dimanche 30 avril 2017

Suite du précédent. "Je ne suis pas assez lâche pour faire semblant de croire..."

"A une telle question, le premier venu des imbéciles répondra : « J'espère bien que non ! » avec cette grimace qu'on voit au visage de l'imbécile chaque fois qu'il vient de gober une fausse évidence, comme un canard gobe une limace. (…) N'importe ! Il y a un mystère dans la Pauvreté, je ne suis pas assez lâche pour faire semblant de croire qu'elle n'est qu'un problème général d'économie politique à résoudre. Est-il même besoin de revenir sur la distinction faite, après tant d'autres, par Péguy, entre les pauvres et les misérables ? Le misérable dégradé, déshumanisé par la misère ne peut plus porter témoignage que de l'effroyable injustice qui lui est faite, mais le Pauvre est le témoin de Jésus-Christ. J'ose écrire qu'une Société sans pauvres est chrétiennement inconcevable et si personne n'a plus le courage de l'écrire après moi, j'estime que je n'aurai pas vécu en vain. Vous voulez une Société sans pauvres ? Vous n'aurez qu'une société inhumaine, ou plutôt vous l'avez déjà. L'innocente pauvreté que vous aurez cru détruire reparaîtra sous d'autres formes effrayantes, sous lesquelles vous ne la reconnaîtrez pas. Si un proche avenir me donne bientôt tragiquement raison, que m'importe votre scandale ? Il y a une force cachée dans la pauvreté, comparable à celle que nos savants viennent de libérer dans une matière dont leurs prédécesseurs ne voulaient connaître que l'inertie. La désintégration de la Pauvreté ne vous donnera pas moins de surprises que l'autre."

samedi 29 avril 2017

Finalement rejeté ?

"Quelle est la part prophétique du message de Léon Bloy, celui qui s'appelait lui-même le Mendiant Ingrat ? J'imagine que la réponse nous est fournie par ce nom même. Léon Bloy a été le prophète des Pauvres, des vrais Pauvres, des derniers survivants de l'ancienne chrétienté des Pauvres. Il a souvent comparé le peuple des Pauvres au peuple juif. Le peuple juif a eu ses prophètes, et du dernier d'entre eux jusqu'à la venue du Messie, c'est-à-dire jusqu'à ce que ce peuple fût définitivement rejeté, on compte plus de cinq cents ans, cinq cents ans de silence. Je me demande si Léon Bloy n'est pas le dernier prophète du peuple des Pauvres, je me demande si ce peuple, à son tour, ne sera pas finalement rejeté. On trouve dans l'Évangile une parole bien singulière et faite pour gêner les professeurs d'optimisme : « Lorsque je reviendrai, trouverai-je encore des amis chez vous ? » Mais précisément, les vrais amis du Christ sont les pauvres. Trouvera-t-il encore des pauvres, de vrais pauvres ?"

Bernanos. - A ce comptoir on est tellement tolérant qu'on n'a rien ni contre les riches ni contre les pauvres.

vendredi 28 avril 2017

Paradoxale confirmation de la théorie du genre : à droite, ce sont les femmes qui ont des couilles.

Après Christine Boutin hier, et sans même évoquer les qualités d'opiniâtreté dont peuvent faire montre la tante et la nièce, voici Marie-France Garaud : "Mais qui est Emmanuel Macron ?"

That's the question ! - Certes, on ne va s'enthousiasmer, ni pour cette élection qui nous promet des années difficiles, ni pour Mme Garaud, laquelle n'a pas toujours été me semble-t-il, d'un patriotisme si sourcilleux lorsqu'elle conseillait Jacques Chirac. Mais voir des femmes plus conséquentes et plus logiques - et finalement, à ce comptoir on n'en demande pas plus aux gens, d'essayer d'aller jusqu'au bout de leurs raisonnements et de se comporter en fonction desdits raisonnements, dans la mesure du possible pour chacun - que toutes ces couilles molles jésuitiques à la Fillon, c'en est presque rafraichissant.

On souhaiterait qu'il en soit de même pour les femmes de gauche, et qu'elles snobent le destructeur doucereux et geignard Macron, mais ça n'a malheureusement pas l'air gagné.

jeudi 27 avril 2017

"Emmanuel Macron..."

"Emmanuel Macron est la seule réussite de François Hollande." - Christine Boutin. Cela montre, soit dit en passant, la fonction positive comme le niveau de dignité personnelle dudit Hollande : il n'est capable de réussir quelque chose que pour nuire. RIP.

mercredi 26 avril 2017

"L'ancienne France a contre elle un fait qu'il faut bien compter pour quelque chose..."

"L’ancienne France a contre elle un fait qu’il faut bien compter pour quelque chose, c’est sa chute ; il me semble que la mort est un assez bon symptôme de maladie."

Guizot. - Ce n'est pas que, hein, bon, mais c'est tout de même à méditer.

mardi 25 avril 2017

"Mon objection fondamentale au communisme, c'est qu'il consent à être l'héritier du capitalisme."

Chesterton. - Une autre pour la route, moins originale ; deux jours après le premier tour que vous savez, on peut me semble-t-il rappeler quelques fondamentaux :

"Le commerçant existe et doit exister dans toutes les civilisations normales. Mais il était l'exception dans toutes. Il n'était certainement jamais la règle, et plus certainement jamais le dirigeant. La prédominance qu'il a conquise dans le monde moderne y est la cause de tous ses désastres."

lundi 24 avril 2017

"...". "...". "...". "...". "...". "...". "...". "...". "...". "...". Etc.

(Emmanuel Macron, ou plutôt le contenu de ses discours, une fois enlevée la parlote. On remarquera la pauvreté de la ponctuation : il ne s'agit que de phrases juxtaposées, sans lien logique, sans progression du raisonnement. Sans rien.)

Une citation plus académique, quand même : "Le bourgeois est la décadence de la France." (Montherlant). Cela m'est revenu à l'esprit hier, devant la télévision. On ne parle pas assez du caractère mortifère de l'orléanisme pour le pays. Depuis plus de deux siècles, on pourrait s'en être rendu compte.

dimanche 23 avril 2017

Un double champion de France de rugby partage mes critiques de Nietzsche et rend un hommage bienveillant à mon site.

