jeudi 29 juillet 2010

La solitude sacrée. - Figures de l'autodestruction...

Suicide


"Qu'à travers les ténèbres, les villes appellent, d'une voix profonde ! Que leur joie respire avec peine, comme elle râle !… Chaque rue, traversée dans le tumulte et l'éblouissement, sitôt quittée, vous poursuit dans l'ombre d'une plainte affreuse, peu à peu assourdie, jusqu'à la limite d'un autre tumulte et d'un autre éblouissement qui joint bientôt à l'autre voix sa voix déchirante. Et encore, ce n'est pas ce mot de « voix » que j'écrirai, car la forêt, la colline, le feu et l'eau ont seuls des voix, parlent un langage. Nous en avons perdu le secret, bien que le souvenir d'un accord auguste, de l'alliance ineffable de l'intelligence et des choses, ne puisse être oublié du plus vil.


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La voix que nous ne comprenons plus est encore amie, fraternelle, faiseuse de paix, sereine. L'homme lyrique, au dernier rang de l'espèce, que le monde moderne a honoré comme un dieu, croyait risiblement l'avoir restituée, n'ayant délivré la nature des sylvains, des dryades et des nymphes démodés que pour y lâcher le troupeau de ses mornes sensualités. Le plus fort d'eux tous [Hugo], déjà pris à la gorge par la vieillesse, remplissait les rues et les bois de son infatigable lubricité. Derrière lui, la foule des disciples s'est ruée, comme on mange, à la solitude sacrée, dans le rêve abject de l'associer à ses ventrées, à sa mélancolie, à sa déception charnelle. La contagion, gagnant de proche en proche, s'est étendue aux antipodes : l'île déserte a reçu leurs confidences, témoigné de leurs amours, retenti de leurs grotesques sanglots devant la vieillesse et la mort. Nulle prairie, ruisselante de lumière et de rosée dans la candeur de l'aube, où vous ne trouverez leurs traces, comme des papiers sordides, sur les pelouses, un lundi matin.

Toutefois, s'il est dans l'homme d'imposer sa présence, et les signes de sa bassesse à la nature, il ne s'empare pas de son rythme intérieur, de sa profonde rumination. Il couvre la voix, mais il l'interroge en vain : elle continue son chant sublime ainsi qu'une corde en vibration choisit entre mille ses harmoniques et ne répond qu'à elles seules… Il n'en va pas ainsi des paysages de poutres, de fer et de moellons - les villes."

G. Bernanos, L'imposture, 1927, "Pléiade", pp. 326-27.


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mercredi 28 juillet 2010

Figures de l'autodestruction : barbarie stérile et mesquinerie vérolée.

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Avec l'âge les réflexes s'émoussent : on part en vacances en ayant vaguement entendu que des Festivus allemands se sont auto-génocidés, et on ne pense même pas à fourrer dans son sac le volume du Journal de Bloy où il s'enflamme au sujet de l'incendie du Bazar de la Charité. Tant pis ou tant mieux, cela m'épargnera en tout cas soit une retranscription de plus, soit de singer platement le maître, et n'empêche pas de se réjouir de l'événement - vous avez voulu fusionner, j'en suis fort aise, vos chairs sont mélangées maintenant. Métissage grandeur nature. - Partouze et charnier, même combat ! A humanité dégénérée, mort dégénérée.


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C'est peut-être le pire, d'ailleurs : non que ces gens soient morts, mais que ces décès soient aussi risibles, que ces gens soient morts dans un tel état de négation de ce qui peut faire l'humanité d'un homme, que l'on ne peut que constater à quel point leur cheminement a été logique, de leur suicide spirituel individuel par leur incorporation (terme mieux adapté que « participation ») à la Love Parade (comment écrire ces mots sans frémir ?), à cette mort par auto-piétinement collectif : ils sont morts comme ils ont vécu, dans l'anonymat, la régression sourire figé - l'homme-qui-rit pour toujours -, le tout-à-l'égout.


