mardi 28 février 2017

"De ce point de vue-là, la France tient son rang et son rôle : révélatrice de la catastrophe qui la frappe et nous frappe tous."

Philippe Grasset, sur son émérite site Dedefensa. Il continue ainsi un texte centré sur l'idée que la France, en tant que possiblement « lepéniste » se remet à intéresser, à titres divers, les observateurs étrangers, lesquels la tenaient depuis des années, hélas à raison, pour quantité négligeable, quand elle suivait l'ordre (!??!) mondial :

"Le paradoxe de cette situation est assez plaisant, puisqu’il est, selon les hypothèses les plus dramatiques qui font l’événement sensationnel a priori, que le Système se bat contre une possibilité qu’il juge de “repli de la France sur elle-même” (Le Pen), et qu’à cause notamment de cette bataille comme outil de la dynamique à l’œuvre,  la présidentielle française s’inscrit effectivement comme un événement qui replace la France dans la dynamique la plus grondante, la plus active des relations internationales dans ce temps de crise. C’est l’hypothèse du “repli sur soi”, et surtout si cette hypothèse est rencontrée, qui fait que la France prend (reprend) une place très importante dans les affaires du monde ; ainsi va l’hypothèse à son terme sous la forme de ce paradoxe signalé plus haut, extrêmement remarquable, – la possibilité du “repli sur soi” comme manière de sortir de l’enfermement dans sa mécanique de masturbation intellectuelle interne franco-française, pour épouser ou revenir dans la situation du monde et dans son époque qui est celle, non pas du triomphe du Système mais de la Grande Crise d’effondrement du Système..."

Ce que l'on peut formuler plus succinctement : c'est en refusant les influences étrangères et mondialistes, donc en cherchant à se rapprocher de son histoire, qui n'est par définition celle d'aucun autre pays, que la France retrouverait une personnalité et un rôle. - Bon, on n'en est pas là, et une élection, qui par ailleurs donnera ce qu'elle donnera, ne vous change pas des décennies de relâchement et d'invasion démographique en un tournemain. Mais bon, en lisant ces amusants paradoxes, je repensais à cette phrase de Jean Madiran dans son Brasillach, phrase que je n'ai jamais citée faute du contexte idoine :

"Ce qui est offert à notre pays, c'est toujours le plus difficile. Ce qui est demandé à la fille aînée, c'est d'être en avant et la première, c'est de devancer les temps."

Le « contexte idoine » devant permettre de mettre en relief la grandeur un peu naïve de cette phrase, écrite dans les années 50, et qu'il est difficile de ne pas lire avec une ironie amère, avec l'idée masochiste d'en inverser le sens, avec l'idée guénonienne que la France est en avance surtout sur le chemin de la décadence. La citation de P. Grasset est tombée à point pour illustrer ces ambivalences. - Les chutes qui me viennent à l'esprit étant plutôt sinistres, je finirai ainsi : donc, tant qu'il y a de l'ambivalence, il y a de l'espoir.

lundi 27 février 2017

Dans la série "L'accomplissement du judaïsme, c'est le christianisme..."

Ou "Le judaïsme actuel est postérieur au christianisme, ce n'est pas une religion plus ancienne", je tombe sur cette remarque de la biographe de saint Paul, Marie-Françoise Baslez :

"C’étaient en effet les Juifs les plus romanisés, comme Philon et Josèphe, qui assimilaient les prophètes aux agitateurs et leur prédication à des menées subversives."

Ce qui bien sûr est leur droit, mais confirme d'une certaine façon que l'on commet, intentionnellement ou non, une erreur en se plaçant de leur point de vue pour juger le christianisme depuis le judaïsme, comme si celui-ci n'était pas alors précisément dans une période d'évolution, et même de révolution - ou d'autodestruction, ou, donc, d'accomplissement.

(La phrase qui me sert de titre exprime une idée qui n'est pas nouvelle : elle a récemment été ainsi reprise avec douceur et fermeté par la petite soeur de M. Bernard-Henri L., cette soeur convertie au catholicisme dont l'existence me réjouit presque autant qu'elle semble rendre son frère plus névrosé et méchant encore qu'il ne l'est. Et depuis quarante ans que nous les supportons, nous en savons bien long sur cette névrose et cette méchanceté. Les Libyens aussi, d'ailleurs.)

dimanche 26 février 2017

"Au moins, si Marine Le Pen est élue...

...les gens verront que le fascisme français n'existe pas", me dit un ami. Il est vrai que l'on peut souhaiter qu'alors le fantôme d'Hitler enfin disparaîtrait et que ce blocage de la pensée, au moins, serait levé. Certes les journaputes français feraient sans doute tout ce qu'ils pourraient pour nous convaincre que la bête immonde, le ventre fécond, les heureslesplus, etc., mais je pense pas que cela pourrait beaucoup tromper Popu. - En revanche, il est à craindre que les plus obtus représentants de ma génération (début années 70) ne croient de leur devoir d'empêcher la venue au pouvoir de ce soit-disant fascisme, et qu'ils s'obstinent d'autant plus en ce sens que cette femme républicaine, qui pourrait être la première femme président en France (et qui est entourée d'homosexuels, tout pour leur plaire), se rapproche de son objectif. Bref, ils peuvent encore foutre la merde. - Non, encore une fois, que l'on voie en Mme Le Pen plus que ce qu'elle peut offrir, mais au moins, donc, pour donner un peu d'air frais au pays - les « extrêmes » ne conduisent pas nécessairement aux chambres à gaz, pour synthétiser.

samedi 25 février 2017

Apprentis sorciers, pompiers pyromanes, etc.

