lundi 31 juillet 2017

Charité bien ordonnée...

Continuons avec les leçons de l'Oncle Charles :

"…la mesure dans laquelle les Soviets font intervenir l'emploi de certaines forces hétérogènes et contradictoires, derrière leur rideau de fer. A l'intérieur, les Soviets utilisent avant tout les instincts nationaux, les traditions nationales russes, slaves, panslaves, parce que ces forces nationales CONSTRUISENT. A l'extérieur, ils emploient presque uniquement les passions démocratiques parce qu'elles DÉTRUISENT. (…) Si le nationalisme construit, si la démocratie détruit, que l'exemple serve de fil conducteur à la politique française. Ne démocratisons que nos rivaux, nos concurrents, nos ennemis. Comprenons qu'il faut nous nationaliser, nous. Songeons à établir le bon état, la bonne santé de la nation avant de mettre en peine de la lier et de l'associer au reste du monde, par des toiles d'araignée qui ne tiendraient pas ou par des réseaux d'airain qui nous accableraient. La préoccupation de notre force et de notre résistance intérieure doit tout primer. (…)

Avant de me placer au bout du monde, je pense à nous. Je fais de l'ordre, l'union, de la justice, du progrès matériel et spirituel, mais surtout de l'armement et du réarmement chez nous. Je balaye devant ma porte. (…) Tandis que les Unions, Sociétés des Nations ou Bureau des Nations plus ou moins unies, S. D. N., O. N. U., ne font que multiplier les litiges, les plaids, les arrêts, les appels, accumulant ainsi les sujets de conflits toujours renaissants, moi, gouvernement national, nationaliste profès, je pense, vois, prévois, j'agis et manoeuvre, je m'arme, je m'allie, mais m'arrange toujours en toute chose, de façon À NE CHERCHER QUERELLE À PERSONNE, MAIS À NE DONNER À PERSONNE L'IDÉE D'UNE FAIBLESSE QUI PUISSE LE TENTER. En un mot, ne point attaquer, mais ne point m'exposer à être assailli de qui que ce soit…"

Bien évidemment, nos gouvernants font le contraire, allant se « placer au bout du monde » , agresser verbalement ou physiquement les uns et les autres, tout en donnant de bien visibles « idées de faiblesse » , s'asseyant (en pantalon moule-bite) sur le réarmement, etc. On a beau être d'heureuse nature, la logique - ou le manque de logique - des choses ne peut que susciter l'inquiétude. 

dimanche 30 juillet 2017

Mondialisation, piège à cons...

Maurras, sur l'Europe et les futures unions européennes, en 1948 :

"Il ne s'agira plus d'une simple alliance utile ou nécessaire, bien ou mal ficelée, contre un ennemi déterminé. Ce sera la démission d'un certain nombre de souverainetés européennes, et leur subordination, non pas, comme on le raconte, dans une impossible souveraineté commune, mais dans la volonté et le profit d'une Puissance plus forte, devenue seule reine et maîtresse. Il en sera de l'Europe comme il a été de l'Allemagne d'hier. Le parlement de Francfort a d'abord essayé de réaliser en 1848 une fédération d'égaux. Il a échoué ; l'égalité était impossible entre les membres du corps germanique. Mais Bismarck pouvait réussir, comme il a réussi, en groupant autour du noyau prussien dominateur quelques satellites très inégaux. Il devra sortir de La Haye quelque Bismarck anglais ou américain (…), un Bismarck sous lequel la France sera comme Bade ou la Bavière devant la Prusse britannique. (…) Notons que les Américains ont déjà très bon appétit : chez eux certains amateurs veulent jouer sur la planète le même rôle que les Anglais en Europe, ils avouent leur ambition de former un État Terrien unique dont ils seraient les rois."

- Possibilité à laquelle Maurras ne croit d'ailleurs pas. - Quoi qu'il en soit, on voit de quoi était encore coupable le vieux sourd dans sa prison en 1948 - plus prophète que dépassé, comme on cherchait alors à le croire ou à le faire croire. 

samedi 29 juillet 2017

Une brève pour bien démarrer le week-end.

"La philosophie a cela d'utile qu'elle sert à nous consoler de son inutilité."

J.-L.-A. Commerson.

vendredi 28 juillet 2017

Revisitons les grands classiques.

Est-ce parce que j'ai cité Baudelaire hier ? Sa fameuse formule : "La femme est naturelle, c'est-à-dire abominable", m'est revenue à l'esprit ce jour. Croisant deux jeunes femmes, j'ai dû constater que la plus mignonne des deux était aussi la moins attirante. Réfléchissant à ce qui me semblait une anomalie, j'en suis arrivé, Charles aidant, à cette idée que c'était parce que la plus belle apparaissait comme trop naturelle, en italiques comme chez Baudelaire, manifestement trop là pour se reproduire. Son amie semblait avoir mieux compris que, pour séduire les hommes (et donc, in fine, se faire engrosser tôt ou tard), il vaut mieux ne pas envoyer aussi directement ce genre de signaux.

Je ne prétends pas ici découvrir la lune, tant s'en faut, les notions de naturel - et, par contraste, d'artificiel - peuvent par ailleurs être subjectives (il importe de surcroît que l'artifice paraisse naturel...), mais j'ai été frappé par cette rencontre d'une impression visuelle surprenante et d'un aphorisme célèbre.

Sur ce, comme je m'essaie ce soir à la purée de pommes de terres de Robuchon et que les moments importants de la préparation approchent...

jeudi 27 juillet 2017

"Monsieur,

je me suis toujours figuré que si accoutumé à la gloire que fût un grand artiste, il n'était pas insensible à un compliment sincère, quand ce compliment était comme un cri de reconnaissance, et enfin que ce cri pouvait avoir une valeur d'un genre singulier quand il venait d'un Français, c'est-à-dire d'un homme peu fait pour l'enthousiasme et né dans un pays où l'on ne s'entend guère plus à la poésie et à la peinture qu'à la musique. Avant tout, je veux vous dire que je vous dois la plus grande jouissance musicale que j'aie jamais éprouvée. Je suis d'un âge où l'on ne s'amuse plus guère à écrire aux hommes célèbres, et j'aurais hésité longtemps encore à vous témoigner par lettre mon admiration, si tous les jours mes yeux ne tombaient sur des articles indignes, ridicules, où on fait tous les efforts possibles pour diffamer votre génie. Vous n'êtes pas le premier homme, Monsieur, à l'occasion duquel j'ai eu à souffrir et à rougir de mon pays. Enfin l'indignation m'a poussé à vous témoigner ma reconnaissance ; je me suis dit : je veux être distingué de tous ces imbéciles."

