libération du début des années 80 pour constater que les petites annonces homosexuelles y étaient illustrées de manière au moins pédérastique. Que ce que l'on appelle la communauté homosexuelle soit revenue de ce que l'on peut sans moralisme judéo-chrétien qualifier d'excès est une bonne chose, que cela se fasse par une diabolisation de certains permettant à d'autres de se dédouaner à bon compte en est une autre. (Au passage, avec tous les pédés fachos, éventuellement « païens », fans de l'Afrique du Nord, qui traînent au FN et dans ses environs, il est aussi assez piquant de voir d'une part Marine Le Pen attaquer Frédéric Mitterrand sous cet angle, d'autre part les bons gros couillons de l'UMP à l'électorat « traditionnaliste » le soutenir. La vie est belle, je vous dis !)

Encore plus généralement, et après je m'arrête, ce « refoulé pédophile » remonte à loin : j'ai ainsi été surpris de découvrir récemment (P. Yonnet, Le testament de Céline, pp. 69-72) que les faits reprochés à Oscar Wilde lors de ce fameux procès que l'on nous cite toujours comme une odieuse attaque du puritanisme victorien contre l'artiste homosexuel anticonformiste, que les faits reprochés à Wilde étaient, je cite P. Yonnet, "pédérastiques, nous dirions aujourd'hui pédophiliques", ce qui nuance tout de même un peu le tableau d'ensemble. (Ajoutons, toujours selon la même source et sans nous poser en procureur, que Gide, qui devait à l'entremise de Wilde, quelques mois avant l'emprisonnement de celui-ci, une nuit d'amour mémorable avec un « jeune garçon » d'Alger, ne leva pas le petit doigt pour le soutenir. Une mécanique sur laquelle Proust écrit des pages brillantes.)

Bref, avec ses particularités propres - un ministre en exercice, un climat flou, entre tolérance de n'importe quoi et condamnations sans appel de n'importe quoi -, « l'affaire Mitterrand » s'inscrit dans une longue histoire. Histoire humaine, histoire dont le protagoniste principal ne suscite guère l'admiration, histoire surtout où l'on souhaiterait que les anathèmes sur certaines pratiques ne permettent pas à trop de personnes de se dédouaner trop aisément de leurs propres travers - passés, présents ou futurs.



Un peu de belle prose pour finir, qui prouve au passage que l'on n'a pas attendu les révélations de Jean-Luc Barré - et qui aggrave le cas de Lacouture, ses mensonges par omissions et ses falsifications - pour savoir à quoi s'en tenir sur les moeurs de François Mauriac. N'attachez pas trop d'importance au propos (fort contestable), ni à l'auteur (clairement d'extrême-droite), c'est le style qui justifie cette citation :

"Aucun cas ne semblait être d'une plus dramatique clarté, pour un esprit chrétien, que celui de l'Espagne. Pourtant nous avions vu des catholiques illustres et même intolérants comme Mauriac et Bernanos devenir les détracteurs les plus acharnés et les plus fielleux de Franco. Ces défenseurs bénits des fusilleurs de Christs et des dynamiteurs de moines étaient habiles à travestir leurs humeurs et leurs perversités intellectuelles en algèbres casuistiques. (...) On peut invoquer la demi-folie de Bernanos qui dans les pires circonstances demeure du reste digne du nom d'écrivain, avec ses livres embrouillés par les fumées de l'alcool, mais que trouent soudain des pages puissantes, furieuses ou noires. L'autre, l'homme à l'habit vert, le bourgeois riche, avec sa torve gueule de faux Gréco, ses décoctions de Paul Bourget macérées dans le foutre rance et l'eau bénite, ces oscillations entre l'eucharistie et le bordel à pédérastes qui forment l'unique drame de sa prose aussi bien que de sa conscience, est l'un des plus obscènes coquins qui aient poussé dans les fumiers chrétiens de notre époque. Il est étonnant que l'on n'ait même pas encore su lui intimer le silence." (L. Rebatet, Les décombres, I, 2).

