dimanche 23 juillet 2017

"C'est un garçon !"

Je reviens à la fois sur le petit texte d'hier et sur l'article déjà évoqué sur le sexisme des petits garçons. Ce qui est à la fois désespérant et effrayant - sans compter que cela ne facilite pas la discussion - avec les indifférentialistes de toutes obédiences, c'est qu'ils ont le projet plus ou moins conscient, ou se retrouvent, du fait de l'inanité de leurs théories, devant la nécessité de nier tout rapport, quel qu'il soit, entre le langage et... quoi d'ailleurs ? J'appellerais ça spontanément la réalité, mais comme pour ces gens tout est plus ou moins construction... Il est d'ailleurs logique de s'attaquer au deux termes en même temps - ce qui ne signifie aucunement, dans mon esprit, que l'accès à la réalité soit toujours aisé, ou que le langage donne accès directement au réel.

Quoi qu'il en soit, avec la théorie du genre et l'indifférentialisme pris sur son versant « sexuel », on se trouve au plus près, à la fois de l'absurdité et de l'infamie de ce genre de concepts, puisqu'il s'agit de dénier toute véracité à la phrase la plus basique qui soit, qui est aussi celle qui prouve définitivement qu'il y a un bien un rapport entre le langage et le réel : devant un bébé, qui n'a aucun autre caractère sexuel que, précisément, son sexe, on a un indice et un seul pour dire si c'est une fille ou si c'est un garçon - et tout le monde comprend alors de quoi on parle.

D'où le coup de force de parler de genre au lieu de sexe. J'ai 45 ans, ce qui signifie que j'ai été contemporain de cette évolution vers le flou et l'indifférenciation, j'ai vu comment on glissait de l'identité sexuelle (X est pédé, Y est gouine) aux variations, toujours plus vagues et illogiques relativement à la part de choix individuels et d'éventuels déterminismes biologiques, sur le genre comme, à la fois, cache-sexe et substitut au sexe.

C'est en effet un sentiment assez glauque que j'ai ressenti à la lecture des déclarations des différents parents, hommes et femmes. - Mais je reviens d'abord sur un point : l'instrumentalisation éhontée de la science. A une époque on était pédé à cause de ses gènes, on est maintenant gay (un des termes les plus dégueulasses qui soient, par ailleurs) parce qu'on le veut - sauf si quelqu'un vous le reproche, les gènes redeviennent alors utiles. De même, il n'y a pas de races, mais les Noirs valent mieux que les Blancs. Passons.

Donc : devant cette volonté pas toujours stupide dans ses réalisations mais utopique dans son objectif d'éliminer les différences entre garçons et filles, telle qu'on la voyait en action dans l'article de l'Obs, on se dit que les parents qui pensent ainsi sont un peu comme des amis qui baisent, puisqu'eux-mêmes sont censés, sauf regrettable héritage d'un passé funeste dont ils n'arrivent pas à se débarrasser, être identiques l'un à l'autre, avec juste une possibilité bienvenue de s'emboiter facilement l'un dans l'autre. D'une part voilà une vision tristement homosexuelle du couple comme de la famille - on parlait beaucoup à une époque de tabagisme passif, voilà l'homosexualisme passif -, d'autre part, et là on rejoint ce qui se passe avec la théorie du genre, on finit par se dire que pour ces gens-là le sexe est déconnecté de tout le reste. Je ne pense pas que ce soit le cas dans la pratique, mais c'est bien parce que la nature est plus intelligente et plus simple que ces braves individus.

D'une façon générale, tous ces discours, j'emploie à dessein un terme foucaldien, sont paradoxalement à la fois obscènes et puritains. A avoir donné trop d'autonomie à la sexualité dans un premier temps, on se retrouve bien embêté pour la raccorder au reste ensuite, d'où une tartufferie à multiples facettes. Là où l'expérience, incurablement chestertonienne, apprend que le cul fait partie de la vie. Plus simple tu meurs. Comme papa dans maman. Et déjà, dans la pratique, ce peut être moins simple...