Il m'arrive d'expliquer à des amis ou des connaissances me rappelant notre « devoir » d'aider les « réfugiés » qu'il manque à leur appréhension de ce grave problème une pièce importante : ce sont les mêmes qui, du haut de l'État ou de l'UE, nous demandent de le faire, qui ont participé à créer le problème, en éliminant Khadafi, en déstabilisant la Syrie. Ce sont les responsables qui nous culpabilisent, pour reprendre d'une certaine façon la célèbre formule de G. Dufoix. (Ce qui d'ailleurs rappelle la haute contribution à la vie politique française, sur la durée, de M. Laurent Fabius. Passons.) Nous sommes supposés payer les pots qu'ils nous cassent sur la tête, le tout dans la contrition (ce qui reste de vertus chrétiennes ne devant d'ailleurs être utilisé par nous que de façon masochiste. Charité bien ordonnée commence dorénavant (et s'arrête) par les autres.) - Bref, voici la citation du jour, dans laquelle j'ai retrouvé un raisonnement analogue au mien. Je l'ai lue ici, il s'agit d'un texte de G. Tedeschi, traduit de l'italien :

"Le phénomène migratoire est expliqué, ou plutôt laissé à deviner, avec trois causes principales : les conflits, la pauvreté, le besoin de main-d'œuvre. Il est évident que ces trois causes existent, mais par quoi elles s'expliquent, et si elles peuvent être résolues, est rarement discuté. Prenons la première, les conflits. Jusqu'à il y a une dizaine d'années, ils étaient "éteints" pratiquement dans l'oeuf ; par la suite, on dirait qu'ils ont été tolérés (ou même causés, pensons à la Libye), tandis que les ventes d'armes à plusieurs pays augmentaient et on pense que ces armes peuvent avoir servi à Daesch. Les conflits qui ont généré les migrations pouvaient-ils être étouffés, oui ou non? Prenons la deuxième cause, la croissance de la pauvreté. Le problème ne semble pas si vrai, si l'on regarde les flux migratoires. Ceux provenant de pays en difficultés économiques réelles représentent entre 5 et 10%. Mais il est important de noter que cette pauvreté est également due à nos manquements au cours des dix dernières années. Qu'on voie les conclusions du fameux G8 pour l' Afrique, où nous nous sommes engagés à soutenir les investissements et les exportations des pays pauvres; qu'avons-nous fait ? Pratiquement rien. Enfin, le besoin de main-d'œuvre ; le déficit (gap) de population dû à l'effondrement démographique rend-il les migrations nécessaires ? Mais qui, ou quoi, a provoqué ce déficit qu'aujourd'hui on prétend gérer ? Qui a imposé la baisse du taux de natalité en Occident et prévoit maintenant de le compenser par l'immigration ? À une époque de crise économique, avec un taux de chômage dans notre pays comme l'actuel ? Avec un coût de l'accueil si onéreux pour notre budget ? J'ai parlé de la nécessité de clarifier les causes réelles du problème, qui sinon ne sera pas résolu et même s'aggravera. Les doutes à propos du fait qu'on veut ignorer ces causes réelles résident aussi dans la confusion qui règne en Europe. Se peut-il qu'on n'ait jamais réfléchi au fait que les migrants sont principalement des jeunes en bonne santé ? Les moins jeunes ne craindraient-ils pas les conflits et la faim ?"

Et ajoutons pour faire bonne mesure que lorsque D. Trump se désole que "La France ne soit plus la France" ou que "Paris ne soit plus Paris", il nous donne un conseil d'ami, quand l'administration Obama poussait nos dirigeants à déstabiliser la Syrie, en se moquant bien des conséquences pour nous. (Concernant Trump, en général : il faudra le juger sur la durée, tout simplement. Comme tout le monde, quoi.)

vendredi 24 février 2017

"La Renaissance, c’est la décadence."

Matisse, rien moins. Ajoutons :

"Pour exprimer l’admiration qu’il éprouvait envers les philosophes antiques, un Bernard de Chartres, au XIIe siècle, s’était écrié : « Nous sommes des nains montés sur des épaules de géants. » Il n’en concluait pas moins qu’ainsi porté par les Anciens, il pouvait « voir plus loin qu’eux. »

Mais c’est la manière même de voir qui change à l’époque de la Renaissance. Repoussant jusqu’à l’idée de « voir plus loin » que les Anciens, on se refuse à les considérer autrement que comme les modèles de toute beauté passée, présente et à venir. Phénomène d’ailleurs curieux dans l’histoire de l’humanité : il a lieu au moment où l’on découvre d’immenses terres inconnues, d’autres océans, un nouveau continent. Or, à la même époque, en France surtout, bien loin de se tourner vers ces horizons nouveaux, on se retourne vers ce qu’il y a de plus antique dans l’ancien monde."

R. Pernoud. Peut-être y a-t-il d'ailleurs un rapport complexe de cause à effet, je ne sais pas. Ce que je sais, c'est que, malgré tout ce que l'on me racontait quand j'étais gamin (a long time ago, in a galaxy far, far away...) sur les atrocités supposées du Moyen Age, je ne comprenais pas cette volonté de la Renaissance d'imiter ce qui avait déjà été fait. Je ne voyais pas l'intérêt. La Renaissance était plus réactionnaire que le Moyen Age, somme toute.

jeudi 23 février 2017

La tragédie, puis la farce... tragique ?

"Le ton des réponses de Ben Gourion à Eisenhower m'enchante : on ne traiterait pas ainsi un nègre. Les USA sont une démocratie qui essaie de ne pas être juive : mais une démocratie l'est forcément. Eisenhower devra céder. C'est bien le conflit juifs (pardon, israélites) contre pétrole que je vous annonce depuis plus d'un an."

Paul Morand, 1957. Depuis, Israël, l'Arabie Saoudite et les « USA » se sont rapprochés. Le ton de « Ben Gourion », lui, n'a pas beaucoup changé - « nègre » ou pas « nègre ».