Début d'une lettre de Baudelaire à Wagner, 17 février 1860. Je la cite pour le plaisir, sans intention polémique précise. Rappelons que le texte Richard Wagner à Paris, du même Baudelaire, est un de ses chefs-d'oeuvre. Et citons le post-scriptum :

"Je n'ajoute pas mon adresse, parce que vous croiriez peut-être que j'ai quelque chose à vous demander."

mercredi 26 juillet 2017

Pas de tartine ce jour, une sentence lapidaire.

"Tel pauvre se croit méprisé des riches parce qu'à leur place il mépriserait les pauvres."

Abel Bonnard, L'argent. A méditer par certains révolutionnaires et antisémites (par exemple).

mardi 25 juillet 2017

"La gestion par l'État moderne de ces génocidées en puissance que sont toujours les masses…"

Pas de place pour la plaisanterie aujourd'hui, je reprends le fil des variations murayennes sur Macron et le social-occulto-« libéralisme » hélas si français. Vous vous souvenez peut-être de la brève citation du 14 juillet : "Ce qui commença par le père s'achève par la masse."

Il s'agit évidemment de la théorie freudienne du meurtre du père au début de la civilisation. L'important n'est pas le statut de vérité de cette hypothèse, mais de lier cette façon de penser avec l'essor des masses, de la démographie, du « vouloir-guérir », toutes choses dont nous (enfin, nous, P. Muray, surtout) avons parlé ces dernières semaines. Voici donc la suite du raisonnement :

"Le grand troupeau de la fin et la fin comme troupeau… Voilà le malaise dans la civilisation. Comment se constitue une masse ? Par identification des uns aux autres, répond Freud. Remplacement progressif de l'idéal du moi au profit d'une identification de chaque moi à un même objet ; le tout bien entendu autour du fameux meurtre du père suivi de l'établissement d'une démocratie élémentaire sur la base sacrée du mort vers lequel convergent l'identification et la soumission de la communauté. Il y a une culpabilité obscure bien cachée, il y a un meurtre qui fait la foule, et l'on comprend que celle-ci n'ait aucune envie de se pencher de trop près sur ce qui l'a rendue possible… J'ai toujours trouvé très éclairant que quelqu'un comme Heidegger, cherchant à démontrer que le sens originaire du mot logos n'est pas discours ou parole, mais rassemblement ou collection ou mise ensemble, soit obligé de s'appuyer sur une citation où le rassemblement, la mise en tas et en masse, concernent justement des cadavres. C'est le célèbre passage du Chant XXIX de l'Odyssée où Agamemnon rencontre aux enfers les prétendants tués : « Et je ne sais guère de quelle autre manière on pourrait rassembler (lézaïto), en les cherchant dans toutes la cité, des hommes aussi nobles. » Comme si on ne pouvait recueillir comme masse que ce qui est mort ou se trouve en rapport étroit, direct, avec la mort…

Alors seulement peut-on comprendre la cause secondaire sexuelle : poussée érotique interne visant à unir les hommes, écrit Freud. L'acte manqué par excellence étant le ratage sexuel, l'acte suprêmement réussi sera la réalisation de la fusion dans l'anonymat général. Comme une sorte de prix de consolation que se donnerait l'espèce de temps en temps… Puisqu'on n'arrive décidément pas à faire fusion à deux, il faut bien au moins qu'on y réussisse imaginairement, fantomatiquement, c'est-à-dire à mille, dix mille ou cent mille. (…) Son nom est légion par incapacité à être union. (…) Les États, le pouvoir comme on disait naguère, ne s'occupent que de ce phénomène. Ils n'existent que dans leur rapport au nombre des habitants et c'est pourquoi les revendications ou protestations du nombre sont si inutiles, émanant du nombre qui demande à être informé sur le pouvoir au lieu de chercher à l'être sur le nombre qu'il est. Les États ont à croire et faire croire en surface que tout se passe comme prévu, depuis la nuit des temps, ils s'époumonent donc à réordonner, peser, gérer, comptabiliser, recenser, sonder, encourager ou régler la multiplication. Et de temps en temps à pratiquer des coupes sombres par telle ou telle guerre. Sous ce rapport, leur vocation de base est évidemment génocidaire, c'est la seule liberté d'action, la seule souveraineté qu'ils aient jamais eue puisqu'ils n'ont de sens qu'à exercer leur action sur le nombre."

Je pourrais laisser P. Muray continuer, clarifions plutôt. L'expression « ratage sexuel » suggérerait à un esprit malveillant que l'auteur de Festivus, Festivus était un mauvais baiseur aigri. C'est possible, aucune idée, mais ce n'est pas la question, qui est encore une fois que le sexe n'est pas mystique, n'est pas fusionnel. Il suffit je pense de comparer l'état de sa compagne durant le plaisir avec ce qu'elle peut être le lendemain matin en cas de contrariété, pour comprendre ce que cela signifie. On jouit seul, point-barre, même si ce n'est pas avec n'importe qui (le désir choisir, le désir discrimine, grande incohérence que de vouloir donner de l'importance (trop) au sexe tout en prônant un discours « tolérant », arasant, égalitaire, etc.).

Par ailleurs, l'idée de Muray est que la spécificité du XIXe siècle (ce pourquoi le titre de son livre évoque ce siècle à travers les âges…) vient de qu'il explicite, comme une nouveauté et une promesse bientôt réalisée, les thèmes inconscients de la religion grégaire de l'humanité, de la volonté de l'humanité d'être espèce finalement, d'être unie, harmonieuse, etc., tout ce que contre quoi selon lui le christianisme a lutté, estimant ces espérances aussi artificieuses que dangereuses, pour ce qui dans l'homme et dans l'humanité dépasse justement l'espèce.

Si enfin on relie ces thèmes aux progrès de la médecine et à l'essor démographique au début du XIXe, toutes les conditions sont réunies pour que les individus, qui souhaitent de plus en plus faire masse, et pensent éventuellement, dans certains domaines, que cela favorise leur action ("Tous ensemble, tous ensemble !"), ce qui n'est pas nécessairement faux à tout coup, passent à côté de la contrepartie : l'État  aura d'autant plus besoin et d'autant moins scrupule à les traiter comme des ressources humaines, comme des masses statistiques, comme des données chiffrées interchangeables, etc., que c'est, depuis le XIXe donc, selon P. Muray, exactement ce que les gens demandent.

