samedi 22 octobre 2011

"L'important est qu'il soit né." - Laissons la parole à d'autres.

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"M. Cohn-Bendit a fortement critiqué l’Allemagne pour sa non-participation à la guerre. Bien que ce soit une réaction plutôt sentimentale, pour quelqu’un de ma génération, celle de 1968, le fait qu’un ex-soixante-huitard, allemand d’origine juive, critique l’Allemagne pour son pacifisme apparent a quelque chose de surréaliste. Mme Joly, candidate des Verts français à l’élection présidentielle, qui critique les défilés militaires du 14 juillet — ils sont peut-être ringards, mais ne font pas grand mal —, approuve à 100 % la guerre et s’est même inquiétée du fait que celle-ci serait difficile à mener sans troupes au sol. A la suivre, les soldats français devraient être verboten sur les Champs Elysées, mais autorisés à Tripoli. Tout cela montre le chemin accompli, si l’on peut dire, dans la gauche, particulièrement celle issue de 1968, en ce qui concerne le militarisme et l’impérialisme « humanitaire ». Comble de l’ironie, les « fascistes » du Front national condamnent la guerre sans ambages. Ce qui fait que je me retrouve être « objectivement proche de l’extrême droite » parce que j’ai gardé des positions qui étaient traditionnellement celles de la gauche sur la question de la guerre, du militarisme et du droit international."

Jean Bricmont, on ne peut plus clair. N. Sarkozy est un traître - que penser d'un homme qui lèche le cul d'un gars, s'humilie devant lui, avant de contribuer à sa mort quelques années après, d'autant que le gars en question n'a pas changé dans l'intervalle et qu'on le connaît depuis longtemps ? Dans un roman, cet homme serait la personnification du traître et du méchant - et c'est notre président... Et c'est un assassin, évidemment. Je répète ce que disait Simone Weil : "Notre époque est tellement empoisonnée de mensonge qu'elle change en mensonge tout ce qu'elle touche. Et nous sommes de notre époque." Sarkozy est tellement de notre époque, est tellement notre époque, qu'il change en ordure tout ce qu'il touche.

Époque amusante ceci dit par rapport aux contes qui ont bercé notre enfance, puisque les pro-Juifs (je n'ai pas écrit les Juifs, ni les philosémites) sont devenus idéologiquement proches des nazis, comme le relève de son côté A. Soral dans sa dernière vidéo.


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Il n'y a pas de petits profits... C'est comme la récupération des dents en or des Juifs dans les camps à fin de revente, somme toute !


Mais époque qui ne laisse guère d'autre choix que de nommer les choses : Nicolas Sarkozy est un lâche et un assassin, en espérant contribuer à sa toute petite échelle à l'éclosion d'un mouvement de plus grande ampleur... Je parle comme un militant, mais le fait est là : ce n'est pas surestimer Nicolas Sarkozy, qui n'est bien sûr qu'un représentant, mais ô combien typique, de l'enculisme, que de constater qu'il pollue tout autour de lui. L'enculisme existait avant Sarkozy, c'est l'enculisme fondamentalement qui pollue, mais c'est Sarkozy qui actuellement le symbolise, presque avec innocence, et c'est pour ça qu'il peut nous faire autant chier.

Bref ! J'avais annoncé laisser la parole à d'autres. Ainsi que vous avez pu le constater, je ne suis pas d'une activité de tenancier débordante ces derniers temps. Une des raisons en est que je me suis remis à lire des romans, et qu'on extrait de ceux-ci moins aisément de belles phrases que lorsqu'on est dans Evola ou S. W. Je n'ai pu néanmoins m'empêcher de constater avec amusement que la morale politique de la série romanesque Harry Potter, que, stimulé par l'excellent incipit du dernier texte que lui a consacré M. Maso, je viens de m'enfiler en continuité, que la morale politique de cette série est tout à fait celle du « premier venu » :

"J'avais donné la preuve, dans mes jeunes années, que le pouvoir était ma faiblesse et ma tentation. C'est une chose curieuse à dire, Harry, mais peut-être que les plus aptes à exercer le pouvoir sont ceux qui ne l'ont jamais recherché. Ceux qui, comme toi, reçoivent la responsabilité du commandement et endossent ce manteau parce qu'ils le doivent, puis s'aperçoivent, à leur grande surprise, qu'ils le portent très bien." (Harry Potter et les reliques de la mort, éd. « Folio », p. 837.)

Sans transition, ce texte superbe :

"Miles mort ? Tout ça parce que son corps si déglingué s'est arrêté de fonctionner à Santa Monica le samedi 28 septembre 1991 ? Ça ne suffit pas pour ressentir la moindre tristesse ou le sentiment d'une perte. La mort des génies n'est qu'un accident de parcours dans leur destin. Miles est né immortel, il meurt immortel. Sa musique, ses musiques sont au présent, pour toujours, et lui est déjà ressuscité, en moins de temps qu'il n'en faut pour mourir. Pour tous ceux qui adorent Miles Davis, sa mort n'a aucune importance, l'important est qu'il soit né." (M.-É. Nabe, Miles Davis est mort ?, publié dans L'imbécile de Paris, n°3, 5 octobre 1991, texte intégral, repris dans Oui, p. 171.)