"Que la démocratie soit moribonde, que la jeunesse n'en veuille plus, c'est l'évidence ; ce qu'on ignorait, c'est qu'elle mourrait de sa propre ubuesque caricature ; les nègres sont le négatif de la démocratie ; sur 100 États à l'ONU, l'Occident, avec ses pauvres 15 voix, va être gentiment dépossédé, en pleine légalité, par la seule vertu de la majorité. Car, si la majorité est reine, quelque part en France, elle le sera partout dans le monde."

Le même, 1960. Cioran le disait à peu près : le pire legs de l'Occident au monde, c'est la démocratie. J'ajouterai : on est puni par où on a péché. Qui tue l'Esprit par la démocratie périra par la démocratie...

mercredi 22 février 2017

"L’art français, je ne l’ai jamais vu..."

Vous vous doutiez peut-être, amis lecteurs, que j'allais utiliser cette phrase à la fois énigmatique et consternante comme citation du jour. Mais avant d'insulter son auteur, j'aimerais d'abord la comprendre ! - Des références s'entrechoquent, de Duras / Resnais sur la forme ("Tu n'as rien vu à Hiroshima" - E. Macron n'aurait rien vu à Versailles, au Louvre, au musée d'Orsay, etc.), aux réflexions réactionnaires de Joseph de Maistre, sur la forme : "Il n'y a point d'homme dans le monde. J'ai vu dans ma vie des Français, des Italiens, des Russes ; je sais même, grâce à Montesquieu, qu'on peut être Persan ; mais quant à l'homme je déclare ne l'avoir rencontré de ma vie ; s'il existe c'est bien à mon insu." De même que l'illustre franc-maçon catholique savoyard se méfiait de l'idée d'une nature humaine, en tout cas exprimait ainsi que l'on ne peut dissocier chez un homme ce qu'il a d'humain de ce qu'il a de localisé dans l'espace et le temps, on se croirait chez Aristote, de même, mais en sens inverse, E. Macron estimerait que l'on ne peut isoler la molécule "France" dans l'art qui a été produit en France depuis des siècles. (Mais a-t-il « vu » l'art allemand, l'art japonais, etc. ? A-t-il « vu » qu'entre le théâtre Nô et Molière, il y a des différences ?)

Tout cela est peut-être chercher midi à quatorze heures, mais aussi, quelle confusion dans cette phrase ! Et si les réminiscences culturelles qu'elle me semble évoquer ne sont pas aberrantes, quel drôle d'instinct que celui qui pousse un homme pourtant supposé cultivé, avec une formation de philosophe qui plus est, à employer une tournure obscure dans laquelle les références que l'on peut trouver sont inversées, Duras comme une espèce de surmoi moqueur à l'endroit de Macron lui-même d'une part, Maistre piqué plus ou moins adroitement à Marine Le Pen (et à Michéa) d'autre part...

On finit par se dire que les socialistes français ont une forme de pathologie. Le Président de la République, alors qu'il s'était fait discret depuis quelques mois - on pensait qu'il avait un peu honte de lui - réussit à déclencher des émeutes dès sa réapparition, en choisissant la victime la plus apte pour ce faire ; son ancien Premier Ministre a cru qu'il suffisait de caresser le cul du CRIF avec sa main tremblotante pour plaire aux gens de gauche ; son ancien Ministre des Finances dit n'importe quoi et tout et son contraire en une seule phrase, qui plus est probablement contre-productive par rapport à ses objectifs de candidat ; sa terrifiante et haineuse ex-Ministre de la Justice frayait avec un horrible antisémite homophobe ; je me retiens pour ne pas parler des dégradantes pathologies morales et mentales de Mme Belkacem ; l'inénarrable fondation dite « progressiste » Terra Nova veut donner la Pentecôte et le lundi de Pâques aux Juifs et musulmans, sans sembler se poser la question de son éventuelle (et totale !) illégitimité à ce sujet, etc. - La Fontaine encore : ils ne mouraient pas tous (hélas ?), mais tous étaient frappés.

mardi 21 février 2017

"Notre époque est la première depuis saint Augustin...

...à ne pas avoir accès aux Sermons de saint Augustin. Leur dernière publication remonte à cent cinquante années. C'était au XIXe siècle. Le XXe siècle français ne les publia donc pas."

Maxence Caron. Lacune réparée par lui-même et les éditions Robert Laffont, puisque c'est ainsi que s'ouvre son introduction à la première édition française desdits Sermons au XXIe siècle, dans la collection "Bouquins" (2014).

Et puisque je vous parle de temps à autre de saint Thomas d'Aquin, voici ce qu'écrit le même M. Caron :

"La valorisation systématique du thomisme est un épisode récent dans l'histoire de la pensée chrétienne et fut l'initiative du pape Léon XIII à la fin du XIXe siècle. (...) Il y a un siècle, saint Thomas n'avait pas le rôle majeur qu'on lui assigne aujourd'hui, et le Dictionnaire de théologie catholique note ainsi, en 1902 : « Thomas d'Aquin était un correctif nécessaire au docteur d'Hippone : il est moins grand, moins original, et surtout moins vivant. Mais le calme didactique de son intellectualisme permet (..., coupure de M. Caron) de donner aux termes plus de précision, de préparer en un mot le dictionnaire grâce auquel on pourra lire le docteur africain. » (...) Quelle que soit alors sur l'un comme sur l'autre des deux universels géants la force des stéréotypes, ils rappellent d'abord l'insurpassable place historique occupée par Augustin, sa place également dans l'oeuvre de saint Thomas qu'on lui oppose aussi stérilement que niaisement, et en faisant penser à ce simple fait d'unité : si saint Augustin est grand et si saint Thomas parachève cette grandeur, celui-ci ne peut être moins grand d'apporter à l'augustinisme un souffle qui en façonne la joie."