C'est le paradoxe, ou le miracle Rebatet : à côté de ce qui est, dans le contexte (1942), une forme d'appel au meurtre, l'éthique de l'esthète qui lui fait reconnaître les mérites d'écrivain de Bernanos. Nous y reviendrons !




Ajout le soir même.

Quelques découvertes faites cet après-midi :

- Beau joueur, homme de devoir ou orgueilleux rusé, Mauriac dans l'après-guerre signa les pétitions de soutien à Rebatet afin qu'il ne soit pas guillotiné. J'ignore si l'intéressé lui en sut gré, mais le geste doit être souligné ;

- cherchant en vain dans Big Mother de M. Schneider (Odile Jacob, 2002 ; j'utilise l'édition de poche, 2005) les références à cette énigmatique pédo-pétition, je suis tombé sur ce passage, qui résume une part de ce que je peux penser de l'homosexualité - sachant bien que ce qui suit n'interdit pas les histoires d'amour bouleversantes -, la fin de la citation me semblant s'appliquer assez bien au « courage » que notre bien-aimé Président a cru bon de voir dans le livre de son ministre de la Culture :

"« La totalité et l'homosexualité vont ensemble. En disparaissant, le sujet nie tout ce qui n'est pas de même nature que lui. » [l'homosexualité comme refus, éventuellement « païen », de la finitude humaine...], écrivait Adorno, l'un des rares philosophes à avoir pensé ce point de retournement par lequel la différence exacerbée débouche sur l'unique modèle et où l'active quête de son semblable conduit à une totale passivité. L'amour de soi emporte toujours plus qu'une indifférence à autrui et sa dimension agressive ne saurait être méconnue. Qui a besoin d'affirmer sa vie sexuelle, tous les ans au printemps lors de la Gay Pride, à cor et à cris, sinon ceux qui l'inscrivent sous le signe du même, de la fierté d'être soi et de n'aimer que soi ou ceux qui sont comme soi ? La Gay Pride n'est en réalité qu'une Penis Pride, dont le sexe féminin est exclu. Dans ce cas, le narcissisme s'accompagne de la dénégation de toute perte, et vise une plénitude de soi que voudraient faire accroire les termes de Gay Pride. Deux dénégations en deux mots. Gai ? Existe-t-il des homosexuels qui ne vivent leur sexualité sans y reconnaître la trace plus ou moins profonde de la malédiction, de l'échec et souvent de la mort ? (...) Fierté ? S'agit-il dans ces parades d'un combat pour la liberté des choix sexuels ? Celle-ci est acquise aujourd'hui. Affiche-t-on la fierté d'individus jusqu'alors dominés ? Si l'on regardait les choses en face, si l'on admettait que la culture homosexuelle masculine n'est plus marginale dans la France contemporaine, mais au contraire souvent valorisée comme son centre le plus branché, le plus mode, et qu'elle est même, dans certains milieux, dominante et source de discriminations ? L'outing à cet égard n'est pas un accident ou un dérapage de la « fierté » propre à l'homosexualité, mais un trait constituant de son rapport à la castration. Dénoncée chez l'autre ou énoncée pour soi-même, l'homosexualité prend toujours le public à témoin de l'intime et du sexuel par une sorte d'exhibition de la honte." (pp. 204-205)

- exhibition de la honte, c'est tout à fait le programme de Frédéric Mitterrand... Après tout, il est assez logique qu'un grand exhibitionniste comme notre (tout) petit président se retrouve dans la démarche de son ministre : Carla ou un glabre Thaï, quelle différence tant qu'on peut les montrer, en parler, s'en rengorger ?

Ach, ras-le-bol de toute cette pédalerie, de toutes ces exhibitions, finissons-en avec la seule sensualité pédérastique qui vaille, celle qui, grâce à Beaumarchais, Da Ponte et Mozart (la vraie Europe, pas celle du TCE !), a créé le seul travelo bandant - et pour cause, c'est une femme qui désire les femmes comme un homme, le pied, Chérubin, à qui je laisse très volontiers le mot de la fin - et du début, comme pour tout désir qui se respecte...







Ajout le 11.10.