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Ces morts tristement réjouissantes n'étaient ni proprement méritées ni vraiment fatales (on peut bien s'amuser, c'est normal de nos jours, à chercher d'autres responsabilités que la bonne vieille ὕϐρις) : elles étaient et sont dans la logique des choses.



Un petit détour par Péguy maintenant (mon sac n'est pas vide, tout de même), qui exagère, qui se trompe en partie, mais qui a raison sur le fond :

"Des civilisations sont donc mortes. Parmi celles qui nous ont laissé quelques monuments, l'antique civilisation égyptienne, civilisation du Nil auteur et père, les civilisations du Tigre et de l'Euphrate, l'ancienne civilisation hébraïque, les anciennes civilisations phéniciennes, syrienne et carthaginoise. L'antique civilisation hellénique, partiellement sauvée de la barbarie et réinstallée au coeur du monde moderne par l'opération de la Renaissance, l'antique civilisation hellénique, la plus belle culture du monde, aujourd'hui succombe, définitivement, sous les coups de nos radicaux modernistes. Ce que n'avaient pu faire les hordes barbares issues de la Thébaïde, ce que n'avaient point obtenu tant d'invasions et tant d'altérations, tant de persécutions et tant de corruptions barbares, la disparition du grec, la suppression définitive de la culture hellénique, la mort, la finale mort du génie grec, ce sont aujourd'hui nos modernes scientistes, et nos contemporains anticléricaux qui en achèvent aujourd'hui la consommation. Et par eux le mythe et l'histoire d'Hypathie reçoit enfin son plein accomplissement. Sous cette réserve que l'ancienne Hellénie était menacée de succomber sous une barbarie féconde, et que nos modernes ont trouvé le moyen de la faire succomber sous une barbarie stérile." (Par ce demi-clair matin, 1905, "Pléiade", t. 2, pp. 104-105).

J'avais prévu de vous offrir ce petit texte avant que la Love Parade ne nous éclabousse de son sang mêlé, ce qu'écrit Péguy juste après s'y applique très bien :

"D'autres civilisations sont mortes. Cette civilisation moderne, le peu qu'il y a de culture dans le monde moderne, est elle-même essentiellement mortelle [si ce n'est suicidaire]. D'autant plus mortelle, d'autant plus exposée à la mort qu'elle est moins profonde, moins profondément enracinée au coeur de l'homme que ne le furent la plupart des anciennes civilisations, étant, à l'épreuve, beaucoup moins cultivée, beaucoup moins civilisée, beaucoup moins intérieure et beaucoup moins profonde.

Le sort de l'humanité est sans doute essentiellement précaire. Mais le sort de l'humanité n'a jamais été aussi précaire, aussi misérable, aussi menacé, que depuis le commencement de la corruption des temps modernes. Il est évident qu'au dix-huitième siècle par exemple la barbarie était refoulée beaucoup plus loin des bords sacrés qu'elle ne l'est aujourd'hui. Aujourd'hui de partout, guerres et massacres, et imbécillité, même laïque, la barbarie remonte. De partout monte l'inondation de la barbarie. Et les quatre cultures qui dans l'histoire du monde qui est enfin devenu le monde moderne aient seules réussi à refouler jamais la barbarie, la culture hébraïque, la culture hellénique, la culture chrétienne, la culture française, sont aujourd'hui également pourchassées. Les réactionnaires se sont chargées de l'une, et les radicaux se sont chargées des trois autres."