« Augustinisme » et « joie », donc. Le XVIIIe siècle anglofrançais (franglais) n'y comprend plus rien.

lundi 20 février 2017

"Soral et Valls, ils sont pareils...

...ils misent tout sur les Juifs, et, pour les rebeus, disent la même chose : pas d'amalgame !"

Un ami, il y a quelques jours. Faut-il en déduire que le « Président » va subir le même sort que l'ex-Premier Ministre ? Pas nécessairement, mais il est plus facile à un intellectuel qu'à un politique de retomber sur ses pattes. Et il faut tout de même admettre que si Alain Soral a plein de choses à dire, plus ou moins intéressantes, sur l'élection à venir, l'élection à venir, elle, se fout complètement d'Alain Soral, puisqu'il n'y a pas un seul candidat sur la ligne souverainiste-antisioniste-"pas d'amalgame", pas un.

dimanche 19 février 2017

"Je fais une objection très humble, une objection de grammairien…"

C'est en ces termes que Jean Madiran s'adresse à certains de ses interlocuteurs, au détour d'une page importante de Ils ne savent pas ce qu'ils disent. - Le temps me manque ce soir pour détailler la chose, mais je la relève derechef, tant cela me rappelle, en premier lieu, mes lectures de Wittgenstein, et, en deuxième lieu, ce thème creusé par V. Descombes - dans la lignée de Elisabeth Anscombe - ou R. Pouivet (auteur d'un livre que j'ai lu il y a longtemps et dont j'ai déjà cité à plusieurs reprises le titre : Après Wittgenstein, Saint Thomas) - ce thème, disais-je, d'une redécouverte par la philosophie analytique de certains des enseignements et des méthodes de la scolastique, notamment si ce n'est principalement, thomiste.

J'y reviendrai ! - Sachant qu'il ne me déplaît pas non plus d'insister sur la continuité sous cet aspect de ce blog par rapport à ses jeunes années, les femmes y fussent-elles désormais moins visibles et moins dévêtues.

samedi 18 février 2017

"On nous empoisonne pour le plaisir des hommes..."

Phrase trouvée dans cet intéressant article, qui rejoint une des questions que je me pose depuis quelque temps : qu'il y a-t-il de si féministe dans la pilule, et surtout dans l'avortement ? Après tout, les hommes, qui peuvent éjaculer sans se soucier de la suite, laquelle peut être le passage de leur compagne sur une table d'opération et le jet d'un foetus dans une poubelle (quand on ne trafique pas avec ses organes...), sont les premiers à profiter de ces si merveilleux acquis. - Quant à l'idée du droit de disposer de son corps, je ne me permettrais pas de la jeter à la poubelle avec les foetus en question, mais je rappellerai l'histoire des « freedom cigarettes », ou comment Hollywood avait instrumentalisé ses actrices pour qu'elles fument comme des hommes, et dépensent donc leur argent comme des hommes, et aient des cancers comme des hommes, etc., le tout au nom de la liberté, bien sûr.

vendredi 17 février 2017

"La mondialisation, ce sont des salaires américains pour les dirigeants et des salaires chinois pour les ouvriers."

En réalité, ce n'est pas cette phrase que je voulais citer aujourd'hui, mais elle fait partie d'un passage de La cause du peuple que j'avais depuis longtemps l'intention de retranscrire et qui manifestement n'a pas intéressé que moi, puisque je l'ai trouvé reproduit par d'autres ici-même. Je vous encourage donc à aller lire cette petite variation sur le thème : en matière de frontières, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. - Et vue la dégradation presque quotidienne du métro parisien en ce moment, on peut se dire que les protections de toutes sortes n'ont pas fini de surgir et d'entamer la pourtant sacro-sainte liberté de circulation… D'ailleurs, dans la Ville Lumière, l'alternative actuelle est la suivante : le métro et ses tuberculeux, le vélo et la pollution subie, la voiture et la pollution créée dans les embouteillages subis.

Bref, je vous laisse lire Patrick Buisson, et j'en profiter pour ajouter une petite morale à la phrase de M. Schweitzer par laquelle j'ai commencé. Il faut bien comprendre qu'elle signifie aussi que, désormais, les patrons du monde entier, à partir d'un certain niveau, considèrent comme normal d'être rémunérés comme des patrons américains. C'est une des réussites de la mondialisation : il y a des rémunérations que certains patrons pouvaient considérer comme correctes ou raisonnables à une époque, surtout par comparaison avec celles de leurs employés ou des pauvres de leurs pays, mais ce n'est plus le cas, puisque le seul critère qui compte désormais à leurs yeux est le salaire de leurs collègues patrons du monde entier, le salaire américain.

Bon week-end quand même !

jeudi 16 février 2017

Si c'était vrai en 1955, que dire aujourd'hui...

"Une grande médiocrité intellectuelle s'étend aujourd'hui sur la France, comme un cauchemar, ou comme un châtiment, et elle atteint surtout les « intellectuels » (...) ; ils n'en meurent pas tous (au contraire, ils prospèrent et se gonflent de contentement), mais tous, ou presque, en sont frappés. La phase actuelle de notre décadence nationale n'est pas seulement politique, militaire, coloniale : elle est morale et mentale."

Jean Madiran (et Jean de La Fontaine).

mercredi 15 février 2017

Refugees welcome. - Le Communisme, "Islam" du XXe siècle, l'Islam, "Communisme" du XXIe siècle...

"Mais l'élan de cet « Islam » nouveau risquerait d'être brisé s'il ne trouvait au-dedans de la citadelle les transfuges qui doivent ouvrir les portes. D'où l'importance attachée dès l'abord aux « intellectuels » par les bolcheviks, intellectuels eux-mêmes, et qui avaient renversé un régime parce qu'ils avaient su trouver (du moins ils le pensaient) « la théorie juste ». Tout se passe comme si les bolcheviks n'avaient jamais douté qu'à la destruction de la bourgeoisie la bourgeoisie dût prêter son concours, que la « mauvaise conscience » bourgeoise dût seconder puissammment cette « conscience socialiste » que l'Intelligentsia apportait aux ouvriers « de l'extérieur »."

