mardi 15 décembre 2015

Ton deuil national et ton état d'urgence dans ton cul, salope ! (III et fin provisoire.)

Éternellement lié à la trahison...


Quand on voit les Français actuels et la difficulté des problèmes qui se posent et vont se poser à eux, on ne peut qu'être saisi d'angoisse… Continuons néanmoins, faisons ce que nous avons à faire, faisons ce que nous pensons savoir faire, le reste n'est pas en notre pouvoir. - J'ai rédigé le premier jet de ce texte publié en trois parties, deux jours après les attentats. La structure d'ensemble : les responsabilités des Français, celles des musulmans, celles des saboteurs -, s'est imposée très vite à mon esprit. Mais plus je relisais ou corrigeais ce que j'avais d'abord écrit sur les États-Unis, les socialistes, les maçonneries, et plus j'avais l'impression de chercher à excuser mes compatriotes (les vrais…).

"Ils sont fascinants, pourtant, ces moments immenses où un monde se soulève à la fois dur et docile, rigoureux et indécis, demandant à être compris dans ses tendances et achevé par nos volontés. Dans une si vaste occasion, je rencontre trop de gens, parmi les mieux intentionnés, qui ne voudraient s'engager dans une action que si on leur garantit d'avance tous les résultats" : ici comme ailleurs mon cher Abel Bonnard peut nous guider. Il semble en effet n'y avoir aujourd'hui pour nos contemporains que deux modes d'action politique, le djihadisme, dont les résultats sont en effet garantis pour l'engagé, qui part au ciel en morceaux et meurtrier ; le vote FN, qui offre encore manifestement la garantie de gêner certains, dont le pitoyable Manuel Valls, c'est mieux que rien. Mais tout cela est désespérément, justement, prévisible et prosaïque.

Depuis les attentats, les Français ont été assez logiques. Ils s'en sont remis au chef de l'État, qui a eu l'instinct politique (le corrézien a-t-il percé sous le socialiste ?) de se rappeler que sa fonction était entre autres d'assurer et représenter la pérennité du corps national, avant de signifier aux partis au pouvoir ce qu'ils pensaient de leurs capacités à exercer ce pouvoir, le tout sans vague de violence à l'égard de leurs « compatriotes » musulmans. Le risque est grand malheureusement de les voir s'arrêter là (cette phrase a été écrite entre les deux tours de scrutin). Dans le contexte actuel, cela ne peut suffire.


Le contexte actuel : la France est une république bananière en même temps qu'un pays en voie avancée de balkanisation. République bananière, cela signifie que sa classe politique est vendue à l'étranger. En voie de balkanisation, sous le poids évident de l'immigration massive.

Ici, je peux recopier quelques lignes de mon premier jet :

Peu de choses m'ont autant énervé ces deux derniers jours que les messages de soutien venant d'Outre-Atlantique. Ce pays (ou cette entité) fait tout pour détruire l'Europe et la vassaliser, ce pays (ou cette entité) n'est pas un allié. Que notre Président et une bonne part de nos « élites » soient à leur botte - soient des espions et des traîtres, utilisons les mots appropriés, ne suffit pas à justifier une alliance entre l'entité américaine libérale et des pays comme la France (ou l'Italie, ou même l'Allemagne…). Il faut être demeuré comme les jeunes Français actuels pour conclure de l'existence de bonnes séries télévisées et d'immeubles construits sur le modèle du "qui a la plus grosse" (les arabes musulmans saoudiens ayant intelligemment pris le relais de cette intéressante occupation…) à la supériorité et à la bienveillance de leur way of life messianique et carnassier. (Ici vous pouvez caser tout ce qui vous plaît dans les rubriques : consumérisme, culte de la croissance, écologie, etc. Les États-Unis sont le cancer de l'humanité. Plus que de la planète, même si c'est à la mode.) Quant à la solidarité bruyante de ces entreprises américaines qui ne paient pas d'impôt en France…

Pas de bol, donc, nos gouvernants sont pro-américains et immigrationnistes. Pas de bol - mais c'est logique -, les plus tocards, imbéciles et bornés des gouvernants, MM. Hollande et Valls, qui viennent à la suite d'une longue tradition de politiques médiocres dans l'histoire de France (le revers de la médaille de notre douceur de vivre ?), sont ceux-là mêmes qui doivent gérer une situation très difficile, alors qu'ils en sont en partie responsables. On dit souvent, j'ai pu l'écrire moi-même, je viens encore de le relire, que les Français valent mieux que leurs gouvernants : outre que le reproche peut paraître peu légitime lorsque l'on demande à ces gouvernants de tout faire à notre place, il me semble que, si le diagnostic est malgré tout valide, si vraiment les Français valent mieux que MM. Hollande, Valls, Sarkozy ou Mme Le Pen, le moment n'est peut-être pas trop mal choisi pour commencer à le montrer.

- Fin d'auto-citation. Bonnard, que nous retrouvons maintenant, s'en plaignait déjà dans Les Modérés : les Français s'enorgueillissent de ne pas être dupes de la balourdise ou de la malhonnêteté de leurs gouvernants (et ils semblent donc, si l'on en croit les élections en cours, suivre toujours cette ligne (qu'ils ont vite quittée, je rajoute ça au moment de mettre sous presse...)), mais cet orgueil reste inoffensif s'il se suffit à lui-même, et s'il permet de laisser les politiques ne pas assumer leurs responsabilités.


