lundi 19 février 2018

"Par l’affliction plus sage devenu..."

J’avais prévu un texte assez long de Jean Clair, les circonstances en ont décidé autrement. Dans l’urgence, je ressors mon vieil exemplaire des Tragiques d’Agrippa d’Aubigné, affreux petit poche "GF" que je n’ai pas dû ouvrir depuis au moins vingt ans. Je n’ignore certes pas que c’est un texte sur les guerres de religion et que ce choix n'est pas fortuit. "Nul n’a peut-être mieux rendu l’atmosphère d’une guerre civile", nous dit la quatrième de couverture. Il faudrait à dire vrai vérifier si l’on peut glisser si facilement des « guerres de religion », expression également utilisée dans cette même quatrième, à celle de « guerre civile ». Admettons. On peut néanmoins émettre de sérieux doutes quant à la validité de l’expression de « guerre civile », si celle-ci devait avoir lieu, à propos de la France de 2018. Pour se disputer, il faut être deux, dit-on. Pour faire une guerre civile française, il faut deux camps français. 

 - Bref, quelques extraits pris au vol : 

"O France désolée ! ô terre sanguinaire , 
Non pas terre, mais cendre ! ô mère, si c’est mère
Que trahir ses enfants aux douceurs de son sein
Et quand on les meurtrit les serrer de sa main ! 
Tu leur donnes la vie, et dessous ta mamelle
S’esmeut des obstinez la sanglante querelle ; 
Sur ton pis blanchissant ta race se débat, 
Là le fruit de ton flanc faict le champ du combat."

"Je n’escris plus les feux d’un amour inconnu, 
Mais, par l’affliction plus sage devenu, 
J’entreprens bien plus haut, car j’apprens à ma plume 
Un autre feu, auquel la France se consume."

"Barbares en effect, Français de nom, Français, 
Vos fausses loix ont fait des faux et jeunes Rois, 


Impuissants sur leurs coeurs, cruels en leur puissance ; 
Rebelles, ils ont vu la désobéissance : 
Dieu sur eux et par eux desploya son courroux, 
N’ayant autres bourreaux de nous mesmes que nous."