jeudi 8 mars 2018

1931. Thibaudet écrit.

Les idées qui suivent ne sont pas particulièrement brillantes. Justes, mais pas particulièrement brillantes. J’aime surtout la facilité et la clarté du style : 


"L’éducation sentimentale a été une oeuvre d’une fécondité extraordinaire. Nous allons dans quelques mois fêter son soixantième anniversaire (…), et nous nous rendons compte qu’aujourd’hui encore toute une part du roman français continue à en vivre, à passer par la trouée qu’a faite Flaubert. Cependant [lors de sa publication], elle échoua, et auprès de la critique et auprès du public. Elle échoua parce que le roman de la vie manquée parut à la critique et au public le roman manqué de la vie. (…) L’éducation sentimentale, mise si haut par les lettrés, les écrivains, et qui est un roman des connaisseurs à peu près comme Britannicus est la pièce des connaisseurs, l’Éducation ne saurait être comprise (…) si on l’isole de la vie et de la génération de Flaubert. Tous les personnages (du Camp nous dit qu’il les a bien connus) sont des personnages vrais, arrangés par Flaubert et retravaillés sur le plan du roman. L’Éducation, roman de la vie manquée, est aussi le roman de la vie telle que Flaubert l’eût manquée, lui le premier, s’il n’eût été artiste."