"Vos détracteurs résument votre émission à une discussion de café du commerce.

- J'espère être populaire et du café du commerce toute ma vie parce qu'au moins j'aurai du monde avec qui parler. Ceux qui ne le sont pas se retrouvent souvent seuls... et ils lisent Nietzsche. Et quand tu commences à lire Nietzsche, c'est que ça va mal... Être un mec parmi mes semblables, c'est la plus grande gratification qu'on puisse me faire."

Vincent Moscato. Ni moi ni même Chesterton ne saurions mieux dire. Plus démocrate que le café du commerce, tu meurs.

samedi 22 avril 2017

Sagesse antique (et anti-Poutou).

Si vis pacem, para bellum. - Bon week-end à tous !

vendredi 21 avril 2017

"La souveraineté pour quoi faire ?"

Me glissait aujourd'hui un ami lecteur de Bernanos. Empruntant à un autre ami une de ses thèses sur l'éducation, je prolongerai ce propos ainsi : les polémiques sur la souveraineté, d'un certain point de vue, font penser à celles sur les méthodes d'enseignement ; on s'écharpe sur le mode opératoire, les possibilités d'agir - tout cela étant effectivement important -, avant de réfléchir, ou au lieu de réfléchir, à la définition des fins poursuivies. On polémique sur le comment pour éviter de définir le quoi. - Alors que la bonne marche à suivre, me semble-t-il, est différente : réfléchir d'abord à ce que l'on veut être ou ce à quoi l'on veut croire (l'« identité » ou les « valeurs », in fine c'est la même chose, n'en déplaise à beaucoup de monde), et ensuite se donner (ou essayer de se donner) les moyens d'agir pour l'effectuation de ces valeurs, pour les manifestations de cette identité.

E. Zemmour ayant mouché F. Asselineau sur ce sujet, je n'en rajouterai pas, me contentant d'apporter une contribution d'ordre logique : pour certains, on parle de moyens afin d'éviter de parler des fins. Certes la fin ne justifie pas les moyens, mais l'attention portée aux moyens semble parfois justifier une forme implicite, peu courageuse et préalable, d'abandon des fins.

jeudi 20 avril 2017

"Je laisserai à mon successeur un pays en bien meilleur état que celui que j’ai trouvé."

François Hollande. L'énormité du propos dans un premier temps décourage tout commentaire. Puis on se dit : et s'il avait raison ? Et si grâce à lui la France se guérissait du socialisme et de ses mensonges ?

mercredi 19 avril 2017

Notre consigne de vote : baisez français !

Piquée chez J. Rochedy, rendons à César...


(Honni soit...) C'est en somme la leçon de ce texte de Chesterton, Sexe et propriété, dont voici les passages principaux :

"Dans le langage inerte, poussiéreux, roide et pesant auquel est limité le débat moderne, il est nécessaire de dire qu'il y a en ce moment la même falsification à la mode sur le sexe et sur la propriété. Dans un langage plus ancien et plus libre, dans lequel les hommes pouvaient parler et chanter, il est plus vrai de dire que le même esprit mauvais a fait exploser les deux grands pouvoirs qui faisaient la poésie de l'existence : l'amour de la femme et l'amour du pays. Il est important d'observer, pour commencer, que ces deux choses étaient étroitement liées aussi longtemps que l'humanité fut humaine, même quand elle était païenne. Voire qu'elles étaient étroitement liées même pendant le paganisme décadent. Mais même la puanteur du paganisme décadent n'a pas été aussi mauvaise que la puanteur de la chrétienté décadente. Décomposition du meilleur…

(Chesterton évoque les mythologies antiques du sexe, la prostitution sacrée, les cultes phalliques, et enchaîne :)

D'une certaine façon, tout ce péché ancien était infiniment supérieur, incommensurablement supérieur au péché moderne. Tous ceux qui l'observent s'accordent au moins sur un fait, que c'était le culte de la fertilité. C'était malheureusement trop souvent entrelacé, très étroitement, avec le culte de la fertilité de la terre. C'était du moins du côté de la Nature. C'était du moins du côté de la vie. Il est revenu aux tout derniers chrétiens, ou plutôt aux premiers chrétiens entièrement consacrés au blasphème et à la négation du christianisme, d'inventer une nouvelle forme d'adoration du sexe qui n'est pas même adoration de la vie. Il est revenu aux tout derniers modernistes de proclamer une religion érotique exaltant à la fois la lubricité et interdisant la fertilité. (…)

Il n'est que trop naturel que cette séparation contre-nature, entre sexe et fertilité, que même les païens eussent pensé une perversion, ait été suivie d'une séparation et perversion similaires quant à la nature de l'amour du pays. Dans les deux cas se cache exactement le même sophisme, qu'il est tout à fait possible d'énoncer avec précision. La raison pour laquelle nos compatriotes contemporains ne comprennent pas ce que nous entendons par propriété, c'est qu'ils n'y pensent qu'au sens d'argent, au sens de salaire, au sens de quelque chose d'immédiatement consommé, savouré et dépensé ; quelque chose qui donne un plaisir momentané et disparaît. Ils ne comprennent pas que par propriété nous entendons quelque chose qui inclut ce plaisir incidemment, mais commence et finit par quelque chose de bien plus noble, et précieux, et créatif. L'homme qui crée un verger là où il y avait un champ, possède le verger et décide à qui il sera légué, jouit aussi du goût des pommes ; et aussi, espérons-le, du goût du cidre. Mais il fait quelque chose de bien plus grand, et au bout du compte plus gratifiant que de juste manger une pomme. Il impose sa volonté sur le monde en vertu de la charte qui lui a été octroyée par la volonté de Dieu ; il affirme que son âme lui appartient, et non au service de contrôle des vergers, ni au principal cartel du commerce des pommes. Mais il fait encore quelque chose qui était implicite dans toutes les religions les plus anciennes de la Terre, dans tous ces vastes spectacles d'apparat rituel qui suivaient l'ordre des saisons en Chine ou à Babylone : il vénère la fertilité du monde. A présent l'idée de réduire la propriété à la seule jouissance de l'argent correspond exactement à l'idée de ramener l'amour au seul plaisir du sexe. Dans les deux cas un plaisir incident, isolé, servile et même dissimulé est substitué à la participation à un grand processus créatif… Et même à la Création perpétuelle du monde.