N.B. en date du 24.10 : j'avais attribué par erreur la direction de L'imbécile de Paris à J.-P. Voyer, on m'apprend que c'est Frédéric Pajak qui en était le directeur et rédacteur en chef. Mea culpa, je vivais avec cette fausse idée depuis bientôt 10 ans.

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mardi 11 octobre 2011

Deux liens.

Oui, les habitués d'"Égalité et réconciliation" les ont sans doute déjà lus, mais :

- on rigole pas mal à cette analyse des éditions récentes du "Club des cinq". Si je situe bien l'auteur, "Celeborn", nous avons eu jadis une controverse (sans coups bas, mais peut-être pas très productive), dans laquelle il m'arrivait d'adopter un point de vue « murayen ». C'est lui qui nous donne aujourd'hui comme un hommage à Muray, dans ce texte où l'on voit bien à quel point sont liées déstructuration du langage et refus de l'altérité. Il ne s'agit pas juste d'une baisse de niveau scolaire, ou du mercantilisme des éditeurs, il s'agit d'un problème de relation à soi et aux autres, et d'expression de ces relations ;

- je regarde le film consacré par Paul-Éric Blanrue à Robert Faurisson. J'ai exposé dans le temps mes principaux arguments contre le révisionnisme / négationnisme, je vous laisse lire ou relire ça : je me prenais à penser durant la vision (j'ai fait les 3/5e pour l'instant), que ce serait tout de même marrant que R. Faurisson ait raison. Que l'on nous ait bourré le mou depuis 60 ans, que nous ayons tout avalé. Rien que pour voir la tronche de certains, ça vaudrait le coup. Et quelle leçon de modestie sur la relativité du savoir... Les bouleversements qui nous attendent (crise systémique and Co) sont nécessaires, mais, vus d'ici, plus ou moins réjouissants : si celui-ci se produisait, au moins serait-il drôle !

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samedi 8 octobre 2011

Le premier Moldu venu. - Genèses, limites et ambiguïtés du « soralisme », III.

harry potter and the goblet of fire

La Mauvaise Éducation, ou Le Juif sadique essaie en vain de dresser Alain Soral et Marc-Édouard Nabe.


Première partie.

Deuxième partie.

Deuxième partie, bis.



La saillie avait fait parler chez les amateurs plus ou moins fans d'Alain Soral : le « Che » d'Égalité et Réconciliation s'était permis de dire que, pour la décennie que nous venons de traverser et éventuellement la précédente, seuls ses livres resteraient, passeraient à la postérité, évoquant au passage avec commisération, pour ne pas dire plus, M.-É. Nabe et M. Dantec.

(J'avoue ma flemme à retrouver la source, ce qui, soit dit en passant, et sans que cela soit une excuse à cette flemme, est un problème des archives audiovisuelles telles que les "Entretiens du Président" : si on ne note pas tout de suite le minutage de tel ou tel propos, il est assez laborieux de le retrouver après. - Ceci posé, il ne me semble pas avoir besoin ici d'être d'une précision bénédictine ; ceci posé, bis ou par-dessus, en cas de demande expresse, je vous indiquerai ce que A. S. a effectivement dit ce jour-là.)

La mégalomanie ne m'a jamais gêné, au moins chez les gens que j'estime : elle vient presque naturellement à ceux qui ont quelque chose en plus que les autres, dans quelque domaine que ce soit. Elle est plus ou moins envahissante ou ridicule, mais tant qu'elle aide ces personnes à réaliser ce qu'elles estiment devoir réaliser, tant qu'elle est partie intégrante d'un mode de fonctionnement, il faut faire avec. C'est un peu comme la « rage de vaincre » chez le sportif ou « l'amour du pouvoir » chez l'homme politique : cela ne les rend pas toujours sympathiques, mais si cela les pousse à faire de grandes choses... La sainteté est par définition rare !

Évidemment, ce jour-là Alain Soral a dit une connerie. Laissons tomber Maurice Dantec, qui se laisse d'ailleurs très bien tomber tout seul : je ne sais pas à quel point les livres de Nabe resteront ni lesquels, mais ils resteront à coup sûr plus que ceux d'A.S., dont le peu de clarté dans l'exposition se fera au fil du temps d'autant plus gênant que l'on ne saura plus trop de qui il parle. - Et il n'est pas dans mes habitudes de faire des paris sur le futur.

