samedi 11 novembre 2017

"La nouvelle religion qui envahit le catholicisme français…"

Cette formule - de Jean Madiran - peut paraître excessive, en voici des éléments d’explication, je prends l’énumération de l’auteur en son cours : 

"L’épiscopat n’ayant ni rétracté ni condamné son rapport doctrinal invitant à ne plus demander à Dieu ce que le cultivateur demande à l’engrais, il a rendu inintelligible la foi en la Providence, il a désavoué et tourné durablement en dérision l’adage de bon sens : « Aide-toi et le ciel t’aidera » ; il a implicitement disqualifié la réponse de Jeanne d’Arc : « Les hommes d’armes combattront et Dieu donnera la victoire », réponse si parfaitement théologique qu’à bon droit elle peut être transposée en : « Les cultivateurs laboureront et sèmeront (et mettront de l’engrais) et Dieu fera lever la moisson. »

Encore un autre cas, également constitutif de la religion nouvelle. En 1969, l’épiscopat français décrétait, au nombre de « rappels de foi indispensables », qu’à la messe : 

« Il s’agit simplement de faire mémoire de l’unique sacrifice déjà accompli. »   

Ce « rappel de foi » était dans la dépendance de l’ordonnance épiscopale du 12 novembre 1960 par laquelle, sans référence à rien d’autre qu’à leur propre autorité, « les évêques de France réunis en assemblée plénière » rendaient obligatoire à partir du 1er janvier 1970 la messe en français, celle d’un Nouveau missel du dimanche désormais publié chaque année, selon un ordo non plus annuel mais s’étendant sur trois ans. Le nouveau missel pour l’année liturgique 1969-1970 proclamait en sa page 332 ce « rappel de foi » prétendument tiré de l’épître aux Hébreux. Il était destiné à reparaître ainsi tous les trois ans. Dans le nouveau missel des dimanches pour l’année 1973, il figura en effet pages 382-383. Désormais donc la messe, appelée de préférence eucharistie, restait peut-être un sacrement, mais elle n’était plus un sacrifice, substantiellement le même que celui de la Croix, avec le même prêtre et la même victime. Ainsi se trouvait aboli qu’entre le sacrifice de la messe et celui de la Croix, il y a cette différence et cette relation : sur la Croix, Jésus-Christ s’est offert en répandant son sang et en méritant pour nous ; sur les autels, il se sacrifie sans effusion de sang et nous applique les fruits de sa passion et de sa mort. 

Le menteur « rappel de foi » aurait donc dû reparaître dans le nouveau missel des dimanches de l’année 1976. Il en avait été subrepticement retiré, sans tambour ni trompette, sans aucune explication. Mais, là aussi, sans rétractation. La plus grande partie du clergé et des fidèles n’ont pas été avertis qu’ils ne devaient pas continuer à croire qu’à la messe « il s’agit simplement de faire mémoire de l’unique sacrifice déjà accompli ». Ils le croient plus ou moins. Ils ne savent plus ce qu’exactement il faut croire.  

Mais ils ne parlent plus du « saint sacrifice de la messe ».

L’expression est remisée au cimetière des formules qui disaient ce qu’elles disaient, et que l’on n’entend plus dans le langage ecclésiastique usuel, comme : 

« Jésus-Christ vrai dieu et vrai homme. »

Ou encore : 

« Après la consécration, le pain est le Corps, le vin est le Sang de Notre Seigneur Jésus-Christ, en ce sens précisé qu’il ne reste rien du pain et du vin, sauf leurs apparences. »

Ces formules sont celles par lesquelles l’Église exprime les mystères de la foi en lesquels nous croyons. Elles sont mystérieuses mais elles sont simples ; et notamment, elles sont simples à énoncer. Si on oublie de les énoncer ou si on le refuse, si on ne les énonce plus dans leur simplicité sans équivoque, si on les remplace par des énoncés ambigus et confus, c’est que l’on n’y croit plus, ou qu’on ne sait plus jusqu’à quel point y croire, et qu’on ne voit plus aucun motif de les enseigner comme des vérités certaines. On les considère comme les expressions facultatives et largement périmées d’un mythe plus ou moins vague en voie d’évolution. 

Du rang de vérité révélée, enseignée au nom de Dieu avec une rigueur dogmatique impliquant des exigences morales inébranlables, la religion catholique en France, dans ses expressions officielles, est en train de glisser à celui de mythe fondateur d’une idéologie humanitaire accompagnant souplement la diversité évolutive des consciences individuelles."


 - Beurk… La suite demain, en principe !