Ces deux éléments sinistres peuvent être vus côte à côte dans le système de la Russie bolchevique ; car le communisme est le seul modèle complet et fonctionnel du capitalisme."

Après cette sentence globale, qui rappelle une fois de plus que le libéralisme économique, social et sociétal n'empêche en rien l'oppression et le contrôle politiques, Chesterton évoque le membre de la société communiste, que l'on décourage d'épargner et que l'on encourage à considérer le sexe des seuls points de vue de l'hygiène corporelle et du plaisir immédiat, en des termes extrêmement proches du dressage actuel des populations : les pauvres peuvent s'acheter des télés ou des portables chers, qui les encouragent in fine à rester pauvres ; leur sexualité (celle de tout le monde d'ailleurs, les riches ne sont vraiment ici que « des pauvres qui ont de l'argent ») est instrumentalisée à des fins de conservation du système (le porno gratuit, c'est un peu la forme sexuelle du revenu universel, c'est une manière de lente autodestruction par la réduction de l'existence à la subsistance). - Et oui, cela a un rapport avec la diminution du patriotisme. Et Pierre Bergé, qui se fout de tout ça, les femmes, la famille, la France, allonge du pognon et soutient Macron… je m'arrête avant de risquer un procès.

mardi 18 avril 2017

Il n'est pas évident de se concentrer lorsque l'on écoute Birgit Nilsson et Jon Vickers chanter ensemble la plus belle scène du Ring. J'assume.

Nous sommes en 1935, Chesterton observe une réaction contre les modes et engouements pour la régulation des naissances, l'avortement, la fête ininterrompue, la partouze, l'esprit vegan, et toute cette sorte de choses, comme dit le Breton dans Astérix chez les Bretons du même nom. Il (Chesterton, pas le Breton) s'en félicite, non sans une pointe de regret, car cette saine réaction à de telles aberrations (qui se prétendent modernes ou révolutionnaires, mais il suffit justement de lire Chesterton pour réaliser à quel point ce sont plutôt des tentations qui périodiquement resurgissent, et souvent simultanément) vient malheureusement plus d'intellectuels (il en cite deux : Aldous Huxley et T. S. Eliot) que des gens normaux, au sujet desquels il ajouterait volontiers je pense qu'il (pas Chesterton, personne, il comme dans "Il y a") est bien heureux qu'ils n'aient rien d'exceptionnel (ma génération, 45 ans à la pesée, me comprend). Ce qu'il (Chesterton, of course) exprime ainsi :

"Je ne m'imagine pas cette réaction parce que je la désire, car, en vérité, ce n'est pas tout à fait la réaction que je désire. J'aurais espéré une révolte populaire contre les perversions et les pédanteries du vice, lesquelles n'ont jamais, en fait, été populaires. J'aurais aimé que les gens ordinaires, vieux jeu, obstinés, encore attachés à l'idée de l'existence de quelques liens entre eux et leur progéniture, se lèvent et cognent sur la tête de ces pharisiens dont l'idéal est une espèce d'infanticide prophétique. Je voudrais qu'une cohue hurlante de gens respectables (et la cohue est toujours réellement respectable) fît brûler les maisons où le luxe a revêtu son sens latin véritable de luxure. J'aimerais que les gens normaux, qui vivent de boeuf et de bière, fissent la guerre aux loufoques hypocrites qui consomment leur végétarisme sous forme de cocktails de légumes moins salubres que le fruit de la vigne. Je préférerais que les intellectuels fussent massacrés par ceux que l'on pourrait appeler les moraux - et l'attroupement est toujours très moral. Mais la grande question c'est qu'ils devraient être massacrés, si ce n'est par les triques de la foule, du moins par la rapière des intellectuels plus intellectuels. Dieu agit de façon mystérieuse et ne dédaigne pas les instruments les plus inattendus ou les plus humbles. Et nous ne devons pas être honteux de nous trouver, si nécessaire, du côté des personnes cultivées ou habiles."

Il est plus important d'avoir raison, même avec des snobs, que d'avoir tort, tout simplement. Chesterton, fort peu girardien dans ce texte (j'écris cela en pensant à M. Maso, à qui je dois la découverte de Chesterton et qui doit bien un peu me devoir celle de Girard - il y a plusieurs demeures dans la maison du Seigneur), s'y montre en revanche pascalien conséquent : le demi-habile peut en fin de compte être un habile et être du côté du peuple, même si, d'un point de vue sociologique, on se serait attendu au contraire.


(Pour les wagnériens : il s'agit bien sûr de la scène où Siegmund enseigne à Brünnhilde l'encore fière d'être vierge l'accession à l'humanité par l'amour humain, la répétition est de ma part volontaire. Walkyrie, acte II. La plus belle scène du Ring, on peut discuter, mais une des plus profondes et émouvantes, à coup sûr. (Version Leinsdorf)).

lundi 17 avril 2017

A bon entendeur...

"Quant aux plus faibles, à ceux qui, sans pourtant les préférer au Christ, tenaient aux biens de ce monde avec une pointe de cupidité, c'est en les perdant qu'ils ont réalisé à quel point ils avaient péché en les aimant. Ils ont souffert, en effet, dans l'exacte mesure où ils s'étaient mis dans le cas de souffrir (…). Il fallait dès lors que leur fut imposée la leçon de l'expérience, puisqu'ils négligeaient depuis longtemps celle de la parole." - Saint Augustin, en des temps troublés (deux ans après le sac de Rome), la parole en question étant celle de saint Paul et de l'Église.