A génocide, génocide et demi : si le premier génocide des temps modernes est tombé sur le peuple le plus singulier qui se trouvait alors en Europe (avec les gitans, qui y ont aussi eu droit), celui qui refusait de se laisser réduire par l'universalisme, pour de bonnes ou de mauvaises raisons, celui qui en tout cas, assimilation ou pas, persévérait dans son être, ce que l'on appelle la mondialisation, et qui est la continuation au niveau mondial de ce devenir-masse, se manifeste finalement par une suite de petits génocides, si l'on ose l'expression : des attaques contre les cultures nationales (incarnées par des démocrates ou des dictateurs, qu'importe) à l'expansion de l'euthanasie et de l'avortement (on revient à la thématique du « vouloir-guérir »), en passant bien sûr, on retrouve là M. Macron et l'actualité la plus immédiate, à ce qu'il est maintenant convenu d'appeler, et ce n'est pas une mince victoire de l'auteur de la formule (Renaud Camus, rendons à César), le grand remplacement.

Peut-on en tirer une conclusion ? Les thèses de Muray confirment ce que tout le monde peut observer ces dernières années, ce qui est aussi la thèse de D. Cohn-Bendit, retrouvant d'un point de vue laudatif une intuition critique de S. Weil (la christique, pas la génocidée-génocidaire) : en démocratie, ce sont les minorités organisées qui gouvernent. Parce qu'elles font moins masse, justement, parce qu'elles restent plus dans l'ordre du qualitatif - ce qui ne veut pas dire que leurs revendications soient plus justes, rien à voir. Il s'agirait donc d'organiser le lobbying efficace de la majorité silencieuse… sans pour autant se croire plus intelligent qu'elle sur le fond.

lundi 24 juillet 2017

Divertissement...

"Vous savez sûrement que les Tasmaniens, qui ignoraient tout de l'adultère, sont aujourd'hui une race disparue."

"Le norvégien est une langue assez simple qui consiste à parler allemand sous l'eau."

"On devrait quand même dire aux Allemands que le trait d'union existe."

"Je parle l'espéranto comme un type du pays."

"Le mariage est le prix que les hommes paient pour le sexe, et le sexe est le prix que les femmes paient pour le mariage."

"Le pire, c'est de se marier par amour et de découvrir que son mari n'a pas d'argent.'

"Le malheur est la véritable égalité."

Rendons, respectivement, à César : W. Sommerset Maugham, J. Larson, W. Cole, S. Milligan, Anonyme, Zsa-Zsa Gabor (huit maris, dont G. Sanders), A. Scholl.

dimanche 23 juillet 2017

"C'est un garçon !"

Je reviens à la fois sur le petit texte d'hier et sur l'article déjà évoqué sur le sexisme des petits garçons. Ce qui est à la fois désespérant et effrayant - sans compter que cela ne facilite pas la discussion - avec les indifférentialistes de toutes obédiences, c'est qu'ils ont le projet plus ou moins conscient, ou se retrouvent, du fait de l'inanité de leurs théories, devant la nécessité de nier tout rapport, quel qu'il soit, entre le langage et... quoi d'ailleurs ? J'appellerais ça spontanément la réalité, mais comme pour ces gens tout est plus ou moins construction... Il est d'ailleurs logique de s'attaquer au deux termes en même temps - ce qui ne signifie aucunement, dans mon esprit, que l'accès à la réalité soit toujours aisé, ou que le langage donne accès directement au réel.

Quoi qu'il en soit, avec la théorie du genre et l'indifférentialisme pris sur son versant « sexuel », on se trouve au plus près, à la fois de l'absurdité et de l'infamie de ce genre de concepts, puisqu'il s'agit de dénier toute véracité à la phrase la plus basique qui soit, qui est aussi celle qui prouve définitivement qu'il y a un bien un rapport entre le langage et le réel : devant un bébé, qui n'a aucun autre caractère sexuel que, précisément, son sexe, on a un indice et un seul pour dire si c'est une fille ou si c'est un garçon - et tout le monde comprend alors de quoi on parle.

D'où le coup de force de parler de genre au lieu de sexe. J'ai 45 ans, ce qui signifie que j'ai été contemporain de cette évolution vers le flou et l'indifférenciation, j'ai vu comment on glissait de l'identité sexuelle (X est pédé, Y est gouine) aux variations, toujours plus vagues et illogiques relativement à la part de choix individuels et d'éventuels déterminismes biologiques, sur le genre comme, à la fois, cache-sexe et substitut au sexe.

C'est en effet un sentiment assez glauque que j'ai ressenti à la lecture des déclarations des différents parents, hommes et femmes. - Mais je reviens d'abord sur un point : l'instrumentalisation éhontée de la science. A une époque on était pédé à cause de ses gènes, on est maintenant gay (un des termes les plus dégueulasses qui soient, par ailleurs) parce qu'on le veut - sauf si quelqu'un vous le reproche, les gènes redeviennent alors utiles. De même, il n'y a pas de races, mais les Noirs valent mieux que les Blancs. Passons.

Donc : devant cette volonté pas toujours stupide dans ses réalisations mais utopique dans son objectif d'éliminer les différences entre garçons et filles, telle qu'on la voyait en action dans l'article de l'Obs, on se dit que les parents qui pensent ainsi sont un peu comme des amis qui baisent, puisqu'eux-mêmes sont censés, sauf regrettable héritage d'un passé funeste dont ils n'arrivent pas à se débarrasser, être identiques l'un à l'autre, avec juste une possibilité bienvenue de s'emboiter facilement l'un dans l'autre. D'une part voilà une vision tristement homosexuelle du couple comme de la famille - on parlait beaucoup à une époque de tabagisme passif, voilà l'homosexualisme passif -, d'autre part, et là on rejoint ce qui se passe avec la théorie du genre, on finit par se dire que pour ces gens-là le sexe est déconnecté de tout le reste. Je ne pense pas que ce soit le cas dans la pratique, mais c'est bien parce que la nature est plus intelligente et plus simple que ces braves individus.

D'une façon générale, tous ces discours, j'emploie à dessein un terme foucaldien, sont paradoxalement à la fois obscènes et puritains. A avoir donné trop d'autonomie à la sexualité dans un premier temps, on se retrouve bien embêté pour la raccorder au reste ensuite, d'où une tartufferie à multiples facettes. Là où l'expérience, incurablement chestertonienne, apprend que le cul fait partie de la vie. Plus simple tu meurs. Comme papa dans maman. Et déjà, dans la pratique, ce peut être moins simple...


samedi 22 juillet 2017

Il y a quelques années...

discutant avec, disons, une collègue de travail, je parvenais à me formuler ceci en lui parlant :

"La question intéressante, c'est de savoir pourquoi la seule espèce qui a vraiment un langage est aussi la seule qui fait l'amour dans un autre but que la reproduction, et parfois en espérant que faire l'amour ne serve pas à la reproduction. Voilà LE problème que j'aimerais résoudre."

