lundi 20 juin 2016

"Il n'y avait rien, qu'un peu de vase..." (Léo Ferré). La famille contre le suffrage universel. (Principes d'une révolution nationale réussie, II).

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Commençons par être d'accord avec les musulmans, tout arrive :

"L'oecuménisme laïciste… professe un égal respect de toutes les religions indistinctement, ce qui devrait assurer, nous dit-il, leur coexistence pacifique. Mais coexister est contraire à la nature même des religions. Si l'une est vraie les autres sont fausses et n'ont pas droit au même respect. Elles ne sauraient être pareillement respectées que si l'on n'y croit pas, ou très peu. Réduites à l'état de mythe moral, elles peuvent être vécues comme complémentaires : ainsi le principe de laïcité républicaine les aura relativisées, sécularisées, déreligionnisées. Telle est bien son intention." (J. Madiran, Chroniques sous Benoît XVI, t.1, Via Romana, 2010, pp. 61-62 ; écrit en 2006.)

De ce point de vue il est bien normal et légitime que les musulmans se sentent plus offensés par les bobos « tolérants » que leur coreligionnaires ont assassiné en masse il y a quelques mois, que par des gens qui les considèrent, c'est un début, comme religieux, quitte à critiquer leur religion. Il n'en reste pas moins regrettable qu'ils se soient mis à la jouer « à la juive », c'est-à-dire en versant dans l'oecuménisme maçonnique quand il s'agit de critiquer ce qu'il y a de chrétien en France, tout en étant en réalité bien décidés à rester musulmans et à faire valoir leurs « droits » dès qu'on les titille un peu.

Quoi qu'il en soit, ceci n'est qu'une introduction à notre sujet du jour, une saine critique de la démocratie moderne. Je laisse l'excellent Jean Madiran envoyer du bois, sans trop de commentaires :

"On sait bien qu'une démocratie ne peut durer que par la puissance, visible ou cachée, d'une oligarchie contraire au principe majoritaire dont elle se réclame." (Ibid., p. 37 ; écrit en 2005.)

"En France, l'application des principes de 1789 et le suffrage universel ont permis à des minorités religieuses de s'emparer du pouvoir politique et de l'utiliser pour combattre sournoisement ou même ouvertement le catholicisme, religion majoritaire. Paradoxe, - en apparence seulement : partout, le suffrage universel est manipulé par des oligarchies, et presque toujours à l'encontre des préférences, des convictions, des sentiments les plus répandus dans la population. Pour ne retenir qu'un exemple récent, les électeurs qui ont porté au pouvoir, en 1981, le président Mitterrand et le parti socialiste, ne voulaient ni le socialisme, ni l'asphyxie de l'école libre, ni l'abolition de la peine de mort, ni l'augmentation des impôts, ni l'accroissement de la bureaucratie et des contrôles administratifs. (AMG : on ne peut pas dire qu'ils aient vraiment eu le socialisme… Quoi qu'il en soit, je vous laisse adapter cette théorie aux cas de N. Sarkozy et F. Hollande.) Chaque fois que l'on aperçoit une anomalie de cette sorte, chaque fois que l'on constate que le suffrage universel joue contre la majorité du peuple, on a tendance à supposer qu'il s'agit d'une bizarre exception. Mais c'est au contraire une constante. Bien sûr, les élus du suffrage universel sont portés par une majorité réelle : une majorité mobilisée sur des choses secondaires, des querelles de diversion, des promesses séduisantes mais insensées, des leurres, et non sur le véritable dessein de ceux qui organisent et financent les campagnes électorales et qui manipulent les élus. C'est ainsi que la France, pays catholique, a été déchristianisée par l'action tenace (notamment scolaire) d'un pouvoir politique issu du suffrage universel : mais il ne l'avait pas dit, il n'avait pas été élu pour cela, qui cependant était son intention principale et reste son oeuvre la plus importante. Le suffrage universel réunit des majorités de circonstance, autour de programmes anodins et de promesses qui au demeurant ne sont presque jamais tenues - mais pour imposer à ces majorités, et en leur nom, ce qu'elles ne voulaient pas, et qu'on leur avait caché durant la campagne électorale. Ce qui explique et fait comprendre le mot surprenant, le mot saisissant du pape Pie IX : "Suffrage universel, mensonge universel". (…) Si on connaît un peu l'histoire, on conviendra d'autre part que ce ne sont pas les élus du suffrage universel, mais que c'est la monarchie capétienne qui s'est trouvée le mieux en accord avec le sentiment profond de la majorité du peuple français sur les choses essentielles : la religion, la conception du monde et de la vie, l'idée générale du bien et du mal. D'ailleurs, la plupart des hommes d'État républicains, quand ils sont arrivés à l'âge de la retraite, qu'ils n'ont plus rien à cacher, plus rien à espérer et plus rien à craindre des compétitions électorales, et qu'ils se penchent sur leur passé pour en tirer la leçon expérimentale, conviennent plus ou moins que le culte du suffrage universel est une dangereuse illusion. (AMG : on trouve souvent des remarques de ce genre chez Bonnard.)