Ceci étant, saint Augustin s'empresse de préciser au sujet dudit Paul et de la richesse :

"Quand l'Apôtre… déclare : « Ceux qui veulent se faire riches tombent dans la tentation », etc., c'est bien sûr à la soif des richesses qu'il s'en prend, non au fait de les posséder." - Le meilleur moyen de prouver et de se prouver que l'on n'est pas riche par volonté de "se faire riche" étant bien sûr de donner de ses richesses. Si c'est, comme dit la sagesse, populaire, pour devenir le plus riche du cimetière… Et oui, tout cela est aussi lié aux élections qu'aux apocalypses now.

dimanche 16 avril 2017

Complément au précédent.

"Forme de bigoterie revendicatrice assez répandue dans la société contemporaine : exiger que l'on change la règle, pour être en règle."

samedi 15 avril 2017

"Une loi tout juste capable de suivre les moeurs est exactement le contraire d'une loi."

André Frossard. La loi n'a pas vocation à être pute et soumise.

vendredi 14 avril 2017

"Les uns remplaceront les autres, mais le grand remplacement n’existe pas."

Eric Zemmour, ici. Il y a des choses dont on n'a le droit de parler que pour les approuver, autrement on vous répond qu'elles n'existent pas et que vous êtes un salaud. Vous êtes favorable aux grandes migrations ? Elles existent, elles sont fatales, et probablement (un doute subsiste...) bénéfiques. Vous êtes contre le Grand remplacement ? Vous êtes un fasciste paranoïaque égoïste, et en plus vous avez tort, il n'y a pas de Grand remplacement. Même si par ailleurs, grâce aux migrations, vous allez bientôt laisser la place. Bon débarras !

jeudi 13 avril 2017

"Nietzsche est un con."

J'ai choqué un ami nietzschéen un jour, ce diagnostic abrupt le prenant par surprise, j'avoue que le souvenir de son regard choqué - d'autant qu'en bon nietzschéen, justement, il avait tendance à se targuer de n'être pas choqué par grand-chose, au contraire des esprits religieux attardés, etc. - m'amuse encore lorsque j'y repense, même si le souvenir en question ne peut en toute honnêteté être évoqué, fût-ce à l'adresse de gens qui ne connaissaient pas cet ami, sans préciser que la dite évocation se voile aussitôt de mélancolie, cet ami ayant comme on dit trouvé la mort quelques mois plus tard dans un incendie.

La citation du jour n'est pas mon diagnostic ou ma boutade, j'espère que vous ne m'attribuez pas une telle prétention, quelle que soit la pertinence que je puisse effectivement trouver aux critiques d'un Chesterton ou d'un Girard à l'égard de certains aspects de la psychologie et de la pensée du bisexuel moustachu de Sils-Maria. La citation du jour, en l'espèce, va plutôt dans le sens desdites critiques, je la trouve dans le Nietzsche de Heidegger, elle m'a amusé par sa naïveté plaintive : "Près de deux mille ans écoulés, et pas un seul nouveau dieu !". - C'est la société de consommation des divinités qui se plaint que la mode ne se renouvelle pas au gré de ses désirs... Bon, je n'ai pas été vérifier le contexte dans lequel le sous-Wagner aigri a écrit cette phrase, un mail récent d'un lecteur avisé de ce blog, et il y en a, m'a rappelé au sujet d'un exemple précis qu'il fallait se méfier, je cite (de mémoire), des "citations de citations", mais il est vrai que cet enfantillage m'a amusé.

Et comme je ne voudrais pas que l'on me croie victime au sujet de l'épigone teuton lourdaud de La Rochefoucauld et Stendhal de quelque forme de jalousie mimétique girardienne, je finis par une autre citation du même, toujours via Heidegger, et cette fois-ci sans le moindre esprit malin de ma part. Annonçant sa volonté de se lancer dans un travail acharné et de longue haleine, Nietzsche confie à sa mère et à sa soeur : "Pour cela tout m'est nécessaire, santé, solitude, bonne humeur, peut-être une femme." Ce n'est pas ma foi une mauvaise définition des conditions du travail (le mot étant je le rappelle synonyme d'accouchement).

mercredi 12 avril 2017

"Donald Trump, qui était considéré comme un homme horrible, raciste et sexiste, se voit subitement pardonné grâce à ce bombardement."

Jean Bricmont, ici. Je relaie cette phrase d'autant plus volontiers que l'idée m'était déjà venue : si pour le poète "Toute l'eau de la mer ne suffirait pas à laver une tache de sang intellectuelle", ce qui en dit long sur l'état de certains, pour l'anti-raciste féministe actuel, un bombardement bien orienté lave son auteur de tout péché raciste ou misogyne. L'armée américaine lave plus blanc, encore une fois, et ce sont ceux qui devraient s'y opposer qui l'applaudissent. Trump fait tuer quelques Syriens, il n'est plus misogyne, alors que ce devait être un péché capital, limite mortel, type crime contre l'humanité. Poutine est encore macho, plus Trump : Poutine ferait tuer les bonnes victimes, sa misogynie ne serait même plus un sujet, elle n'aurait jamais existé. - A une époque de telles aberrations suffisaient à me faire sympathiser avec les Arabes.

Dans le même genre :

"Le monde occidental s’est habitué depuis longtemps à la persécution des chrétiens d’Orient, comme si leur mauvais sort était inévitable et qu’il fallût s’y résoudre. Le christianisme serait destiné à mourir ou à n’avoir plus qu’une existence résiduelle dans ce qui fut pourtant son berceau. Alors qu’ils sont enracinés depuis deux millénaires dans la région, les chrétiens sont présentés par les islamistes comme des envahisseurs ou comme des agents de l’étranger, souillant une terre qui devrait être vouée exclusivement à l’islam. Dans nos sociétés, ceux qui se soucient de leur sort sont même soupçonnés d’accointances avec l’extrême droite, qui serait apparemment parvenue à s’approprier cette cause et à en faire un marqueur idéologique. La passion pour leur cause ne masquerait-elle pas une coupable islamophobie ou une conception identitariste du christianisme ? C’est ainsi qu’on transforme la révolte devant un massacre à grande échelle en lubie réactionnaire."

Mathieu VivleQuébeclibre Bock-Côté, . Le sens de l'histoire a ses dommages collatéraux. La France périphérique en sait quelque chose. En attendant la France « centrale » ?

mardi 11 avril 2017

"Parlez-moi d'amour, et j'vous fous mon poing sur la gueule...