Ceci posé (ça commence à faire un tas), il n'est peut-être pas inutile d'essayer d'interpréter cette « connerie ». Sans doute y a-t-il ici une part de provocation, une volonté d'aller défier les fans de MEN et de M. Dantec sur leur terrain, de ne pas leur laisser le « monopole de la littérature », pour paraphraser la formule mitterrandienne. Mais revenons à notre préambule sur la mégalomanie : j'ai évoqué "ceux qui ont quelque chose en plus que les autres". Dans le cas d'Alain Soral, il faudrait parler de quelques choses en plus que les autres : notre lepénomarxiste n'a pas une qualité primordiale, ce qui en soi est une limite, mais il a beaucoup de qualités. Il n'est pas le plus intelligent, il n'est pas le plus courageux, il n'est pas le plus talentueux dans l'expression écrite, il n'est pas le plus sage, au sens fort du mot... mais il comprend beaucoup de choses, a le courage, notamment, de continuer à essayer d'en comprendre d'autres et de ne pas reculer devant certaines conséquences de ce qu'il pense, il a quand même un vrai talent d'expression orale, et a su jusqu'ici à peu près reprendre la main après certains excès verbaux. (Bien évidemment, ceux qui ne l'aiment pas seraient, surtout sur ce dernier point, moins indulgents que moi.)

Je vous parle de ça pour deux raisons, toutes deux liées à ce projet des Genèses, limites..., lequel consiste à essayer de situer les options et idées politiques d'A.S. dans une perspective plus vaste qu'on ne le fait d'habitude. Et il faut bien pour cela, étant donnée la façon dont il travaille et promeut son action, évoquer ce que l'on pense comprendre de l'individu Alain Soral lui-même.

La première de ces raisons, donc, ou le premier des résultats auxquels on parviendrait aujourd'hui, c'est qu'A.S. est un homme ordinaire, mais en mieux, ou qu'il se situe dans la fourchette supérieure des hommes ordinaires, ce qui répond, encore une fois, à la définition du « premier venu » par Paulhan (je sais, je vous le retranscris un jour...). Ce qui explique d'ailleurs pourquoi ses côtés mégalos font autant parler, aussi bien les admirateurs que les détracteurs : parce que tout le monde sait que ce n'est pas un génie, qu'il n'est pas exceptionnel. - Ce qui, peut-être faut-il le préciser, et sans que cela par ailleurs ne remette en cause les critiques que je peux moi-même porter à son endroit, ce qui ne fait que rendre plus méritoire ce qu'il fait, ou, à tout le moins, ne fait que montrer à ceux qui ne font rien ou beaucoup moins, qu'il était tout à fait possible de faire plus.

La seconde raison, ou l'autre idée qui m'a fait prendre le clavier ce matin (alors que je ne pense qu'à France-Angleterre dans trois heures...), c'est l'analogie qui m'est venue entre Alain Soral et quelqu'un comme Laurent Tailhade. Je n'ai jamais lu Tailhade, et ne voudrais pas être injuste à son égard, mais précisément, plus beaucoup de monde ne le lit encore, et certains ne le connaissent que par ses démêlés avec Bloy. C'était, comme on dit, une figure de son époque, et il est bien possible, comme me le disait un ami fin lettré, que son épaisse biographie (Laurent Tailhade ou la provocation considérée comme un art de vivre, Maisonneuve et Larose, 2001, 828 pp.) soit nettement plus intéressante que ses propres livres. Tailhade a beaucoup parlé et fait parler de lui, il a en fait suer plus d'un, a asséné un certain nombre de vérités, a fait scandale... Vous comprenez le parallèle, et mon idée qu'il est bien possible qu'une biographie d'Alain Soral parue dans X années, soit un livre plus fort sur notre temps que Comprendre l'Empire ou Misères du désir.

Ceci posé (avant que tout ne s'écroule), je précise que malgré peut-être les apparences, il n'y a ici aucune condescendance de ma part - d'autant que le film n'est pas fini... Simplement une volonté de mieux cerner ce personnage, ses idées, ses possibilités et ses limites.


- J'ai parlé de Bloy, dont on lit encore les livres, et pour un certain temps sans doute. L'analogie est tentante de voir dans le bloyen Nabe le Bloy de Tailhade-Soral. Je mentirais si je ne disais pas qu'elle m'est venue naturellement à l'esprit, mais il faut se méfier des comparaisons et des facilités qu'elles peuvent induire. Il vous est néanmoins loisible de voir dans ce que j'ai pu écrire aujourd'hui sur Alain Soral certaines remarques en creux sur M.-É. N...

...dont j'avoue pour finir qu'il m'a bien énervé avec son livre sur DSK : j'aurais dû deviner, lorsque fleurissaient les rumeurs dans les cercles nabiens qu'il travaillait à quelque chose sur le « printemps arabe », que c'était du vent et qu'il préparait un autre coup. On croit commencer à connaître la bête, on se fait tout de même avoir. Enculé toi-même, va ! (écrit avec l'accent chantant du sud...)

Ceci posé (badaboum ?), je vous laisse, Irlande-Galles est commencé, et bien commencé...

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