La précision qui commence par "et parfois..." permettant à elle seule d'éliminer toutes les histoires d' « embryons de langage » (les scientifiques actuels préfèrent ce genre d'embryons virtuels aux vrais) ou de « pratiques sexuelles » chez les animaux. Les animaux n'ont pas de réel langage, et ne se demandent pas comment ils vont nourrir le gamin qu'ils sont peut-être en train de faire.

Quelques années après, il me faut bien reconnaître, dans la limite de mes connaissances, que seul le récit biblique fournit une explication à cette question. Ou tout au moins que seule la Bible semble prendre à bras le corps ce sujet avec le même enthousiasme que moi ce jour-là.

J'avais d'ailleurs ajouté, bravache : "Si je trouve la réponse, je peux mourir tranquille." Mourir tranquille, mon cul... J'aimais bien cette fille. Puisque je suis dans la rétrospective, je dois avouer, au sujet de la plupart des filles que j'ai "bien aimées" ces dernières années, qu'à partir d'un certain moment j'ai compris que jouer avec l'idée de coucher avec elles me rapprochait de ma femme. Ce qui a un rapport manifeste au début du texte. Et bonne nuit. 

 

vendredi 21 juillet 2017

Le manque de temps, mon vieil ordinateur qui mouline, et des pédés d'Anglais bourrés qui hurlent autour de moi...

ne me laissent pas le loisir de vous raconter tout ce que j'espérais vous raconter ce soir, je me contente donc de vous conseiller la lecture de cet affligeant article, signalé par Julien Rochedy. On y apprend "Comment élever son fils pour qu'il ne devienne pas sexiste". Il semblerait donc qu'une petit fille ne puisse pas devenir sexiste, je suis un peu étonné par cette discrimination, mais vais vite à l'expression qui m'a le plus frappé :

"Dans son livre, Robin Morgan raconte qu'elle imaginait pour son fils des alternatives aux « fêtes patriarcales » . « La fête des sorcières » , par exemple."

Quand on est comme moi plongé jusqu'au cou dans l'occulto-socialisme du livre de Muray, et d'une de ses thèses principales, à savoir que dès l'on quitte le système catholique de Dieu le Père, on voit ressurgir de vieux cultes païens, féminins, et fondés sur la multiplicité, non seulement on n'est pas étonné de cette idée féministe, mais on rigole presque à la lecture du « par exemple ». Et qu'une féministe encourage la laideur (les sorcières sont moches, dois-je le rappeler), ce n'est hélas pas surprenant non plus.

jeudi 20 juillet 2017

Plus synthétique tu meurs.

"Dans l'histoire des croyances, la politique est un bref chaos, la vérité, c'est la religion." P. Muray. Ce qu'avait compris de son côté et par d'autres voies mon éternel maître Jean-Pierre Voyer. Même l'immigration, c'est une histoire de guerres de religion : que les immigrationnistes et les lepénistes (au sens du père...) n'en soient pas vraiment conscients complique la situation - on ne voit pas assez que ce sont des visions du monde qui s'affrontent, que les arguments factuels à eux seuls ne suffiront jamais -, sans en changer la nature.

Sur ce, paella Picard. Pour que la vie soit parfois exaltante, il faut accepter qu'elle ne le soit pas toujours.

mercredi 19 juillet 2017

A force de lécher le cul des sionistes, M. Macron devient pétainiste.

Je n'y avais pas pensé, mais ce M. Renouvin (j'ai suivi un lien sur le blog de Jacques je-bois-trop Sapir, rendons à César) me semble ici toucher juste :

"Le discours commis par Emmanuel Macron le 17 juillet risque de troubler la mémoire nationale sous prétexte de lui permettre une « reconstruction ». Il est étrange que cette reconstruction suppose que les Français d’aujourd’hui reconnaissent que Vichy, c’est la France comme le martelait la propagande pétainiste. Tel est le premier piège, dénoncé sur ce blog par René Fiévet : pour que la France soit coupable, il faut que Vichy soit la France ! Dès lors, la dénonciation des mythes et des mensonges qui auraient été répandus après la guerre par les gaullistes se confond avec « l’imposture du résistancialisme » fustigée par les nostalgiques de la Collaboration."

Les extrêmes se rejoignent, dit un lieu commun centriste. Je profite de l'occasion pour signaler qu'il était effectivement opportun de la part de notre bien-aimé Président d'inviter son « cher Bibi » pour parler d'arrestations, de déportations et d'assassinats d'enfants, on n'écoute jamais assez les spécialistes. - Pétain, à côté de Netanyahou, c'est de la petite bière.

mardi 18 juillet 2017

Entre deux considérations sur le marché aux esclaves salariés,

esclaves salariés bien payés, mais esclaves salariés tout de même, que sont les footballeurs, entre deux articles sur ce thème, l'Équipe a ménagé un espace au journaliste spécialisé dans le vélo Philippe Brunel, lequel tenait à rendre hommage à l'une des supposées grandes plumes de la profession, Pierre Chany. J'écris « supposée » non par suspicion, mais parce que je dois avouer que malgré une phrase de début prometteuse sur la "veine littéraire" de P. Chany "puisa[n]t sa force dans les racines latines du dialecte auvergnat", j'ai été hélas un peu déçu par les citations choisies par P. Brunel.

Fort heureusement, l'article se finit par une citation d'Anquetil. Je n'ai pas l'âge d'avoir connu la rivalité Anquetil/Poulidor, j'ai passé celui de reprocher à Poulidor d'être encore vivant alors que son rival est mort depuis longtemps, je ne crois pas avoir d'inconscient de mépris de classe qui me tourneboulerait le diagnostic, je ne vais certainement pas reprocher à Poulidor d'avoir gagné de l'argent... il reste que j'ai toujours pensé qu'à l'époque j'aurais préféré Anquetil, par respect de l'intelligence tout simplement : l'intelligence en général, celle du sportif en action en particulier. De même que, si Ulrich est certainement un gars plus sympathique qu'Armstrong, celui-ci était un coureur nettement plus intelligent - à niveau plus ou moins égal de pharmacopée, c'est l'un de nos derniers critères de choix. Bref ! Anquetil donc disait :

"Pour comprendre comment j'ai couru, je lis Chany".