Il est important de bien comprendre, sans se lancer ce jour dans une telle entreprise, qu'une réflexion sur l'actualité de ce texte ne peut se faire qu'en gardant en pensée la distinction barbarie féconde - barbarie stérile (faute de quoi on revient à la vieille « défense de l'Occident », alors même que la première illustration, de quelque ampleur et qui ait donné raison à Péguy (tout en le tuant), du retour de la barbarie, fut aussi moderne qu'occidentale : la Grande Guerre), et en y ajoutant la dimension supplémentaire des combinaisons complexes des barbaries féconde et stérile au sein de la barbarie extérieure, dimension sensiblement plus importante aujourd'hui qu'en 1905. Le Chinois dont tout le monde craint (désire ?) le gros chibre est-il barbare ancien, ou barbare moderne ? - Pour le mal au cul qu'il risque de nous donner (ce n'est pas certain, soit dit en passant, n'en déplaise à Luc Ferry, mais lui désire vraiment l'arrivée du chibre en question, histoire de se venger de ce que ses « compatriotes » n'aient pas apprécié le sien à sa juste valeur lorsqu'il était ministre), cela ne change pas grand-chose, pour s'y habituer ensuite… ach, ma métaphore boîte : disons qu'il vaut mieux être conquis par une civilisation cultivée, avec laquelle on peut discuter, que par un clone étranger de notre propre « civilisation », que par une copie un peu rustre de ce que nous sommes nous-mêmes devenus, qui ne pense qu'à nous faire subir en plus grand ce que nous lui avons fait subir dans le passé - mal au cul garanti dans ce cas, on y revient !

(La façon dont les chantres de la mondialisation, qui comme par hasard sont souvent les mêmes qui nous expliquent les merveilleuses tendresses de la colonisation à l'occidentale, leur façon, disais-je, de nous faire frémir devant les horreurs d'une colonisation économique par les Chinois ou les Indiens (par les Japonais il y a trente ans), en dit long sur ce qu'ils savent être la réalité d'une colonisation.)



Une digression pour finir, dans l'ordre de la mesquinerie. Pierre Assouline, qui, coïncidence amusante ou sinistre, s'offusque de ce que Sarkozy traite mal les humanités classiques, sans se demander si l'origine du mal n'est pas bien ancienne, Pierre Assouline n'aime pas Lucien Rebatet, ce qui est son droit. Il regrette que l'édition récente des critiques de cinéma de celui qui signait François Vinneuil ne soit pas exhaustive, ce qui était (et est toujours) ma propre opinion. Le texte dans lequel il exprime ces idées est pourtant d'une mauvaise foi et d'une incohérence rares, au moins pour qui a lu ce volume et les justifications des éditeurs. De toutes façons, si vous éditez Rebatet avec les passages antisémites, vous êtes antisémite, si vous le rééditez sans ces passages, vous êtes antisémite. Dans les deux cas, il ne peut s'agir que de « réhabiliter » Rebatet - un crime sans doute... Comme si Lucien avait besoin d'être réhabilité ! On peut le détester, on peut ne pas vouloir le lire, il en faut plus qu'un peu de bave assoulinienne pour l'empêcher de prendre sa place, éminente, dans ce qu'on appelait à une époque, d'une appellation que P. Assouline cherche maladroitement, par le nom de son blog, à évoquer, la « République des Lettres ». Mais c'était une époque où il y avait des lettres en France, et s'il y en a encore, ce qui n'est pas prouvé, Pierre Assouline n'y est certes pour rien !

- Mais la comédie est peut-être bientôt finie, qui sait ?


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samedi 24 juillet 2010

Figures de la réciprocité et de la hiérarchie.

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"Ton sentiment me fait gonfler mes voiles d'ange
Ton sentiment me fait du bien au sentiment
Et les fleurs du pavé poussent des cris étranges
Moi qui viens du pavé vers toi et me dressant

Et moi je ne te prends que ce que je te dois
Si je n'avais que du sentiment à t'filer
Il y a bien longtemps que tu m'aurais banni
De ton fief de ton cul de ta loi de tes langes
Il y a bien longtemps que tu te serais cassée"

"TU es moi
JE c'est toi
Comment t'appelles-tu ?
Tu t'appelles la nuit dans le ventre des filles
De ces filles qui roulent au bord de la mort lente
Tu t'appelles l'amour Tu es toutes les femmes
Tu es TOI tu es ELLES"

(Léo Ferré, Les amants tristes.)