Jules Monnerot. Toute ressemblance, etc.

mardi 14 février 2017

"Ici, les mots trompent..." Les Lumières, ou le règne de l'irréalisme, suite.

"Ici les mots trompent : par le mot « naturel », les philosophes du XVIIIe siècle et leurs continuateurs désignent des revendications « abstraites » fondées sur le refus d'accepter les différences sociales entre les hommes (c'est-à-dire pratiquement une certaine hiérarchie sociale, un certain ordre). Par « positif » on entend au contraire le droit ou la religion avec son contenu historique, situé dans l'espace et dans le temps. De sorte que (par exemple) la religion « naturelle » entendue au sens du XVIIIe siècle est, avant tout, une religion qui n'existe pas, et la religion positive, c'est le catholicisme pour les catholiques, et les diverses confessions chrétiennes pour ceux qui y ont été nourris. Cette « nature » a pour particularité de ne pas exister et et d'être posée pour répondre à une exigence de la « raison ». Contrairement au sens courant de ce mot, serait alors naturel ce qui n'est pas, mais serait conforme à certaines exigences existant dans l'« Homme ». Burke prend agressivement parti pour le « positif » contre le « naturel. » Ces partisans de la « nature » lui apparaissent comme des destructeurs, des hommes qui détruisent ce qui est au nom de ce qui n'est pas. Ces anglomanes (les intellectuels français ne l'étaient d'ailleurs pas tous, tant s'en fallait) en fait s'opposent sans le savoir à l'esprit de cette constitution anglaise dont ils se réclament, puisqu'ils n'ont pas compris que ce n'était pas une constitution, mais une coutume ; mais il est vrai qu'en voulant s'approprier la « coutume » des autres, on en fait une constitution. Il ne faut pas tant s'étonner, dès lors, que les mesures changent de sens, et que ce qui était liberté en-deçà de la Manche devienne tyrannie au-delà, puisque c'est alors une idée de la liberté qu'il faut imposer du dehors à une communauté historique qui ne l'a pas tirée d'elle-même. Pour résister à leurs ennemis du dehors et du dedans, ceux qui étaient tellement dévoués à la liberté qu'ils prétendaient l'imposer à tout le monde, ébauchent - c'est la Terreur - le premier projet d'un étatisme totalitaire. (Note de AMG : les totalitarismes français et russe furent donc le fruit d'une sorte d'immigration conceptuelle. Pour l'Allemagne, c'est moins vrai. Mais il y a la question de la rivalité mimétique avec le peuple élu juif : les nazis ont emprunté à leurs Juifs, réels ou fantasmés, certains de leurs critères moraux et religieux.) Cette liberté qui n'est pas organiquement sortie de l'histoire est ombrageuse, inquiète d'elle-même, toujours en proie aux soupçons, et elle tue pour se rassurer, pour que les hommes de demain (puisque aujourd'hui, il y a tant de « méchants » et de « fripons ») soient libres."

Jules Monnerot, en grande forme. On ne trouve pas un livre de lui dans les bibliothèques municipales parisiennes, qui sont pourtant, prises dans leur ensemble, très bien fournies.

lundi 13 février 2017

Les Lumières, ou le règne de l'irréalisme.

"Je suis sûr qu'en suivant une bonne méthode, on pourrait porter une grande partie de la Morale à un degré d'évidence et de certitude, qu'un homme attentif et judicieux n'y pourrait trouver non plus sujet de douter que dans les propositions de mathématique qui lui ont été démontrées."

John Locke. Il en était sûr. No comment !

dimanche 12 février 2017

"Est civilisé celui qui veut être civilisé..."

C'est une des bonnes idées de la dernière intervention inactuelle de Julien Rochedy. Le civilisé connaît tout autant le prix de la civilisation que les efforts permanents qu'il faut faire pour la protéger aussi bien contre la barbarie que contre la décadence : c'est une bonne synthèse.

J'ai aussi apprécié sa petite quenelle à Onfray, qui décrète que la civilisation judéo-chrétienne (d'accord avec J. Rochedy, soralien sur ce coup : quel que soit l'apport individuel brillant de certains Juifs à cette civilisation, elle est helléno-chrétienne, pas judéo-chrétienne) est morte, et qui se moque des gens qui ont toujours des enfants. Quelle lâcheté devant une soi-disant fatalité ! J'ai un ami comme ça, un type adorable par ailleurs, qui se plaint tous les jours que Dieu fait que ce qu'on lui a appris dans les années 50 - une éducation à l'ancienne - s'est avéré faux, qui râle néanmoins tous ces mêmes jours que tout fout le camp ; qui estime, selon ses propres termes, que "la race blanche est foutue" (et les Américains, alors ?) et qui gueule contre sa fille parce qu'elle lui donne des petits-enfants. Il ne veut pas stériliser ou avorter toutes les femmes blanches, non plus ?

Plus généralement, ce genre de comportement relève de ce que j'ai appelé dans le temps le "syndrome de Constant" (texte d'origine sur ce concept ici, attention, j'avais fait long) : confondre une évolution, pour significative qu'elle puisse être, avec une fatalité. Cela peut être tout simplement du défaitisme, éventuellement maquillé de dandysme ou de décadentisme, et là-dessus effectivement M. Onfray - je n'ai jamais pu l'encadrer, rien à faire, même quand il dit du bien de gens que j'aime bien ou du mal de gens que je déteste -, qui en plus doit commencer à avoir un compte en banque lui permettant de se barrer du radeau de la civilisation « judéo-chrétienne » assez vite si ce radeau coule, là-dessus M. Onfray méritait bien une volée de bois vert.

