mardi 18 juillet 2017

Entre deux considérations sur le marché aux esclaves salariés,

esclaves salariés bien payés, mais esclaves salariés tout de même, que sont les footballeurs, entre deux articles sur ce thème, l'Équipe a ménagé un espace au journaliste spécialisé dans le vélo Philippe Brunel, lequel tenait à rendre hommage à l'une des supposées grandes plumes de la profession, Pierre Chany. J'écris « supposée » non par suspicion, mais parce que je dois avouer que malgré une phrase de début prometteuse sur la "veine littéraire" de P. Chany "puisa[n]t sa force dans les racines latines du dialecte auvergnat", j'ai été hélas un peu déçu par les citations choisies par P. Brunel.

Fort heureusement, l'article se finit par une citation d'Anquetil. Je n'ai pas l'âge d'avoir connu la rivalité Anquetil/Poulidor, j'ai passé celui de reprocher à Poulidor d'être encore vivant alors que son rival est mort depuis longtemps, je ne crois pas avoir d'inconscient de mépris de classe qui me tourneboulerait le diagnostic, je ne vais certainement pas reprocher à Poulidor d'avoir gagné de l'argent... il reste que j'ai toujours pensé qu'à l'époque j'aurais préféré Anquetil, par respect de l'intelligence tout simplement : l'intelligence en général, celle du sportif en action en particulier. De même que, si Ulrich est certainement un gars plus sympathique qu'Armstrong, celui-ci était un coureur nettement plus intelligent - à niveau plus ou moins égal de pharmacopée, c'est l'un de nos derniers critères de choix. Bref ! Anquetil donc disait :

"Pour comprendre comment j'ai couru, je lis Chany".

Et j'abonde dans le sens de P. Brunel, voilà un bien bel hommage. - Un peu de déclinisme pour finir ? On n'imagine guère Paul Pogba dire cela de Vincent Duluc. Et pourtant... l'humilité est aussi une preuve d'intelligence.