dimanche 19 novembre 2017

"Cette irréductibilité n’est pas la liberté."

"S’il est une idée maîtresse de la France classique, qu’elle succombe à la tentation cartésienne ou qu’elle demeure aristotélicienne et thomiste, elle tient au désir, insistant depuis l’origine, sans cesse purifié par ses échecs, qu’a l’homme d’être soi-même, c’est-à-dire d’exister selon son type. Les inégalités de nature et de condition donnent un contenu concret à ce désir, sans en altérer la forme universelle. Être soi ne va pas de soi pour l’homme : il y faut de la chance et de l’application."

En note, après "exister selon son type", Pierre Boutang (qui surestime peut-êre le rôle du thomisme dans la France classique, soit dit en passant) ajoute ces précisions : 


"Vérité imbattable du type, que corrige la réalité de la substance individuelle. Toute la science, selon Aristote, se fonde sur les « substances secondes » qui ne sont pas de « réelles » substances, mais qui peuvent être « dites » de l’individu, sans être dans l’individu. De sorte que l’universalité se construit sur la singularité irréductible. Cette irréductibilité n’est pas la liberté : mais tout système qui la résorbe (Hegel, par exemple, avec son universel concret) rend la liberté, et la transcendance de l’homme impossibles."