Ceci étant, il me semble que J. Rochedy :

d'une part, hésite un peu entre deux façons de penser, son nietzschéisme et un certaine approche chrétienne des choses - ce qui d'ailleurs peut se rencontrer, mais non sans éventuelles confusions, autour de ce qu'il appelle son « vitalisme » : respect de la vie et de ce que les chrétiens appellent, abusivement peut-être, la « loi naturelle », ou exaltation nietzschéenne de « la vie » et donc, de l'expansion, de la force ?

d'autre part, et d'une façon peut-être plus immédiatement gênante par rapport à son propos, tombe, quelle que soit l'acuité de ses remarques, dans le bon vieux piège de la droite lorsqu'elle se définit par opposition à la gauche. Certes il semble avoir toujours été de droite, et donc doit subir depuis toujours le terrorisme intellectuel de gauche. En ce qui me concerne, par contraste, ayant été de gauche pendant longtemps, je n'ai pas le même besoin de me définir par rapport à cette philosophie ; de plus, je ne suis pas sorti de la gauche par la droite, mais, en toute rigueur, par le haut, c'est-à-dire par surplomb. Il m'a certes fallu des années pour comprendre ce que Jean Madiran avait développé dans les années 50, à savoir que la droite est in fine une création de la gauche, et qu'il faut donc être contre la gauche sans être de droite. Beaucoup des remarques de Julien Rochedy, notamment sur la civilisation justement, vont dans ce sens, mais il me semble qu'il gagnerait à avoir ce genre de distinctions à l'esprit. Sinon, à l'arrivée, on retombe sur Fillon et on est, ainsi que cela apparaît clairement ces derniers temps, une cible facile. - En revanche, on voyait bien, dès avant qu'il soit élu, que Donald Trump, quels que soient ses qualités et ses défauts, n'était pas une cible facile pour les attaques traditionnelles de gauche.

samedi 11 février 2017

Vae victis ? La vérité vous libérera.

"...entre le Ve et le VIIe siècle, ce mouvement lent, massif et général qui conduisit l'ensemble des peuples germaniques résidant dans les anciennes provinces occidentales de l'Empire romain à se convertir au catholicisme nicéen. Le phénomène parut alors mystérieux, car il était paradoxal. Des rois barbares, vainqueurs de la puissance romaine, acceptaient de se soumettre à la religion de leurs vaincus."

Bruno Dumézil. Les Romains avaient su aussi s'inspirer des vaincus grecs. Peut-être les Américains devraient-ils s'inspirer du passé français, je ne sais pas.

vendredi 10 février 2017

"Veritas liberabit vos."

En français : la Vérité vous libérera. Ne croyez pas d'ailleurs que parce que je cite des locutions latines je maîtrise le latin - si c'est le cas un jour, ce ne l'est pas actuellement. De même, encore une fois, mes références actuelles au christianisme sont d'abord logiques et rationnelles - ce qui est paradoxal notamment pour la première citation à suivre et son évocation du surnaturel… Enfin, un commentaire rapide sur l'auteur de ce que vous allez lire, Jean Madiran. Parmi les nombreuses raisons qui me poussent à m'intéresser à ses écrits, il y a celle-ci : comme lorsqu'on lit Chesterton (que d'ailleurs Madiran admirait), on y découvre ou vérifie que certaines des thèses qui nous sont présentées comme nouvelles d'une part sont anciennes, d'autre part étaient déjà combattues, et parfois combattues comme très anciennes, par les meilleurs des intellectuels chrétiens, en 1900 pour le buveur de bière anglais, dans les années 50 (et pendant encore 50 ans, mais le livre dont je tire ce qui suit est de 1955) pour le buveur de vin français. On peut sourire de la façon qu'ont ces deux penseurs de dénicher le Diable en action derrière leurs adversaires - on peut aussi rester modeste et curieux à ce sujet. Je la ferme, bonne lecture :

"Si l'Évangile est vrai, les revendications et les révoltes ouvrières socialement les plus légitimes n'ont pas grand chose à voir avec le Royaume de Dieu. La charité du Christ partage avec chacun les souffrances qu'il endure et point le combat contre l'injustice qu'il supporte : ce n'est qu'une nuance, fine et délicate, mais c'est la frontière entre l'amour naturel et l'amour surnaturel. L'envoyé du Christ n'est pas celui qui parle à chaque homme des injustices qu'il subit, mais des injustices qu'il commet. Car le Christ n'est pas venu pour les justes, il n'est pas venu pour ceux qui se croient les justes, il n'est pas venu pour ceux à qui l'on a persuadé qu'ils sont les justes : et dans la mesure où la « classe ouvrière » serait victime et nullement coupable, dans la mesure où vous l'en laissez persuader, dans la mesure où vous aidez à l'en persuader, il est normal que le Christ en soit absent.

Le Christ est venu pour la rédemption des peuples : si vous persuadez un peuple qu'il est innocent, si vous croyez et lui faites croire qu'il n'a besoin ni de pénitence ni de rachat, vous lui tenez le langage du Malin, et vous fermez son âme. Le prêtre est d'abord celui apporte le message de saint Jean-Baptiste, ou ce n'est rien du tout (si l'Évangile est vrai)."


