mercredi 25 janvier 2017

Le rêve américain.

Même si un numéro d'Éléments vous fournit un certain contingent de citations, je ne vais pas me limiter à une par jour, sinon ce sera interprété comme de la paresse. A l'heure où j'écris, j'en suis dans ma lecture à la moitié de l'interview de L. Maubreuil. En attendant d'avoir fini tout ça j'en reste pour aujourd'hui à Marcel Gauchet :

"Le problème de Fillon est… difficile. Il est de faire admettre que l'intérêt national, qu'il veut remettre au premier plan, dans un esprit conservateur, exige une purge libérale drastique, dont le principe, pour la majorité des Français, va contre ce qu'ils ont coutume de concevoir comme la bonne manière d'affirmer l'intérêt supérieur de la nation."

"Une chose, par exemple, puisque nous parlions des États-Unis, est d'admettre de grandes inégalités à l'intérieur d'une communauté nationale par ailleurs posée et sentie dans son unité de communauté de destin, où tout le monde est supposé pouvoir réussir, autre chose est d'accepter la dissociation de cette communauté entre les Beautiful people à même de tirer parti de l'ouverture globale, et les ploucs locaux, les « lamentables » de Madame Clinton, qui n'ont qu'à se résigner à leur triste sort, sans espoir de faire mieux que de survivre."

Ce qui signifie entre les lignes que Madame Clinton est plus de droite, avec tous les guillemets que l'on veut, que Monsieur Trump. Madame Bruni-Sarkozy est aussi plus de droite que M. Jean-Marie Le Pen.

- Au sujet des censures dues au politiquement correct :

"Le pouvoir d'intimidation des discours dénonciateurs recule incontestablement. (…) En même temps, ce dispositif a acquis un tel enracinement institutionnel que son extinction n'est pas pour demain. Et le plus grave à mes yeux est qu'il a enfermé les esprits réfractaires dans une dénonciation des dénonciateurs qui est nécessaire et salutaire, mais qui n'est pas très substantielle à la longue. Pour qu'il y ait des débats de fond, il faut des propositions de fond. Et on ne peut pas dire qu'elles se bousculent au portillon."

J'arrête là pour aujourd'hui, il y a aura une nouvelle fournée, comme dit Jean-Marie, une prochaine fois. J'en profite néanmoins pour signaler que la thèse de M. Gauchet selon laquelle le développement des intégrismes religieux est un signe paradoxal et fiévreux de l'entrée des religions dans la modernité me laisse toujours dubitatif, un peu (la comparaison est réfutable d'un point de vue logique, c'est pour me faire comprendre) comme ces convaincus du réchauffement climatique qui vous expliquent à chaque vague de froid que justement, c'est bien là un signe du réchauffement. Ajoutons qu'il me semble difficile de parler d'intégrisme à propos des catholiques qui n'acceptent pas tout de Vatican II ou de l'attitude hérétique des évêques français, mais passons.

Et donnons la parole à Alain de Benoist pour finir, qui commence ainsi sa recension d'un livre de C. Bouton, Le temps de l'urgence : "Il en va de l'urgence comme de l'exception ; quand l'une et l'autre deviennent la règle, les choses perdent leur sens." - Christophe Bouton écrit ainsi : "Plus le temps est économisé, plus il vient à manquer." C'est le fameux proverbe africain, "L'homme blanc a toujours une montre, mais il n'a jamais le temps", le mais étant bien sûr figure de style, proverbe qui m'avait inspiré, citons-nous nous-mêmes sans vergogne, quelques réflexions du même ordre.

A demain !