...sauf le respect que je vous dois." - Brassens, bien sûr, cet hymne à la pudeur me revenant souvent à l'esprit lorsque je passe devant des enseignes de restaurants dont les propriétaires croient bon d'y inscrire : "plats préparés avec amour". - Il y a un temps pour tout, un temps pour l'amour et un temps pour la bouffe, si vous me permettez de paraphraser ainsi l'Ecclésiaste. En gros, on ne demande pas aux restaurateurs de cuisiner avec amour, mais de nous servir de la bonne bouffe. Ce qui est une variation sur le thème de l'Enfer bourré de bonnes intentions, d'une certaine manière.

Ce n'est pas d'aujourd'hui que je pensais vous faire ce petit laïus, le coeur m'en a pris ce midi en arrivant à Orly pour y chercher mes gamins de retour de vacances, lorsque j'ai vu sur le fronton de l'aéroport l'inscription : "Paris vous aime". - De quoi dégueuler, vraiment, comme disait Léo Ferré. Anne Hidalgo est pavée de bonnes intentions. Sous les pavées, l'Enfer.

(Par ailleurs, on va dire que je suis un obsédé, mais le vol de mes enfants islando-français ayant été retardé, j'ai pu observer pendant presque deux "bonnes" heures l'arrivée de familles méditerranéennes, faisons dans la litote, accueillies par d'autres familles méditerranéennes. Au point que le vendeur de sandwichs rebeu de la Brioche dorée (pas d'amour ni de bonne bouffe, ici) n'a pu s'empêcher de s'exclamer devant moi, sans que bien sûr je ne le sollicite en aucune manière : "C'est pire que Barbès, ici !". - En même temps, si eux croient à l'avenir et font des enfants, et si nous non et non... il y a une forme de justice, même triste.)

lundi 10 avril 2017

"Le jour où l'Église...,

comme elle a semblé en prendre le chemin avec François, redeviendra pleinement chrétienne, et quand les chrétiens admettront avec saint Thomas d'Aquin que le péché originel n'a rien à voir avec le sexe, il n'y aura plus guère de raison d'être... antichrétien !" - Michel Marmin. - Malheureusement, tant par rapport à l'intérêt de son livre d'entretiens avec M. Cinéma - Ludovic Maubreuil que par rapport aux similitudes que je peux voir entre l'itinéraire et l'état d'esprit de M. Marmin, vis-à-vis de la foi chrétienne comme vis-à-vis de l'Église, avec mes propres itinéraire et état d'esprit, il me semble qu'il commet ici une erreur.

Je ne m'aventurerai pas ce soir sur la question de la définition du péché originel et de son rapport à la sexualité. Mais même si sur ce point certes important Michel Marmin avait raison, cela ne résoudrait pas tout : le chrétien cherche à être "plus près de toi, mon Dieu", et l'honnêteté la plus basique oblige à dire que lorsque l'on pense beaucoup au cul, on ne risque pas d'aller bien loin sur ce chemin-là. J'ai à une époque répété à satiété et (à ? zeugma or not zeugma ?) raison deux sentences : le sexe c'est le sexe et plus que le sexe ; le sexe est métaphysique. Je n'en retire rien, mais cela ne veut certes pas dire que le sexe mène à Dieu, et d'ailleurs les métaphysiques qui sont parties, notamment durant les années 70, dans cette direction, n'ont pas vraiment enrichi le patrimoine spirituel et intellectuel de l'humanité, pour rester poli. Saint Paul - j'allais dire plus chrétien tu meurs, mais le Christ l'avait fait avant lui et pour, entre autres, lui - l'avait bien résumé : si vous ne pouvez pas vous empêcher de satisfaire ces pulsions, mariez-vous. François n'ajoute rien à ça, il s'en faut.

- Et oui, par ailleurs, l'Allemagne est plus responsable que la France de la rafle du Vel'd'Hiv, toutes choses égales d'ailleurs.

dimanche 9 avril 2017

"Le problème des musulmans...

...c'est qu'ils ne se sentent responsables que vis-à-vis de leur Dieu. Et un peu vis-à-vis des autres membres de l'Oumma. Ce qui ne les empêche pas de s'entretuer. Vis-à-vis des infidèles, c'est plus simple : rien n'est jamais de la faute des musulmans. Ils ne tendent pas l'autre joue." - J. Martineau.

Une autre sur le même thème ? "L'Islam, c'est la religion du péquenot qui croit avoir tout compris, alors qu'il n'a rien compris à rien, et qui donne des leçons au monde entier depuis son ignorance de parvenu. Des leçons éventuellement violentes, bien entendu." - Un ami, je reformule assez librement d'après mes souvenirs, d'autant plus librement que je ne suis pas en désaccord très marqué avec ce diagnostic.

J'avais prévu des citations de M. Marmin, mais des événements de la journée..., bref : ce sera pour demain.

samedi 8 avril 2017

Mais pourquoi tant de haine ?

"Non, il n’y a pas de culture française, il n’y pas de littérature française ou de rock français.", affirme, en ayant une claire conscience de la portée, littérale autant que symbolique, de ses propos (il avait dit le contraire il y a quelques semaines), François Bayrou, qui est peut-être l'enculé de l'année (beaucoup d'appelés à cette promotion...), mais n'en est pas le perdreau. Mitterrand admirait son ambition, c'est dire.