Au sujet de l'idée selon laquelle les pauvres s'éloigneraient du christianisme et de l'Église parce que ceux-ci ne prendraient pas assez au sérieux leurs préoccupations matérielles et sociales :

"Alléguer l'Évangile pour justifier de telles positions est singulièrement audacieux. C'est aussi ne rien connaître de l'histoire sociale et religieuse de la France : dire ou suggérer que l'injustice et la misère empêchent la foi est une bien mauvaise excuse à la déchristianisation ouvrière. C'est un fait que la déchristianisation de notre pays a commencé par les intellectuels, les aristocrates et les riches, d'où elle a gagné ensuite les classes pauvres. C'est un autre fait que le système scolaire imposé par l'État y est pour quelque chose…"


Les chrétiens de gauche, démocrates-chrétiens, prêtres-ouvriers, les intellectuels qui les soutiennent… :

"Le plus tragique est qu'ils défendent les « exigences » d'un « concret » qui n'existe pas ; ou plutôt qui n'existe que dans le schéma irréel, artificiel, mais mortellement efficace, imposé aux esprits par le pilonnage mécanique de la propagande communiste. Ces malheureux sont étrangement prisonniers, et leur passion même leur ferme les voies de la libération. Veritas liberabit vos : la dialectique qu'ils sont apprise au contact des « penseurs » soviétiques et qu'ils croient entièrement nouvelle, leur souffle la très vieille réplique : « Qu'est-ce que la Vérité ? » et leur suggère qu'elle « se fait » avec la marche des choses et le mouvement de l'histoire. Ils sont emportés pieds et poings liés, et de plus en plus inconscients, au rythme d'une fantasmagorie qui n'est ni l'abstrait ni le concret, mais le plus récent masque ou le dernier visage du Mensonge immuable."


Voilà qui donne un sacré coup de vieux à la french theory et autres gender studies, utilisons la langue de l'ennemi pour nommer ses diableries... - Et en guise de conclusion à ce plaidoyer anti-matérialiste, signalons que c'est un 10 février, comme aujourd'hui, que Louis XIII, qui, lui, croyait à la Vérité, « consacra » la France à la Vierge Marie, généreuse idée.

jeudi 9 février 2017

Une phrase très con.

"Une injustice commise quelque part est une menace pour la justice dans le monde entier." Martin Luther King - je n'ai malheureusement pas le temps d'aller chercher le texte original, je suis tombé sur cette phrase en me connectant ce matin à mon compte Twitter. Ce n'est donc pas nécessairement dirigé contre MLK, mais bref : ce genre de sentences est soit une tautologie (plus il y a d'injustice, moins il y a de justice), soit une pression intenable protestanto-existentialiste : si je ne lutte pas contre cette injustice, je suis en quelque sorte responsable de toutes les autres injustices à venir. - Voilà bien le genre de conneries dont il faut nous libérer.

mercredi 8 février 2017

"Synthétiquement exprimé..."

"Ce que le Christ a enseigné à tous les Apôtres, autrement dit les « Mystères du Royaume », ou encore ce dont parlent les paraboles, c'est, synthétiquement exprimé, la règle de foi, le canon de vérité, que le Symbole baptismal résume dans ses douze propositions, mais qui comprend l'ensemble de la doctrine chrétienne : mystère trinitaire, incarnation, rédemption, sacrements, structure de l'Église et principes de sa liturgie, etc. Que cette doctrine (…) ne se trouve pas telle quelle et explicitement formulée dans les Évangiles, ni même dans l'ensemble du Nouveau Testament, c'est ce que chacun peut constater par lui-même ; elle a donc nécessairement été transmise oralement. Enfin, qu'elle énonce ce dont parlent les paraboles, c'est que l'on ne peut qu'admettre quand on constate que seule cette doctrine éclaire les Écritures et leur donne leur sens ; ce qui vaut non seulement pour le Nouveau Testament, mais aussi pour l'Ancien, car, dans les Écritures, tout regarde le Christ en qui réside l'intégralité des vérités de la foi.

La doctrine apostolique est donc d'origine christique. Elle ne résulte pas d'une élaboration tardive, effectuée à partir du donné scripturaire, comme le prétendent beaucoup de critiques modernistes, thèse qui, au demeurant, nous paraît inintelligible : on ne voit pas en effet comment il eût été possible de déduire du texte des Écritures le corpus doctrinal chrétien ; il y a, des unes à l'autre, un hiatus, une solution de continuité, humainement infranchissable. Et d'ailleurs les mêmes critiques, ou du moins leurs ancêtres rationalistes (Voltaire et ses épigones) ne se sont pas fait faute d'ironiser sur la fragilité du fondement que l'Écriture offrait aux dogmes, ignorant sans doute que c'est la vérité de la doctrine de foi qui détermine le sens des Écritures, et non l'inverse : la foi (la doctrine de foi) vient ex auditu (de l'audition = de la tradition orale), et non ex visu (de la vision = de la lecture). A la lumière du mystère trinitaire, les enseignements de l'Écriture sur le Père, le Fils, l'Esprit, s'éclairent et prennent sens ; sans cet éclairage, les mêmes enseignements peuvent autoriser les constructions théologiques les plus divergentes, comme le prouvent l'histoire des hérésies dont chacune peut se réclamer d'un verset de l'Évangile. La raison suffit d'ailleurs à nous montrer qu'il ne saurait en être autrement : le sens d'aucun texte n'est déterminable sur la seule base de sa signification intrinsèque, et pour savoir ce qu'il dit, il faut d'abord savoir de quoi il parle (ici un appel de note, je retranscris ensuite). Le principe « scripture sola interpres ispsius » est philosophiquement faux : l'Écriture n'est ni la seule, ni la première interprète d'elle-même."