"Ton style c'est ton cul c'est ton cul c'est ton cul
Ton style c'est ta loi quand je m'y plie salope !
C'est ta plaie c'est mon sang c'est ma cendre à tes clopes
Quand la nuit a jeté ses feux et qu'elle meurt
Ton style c'est ton cœur c'est ton cœur c'est ton cœur"

(Id., Ton style.)


Bernanos parle de la charité comme un moyen de connaissance. L'amour comme recherche de la vérité. Amour, c'est une partie de l'étymologie du mot philosophie. - D'une certaine façon - nous baignons ici dans Platon, tout en le prenant pour ainsi dire par-derrière - il est extraordinaire que nous puissions avoir une compréhension sexuelle de quelqu'un de l'autre sexe, dont nous ne pouvons imaginer, quelle que soit notre expérience sensuelle, ce qu'il [elle] éprouve. On dit parfois encore que les pédés ne sont pas normaux, mais ils sont normaux, ils sont logiques, platement logiques, et nous devrions au contraire être surpris de la persistance de l'hétérosexualité. Je m'étais opposé dans le temps à M. Maso sur ce sujet ("Les homosexuels s'imaginent qu'ils baisent."), mais c'est lui qui avait raison. Comment passons-nous de l'adoration fascinée mais un peu béate, voire stupide, pour les nichons et la foufoune, à la compréhension d'une femme ? Au fait de savoir, d'un savoir que rien ne peut mettre en doute, d'un savoir qui n'est pas sans rappeler la connaissance qu'a l'abbé Donissan des âmes dans Sous le soleil de Satan, que nous la comprenons ?

Cela fait longtemps que je me dis que Dieu n'existe pas, parce que l'homme après l'amour ne pense qu'à dormir, alors que la femme est réveillée. A toutes les différences entre les sexes j'ai pu trouver une raison, sous la forme d'une complémentarité supérieure : par exemple (et à gros traits), que les femmes aient un désir d'enfant plus fort que les hommes, évidence incontestable, permet à l'espèce de se reproduire ; que les hommes aient moins ce désir permet aux représentants de l'espèce de penser aussi au plaisir. Mais cette différence, qui crée tant de malentendus "dans le plus doux moment" (Jacques Demy), je ne lui avais pas trouvé de signification. Aujourd'hui, à tort ou à raison, je me dis que justement : il faut aussi une différence irréductible, une différence sans signification, pour que les deux sexes soient différents. Que cette différence soit prosaïque, voire triviale, ne change rien à l'affaire, il s'en faut. Le miracle est là : être non seulement complémentaires, mais différents, et parvenir néanmoins, de temps à autre, à se comprendre.

(Se comprendre... En toute rigueur, je n'en sais rien, ce sont les éventuelles lectrices qui peuvent confirmer ou non cette formule symétrique. Mais la compréhension dont je parle n'est-elle pas nécessairement réciproque ? - Jusqu'à quel point ?)

Depuis l'idée des Vingt Plus Belles Actrices (expliquée ici, vous pouvez ensuite suivre le "libellé" - et constater que je suis loin d'arriver à vingt), je garde pour la fin le portrait de Marilyn, que je ne pouvais me résoudre à attaquer, pensant que j'allais la souiller avec mes gros doigts de blogueur. Marilyn, c'est celle que nous aurions tous aimé faire jouir, la belle affaire ! Marilyn, c'est bien plus que ça : c'est la femme que nous voulons comprendre. Son air un peu bébête (que l'on retrouve chez BB), son éternelle jeunesse ajoutent à ce désir : il y a dans cette femme plantureuse une adéquation parfaite, non entre le naturel et le spirituel, car précisément nous nous situons ici à ces deux niveaux, mais entre le fini et l'infini, le désir de la posséder entraîne toujours avec lui la peur qu'elle ne s'échappe, que d'une manière ou d'une autre elle ne vous file entre les doigts. Phénomène idéal pour le star-system, dont elle restera toujours l'incarnation la plus achevée - et qu'en même temps (cette innocence, cette naïveté à la fois jouée et réelle, cette fragilité), c'est peut-être le plus beau cadeau qu'elle nous fait, sa distinction suprême, elle dépasse, pour nous « offrir » son mystère naturel et sincère.

