mardi 5 octobre 2010

"...Mais nous nous serons morts, mon frère."

novalis


La lecture de l'Équipe Magazine réserve décidément des surprises. Enfin, surprise, ce n'est pas le mot, puisque nous avons affaire ici à l'explicitation limpide sinon candide de ce que l'on a déjà compris. Dieu sait, ou plutôt vous savez que je ne suis pas identitaire pour un sou - respectueux du passé, c'est tout, un peu comme Chesterton -, et encore moins « identité nationale » à la mode Besson-Rioufol : c'est précisément ce qui me donne le droit de m'amuser de ce tour de force du capitalisme, qui, sous couvert de bien-pensance anti-Sarko, s'attaque à ce qui dans la nation n'est pas capitaliste, et donc peut le gêner, tout en faisant la promotion d'autres « identités », ethniques en l'occurrence (le nom de l'entreprise dirigée par cette fière demoiselle au « sang conquérant », quelle terminologie), le tout avec une pincée d'érotisme et une pointe de féminisme (avec ou sans guillemets). Si l'avenir de la modernité capitaliste doit se faire sur fond de communautarisme ethnique anti-national - quelle ingratitude, lorsque l'on pense à tout ce que l'État-Nation a fait pour le développement et la pérennité du capitalisme, voire à tout ce qu'il pourrait encore faire, si seulement la finance était moins gourmande - mais demander à la finance d'être moins gourmande, c'est comme demander au scorpion de ne pas piquer la grenouille chez Orson Welles, c'est son « character », ça ne rime à rien et ne l'empêche pas de se noyer - d'autant que ce ne sont pas de vagues ethnies sans grand sens, même si joyeusement « conquérantes », qui vont fournir au capitalisme un aussi bon cadre que ce que l'État-nation pouvait lui apporter en termes d'infrastructures et de légitimité - si donc l'avenir doit prendre un tel visage faussement avenant, il est clair que cette publicité en restera un symbole.


(A ce sujet, des réflexions sur la nation et la souveraineté dans le dernier papier de F. Lordon : sur la fin du texte c'est presque du Soral - ah, si tous les Lordon et les Soral se tenaient la main... il ne se passerait peut-être pas grand-chose. Peut-être un tsunami est-il effectivement nécessaire, que nous l'attendons les jambes écartées, et que les Lordon et les Soral ne peuvent travailler que pour après.)


Une minute vingt de bonheur cinéphile pour « conclure ».





Let's drink to character !


P.S. Une recherche d'un de mes vieux textes via M. Google m'a amené à constater que le Site des lecteur de Marc-Édouard Nabe m'avait il y a quelque temps cité. Ce genre de sites officiels ou semi-officiels a les défauts de son inévitable (?) dogmatisme, j'ai évoqué certains de mes hypothèses à ce sujet dans un des derniers commentaires postés chez M. Maso-Piqueur de photos, mais en l'occurrence l'attention est bienveillante, et je suis comme tout le monde, malgré un certain et récurrent désir d'invisibilité, ça ne me dérange pas que l'on s'aperçoive que j'existe et qu'on en parle. Merci donc.


Allez, une petite dernière :





C'était pas beau, le Québec libre ?

Libellés : , , , , , , , , , , ,