Pourquoi consacrer du temps à critiquer une absurdité si évidente ? Il y a à cela me semble-t-il quelques bonnes raisons :

- un peu de logique ne fait jamais de mal. Tous ces jésuites, au sens pascalien du terme, jouent sur les mots pour nous enfler. Pas besoin de ressortir les Provinciales pour leur répondre, tant la ficelle est grosse : mettre indirectement en accusation ceux qui pensent qu'il y a une et une seule culture française, qu'elle n'a jamais évolué et ne doit pas évoluer. Je ne sais pas qui peut penser ça. N'importe quel amateur, même de peu d'érudition, ce n'est pas une critique, de la culture française, n'a pas besoin de MM. Macron et Bayrou pour constater que Ronsard, Voltaire, Bloy ou Camus avaient des styles et des tempéraments pour le moins différents. Et si la France est connue comme le pays des polémiques, stériles ou non, c'est bien qu'il s'y trouve, ou s'y trouvait, de la variété ;

- un peu plus de logique encore, avec un détour personnel. J'ai démarré dans la carrière de blogueur sous l'influence de Jean-Pierre Voyer et sous l'égide de son idée d'une simplicité biblique : l'économie n'existe pas. Pour les besoins de sa démonstration, JPV avait notamment été chercher des outils conceptuels dans la philosophie analytique et la théorie des ensembles. Je le suivais plus dans le premier domaine que dans le second (les maths, bon...), et m'aperçus, j'en ai parlé régulièrement au fil du temps et encore récemment, que ce passage par Vincent Descombes et Wittgenstein ramenait, de façon qu'il m'était impossible de conjecturer d'aucune manière a priori, à saint Thomas. Et contrairement aux apparences, je suis en plein dans le sujet : car un des aspects de la question est celui de la relation entre la nature d'un ensemble et la définition ou la description des éléments de cet ensemble. Qu'il y ait une culture française, qu'il y ait une littérature française ne signifie pas et n'a pas besoin de signifier que tous les composants de cette littérature et de cette culture françaises soient estampillés « français » par un organisme officiel qui n'a par ailleurs jamais existé, comme c'est le cas dans l'agriculture bio ou la pureté raciale des Allemands (aux heures les plus sombres...) et d'autres groupes ethniques, dans le passé ou le présent ;

- Bayrou, maintenant. Si cette phrase me fait autant réagir, c'est, dans un premier temps, parce que M. Bayrou, au contraire de M. Macron, est issu de la culture et de la littérature françaises. E. Macron est une espèce de zombie lobotomisé par l'universalisme dissolvant qu'il défend, mais F. Bayrou ne représente pas le même type anthropologique, il a fait un paquet de gosses pour des raisons religieuses assez claires, il a signé et vendu (écrit ?) une biographie de Henri IV - plus français tu meurs, d'ailleurs il en est mort... -, il a été ministre de l'Éducation Nationale, avec de gros guillemets tout partout, il sait très bien de quoi il parle, il a refusé il y a peu de dire de pareilles absurdités... et il se soumet comme une bonne grosse salope de centriste ;

- dans un deuxième temps, ce que cela révèle, c'est, précisément, que les centristes peuvent être aussi des extrémistes. Quand on se tient sur une position qui n'est pas conceptuellement logique, on court le risque - cela dépend après des personnalités, et justement je ne pensais pas que F. Bayrou était une de ces personnalités-là, sans que, je vous rassure, cette petite déception ait quoi que ce soit de traumatisant - de pratiquer la fuite en avant pour éviter la confrontation raisonnée. Les socialistes, ces dernières années, en ont donné des exemples aussi frappants que regrettables, d'autant qu'ils étaient aux manettes de l'État, la pisseuse Anne Hidalgo (Paris pue la pisse, donc sa mairesse aussi, grave limpide) va malheureusement survivre politiquement quelque temps à « MoiPrésident » et illustrer, j'en tremble, ce propos. Mais l'exemple de François Bayrou montre que le centre n'est pas, en aucune manière, un juste milieu. Le juste milieu, s'il existe, on le trouve ou le découvre parce qu'on a raison. Pas en se mettant entre deux adversaires, qui peuvent avoir tort ou raison, respectivement, sur différents points : rien ne prouve qu'en faisant une sorte de moyenne théorique de leurs idées on tombera sur des idées justes. Et ce n'est pas non plus un preuve de tolérance, d'objectivité, de mesure : Valéry Giscard d'Estaing fut à de nombreux égards un dogmatique et un extrémiste ;

- dans un troisième et dernier temps, qui ne voit que nous sommes là devant quelque chose comme les deniers de Judas ? Si François Bayrou fait une telle déclaration, dont il sait évidemment qu'elle est fausse et offensante pour les électeurs dont il est censé racoler le suffrage au service de la Mère Macronnelle, s'il la fait après avoir dans un premier temps refusé de la faire, c'est parce qu'il considère, et de ce point de vue il ne peut pas avoir complètement tort, que c'est un ticket d'entrée dans la campagne électorale, que c'est là le prix à payer pour son ralliement. - C'est sa façon à lui, changeons d'Henri IV, d'aller à Canossa... Et c'est là le plus triste et le plus grave : qu'un homme politique français expérimenté estime que pour continuer sa carrière il faille insulter la population, l'histoire et la culture françaises. - Il n'y a pas si longtemps, les hommes politiques français s'écharpaient, en des termes nettement plus violents que de nos jours, sur de nombreux sujets, mais ils partageaient le même respect du passé français - dont précisément notre littérature (avec la gastronomie, j'y reviens ci-après, et plus que la musique ou la peinture) est l'emblème, littérature à laquelle ils empruntaient les saillies et les figures de style nécessaires pour s'insulter les uns les autres. Je pense même, dans la lignée des réflexions d'hier, que si F. Bayrou a insisté sur la littérature, ce qui n'avait pas été le cas d'E. Macron, qui ne doit pas avoir de rapport affectif avec elle, c'est par masochisme, le masochisme caractéristique de ceux qui savent qu'ils trahissent et se trahissent.

Autrement dit, et après je vais dîner (de la nourriture française, ce soir, cela aurait pu être différent : mais pourquoi dans le cas de la bouffe, admet-on l'existence de cultures nationales que l'on rejette par ailleurs ? Parce que personne, même pas E. Macron ou F. Bayrou, ne peut nier que si on mélange des sushis, du couscous, une blanquette de veau et du caviar d'aubergines, toutes choses par ailleurs excellentes, le résultat sera à vomir. C'est exactement la même chose pour les cultures...), on en est arrivé au stade où pour avoir une chance de se faire élire des politiciens français estiment nécessaire, dans le cas présent je pense à contrecoeur, de cracher sur l'histoire et les traditions de leurs pays. Ce n'est pas certes une révélation, mais c'en est une confirmation, d'un certain point de vue, éclatante.

vendredi 7 avril 2017

"Il n'y a pas de rock français."