- D'où son inépuisable photogénie : un livre contenant toutes les photographies de Marylin serait assurément une des grandes oeuvres d'art du XXe siècle. Je vous laisse y rêver par vous-mêmes, ici et .

Après, pour en revenir à notre point de départ, on peut accorder une plus haute importance à la connaissance par la charité (autre composante du mythe Marilyn) qu'à la connaissance par la sexualité, qui certes n'est trop souvent que "l'infini à la portée des caniches". L'un n'empêche pas l'autre, dirons-nous pour conclure, avec un optimisme quelque peu forcé. Mais ne serait-il pas vain de reprocher à l'exceptionnel d'être rare ?

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jeudi 15 juillet 2010

Cherchez l'erreur.

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Je n'ai rien contre la richesse, il s'en faut, mais contre les riches - et j'y inclus les faux riches, c'est-à-dire les Sarkozy et autres valets du capital... Finalement, ce que veulent ces gens-là, c'est une société de consommation où les gens qui consomment soient pauvres, une société de consommation où seuls les riches aient de l'argent, une société de consommation où les pauvres n'aient pas d'argent (ni de temps) pour consommer, une société de consommateurs à l'état d'esprit keynésien et au portefeuille walrasien (à moins que ce ne soit le contraire... dès que Walras débarque, c'est le bordel) - etc, on peut quasiment faire les variations Diabelli sur ce thème.

Mon fils de six ans aime la société de consommation, mais comprend très bien pourquoi un tel dispositif ne peut fonctionner. Est-il plus intelligent que Sarkozy ? Je ne suis probablement pas impartial sur le sujet. - Ceci dit, souhaiter la mort (politique et réelle, soyons franc) rapide de Sarkozy ne m'empêche pas de me demander d'où vient cette affaire Woerth : un citoyen lambda comme bibi pouvait savoir depuis des mois que la femme de Woerth travaillait pour la Bettencourt - pourquoi l'affaire n'a-t-elle pas démarré plus tôt ? Pourquoi ne découvre-t-on que maintenant le passé de combinard de Woerth ? A qui profite la révélation du crime ? AMG - Meyssan, même combat ? A suivre !


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lundi 12 juillet 2010

"On bricole, en attendant la guerre..."

Un peu de déprime aujourd'hui, avec ce compte-rendu sur un livre aux conclusions pessimistes,

et le bon entretien mensuel du Père Soral. J'ai été assez énervé par les approximations de son attaque contre Chomsky, sans être par ailleurs un afficionado du vieux juif, mais là je trouve qu'il est aussi clair que juste.

Bonne bourre !

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dimanche 11 juillet 2010

Tu parles, Charles...

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Quelques citations du Général, comme ça, pour le plaisir et pour vous montrer que je pense à vous, en dépit de ma faible activité à ce comptoir ces derniers temps :

"La France ne peut être la France sans la grandeur."

"En France, la gauche trahit l'État et la droite trahit la Nation."

"Les Français sont des veaux ; ils font sous eux, et c'est de la bouse..."

"Il n'y a eu de France que grâce à l'État. La France ne peut se maintenir que par lui. Rien n'est plus capital que la légitimité, les institutions et le fonctionnement de l'État."

"La bourgeoisie est d'instinct contre le peuple, mais elle sait très bien, en revanche, utiliser les hommes politiques de gauche, avec qui elle peut dîner en ville. C'est parce qu'elle sait que je ne suis pas de ceux-là qu'elle me combat."