Le noeud du problème étant qu'une des rares voies qui semble se dégager pour nous se trouve précisément dans une sorte de retrait, au moins d'un point de vie spirituel, de la vie politique. Ceci par l'indifférence, par le mépris de tout ce qui vient de l'État. Bernanos l'avait compris, c'est un thème que je développerai d'une façon ou d'une autre à l'occasion, l'État est l'ennemi de la nation. Les exceptions prestigieuses du type de Richelieu ou de Gaulle, pour aller vite - et encore sont-elles justiciables d'analyses serrées -, ne peuvent cacher cette évidence, qui n'implique pas de remplacer l'État de droit par la loi de la jungle et la raison du plus fort - ce qui est déjà en grande partie fait par l'État lui-même, justement - mais doit pousser chacun à de tenter de mettre la loi à sa juste place. Il y a d'autres façons d'être français que grâce à un simple bout de papier tamponné, il y a d'autres façons de voir l'histoire de France passée et à venir que celle enseignée par la loi républicaine maçonnique. Il y a d'autres communautés dans lesquelles vivre que la communauté nationale violée par ceux qui en avaient la charge, les Français comme leurs gouvernants… (J. Rochedy l'évoque ici, avec plus de confort que moi). Il y a d'autres façons de résoudre ses conflits - parfois moraux ou sexuels - avec ses concitoyens que de leur faire des procès en permanence. Etc. - Bien évidemment, il y a danger à laisser à l'État de la place, lui qui, « urgence » à l'appui, en occupe toujours plus, mais le danger moral et spirituel est sans doute plus grand encore de continuer à croire que la place qu'il occupe déjà est en quelque manière normale et légitime. Soyons anarchistes au sens médiéval du terme, ce sera déjà un début… L'anarchisme conservateur de culture chrétienne, voilà l'avenir !

Finissons sur une généralité - puisqu'aussi bien, pour citer encore Bonnard, "quand il s'agit de tout refaire, on ne saurait tout préciser". J'ai évoqué il y a longtemps, dans un texte d'ailleurs consacré à nos rapports ambigus avec l'État, cette idée de Jacques Bouveresse, selon qui l'inconséquence serait comme « l'habitus moderne par excellence ». Des amis de djihadistes financés par notre propre ministre des affaires étrangères (ministre des affaires de l'étranger en France…) qui viennent tuer des Français, un Président qui passe son temps à cracher sur le concept de nation pour demander ensuite que l'on retrouve du goût au drapeau et à qui il faut 130 morts pour qu'il se souvienne qu'il est là pour aider et protéger, dans la mesure du possible, son peuple, au lieu de l'enfoncer à coup de traité transatlantique (par exemple), des Français qui rendent tout le monde responsable de tout sans se remettre eux-mêmes en question, une génération 68 bientôt dans la tombe mais qui aura vécu toute sa vie en lévitation heureuse, inconséquente et sûre d'elle - et qui elle, à la différence peut-être de F. Hollande, semble n'avoir toujours rien compris à rien… L'univers conceptuel de la franc-maçonnerie (pardon, des « Lumières »…) est lui-même une creuse rêverie sans appui dans le réel, et qui s'en vante. C'est toute notre civilisation d'ailleurs qui est en lévitation : si elle a été supérieure à la plupart des autres, position que je peux assumer, elle ne peut plus l'être que de façon résiduelle, parce qu'elle ne s'est pas encore cassé complètement la gueule, et parce que, par certains aspects, elle se situe encore un peu plus haut que les autres… Bref ! La liste est longue de tous ceux qui semblent séparer délibérément concepts et conséquences logiques de ces concepts. L'anarchisme conservateur logique ("Le royalisme, c'est l'anarchie plus un", disait Boutang), voilà l'avenir…

Tout ceci n'étant valable que si l'on attache quelque prix à la civilisation française, bien sûr. Mais là encore, soyons conséquents : si l'on n'est ni américain, ni maçon (c'est pareil), ni musulman, peut-on vraiment supposer que ce qui risque de la remplacer vaudra mieux qu'elle ? Que chacun pense à ces vieux gauchistes qui se plaignent que tout ce qui était lié à ce qu'ils ont cherché en 68 et après à détruire marche moins bien qu'avant, avant de répondre...

Dans mon premier texte de 2015, début janvier, je citais cette phrase d'un biographe de Maurras disant que celui-ci était très sensible au fait que "les civilisations sont mortelles, et à quel point les mauvaises décisions politiques se paient." J'ajoutai en guise de voeux de nouvelle année cette question : "2015, année où les mauvaises décisions politiques vont se payer ?" Il y a un mois, plus d'une centaine de personnes en ont payé le prix, ont commencé à régler la note. Il n'y a à l'heure actuelle aucune raison que cette liste, que cette note, ne s'allonge pas dans le futur. - Raison de plus pour faire des enfants, faire des enfants : les enfants, voilà l'avenir…


Sans titre


Il faudra revenir sur de nombreux points, bien entendu. 2016, année d'une plus grande lucidité et d'une plus grande humilité ?