Et j'abonde dans le sens de P. Brunel, voilà un bien bel hommage. - Un peu de déclinisme pour finir ? On n'imagine guère Paul Pogba dire cela de Vincent Duluc. Et pourtant... l'humilité est aussi une preuve d'intelligence. 

lundi 17 juillet 2017

Un peu d'humanité dans ce monde de brutes diabolico-printanières.

"Six heures venaient de sonner. Dix-huit heures, en dialecte d'horloge parlante. Apéro, en langage civilisé."

"On ne pose pas de questions, chez les anarchistes."

" - Qu'est-ce que vous pensez des juifs, m'sieur Burma ?
En voilà bien d'une autre ! Je réponds :
 - Que dalle. J'aime ma tranquillité. Alors, les juifs... Si vous êtes pour, vous tombez sur quelqu'un qui est contre ; si vous êtes contre, vous tombez sur quelqu'un qui est pour ; si vous êtes neutre, ça ne paraît pas catholique. Ça n'en finit pas."

"Vieillir était moche. Le plus moche des trucs moches. Je descendis au tabac du coin me remonter le moral au détriment de mon foie."

Léo Malet, bien sûr.

dimanche 16 juillet 2017

"(La femme qui veut toujours faire l'homme, signe de grande dépravation.)" Charles Baudelaire ne pensait pas printemps.

"En réalité, le satanisme a gagné. Satan s'est fait ingénu. Le mal se connaissant était moins affreux et plus près de la guérison que le mal s'ignorant. G. Sand inférieure à de Sade."

A propos des Liaisons dangereuses :

"La fouterie et la gloire de la fouterie étaient-elles plus immorales que cette manière moderne d'adorer et de mêler le saint au profane ?"

"C'était toujours le mensonge, mais on n'adorait pas son semblable. On le trompait, mais on se trompait moins soi-même."

Il n'y a rien de mystique dans le sexe. De métaphysique, oui, je l'ai beaucoup répété à une époque, tout en précisant que ce n'était pas là le degré le plus élevé de la métaphysique, il s'en faut - même si cela suffit à ne pas réduire la sexualité à une question d'hygiène : mine de rien, ce n'est pas rien.

samedi 15 juillet 2017

Devenir-nombre...

Poursuivons notre série de citations de P. Muray, qui, la relecture de son 19e siècle à travers les âges se poursuivant en parallèle, me permet de bâtir petit à petit une démonstration, si ce n'est sur la nature du macronisme, lequel ne fait que débuter, du moins sur certains de ses aspects les plus frappants, certains de ses aspects les plus connus parce que les moins nouveaux - du moins si l'on a les bonnes clés, et j'ai justement le sentiment que Muray nous en donne.

Les quelques phrases que voici suivent immédiatement le texte sur le bon Docteur-Assassin-Vaccinateur-Égalitariste (il y eut Philippe-Égalité, mais Guillotin-Égalité, c'est plus adapté, et d'ailleurs Philippe Régicide Égalité fut guillotiné, même avec son surnom franc-maçon sa tête de frère de monarque dépassait) Guillotin :

"Il faut lier le triomphe du vouloir-guérir comme vision du monde aux progrès de la médecine. Face à la galopade démographique dont je parlerai un peu plus loin, l'événement peut-être le plus important de l'ère. Le plus gros, donc caché par tous les écrans possibles : 190 millions d'Européens en 1800, 400 millions en 1900. Au fond, il ne s'est passé que ça, et tout ce qui s'est quand même passé vient de là. (…) Vouloir-guérir. Vouloir s'accroître. Devenir-nombre. Croire déceler sa fin dans le nombre. Toutes les sociétés avant nous ont dû trembler d'en arriver là où nous sommes, dans le multiple déchaîné par lui-même et pour lui-même. D'où leurs rites, interdits, cérémonies, sacrifices, espaces sacrés, cartographies compliquées pas du tout absurdes ou aliénées ou mystifiées comme on a cru pouvoir l'affirmer. Averties au contraire intimement. Multipliant les barrières et les obstacles et les faux obstacles. Pour éviter, pour retarder les désastres consécutifs au remembrement général. A l'indifférenciation déferlante…"

Comme d'une part P. Muray (qui est un peu trop sous influence "sollersienne" dans son style à cette époque, vous l'aurez noté) n'est pas toujours pleinement clair (mes coupures y étant à l'occasion pour quelque chose), comme d'autre part son optique et la mienne ne se confondent pas strictement, j'ajoute la clarification suivante. Il y a le nombre et la nature du nombre. Le fait que la population européenne ait brusquement doublé en un siècle, ce n'est qu'un chiffre. Mais cela a frappé, de façon plus ou moins consciente, les générations concernées, et a généré des modes de pensée - nous sommes au début de l'ère des masses. Il y a les chiffres, et les façons dont ces chiffres sont ressentis, soit du point de vue des gouvernants, soit de celui des gens qui constituent maintenant des masses - le « soit » ne signifiant pas ici que les gouvernants et les masses soient forcément en désaccord. Le nombre n'est pas tout, mais il y a des effets de seuil liés au nombre. - Enfin, en sous-texte, il y a la question du malthusianisme - celui-ci est bien sûr une réponse aux croissances numériques de population. Qu'il soit la seule ou la meilleure, c'est loin d'être prouvé.

Au plaisir !

vendredi 14 juillet 2017

Une citation brève mais peut-être un peu obscure, j'éclaircirai ça quand j'aurai un peu plus de temps.

"Ce qui commença par le père s'achève par la masse." Freud. - Pas mal trouvé pour un 14 juillet sous peu régicide/parricide, d'ailleurs. A bientôt !

jeudi 13 juillet 2017

Dans la série "Macron n'est pas libéral", ou "Macron est plus fondamentalement socialiste que libéral"...

