lundi 19 juin 2017

Rappel de quelques fondamentaux de l'universalisme chrétien. "Pacifiant par Lui, dans le sang de sa croix..."

C'est un texte un rien touffu, mais pas confus, du grand Jean Borella. J'avais prévu d'ailleurs quelque chose de sensiblement plus dense et de plus important du même Borella, mais ce sera j'espère pour une autre fois. Bons Champs-Élysées, bon ramadan, bon Jupiter... Saint Paul, c'est une autre bière.

"L'universalité de l'annonce (kerygma) du mystèrion ne répond donc pas essentiellement à un désir de prosélytisme, au besoin qu'éprouverait l'Apôtre Paul de voir le tout le monde “faire comme lui”, par une sorte de volonté hégémonique d'éliminer les différences. Encore moins s'agit-il d'une exigence extrinsèque ou quasi-accidentelle du genre : “il se trouve que le christianisme est une religion universaliste”. Mais, ce que nous dit S. Paul, c'est qu'il a pris conscience de la véritable dimension de ce mystèrion christique, de sa véritable nature. Et il y a là quelque chose de tellement extraordinaire, de tellement inouï, que le Juif hellénisé qu'est Saül, savant parmi les savants ès sciences religieuses, en a été bouleversé de fond en comble, terrassé de lumière, empli d'une révélation stupéfiante : si le kérygme du Christ Jésus est « pour tous les hommes », c'est parce que dans ce Christ réside le mystèrion de la religio universalis, le secret de l'Alliance universelle de toute chose avec toute chose et avec Dieu. En Lui « ceux qui étaient loin » sont devenus « proches », car c'est « Lui qui des deux mondes en a fait un seul, renversant le mur qui les séparait » (Ep., II, 13-15), si bien qu'en Lui « il n'y a ni Juif ni Grec, ni esclave ni homme libre, ni masculin ni féminin » (Gal., III, 28). Et cette religio universalis, cette alliance universelle à laquelle sont appelés tous les hommes, découle de la nature même du Christ, et constitue l'essence même de sa fonction dans l'histoire universelle du salut. Si c'est par le Christ « qu'il a plu à Dieu de réconcilier toutes choses en les menant vers Lui, pacifiant par Lui, dans le sang de sa croix, ce qui est de la terre comme ce qui est des cieux » (Col., I, 20), c'est parce que « en Lui habite corporellement le plérôme de la Déité » (ibid., II, 9). Voilà « le mystèrion tenu caché aux siècles et aux générations et qui maintenant a été manifesté », le mystèrion dont Paul est « le ministre » (ibid., I, 25-26) et qu'il a mission de faire connaître."