"Nos trouillardes « élites » sont éternellement semblables à elles-mêmes : elles ne cessent jamais de faire dans leur culotte... Jadis, par peur des bolcheviques, elles se sont frileusement jetées dans les bras des Boches, et ça a été la collaboration... Aujourd'hui [1968 : les riches placent de l'argent en Suisse et en Allemagne], elles reprennent la même direction : elles vont terrer leurs écus de l'autre côté du Rhin."

"Mes jeunes amis, vous n'avez encore rien fait tant que vous n'êtes pas morts pour la France."

"Il est vrai que dans cette Europe « intégrée », comme on dit, il n'y aurait peut-être pas de politique du tout ! Cela simplifierait beaucoup les choses !"

au sujet des Allemands : "Ces chevaliers du myosotis qui se font vomir leur bière."

1941 : "Nous savions bien que l'Allemand est l'Allemand. Nous ne doutions pas de sa haine ni de sa férocité."

1969, après son départ de la Présidence : "Que voulez-vous, Debré, on ne peut pas gagner toutes les batailles. Nous avons vaincu Vichy, nous avons vaincu l'OAS, nous avons vaincu la chienlit de 68, mais nous n'avons pas réussi à rendre les bourgeois nationaux."


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"Le marxisme n'est pas une chimère. Ni Lénine. Ni Staline. Ni d'ailleurs Mussolini. La chimère, c'est le marxisme des intellectuels qui n'ont pas lu Marx."

"Sexe, le sexe, ils n'ont plus que ça à la bouche... Quand ils prononcent ce mot-là, sexe, sexe, sexe, n'entendent-ils pas crisser les ciseaux sur leur peau ?"


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"Le pays est solide, il en faut beaucoup pour l'abattre. Quand ça arrivera, je ne serai plus de ce monde ou trop vieux. Et ils diront : Ah ! si de Gaulle était encore là. Mais quand de Gaulle était là, ils se liguaient tous pour lui barrer le chemin..."


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samedi 3 juillet 2010

Mes responsabilités dans ton cul. - Apologie de la race française, VII. - Nigger of the day, VIII.

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Ah, la race française...



Apologie I.

Apologie II.

Apologie III.

Apologie IV-1.

Apologie V.

Apologie VI-1.

Apologie VI-2.



Sans doute y a-t-il des choses à dire sur la Coupe du Monde en cours, et notamment sur ce que nous a proposé l'équipe de France. J'attends de mon côté d'en savoir un peu plus - un ami me souffle qu'une des raisons des problèmes entre Ribéry et Gourcuff serait les moeurs du second (cherchez l'Arabe…), mal acceptées par le premier… Que fait la Halde ? - pour éventuellement disserter dessus. Une « brève » pour aujourd'hui.

Dans un article très degauche de Rue89, je lis, à propos de manifestations de racisme envers les joueurs noirs ou d'origine arabe de l'équipe de France : "Curieusement, plus les joueurs seront nés français (dans les DOM-TOM ou de parents immigrés dans l'Hexagone) plus le phénomène amplifiera (sic)."

En admettant que cette amplification soit réelle, elle n'a rien de « curieux », et, contrairement à ce que l'on pourrait supposer, n'est pas principalement liée au fait qu'il y ait de plus en plus de Noirs dans l'équipe. Le même phénomène s'est produit avec les Juifs au XIXe siècle, lors du mouvement d'assimilation. C'est justement parce que ces joueurs sont français que l'on s'interroge à leur sujet, et que, donc, on trouve à critiquer, tant dans ces domaines on trouve ce que plus ou moins consciemment on cherche.

Les Juifs avant l'émancipation étaient placés dans une catégorie, certes minoritaire, avec les avantages et les inconvénients que cela implique, mais une catégorie collective : caractérisée négativement (le « peuple déicide ») et positivement (les précurseurs du christianisme), mais collective. A partir du moment où les Juifs sont, « comme individus », pour reprendre l'expression de l'abbé Grégoire, français, les autres Français s'interrogent sur ces nouveaux compatriotes qui sont censés être pareils qu'eux. On se pose des questions sur eux, des questions sur leur nature, sur ce qu'ils sont. La problématique n'est plus la même : de caractérisations collectives sommaires et liées à des actes, on passe à des recherches sur l'essence des individus, en tant qu'individus issus d'une même collectivité.