"C'est une erreur grave et funeste de vouloir que le pouvoir civil pénètre à sa guise jusque dans le sanctuaire de la famille. Assurément, s'il arrive qu'une famille se trouve dans une situation matérielle critique et que, privée de ressources, elle ne puisse d'aucune manière en sortir par elle-même, il est juste que, dans de telles extrémités, le pouvoir public vienne à son secours, car chaque famille est un membre de la société. De même, si un foyer domestique est quelque part le théâtre de graves violations des droits mutuels, il faut que le pouvoir public y rétablisse le droit de chacun. Ce n'est point là empiéter sur les droits des citoyens, mais leur assurer une défense et une protection réclamés par la justice. Là toutefois doivent s'arrêter ceux qui détiennent les pouvoirs publics : la nature leur interdit de dépasser ces limites. L'autorité paternelle ne saurait être abolie ni absorbée par l'État, car elle a sa source là où la vie humaine prend la sienne. « Les fils sont quelque chose de leur père. » Ils sont en quelque sorte une extension de sa personne. Pour parler exactement, ce n'est pas immédiatement par eux-mêmes qu'ils s'agrègent et s'incorporent à la société civile, mais par l'intermédiaire de la société familiale dans laquelle ils sont nés. De ce que « les fils sont naturellement quelque chose de leur père, ils doivent rester sous la tutelle des parents jusqu'à ce qu'ils aient acquis l'usage du libre arbitre [Saint Thomas] ». Ainsi, en substituant à la providence paternelle la providence de l'État, les socialistes vont contre la justice naturelle et brisent les liens de la famille."  

Léon XIII. J'ai toujours quelques scrupules d'ordre philosophique avec la notion chrétienne / catholique de loi naturelle, reste de mes lectures de livres d'ethnologie il y a quelques années, mais il faut avouer que la convergence, la congruence, la conséquence de certains principes et de certaines déclarations - "la nature est l'ennemie de l'Homme", aurait déclaré Jacques Attali, grand promoteur de l'euthanasie, "en tant que socialiste", selon ses propres termes - donne à penser que les anti-catholiques ont, eux, une idée claire de ce qu'ils attaquent : ce qui leur semble à eux-mêmes, horresco referens semble-t-il, naturel. - Et quoi qu'il en soit de mes réserves théoriques, il est bien évident qu'il y a des choses plus ou moins naturelles. On peut éventuellement considérer la sodomie comme naturelle, pas la pilule du lendemain, l'avortement ou le transsexualisme. Même Jacques Attali, on se dit que c'est limite.

mercredi 12 juillet 2017

Programme socialiste : guillotinons la bite des Africains, cela résoudra les questions économiques, terroristes, climatiques.

Voici, remis dans son contexte, malgré quelques sérieuses coupures, le texte de P. Muray relatif au Docteur Guillotin. J'espère que certains points deviendront plus compréhensibles, ou que l'importance de certains points - le médecin à la fois hygiéniste et assassin - apparaîtra plus clairement.

"Cette Harmonie est fondamentale dans l'économie de l'organisation dixneuviémiste. Rien ne prouve, n'est-ce pas, qu'il y aurait à la base une béance, un manque, un trou. Pourquoi pas plutôt une Harmonie oubliée ? A tous les niveaux - poétique, politique, philosophique, idéologique - de la sublimation sexuelle, le 19e est mobilisé par le militantisme de l'Harmonie. Ce qui explique d'ailleurs en partie la répulsion générale, plus tard, pour l'intervention de Freud remettant le genre humain dans son ornière de castration. Réactualisant brusquement sous d'autres noms la dissonance qui constitue le sujet alors que celui-ci vient justement de se persuader qu'il était tombé d'une Harmonie indicible… (…)

Un spectre tremble derrière le socialisme, c'est celui de la maladie. Le socialisme n'est pas une maladie, mais l'illusion qu'il y aurait une maladie que l'on pourrait guérir. (…)

Sans les progrès de la médecine, il n'y aurait peut-être pas eu de socialisme. Celui-ci épouse idéologiquement les étapes de l'entreprise de sauvetage médical des hommes. Tout cela prend naissance au 19e en même temps que les yeux s'ouvrent sur une nouvelle catégorie à prendre en compte : la démographie. La multiplication de la population. Dont toutes les théories du pouvoir vont désormais s'occuper. Pour s'assurer d'un droit de vie et de mort sur la prolifération. Essayer de l'encourager, de la programmer. Trop nombreux ? Pas assez ? Combien ? Épidémies, hygiène, habitat, deviennent des sous-ensembles du nouvel ensemble majeur que personne ne pourra plus négliger désormais : la science démographique. L'ennuyeux, c'est qu'à se préoccuper si étroitement de la santé, on frôle d'inquiétantes tentations : c'est ainsi que naît médicalement la théorie de la dégénérescence, des sangs pourris, des sangs viciés, des souches épuisées qui ne se reproduisent plus. Des fins de races hémophiles héréditairement cariées. Les classes pourries…

Au fond du précipice, le racisme biologique attend son heure. Pourquoi les meilleures intentions finissent-elles si mal, si souvent ? Pourquoi le Bien ne se révèle-t-il finalement que comme un prétexte ? C'était déjà l'histoire d'un de ces modestes héros que la France néglige trop d'honorer : Joseph-Ignace Guillotin, le papa de la guillotine. Entré dans les ordres, chez les jésuites. Défroqué. Devenu médecin. Désigné par Louis XVI pour réfuter la théorie du magnétisme animal de Mesmer. Puis député de Paris en 1789. C'est à ce titre qu'il propose la décapitation par cette machine qui portera son nom. Afin que tous les condamnés à mort jouissent d'une rigoureuse égalité dans l'application des peines. En même temps, il rêve que la vaccination devienne obligatoire pour tout le monde : voilà son côté vouloir-guérir. Le vaccin et le rasoir : fonts baptismaux de l'égalité. C'est-à-dire de l'anticipation, par la loi, de l'Harmonie à reconquérir…"

Le paragraphe suivant, que j'ai déjà dû citer en tout ou partie il y a des années, et que je vous retranscrirai sans doute prochainement, a trait à la surpopulation et/ou à la notion de surpopulation. Ajoutons simplement, pour l'instant, que le malthusianisme naît à la même époque, et que notre président Macron, là encore avant tout socialiste (c'est peut-être ça la pensée dominante en France, plus que le libéralisme libertaire, le libéralisme socialiste, ou social-libéralisme), vient de nous pondre une petite déclaration d'esprit tout malthusien sur la démographie africaine. Ce qui ne signifie bien sûr pas que celle-ci ne soit pas un problème à prendre en compte : il s'agit plutôt de réfléchir à ce qui est variable d'ajustement, à ce qui est négociable, plus ou moins négociable, et à ce qui ne l'est pas.

mardi 11 juillet 2017

Malgré ?

