dimanche 11 juin 2017

Boutang, suite.

"La civilisation en train de se construire consacre l'image en sacrifiant l'écrit, la parole et le secret."

Mixons cette phrase et celle d'hier. La civilisation capitaliste (oxymore), telle qu'elle s'exprime dans le candidat Macron du "manifeste et de l'actuel purs", "sans appartenances", est un civilisation sans secret, sans intimité, sans vie intérieure, pour reprendre les termes de Bernanos. Et c'est aussi une civilisation qui détruit le secret, la parole et l'écrit, par l'image. C'est là ce qu'il faut comprendre : si cette civilisation est aussi, en plus de cela et avec cela, protestante, ce n'est pas par amour de l'image (le protestantisme a vite prouvé qu'il n'aimait pas les images), mais par haine du secret et obsession du visible. Notre civilisation, ou société, avec les guillemets de rigueur, n'est pas une société de l'image, elle est une société du visible - ce qui va d'ailleurs très bien avec son côté exhibitionniste. Et pour revenir à Macron : exhibition, transparence, même combat.

Si encore cela rendait les rapports entre personnes plus vrais ! Je ne fais pas l'apologie du secret en tant que tel, je rappelle l'importance de la possibilité d'avoir des secrets - au sujet desquels on peut ou non nourrir de la culpabilité. La vérité ne s'oppose pas au secret, mais au mensonge, la transparence s'oppose au secret, pas au mensonge ; transparence et vérité ne sont pas sur la même ligne logique.