N'en déplaise à Christophe, Patrick Coutin, Dick Rivers, Eddy Mitchell, Johnny Hallyday, Kent, Manu Chao, Renaud ou Jean-Louis Aubert (vous aurez remarqué la consonance de certains de ces noms), François Bayrou sur ce point n'a pas tort. On peut d'ailleurs penser que son subconscient français, malgré qu'il en ait (voilà une belle expression française), lui a suggéré d'évoquer le cas du rock alors que personne ne le lui demandait, justement parce qu'ils (Bayrou et son subconscient) savaient que tout le reste était foutaise, arnaque, soumission, etc. La vérité, tout de même, de ce diagnostic ne fait que ressortir plus cruellement pour son émetteur la fausseté, l'absurdité, la crétinerie et l'indignité morale du reste. - Sur lequel j'espère avoir la possibilité de revenir de façon assez précise et complète sous peu.

jeudi 6 avril 2017

"En bref, je dis seulement que...

...si les dictateurs suppriment les journaux, les propriétaires des journaux suppriment l'information."

Comme quoi si on lit Chesterton, on a l'essentiel du Monde diplomatique, l'ennui en moins, et une nuance en plus. - Ce qui vaut d'ailleurs aussi à droite : il paraît que le programme du FN s'emmêle un peu les pinceaux autour de la question de la liberté d'expression, voulant l'encourager en principe mais sans que les djihadistes puissent en profiter, etc. - faites Chesterton, faites simple : au lieu de commencer par une génuflexion devant le principe de la liberté d'expression, il suffit d'énoncer ce dont on ne veut pas et que l'on assume tout à fait de censurer. Par exemple, l'appel au meurtre de masse, la pédophilie, l'idée qu'il n'existe pas de culture française (j'y reviens bientôt), les textes de Black M. ou la pensée de Yann Barthès. - Et, à partir de là, garantir la liberté d'expression pour tout ce qui ne tombe pas sous le couperet préalablement défini.

On voit bien qu'il y aura alors beaucoup plus de plages de liberté de dire des conneries et des choses intéressantes, que si l'on part du principe de la liberté d'expression pour lui fixer ensuite des limites que personne ne comprend ni n'assume. - Bonne soirée.

mercredi 5 avril 2017

"Il faut seulement trouver cette vocation."

Telle était peu ou prou ma pensée ce matin à un feu rouge de la porte de Pantin, alors que je me rendais chez les sympathiques et compétents bouchers de la rue Eugène Jumin, en rêvassant à l'évidente ressemblance entre le bâtiment de la Philarmonie de Paris et une grosse merde posée à côté du périphérique (regardez des photographies, vous comprendrez sans peine). Quelle époque bâtit une salle de concert pour un orchestre et va si loin dans la volonté de non-ressemblance avec l'architecture traditionnelle, qu'elle pond une crotte, sans métaphore, à la place de la tradition honnie (tradition sans laquelle on ne construirait pas de salle de concert, soit dit en passant) ? La même époque qui pourrait, sait-on, élire comme chef de l'État (il faudrait des guillemets à chaque mot) un type qui n'a jamais « vu » la culture française et qui a pour programme de dissoudre ce qu'il n'a pas « vu » (mais que des millions de touristes viennent voir chaque année) dans un océan indifférencié. "Nous n'étions pas loin du précipice, et nous avons fait un grand pas en avant", aurait dit Boumediene (un de ceux qui a inspiré à Renaud Camus le thème du Grand Remplacement…), c'est un peu la situation de la France si elle vote Macron.

Mais il est temps d'expliciter mon titre et de laisser la parole à Raymond Abellio, interrogé par Marie-Thérèse de Brosses sur ses rapports avec les ésotéristes, notamment guénoniens :

"Je n'aime pas volontiers entendre dire que l'Occident c'est moins que rien, et la science occidentale une illusion ou un danger. Un « danger », qu'est-ce que ça veut dire ? C'est la mort qui fait mourir, ce n'est pas le danger, bombe atomique ou autre…

Est-ce qu'il n'y a pas dans l'attitude de certains ésotéristes une sorte de démission devant la vie ?

Là aussi, c'est complexe. Il y a sûrement une démission si l'on se contente d'une critique négative de tout ce qui se fait aujourd'hui en Occident. La science par exemple qu'ils rejettent en bloc, sans se demander d'abord pourquoi l'homme moderne est condamné à la science. La vraie question n'est pas de savoir si la science est « bonne » ou « mauvaise » en soi et dérange une certaine image idéale de l'homme « véritable », elle est de savoir pourquoi l'humanité, qu'elle le veuille ou non, est livrée à la science et quelle composante de l'homme celle-ci doit faire mûrir. Comme toutes les Églises dogmatiques, l'ésotérisme transforme la métaphysique en morale par une pente insensible et finit par trancher du bon et du mauvais. Je préfère Husserl disant : « Toute époque, selon sa vocation, est une grande époque. » Il faut seulement trouver cette vocation. Pour abolir valablement en soi tout ce qui a trait à l'homme extérieur, c'est-à-dire à l'homme soumis à l'histoire, encore faut-il que cette histoire soit un adversaire valable et qu'on ne s'en fasse pas une idée fantomatique. Rappelez-vous Kafka disant à peu près : « Si tu veux détruire le monde, renforce le monde. » Sinon il n'y a pas de combat réel et vous vous en sortez à peu de frais. C'est l'impression qu'ils me donnent : ils sont trop facilement victorieux.

Cependant vous êtes d'accord avec eux sur leur critique de la notion d'évolution. (…)

C'est exact. Je ne crois pas que le monde soit en état de convergence absolue. Je crois qu'il est à la fois en état de convergence et de divergence. La féminité, l'homosexualité sont des facteurs de divergence."