Je vous citais il y a un bon mois ce dur passage où Rebatet s'enorgueillit de retrouver le Juif chez un compagnon d'armes charmant et assimilé : texte extrême, mais d'une mécanique classique, où le Juif est renvoyé à sa judéité en raison même de son assimilation, où l'assimilation du Juif, due, selon Rebatet, au « mimétisme si prompt de sa race », le rend encore plus juif qu'avant... C'est le même genre de phénomènes qui pousse certains antisémites à reprocher à la fois aux Juifs de toujours s'aider les uns les autres (en démocratie, ils rompent le pacte de l'égalité et de l'individualisme), et de se disputer entre eux. On les condamne parce que trop juifs, on les critique quand ils oublient qu'ils le sont.

Après, le rôle qu'ils ont pu jouer dans la modernité, les fortunes bâties par certains d'entre eux, tout cela a cristallisé d'autres rancoeurs, mais il me semble qu'un des facteurs essentiels de la forme d'esprit antisémite moderne est liée à cette difficulté, qui n'est pas sans fondement, à ne voir, malgré l'abbé Grégoire, dans les Juifs, que des individus.


- Bon, ce devait être une brève, je reviens à l'équipe de France. On peut avoir des opinions sur l'immigration en cours, se demander si elle doit se poursuivre, et à quel rythme, être arrêtée, etc., mais il n'y a personne pour réellement contester que la France sera désormais un pays métissé, que l'on ne peut pas ici revenir en arrière. C'est précisément parce que l'on sait que joueurs noirs et maghrébins de l'équipe de France non seulement sont français mais le seront de plus en plus, que l'on se pose des questions sur eux. Le nombre de joueurs non blancs dans l'équipe a son importance, mais surtout parce qu'il est lié à la conscience que la France a changé et change encore. (Ajoutons que toutes ces questions se poseraient nettement moins si cette équipe n'était pas aussi chiante à regarder jouer depuis des années…) Et du coup, alors que les joueurs de couleur auparavant étaient enfermés dans des stéréotypes (essentialistes, déjà : nous sommes dans la modernité) évoqués par Rue89 (« surpuissants », « félins »), ils sont maintenant convaincus de double appartenance, comme les Juifs à la belle époque, double appartenance religieuse ou sociale (sociale au pur sens de racaille, pas du point de vue du prolétariat, ou même du lumpen-prolétariat...), où la moindre affinité entre eux est vécue comme une trahison vis-à-vis du pays.

Et de même que la réussite des Pereire ou des Rothschild a pu contribuer à pimenter le débat sur les Juifs, les fortunes amassées par des Henry ou Anelka accentuent leur image de profiteurs, qui se gavent sur le dos de la France sans lui rendre ce qu'elle leur donne. On ne niera pas par ailleurs que certains Juifs sont des enfoirés et que tel ou tel joueur de l'équipe de France a ses côtés racaille ; mais, outre que, je le répète, tout cela est très lié à l'absence de résultats de l'équipe de France (à ce sujet et en repensant à 1998, on peut se demander ce qu'il adviendra de l'équipe d'Allemagne, dont tout le monde loue aujourd'hui le côté multiculturel, lorsqu'elle commencera à perdre), c'est une configuration logique d'ensemble (comment être dans un état d'esprit purement égalitaire par rapport à des gens qui ont au moins une différence par rapport à nous ?) qui détermine la suspicion, une suspicion qui trouve nécessairement de quoi s'alimenter, les Juifs, les footballeurs, et plus généralement les êtres humains n'étant pas, et n'ayant pas vocation à être - des anges.



- Ce qui n'empêche pas certains d'entre eux, dans la musique comme dans certains gestes de la main, de s'approcher du divin.


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