Je lis : "Le nombre des avortements reste à un niveau très élevé en France malgré une utilisation massive de la contraception." Je ne juge pas plus les intentions de l'auteur que celui-ci ne juge celles de Mme Veil, mais il me semble qu'il aurait tort d'y voir une contradiction : si le but recherché est de baiser sans se reproduire, tout est bon, du coït interruptus ou la méthode Ogino à la pilule abortive ou l'avortement "pur et simple" - ici comme ailleurs, c'est le désir qui choisit les moyens. (Vous aurez compris que je vise plus les hypocrites qui poussent toujours pour plus de légalisation de la contraception et de l'avortement sous le prétexte que la légalisation de l'un permettrait de limiter la légalisation de l'autre, que Jean-Pierre Maugendre). - Je profite de l'occasion pour noter que si tout l'effort de notre « civilisation » consiste à faire comme si le sexe et la reproduction n'avaient aucun rapport, voire à nier qu'ils en aient un, voire, tant notre époque verse dans l'anachronisme et le négationnisme à tout va, à nier qu'ils en aient jamais eu un, eh bien il n'y a pas grande injustice à ce que des Arabes musulmans et des Africains de toutes religions nous remplacent. Recourons une fois de plus à une métaphore rugbystique : il ne sert à rien d'avoir les meilleurs trois quarts du monde s'ils n'ont jamais le ballon (no scrum no win : pas de bonne mêlée, pas de chance de victoire), il ne sert à rien d'avoir une civilisation plus cultivée (et encore, au train où ça va... mais passons) si l'on fait comme si on n'avait rien dans les couilles et le ventre. No balls no win. Tout cela est tellement évident quand on le formule.

Finissons pour aujourd'hui en relevant le léger trait d'humour de J.-P. Maugendre dans l'article qui nous sert de point de départ : le cocasse de l'histoire est que Simone Veil "est ainsi la première militante de La Manif Pour Tous à être accueillie au Panthéon." Les voies de Providence, quoi.

lundi 10 juillet 2017

A propos d'Adorno.

"La certitude que le réel est écrit dans une écriture de souffrance, de froideur et de dureté, a marqué l'accès au monde de cette philosophie. Elle ne croyait guère à une amélioration, mais elle ne cédait jamais à la tentation de devenir indifférente et de s'habituer à ce qui est. Rester sensible, c'était une attitude en quelque sorte utopique - maintenir les sens en éveil pour un bonheur qui ne viendra pas, mais qui, pendant que nous restons disposés à le recevoir, nous prémunit contre les pires chutes dans la brutalité."

P. Sloterdijk. Hélas vinrent les optimistes, et plus rien de nous prémunit contre "les pires chutes dans la brutalité"...

dimanche 9 juillet 2017

Conseil théologico-théorico-pratique.

"Lorsque vous rencontrez une contradiction, faites une distinction."

Saint Thomas.

samedi 8 juillet 2017

"Un de ces modestes héros que la France néglige trop d'honorer :

Joseph-Ignace Guillotin, le papa de la guillotine. Entré dans les ordres, chez les jésuites. Défroqué. Devenu médecin. Désigné par Louis XVI pour réfuter la théorie du magnétisme animal de Mesmer. Puis député de Paris en 1789. C'est à ce titre qu'il propose la décapitation par cette machine qui portera son nom. Afin que tous les condamnés à mort jouissent d'une rigoureuse égalité dans l'application des peines. En même temps, il rêve que la vaccination devienne obligatoire pour tout le monde : voilà son côté vouloir-guérir. Le vaccin et le rasoir : fonts baptismaux de l'égalité. C'est-à-dire de l'anticipation, par la loi, de l'Harmonie à reconquérir..."

Muray, encore. J'essaie de vous recopier sous peu ce qui précède et ce qui suit ce passage, pour que ce soit encore plus clair.

vendredi 7 juillet 2017

A l'occasion j'essaierai de montrer que Macron est plus socialiste que Hamon, et surtout que Hollande. En attendant, une nouvelle citation de P. Muray.

"L'illusion comique se déroule, c'est la messe globale de l'époque. Stendhal plus lucide que bien d'autres se pose brusquement, avant tout le monde, une curieuse question : pourquoi ne sommes-nous pas heureux ? Pourquoi les hommes de cette société n'accèdent-ils pas au bonheur ? Quoi ? Les Bastilles sont effondrées, les rois en déroute ou contrôlés, les féodalités effacées, les privilèges et les injustices en cours de liquidation. Nous devrions nous épanouir. Et pourtant non. Rien. La prostration. Une nouvelle façon d'être malheureux. Malgré le progrès pourtant réel. Comment les philosophes des Lumières ont-ils pu si radicalement se tromper dans leurs calculs sur l'avenir ? Question des effets pervers, première intuition des chocs en retour, du trajet tordu qui va des causes aux conséquences. Première vision du décalage entre l'ébauche théorique des conceptions du monde et leur application dans la réalité. On commence en voulant le bien et on finit en faisant le mal. La disparition du droit divin des rois qui aurait dû permettre un sensationnel développement du bonheur des peuples a laissé la place à l'empoignade des égaux, l'imitation féroce entre soi, l'étouffante anxiété des rivalités mutuelles. La montée du public actif qui veut se faire admirer et s'exaspère de ne pas l'être, exige qu'on l'applaudisse et s'aperçoit qu'il n'y a plus personne pour applaudir parce que tout le monde est grimpé sur scène ; ce qui fait monter d'un cran l'énervement du public, candidat au vedettariat impossible pour cause de disparition du public. Et ainsi de suite."

jeudi 6 juillet 2017

"Sans dégoût, sans horreur, abrégeant le procédé de la nature…" Hommage à Simone Veil et soutien à l'état paisible de son repos définitif au Panthéon.

"Il faut aussi lire Michelet, son Histoire de la Révolution française et plus précisément un étrange passage de celle-ci où éclate sa délectation à détailler un projet de monument pour « l'Empire de la Mort »…

C'est dans l'été torride de 1793, au plus saignant de la Terreur. Les cadavres des guillotinés s'accumulent et on redoute les épidémies. Les odeurs sont insupportables. (…) Certains cimetières dont la terre est trop argileuse commencent même à repousser les cadavres en surface. (…) On trouve de nouveaux terrains mais les cadences infernales de la guillotine les saturent l'un après l'autre. Le problème devient de plus en plus pressant. Comment se débarrasser des corps ? On essaie de trouver une solution en organisant un concours. Au plus inventif escamoteur… Les candidats se présentent, affluent. Avec des projets farfelus. Mais un seul retient vraiment Michelet. Un seul l'attire, le remue. Artiste comme il est, sensible… Avide de recueillir tous les signes qui, dans l'Histoire proche ou lointaine, annoncent la religion qu'il appelle de tous ses voeux… Voilà une vraie machine célibataire réellement capable de célébrer, d'accompagner et d'intégrer les événements révolutionnaires. D'absorber l'énormité du meurtre. De lui donner ses dimensions de sacré en long, en large et en travers. Dans son oeuvre d'historien qui n'est elle-même qu'un extraordinaire monument hyperfonctionnel élevé à la gloire de l'Empire de la Mort, cette description technique, méthodique et raffinée d'un appareil destiné à la fois à faire disparaître les cadavres et à entourer cette disparition d'une majesté toute moderne, m'apparaît comme une sorte de résumé, de condensé imagé de la méthode même de Michelet, de son travail et des raisons pour lesquelles il écrivait…