Jean Borella. Ces dernières phrases sont notons-le une pierre discrète dans le jardin de l'Islam. Mais n'abordons pas une fois de plus ce sujet. Voici la note :

"(…) La catéchèse actuelle oublie trop souvent cette vérité philosophique. Nous ne disons certes pas que l'Écriture n'est pas source de foi. De cette foi, elle est le premier signifiant. De même qu'un signe est un signifiant qui vise un référent au moyen d'un sens, ainsi l'Écriture est le signifiant sacré et immuable dans sa concrétude textuelle qui vise le référent théo-christique qu'énonce la doctrine de foi (la dogmatique ecclésiastique) au moyen du sens que produit sa lecture, laquelle est conjointement exégétique et théologique. Et de même que la connaissance d'un signe présuppose celle de sa signification, de même la connaissance de foi ne peut partir que de la doctrine de vérité, abstraitement énoncée et objectivement conçue. Est-ce à dire alors que l'Écriture ne sert plus qu'à vérifier a posteriori la conformité de la doctrine abstraitement énoncée à la présentation culturellement datée qu'en offre l'Écriture ? Ce serait dérisoire. La connaissance doctrinale, de nature mentale, va à l'Écriture comme à sa source vivifiante, parce que cette Écriture est le témoignage le plus direct et le plus concret que nous ayons de la parole même de Dieu : Dieu est réellement présent dans l'Écriture, non dans sa substance (ce qui est réservé à l'Eucharistie), mais dans sa forme (puisque l'Écriture est une réalité formelle et non une substance comme le pain et le vin) ; quant à l'énoncé dogmatique, Dieu n'y est présent qu'intentionnellement, et non « en réalité ». Il résulte de ces précisions, notons-le en passant, que le christianisme, contrairement à une opinion trop répandue, n'est pas une religion du Livre, mais une religion de la Parole faite chair."

- Cette dernière formule, par-delà son intérêt propre, étant aussi une critique de l'Islam et des discours sur les religions du Livre. Il n'y a qu'une religion du Livre, l'Islam, seuls les modernistes et certains musulmans veulent y assimiler judaïsme et christianisme (même protestant).

mardi 7 février 2017

"Ce matin, après être monté à cheval au bord du Rhin...

..., je fus faire des courses à Evian. Je m'arrêtai au pied de ces rochers de Meillerie où la littérature faillit en voir de belles, puisqu'un même coup de vent brusque, tombé à pic des rochers, manqua ficher à l'eau, d'un seul souffle, une barque à voile qui contenait Shelley et Byron (avouez que c'eût été réussi). A mes pieds, des gens pêchaient ; un petit gamin français en vacances, chaque fois qu'il prenait un poisson, lui écrasait la tête avec une pierre, en disant : « Comme ça, tu n'embêteras plus le monde ! » Ça ressemble tout à fait aux jugements sommaires de la Résistance, cette mère fellagha."

Paul Morand. - Qui d'autre, d'ailleurs ?

lundi 6 février 2017

Au fait, c'est quoi, le socialisme ?

"C'est quoi, le socialisme ? On détruit les vieilles forces, on n'en donne pas de nouvelles." (Dostoïevski)

dimanche 5 février 2017

Ce ne devrait pas être trop demander.

"Je ne demande à ma patrie ni pensions, ni honneurs, ni distinctions ; je me trouve amplement récompensé par l’air que j’y respire ; je voudrais seulement qu’on ne l’y corrompît point." (Montesquieu)

samedi 4 février 2017

"Les Anglais font très bien ce qui ne demande pas de talent."

Ainsi s'exprimait, plein d'inexpérience médiatique, le sympathique entraîneur des 3/4 français, Jeff Dubois. Il a raison sur le fond, un peu tort sur le détail - car un arbitre plus expérimenté aurait sanctionné les Anglais en mêlée bien plus souvent, et je suis objectif. Mais il est difficile de ne pas lui répondre que Doussain n'a pas trouvé la touche. Et derrière Doussain, il y a des générations de bons joueurs qui ne nous ont pas permis de gagner des matches que nous aurions pu/dû gagner. Et quelles que soient leurs bonnes ou mauvaises raisons, les Anglais, eux, sont sortis de l'UE. Pas nous.

vendredi 3 février 2017

La modernité contre le libre-arbitre.

"Agir par nécessité, n'est-ce pas la morale d'une société d'athées ?" (Balzac - qui n'avait rien d'un doux rêveur ou d'un utopiste. D'ailleurs, plus le monde moderne est dur dans les faits, plus son secteur promotionnel, le gauchisme, verse dans le sentimentalisme et la mièvrerie. Le gauchisme, c'est l'opium des démocrates.)

jeudi 2 février 2017

François Mauriac avait un frère...

...l'abbé Jean Mauriac, lequel avait noté cette généralité : "On parle d'autant mieux d'un sujet qu'on le connaît moins bien, car alors l'on n'est pas gêné par d'importunes connaissances."

Pensait-il à son propre frère je l'ignore, mais cette généralité peut s'appliquer notamment aux artistes et intellectuels qui semblent savoir tout de Donald Trump, du réchauffement de la planète ou du rapport entre l'UE et les guerres ou absences de guerre en Europe (etc.) : on ne les sent effectivement pas gênés par "d'importunes connaissances."

mercredi 1 février 2017

La démocratie tue tout, même le tournoi des 5 nations (qui sont 6 depuis 15 ans, mais on s'en fout).

"La barbarie du XXe siècle est d'abord une barbarie politique. Et la barbarie est partout parce qu'en régime démocratique et avec des moeurs démocratiques la politique est partout." (J. Madiran)

Et on nous change les règles du Tournoi... L'excellent Pierre-Michel Bonnot dit ce qu'il faut en dire dans l'Équipe du jour. "Pourquoi vouloir réparer ce qui n'est pas cassé ?", demande-t-il. Parce que le capitalisme est une force révolutionnaire permanente, comme l'avait vu Marx, et comme le soutenait le doctrinaire capitaliste génocidaire, en puissance sinon en acte, L. Trotsky. J'avais des intuitions de ce genre il y a déjà 10 ans (je chercherai le lien) : c'est l'inégalité de base qui permet des relations à peu près égalitaires, l'égalité produit au contraire à la fois le bordel et la domination des enculés et des enculistes.

Bon, je regarderai encore au moins ce tournoi. Comme le dit en substance M. Bonnot, tant qu'on bat l'Anglais, le reste...