La naïveté - ou l'hypocrisie - répondra :

- Sans doute, le suffrage universel ne donne souvent qu'une traduction imparfaite de la volonté générale. Travaillons donc à en améliorer le fonctionnement, à en corriger les défauts, soyons positifs, constructifs, et non pas négatifs… Cette réponse concerne seulement le reproche éventuellement fait au suffrage universel de mal tenir ses promesses. Mais à côté de ce qu'il réussit mal, il y a ce qu'il réussit fort bien. Il ne construit pas grand chose de bon mais là n'est pas sa fonction principale. Il est là pour détruire. Il est le plus grand bulldozer social du monde moderne. Son utilisation négative est d'une épouvantable efficacité. Les pouvoirs qu'il fonde ne valent souvent rien, qu'importe, il sert essentiellement à ruiner les pouvoirs qui ne sont pas fondés sur lui. Sa légitimité apparaît, à l'usage, trompeuse ou douteuse, mais son vrai rôle est d'éliminer les autres légitimités. Il est le venin. Le venin n'est pas pour nourrir, il est pour empoisonner." (Les droits de l'homme DHSD, Éditions de Présent, 1995 (texte écrit en 1988), pp. 49-53.)


La prise de la Bastille ne mène pas directement et logiquement à Conchita Wurst, aux usines à bébés dans le tiers-monde pour alimenter les « désirs d'enfants » des couples homosexuels occidentaux, répondra-t-on à ce raisonnement. Il se peut, quoique les rapports soient anciens entre la maçonnerie et le trafic d'enfants. Mais le problème, c'est que le 14 juillet, la Bastille, les droits de l'homme et tout ça, cela ne donne aucune arme théorique pour lutter contre Conchita Wurst, la pornographie généralisée ou la pédophilie rampante. Il faut d'autres armes, celles des « droits » supposés, proclamés, effectifs, etc., ne suffisent pas. On retrouve ici des idées avec lesquelles, via Vincent Descombes, je vous bassinais déjà il y a dix ans (!) : si l'on veut que quelque chose comme « la démocratie » fonctionne, démocratie signifiant ainsi un certain accord de la majorité (et dans cas, la majorité peut être assez écrasante) de la population avec les directions d'ensemble prises par la société (ce qui n'est absolument pas le cas dans notre belle République), il faut admettre que des parties de ladite société - la famille au premier chef, mais aussi l'école - ne soient pas empoisonnées par le venin « démocratique » tel que le décrit J. Madiran. La tolérance, il y a des maisons pour ça, disait Claudel, il en est de même de la démocratie : il y a des isoloirs pour ça, elle ne fonctionne pas partout. Sinon, dans les deux cas, c'est la partouze générale.


Qui se sent pédophile, qu'il se...


(Ceux qui auront eu la patience de suivre le lien indiqué et de retrouver le texte de V. Descombes auront constaté que l'éminent philosophe français y parle d'un sens de l'autolimitation constitutif du citoyen, formé à la pratique de la démocratie et du compromis raisonnable par des sociétés, famille et école, qui ne sont pas démocratiques, et non pas d'un accord global d'un peuple et de ses élites. J'assume cette bifurcation, ce détournement si l'on veut, et joue pour ainsi dire Descombes et Madiran contre quelqu'un comme Jacques Rancière : il en est de même de la famille et de l'école d'une part, du combat contre Conchita Wurst et la pédophilie de l'autre, les « droits » ne donnent pas assez de solution, il faut aussi des « devoirs ». Un devoir intégré, c'est une forme d'autolimitation (Descombes). La racine de ce devoir, c'est un commandement divin (Madiran), ou, peut-être, une constante anthropologique (Mauss, Michéa), dont le lien au concept chrétien de « loi naturelle » est bien sûr à étudier.)


Il n'est peut-être pas inutile, pour clore cet ensemble un peu désordonné, de rappeler à quel point, ici, la question des enfants est centrale. - Jean Madiran encore, sur le socialisme et l'école : "…une démagogique passion en faveur de l'ÉGALITÉ DES CHANCES, qui est un mythe irréalisable et donc une tromperie. Les « chances » ne pourraient être « égales » qu'entre des enfants qui dès leur naissance auraient été traités comme des orphelins, uniformément enrégimentés dans les mêmes pouponnières, les mêmes maternelles, les mêmes collèges. On n'y arrivera jamais. Peut-être même ne le voudrait-on pas. Mais en poussant aveuglément dans ce sens, on disqualifie et détruit peu à peu toutes les inégalités protectrices qui dans la famille, l'école et la cité, développent la vie humaine et assurent une civilisation." (Chroniques…, p. 51 ; écrit en 2005.) Laurence Rossignol, socialiste, lorsqu'elle disait que les enfants n'appartenaient pas à leurs parents, se situait dans une histoire de longue durée, et c'est bien sûr l'usage du mot « appartenir » qui le prouve et dissipe toute équivoque à cet égard - les parents le savent bien, que les enfants leur échappent ! Ils essaient de leur donner des outils pour ne pas qu'ils se perdent eux-mêmes en leur échappant, ils ne peuvent pas considérer sérieusement que les enfants leur « appartiennent », ce n'est pas là un vocabulaire de parents…


Un enfant pris en charge par un(e) ministre de l'Éducation nationale

Un(e) ministre socialiste prend en charge vos enfants...


Quittons-nous donc dans la cinéphilie et la bonne humeur, avec M le maudit et sa dernière phrase : nous n'aurons jamais fini de protéger nos enfants.