« Représentez-vous un vaste portique circulaire, à jour. D'un pilastre à l'autre, autant d'arcades, et sous chacune est une urne qui contient les cendres. Au centre, une grande pyramide, qui fume au sommet et aux quatre coins. Immense appareil chimique, qui, sans dégoût, sans horreur, abrégeant le procédé de la nature, eût pris une nation entière, au besoin, et de l'état maladif, orageux, souillé qu'on appelle la vie, l'eût transmise, par la flamme pure, à l'état paisible du repos définitif. »

Sans dégoût, sans horreur, voilà. Sans jouissance inutile au-delà de ce plaisir que donne une réalité parfaite. Ni mal ni bien. Neutralité incinérante. Il faut entendre la précision friande de Michelet et sa délectation refroidie au moment où il revit cet épisode en l'écrivant. Où il sauve de l'oubli ce projet de chef-d'oeuvre révolutionnaire, cette mécanique chimique capable de consumer au besoin « une nation entière »… Le monument n'a pas été réalisé en 1793 ? Qu'aurait pensé Michelet apprenant que ce projet rejeté par les instances de la Terreur ne s'était nullement perdu et qu'on devait au contraire le retrouver amplifié et généralisé cent cinquante ans plus tard chez les spécialistes nazis de la transmutation de « nations entières » de l'état maladif de vie à celui paisible du repos ?"

Philippe Muray, 1984. Soit quelques années déjà après que la loi Giscard-Chirac-et-quand-même-beaucoup-Veil, abrégeant dès les premiers temps « l'état maladif de vie », avait commencé son travail de transmutation… Il est dommage que P. Muray - qui, pour des raisons en partie liées à sa génération, en partie à son héritage chrétien, en partie à son manque de courage, ne s'exprimait pas beaucoup sur la question juive, n'ait pas lui-même signalé cette sombre ironie dans la continuité de l'histoire, de la Terreur à l'avortement en passant par les chambres à gaz. Quant à ce qu'aurait pensé Michelet… Peut-être aurait-il évoqué une dérive par rapport à l'esprit originel de la Révolution, ou rappelé que la peine de mort est toujours un drame!

mercredi 5 juillet 2017

"Chacun fait-fait-fait / C'qui lui plaît-plaît-plaît... MON DIEU J'PEUX MÊME PAS JOUIR !" !"

Et la femme de répondre : "Tant pis pour toi, il faut dormir."

mardi 4 juillet 2017

Walter Benjamin ne pensait pas printemps.

"Il faut fonder le concept de progrès sur l'idée de catastrophe. Que les choses continuent à “aller ainsi”, voilà la catastrophe."

Et que des gens de gauche puissent à la fois citer (et en quel nombre, à une époque !) Benjamin et rester progressistes, voilà la bouffonnerie. Il est vrai qu'il est difficile d'être de gauche sans être progressiste, il est difficile d'être de gauche sans être en marche. Voilà la catastrophe - et la voilà de plus en plus proche. On peut en revanche être humaniste sans être progressiste : psychologiquement et intellectuellement, c'est beaucoup plus reposant.

lundi 3 juillet 2017

Gustave Flaubert ne pensait pas printemps.

"La Magie croit aux transformations immédiates par la vertu des formules, exactement comme le Socialisme."

(Exergue du 19e siècle à travers les âges, P. Muray.)

dimanche 2 juillet 2017

Paul Morand rend hommage à Pierre Laval.

S'il est une personnalité de la période de l'Occupation qui n'a pas la cote, il s'agit bien de Laval. De Gaulle, Pétain, Céline, Aragon, Desnos, Rebatet, Drieu, etc., chacun a des fidèles. Est-ce dû à son physique d'auvergnat roublard et vouté ou à sa position intermédiaire dans la hiérarchie (ni vraiment chef qui endosse les responsabilités, ni simple serviteur que l'on peut dédouaner de tout), ou tout simplement au fait que dans un pays où on aime les grands mots il pâtit de son côté professionnel de la politique, qui laisse livres, discours et envolées aux autres (on imagine sa tronche devant une formule comme : "Pensez printemps !"), Laval semble n'avoir eu pour défenseurs après sa mort que sa famille et ses avocats. Une exception donc, Morand. Lequel écrivait à Josée de Chambrun, la fille de Laval :

"Malraux parle de l'extraordinaire don prophétique de De Gaulle. Mais de Laval : l'Angleterre sera rayée des grandes puissances, la Russie gagnera la guerre et l'Allemagne économique dominera l'Europe, ce n'est pas mal non plus ?"

samedi 1 juillet 2017

Le règne de la quantité et les signes du temps.

"A raison de quelque 200.000 victimes par an, mal an mal an, on arrive à près de 8,5 millions de petites vies supprimées avec la bénédiction du législateur, et donc de la législatrice [Simone Veil, vous l'aurez compris], sans compter les effets épouvantables sur les femmes qui ont cru qu'avorter, cela ne se faisait sans doute pas « de gaieté de cœur » mais que c'était une sorte de droit."

Jeanne Smits. Il y a toutes sortes de droits, pour sûr. Allez, une autre citation (c'est la revue du presse du Salon beige en ce moment) - c'est un peu la même chose, mais avec un côté comique :

"Voici que Monsignore Luigi Capozzi, du diocèse de Palestrina, secrétaire du cardinal Francesco Coccopalmerio, président du Conseil pour les textes législatifs, soutien fervent du pape François, a été arrêté en flagrant délit, lors d’une opération éclair de la gendarmerie vaticane qui est “tombée” sur une orgie homosexuelle. C’était il y a deux mois environ, mais l’affaire fut tenue très secrète. Et cela se passa dans l’austère palais du Saint-Office ! Car c’est là que se trouvait l’appartement de fonction de don Luigi, qui lui servait à organiser des soirées gays à base de drogue. Cependant qu’il utilisait sa BMW, préservée des contrôles policiers par son immatriculation SCV de l’État du Vatican, pour transporter de la poudre blanche."

De la poudre de Perlimpinpin pour Marine ?