Ce n'est pas que j'accepte tout d'Abellio, y compris ici, notamment sur les liens entre métaphysique et morale, mais il est depuis des années, outre sa fonction négative, un peu comme Wittgenstein, de nettoyeur (au sens américano-facho-Dirty Harry du terme) d'idées fausses, un pôle positif de curiosité saine et de refus de l'idée toute faite de décadence. - Ainsi qu'un observateur avisé des rapports dialectiques entre hommes et femmes, c'est d'ailleurs sur ce sujet-là que j'étais parti pour la citation du jour, avant que la rencontre entre mon interrogation de ce matin et celle de Husserl ne me fasse bifurquer. Refusons, à tort peut-être, la facilité selon laquelle notre vocation est d'être une époque de décadence, un repoussoir pour ce qui viendra ensuite : peut-être que, contrairement aux apparences et à ce que croient aussi bien les contempteurs comme les thuriféraires de l'individualisme, notre époque est celle qui redonne petit à petit ses bases à l'individu. - Ce qui n'enlève malheureusement rien, pour l'heure, à la puanteur visuelle et conceptuelle de la Philarmonie de Paris.

mardi 4 avril 2017

"Longtemps portée par une impressionnante dynamique...

...la campagne de Marine Le Pen marquait le pas. En réalité, la présidente du FN inaugurait l'une de ses campagnes à contresens dont elle se ferait une spécialité par la suite, passant maître dans l'art de transformer l'or des sondages en un vil plomb électoral - soit l'opération inverse de celle que le fondateur de la dynastie était parvenu à réaliser jusqu'en 2007 sans autre moyen que la magie, d'aucuns diront la démagogie du verbe. Sous la houlette de l'ex-chevènementiste Florian Philippot, elle s'aventurait sur le terrain de l'économie où sa crédibilité était faible, voire inexistante, et délaissait ainsi les ressorts traditionnels du vote frontiste au moment où ceux-ci n'avaient sans doute jamais été aussi puissants. Ce qui suscitait au sein de son électorat un sentiment d'improvisation et de confusion.

« Heureusement qu'elle est mauvaise comme cochon, qu'elle n'a ni le sens politique ni la culture de son père, sinon je serais très mal. Là, elle nous ouvre un espace... », observait un Sarkozy mi-amusé mi-incrédule."

Patrick Buisson, évoquant la campagne d'avant la « nôtre » - après cinq ans de hollandisme (révolutionnaire, en un sens, oui, Emmanuel Todd n'avait pas tort, même si le ridicule l'a alors justement tué), tout cela semble si loin... "Sarkozy, c'est tout ce que je déteste, mais Hollande c'est pire", avais-je vite écrit au début de ce quinquennat. On peut le dire aussi : Sarkozy, c'était un cauchemar, Hollande, ce fut le massacre de la réalité par de mauvais rêves. Et dans le genre, Macron...

lundi 3 avril 2017

"Si des individus ont le moindre espoir de protéger leur liberté...

...ils doivent protéger leur vie familiale." (Chesterton) - Ce n'est pas une idéalisation - le paradis n'est pas sur terre, de toutes façons, mais un fait général. Qui explique aussi pourquoi certains s'en prennent autant à la famille, depuis bien longtemps.

J'en profite pour une remarque générale, qui s'applique aussi à ce que je disais hier : quand des marketeux de Zadig & Voltaire inscrivent "Make love !" sur les sacs qu'ils vendent aux clients, ou que des gens militent pour les unions de personnes de même sexe ou l'avortement, il n'y a nul besoin qu'ils soient militants anti-chrétiens, LGBT fanatiques, impérialistes, maçons ou quoi que ce soit, ils peuvent même être et/ou se considérer comme tout à fait à l'inverse d'un ou plusieurs de ces positionnements. Encore une fois, ce sont les chrétiens, au XVIIIe et XIXe siècles, à la fois parce qu'ils avaient beaucoup de pouvoir et parce qu'ils étaient les premiers visés par les attaques rationalistes, maçonnes, égalitaires, communistes, etc., qui ont compris et pu établir, tant bien que mal, qu'il y avait là un projet global de nouvel ordre mondial. Tant que l'on reste au niveau des faits séparés, on peut trouver sympathique de montrer qu'on aime bien le cul, ou rappeler que la famille, c'est parfois insupportable et qu'on est souvent content de ne plus avoir à la supporter. On participe donc d'une stratégie d'ensemble à laquelle on n'adhérerait probablement pas si on en prenait une connaissance explicite.

Ce sont certes là des évidences, mais si on ne les rappelle pas de temps à autre, on s'expose au ridicule de sembler suggérer qu'un employé d'une enseigne de fringues ou un sympathisant des unions de personnes de même sexe sont directement stipendiés par les loges les plus obscures et les plus machiavéliques. Et le ridicule tue, quand même.

dimanche 2 avril 2017

"Make love !"

Telle est l'injonction, symptomatiquement exprimée dans la langue de l'occupant culturel anglo-saxon (que l'on distinguera donc de l'occupant physique arabo-musulman, mais ce n'est pas le sujet du jour), que j'ai lue hier soir dans le métro sur un sac portant le nom d'une célèbre enseigne de vêtements, Zadig & Voltaire en l'occurrence. On a pu reprocher à certains gouvernements français passés de trop se mêler de la vie de leurs administrés en les poussant à faire des enfants, mais au moins y avait-il une forme de logique liée au bien-être des administrés : le pasteur en charge du troupeau veille à ce qu'il se régénère. Mais là, si l'on doit chercher un message inconscient - ce que l'on est bien obligé de faire, tant l'idée de make love n'a guère besoin d'être suggérée en général à l'espèce humaine -, on repense à cette réponse de Hitler à Speer (c'est Patrick Buisson qui raconte ça), lorsque celui-ci, peu de temps après la victoire allemande, suivie d'un séjour dans la capitale, lui dressait un tableau effrayé des moeurs dégénérées des mondains parisiens : "Eh bien tant mieux, laissez-les dégénérer." - Une autre traduction : "Faites l'amour, mais (surtout) pas la guerre."

samedi 1 avril 2017

"Jamais il n'y eut d'hérétique ne parlant que faussement."

Thomas More. Et Chesterton d'ajouter : "Une hérésie, c'est une vérité qui dissimule toutes les autres vérités." - Le communisme, le socialisme, le progressisme, comme on dit maintenant, en sont de bons exemples. Et c'est ainsi que la politique est petite.