Me relisant quelques minutes après avoir découvert que FM s'était fait « inviter » par M. Drucker (ah, la moralité publique en France sarkozyste, quel bonheur, quel exemple !), je me trouve bien indulgent avec l'intéressé. Avec l'âge, je ramollis... Il faut dire que si Frédéric Mitterrand est soutenu par Alain Finkielkraut (malgré mon envie, je ne dis rien sur lui, sinon il va encore crier au lynchage... je me rattraperai (salope, buse, lâche, criminel par sympathie, ici comme ailleurs !) à l'occasion), je suis de mon côté soutenu par Didier Lestrade, un des fondateurs d'Act Up, pas vraiment ma crèmerie, mais qui, sur l'affaire qui nous occupe, écrit ceci :

"Il faut arrêter de raconter des histoires. L’affaire Mitterrand nous concerne, nous aussi, en tant que gays, car nous sommes nombreux à décider des destinations touristiques en fonction des possibilités de sexe commercial qu’elles offrent. Toutes les modes successives ayant bénéficié des faveurs du tourisme gay ont pour base le tourisme sexuel : Miami, Puerto Rico, Cuba, Brésil, Argentine, Asie, Afrique du Sud, Turquie, Liban, Egypte, - sans mentionner le Maghreb et l’Europe de l’Est. Est-ce qu'on peut parler ici de ce qui se passe au Maroc depuis 30 ans??? Que ceci ne soit dit dans aucun média gay n’est pas très à l’honneur de notre capacité à commenter cette affaire. S’insurger contre le traitement médiatique de l’affaire en montant en épingle l’outrage causé par une manifestation supplémentaire d’homophobie à l’égard de Frédéric Mitterrand, c’est un peu juste, non ?

Derrière cette affaire, il y a encore notre rapport au capitalisme, à la consommation, au traitement des autres ethnies. Et le tourisme sexuel, il faut vraiment insister sur ce point, ne concerne pas uniquement les mineurs. Je suis persuadé que Frédéric Mitterrand n’est pas pédophile, mais je me doute qu’il est comme beaucoup d’homosexuels de sa génération, et de ma génération : émerveillé par la beauté des hommes jeunes. Quand on fait du tourisme sexuel, on est forcément plus riche que le tapin du coin, qu’il soit à Sao Paulo, à Puerto Rico, ou en banlieue parisienne. On participe à la colère imposée par un système basé sur une suprématie sociale. Et ça, si on n’est pas capable d’en parler dans les médias gays, dans les associations gays, alors que cela a provoqué (et encore aujourd’hui) des débats et les commentaires interminables dans les médias généralistes et sur Internet, alors cela veut dire que la réflexion s’arrête aux portes de la communauté gay."

et plus loin :

"Nous les connaissons tous, ces homosexuels aisés et populaires, qui vivent leur vie sexuelle grâce à la prostitution. Ils sont agents de stars, ils sont dans la mode et la chanson, et ils sont dans l’art. Et quand ils parviennent à des postes de pouvoir, nous voyons en eux notre propre ascension dans le pouvoir. Forcément, le ministère de la culture et de l’information possède une place déterminante dans les rouages de la politique. Et la communauté gay soutient un ministre, non pas parce qu’elle est convaincue que le tourisme sexuel dont il est question n’a pas eu lieu. Mais surtout parce que réfléchir sur cette affaire est suicidaire pour ceux qui oseront lever la voix."

- bon, ce n'est pas très bien écrit sur la fin, mais c'est Act Up, hein... Blague à part, cela m'a rappelé une scène - à Nulle part ailleurs, avec Antoine de Caunes, ça date - qui m'avait fait perdre toute illusion quant au thème des « gentils pédés » : un homosexuel séropositif ami de de Caunes, sans doute célèbre, mais dont je serais incapable de citer le nom, avait solennellement demandé aux homos atteints du sida qui partaient à l'étranger d'arrêter de se croire tout permis et de commencer à utiliser des capotes aussi là-bas. Qu'il faille ainsi supplier des gars de ne pas répandre la mort autour d'eux - et, on y revient, qui plus est chez des jeunes -, cela en disait long sur la moralité de certains (D. Lestrade évoque aussi ce problème).

Voilà, c'est fini jusqu'au prochain ajout...

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